Votre stage ne vous plaît pas ? Osez le fuir !

02 juin 2022

7min

Votre stage ne vous plaît pas ? Osez le fuir !
auteur.e
Sami Prieto

Journaliste chez Welcome to the Jungle

Trouver un stage, c’est le casse-tête de bon nombre d’étudiants… De fait, il conviendrait qu’il soit particulièrement enrichissant pour vous et qu’il vous marque. Qui sait, il débouchera peut-être vers votre premier contrat avec l’entreprise de vos rêves ! Malheureusement, les choses ne se passent pas toujours comme prévu… Que ce soit parce que le poste ne vous correspond pas, que les pratiques de l’entreprise vous mettent mal à l’aise ou tout simplement parce que vous vous rendez compte que vous avez fait un “mauvais” choix d’orientation, certains stages alléchants sur le papier peuvent se révéler décevants ! Que faire si ce dernier n’est pas à la hauteur de vos espérances ou si vous ne vous y sentez pas à l’aise ? Peut-on quitter son stage en cours de route ? Dans quelles conditions ? Si oui, peut-on en tirer du positif ?

Un petit rappel légal

Avant de nous lancer dans le vif du sujet, prenons le temps de faire un léger rappel légal si vous décidez de rompre votre convention de stage. En effet, vous pouvez vous-même entreprendre d’interrompre votre stage. Pour ce faire, vous devrez en informer votre établissement d’enseignement et justifier de votre décision. Voici les raisons valables pour la loi qui pourraient vous pousser à vouloir interrompre votre période de stage :

  • En cas d’interruption pour cause de maladie, accident, maternité, paternité ou adoption
  • En cas de non-respect des stipulations pédagogiques de la convention de stage ( autrement dit, il y a des incohérences avec l’objectif du stage ou les missions qui vous sont confiées sont loin de ce qui était prévu dans le contrat. )
  • En cas d’accord convenu avec l’entreprise (si vous décidez ensemble de rompre le contrat “à l’amiable”).

N’oubliez pas que l’entreprise peut aussi demander une rupture de convention de stage si vous ne remplissez pas vos obligations ou si vous cumulez des absences à répétition par exemple.

La communication avec l’école et l’entreprise : la clé pour une bonne porte de sortie

Si vous avez la possibilité de quitter votre stage parce que la convention n’est pas respectée ou parce que vous convenez d’un accord avec l’employeur, attention toutefois à ne pas abandonner le navire “sans motifs”. Vous pourriez vous exposer à plusieurs sanctions, soit légales sous forme “d’indemnisations” (même si ce cas de figure est particulièrement rare) soit à travers des sanctions prises par votre établissement d’enseignement comme un avertissement ou une non-validation de votre diplôme. Si vous avez bel et bien un motif, alors vous n’avez rien à craindre, sinon essayez de discuter avec votre tuteur et de convenir d’un arrangement à l’amiable avec l’entreprise. Le dialogue est votre meilleure arme. « Peu importe les raisons de votre départ, il faut discuter avec son entreprise et son école, il n’y a rien de mieux que la communication et la médiation pour trouver une solution, constate Tiphaine Frugier, directrice adjointe des relations entreprises des écoles du groupe EDH. Vous pouvez aussi vous adresser à votre tuteur en veillant bien à adopter une posture professionnelle. S’il est dans une bonne démarche d’accompagnement, il sera à l’écoute et dans la compréhension. »

Soyez vigilant tout de même et réfléchissez à deux fois avant d’entamer la procédure ! En cas de doute sur la légitimité de votre motif, rapprochez-vous de votre établissement d’enseignement, les interlocuteurs pédagogiques seront les mieux placés pour vous rassurer et vous réorienter si la rupture est considérée comme envisageable. « Notre rôle est d’accompagner les étudiants dans le début de leur carrière, alors on les encourage à venir vers nous lorsqu’ils sentent que quelque chose ne va pas. Cela nous permet d’engager le dialogue avec l’entreprise, assure Tiphaine. Par exemple, si l’étudiant ne remplit pas des missions cohérentes avec la convention ou qui lui sont bénéfiques, il est clair que nous le sortirons de ce stage si nous ne nous mettons pas d’accord avec l’établissement d’accueil pour rectifier le tir. Par la suite nous allons l’accompagner dans la recherche d’une nouvelle expérience qui puisse lui correspondre davantage. »

Dans les cas les plus extrêmes, vous pourriez vous retrouver confrontés à des pratiques abusives au sein de votre stage. Surcharge de travail, horaires démesurés, harcèlement, exploitation… Autant de raisons qui doivent vous alerter. Dans ce cas, évidemment, il faut absolument en parler à votre école pour trouver une solution au plus vite.

Le droit à l’erreur

Maintenant que les bases sont posées, passons au vif du sujet ! Quitter son stage quand on est étudiant n’est pas si courant que ça. Il existe souvent un pression induite qui peut vous pousser à rester dans votre stage, par peur de décevoir votre tuteur, de ne pas valider votre stage, de ne pas en retrouver par la suite ou simplement parce que vous ne voulez pas laisser l’entreprise dans une situation délicate. Pourtant, rien ne vous en empêche et vous restez la personne la plus à même de juger si ce stage vous sera utile ! Lucas, étudiant, a justement décidé de mettre un terme à son stage après quatre mois et demi dans une entreprise en tant que journaliste suite à une perte de cohérence dans les tâches qui lui étaient assignées.

« Pendant trois mois et demi, je me suis vraiment senti à l’aise et satisfait de mon travail. J’écrivais des articles, tournais et montais de petits reportages et interviews, déclare-t-il. Puis, mes fonctions ont commencé à s’éloigner de ce qui touche au journalisme… Par la suite, j’ai appris par une collègue que toute l’activité journalistique serait mise de côté pour quelques mois, jusque bien après la fin de mon stage. Je me retrouvais à faire plus de marketing et de démarchage téléphonique que d’articles… »

Quelques semaines après avoir communiqué sa situation à son école puis à son entreprise (qui a accepté une rupture de convention à l’amiable), Lucas a décroché un nouveau poste, en alternance, cette fois-ci dans un média… Plus de raison de s’inquiéter de s’éloigner de sa voie de prédilection : le journalisme ! « Je ne suis pas déçu de ce premier stage, au contraire ! Il m’a permis de savoir quel genre de structure me convenait ou non, c’est une expérience qui a été un temps enrichissante mais qui, sur la fin, m’a donné l’impression de stagner et de ne plus me sentir épanoui », conclut-il. Les stages constituent une opportunité de se découvrir et de mettre un premier pas dans le monde professionnel.

« L’avantage d’être en études et d’avoir tous ces mois de stages, c’est de pouvoir se tester. Vous pouvez goûter à différents postes, différents secteurs, métiers, et différentes structures d’entreprises. C’est très important à cette période d’essayer et de se tester pour savoir ce qui vous correspond le plus », atteste Tiphaine.
Un stage ne doit pas constituer une charge et faire naître une quelconque source de stress. « J’ai compris que je devais m’écouter et me faire confiance. Quand j’ai identifié que ça pouvait avoir un impact physique et psychologique, j’ai tout de suite pris la décision de partir », conclut Lucas.

Un choix pour sa carrière avant tout

Oser franchir le pas et quitter un stage lorsque celui ne nous convient plus n’est pas monnaie courante. Pourtant, c’est un choix qui pourrait bien donner de l’aile à votre carrière. S’il arrive que nous changions de poste car nous ne nous sentons pas à l’aise dans notre travail, il en va de même pour les stagiaires. Léa en a fait l’expérience lorsqu’elle était en fin d’études. Après avoir signé une convention de six mois dans un musée en tant qu’assistante de direction, elle se rend vite compte que le poste en question ne lui convient pas du tout « Il n’y avait rien qui allait… Ma tutrice ne trouvait pas la bonne façon de me manager, il n’y avait pas de feeling, je n’avais pas l’impression d’être formée, mes missions étaient très administratives alors que j’ai besoin de créativité, confie-t-elle. Je pensais que ça pourrait me plaire mais finalement pas du tout. Je m’étais faite à l’idée que même si les missions n’étaient pas ce que j’espérais, le cadre de la structure, lui, me plairait, ce qui n’a malheureusement pas été le cas. Je me suis retrouvée isolée dans un coin. »

À nouveau, c’est grâce au dialogue entre les différentes parties que le stage a pris fin. Et ce départ a eu du bon ! Pour la structure d’une part, qui s’est rendu compte qu’elle ne ciblait pas forcément les bons profils pour ce type de poste en amont, et pour Léa, qui tire des enseignements de cette expérience qu’elle qualifie “d’erreur de parcours” mais qui pourtant a eu sur elle un effet de prise de conscience « Je me suis dis que c’était mon dernier stage pour choisir une orientation qui me plaise avant d’entrer dans le monde pro, livre-t-elle. Il ne fallait pas que j’hésite à partir pour aspirer à quelque chose qui me ressemble plus. » Pour Tiphaine, il est même essentiel d’œuvrer pour sa satisfaction individuelle dans ce genre de situations. « Les étudiants doivent se sentir épanouis dans leurs stages, dans des infrastructures et dans un environnement qui leur correspond », assure-t-elle.

Quitter un stage lorsque celui-ci ne vous convient pas peut aussi vous apporter une maturité dans vos futurs choix, comme ça a été le cas avec Léa. « Cette expérience m’a permis de recentrer mes recherches sur des offres qui me correspondaient davantage, d’être un peu plus stricte avec moi-même, confie-t-elle. J’ai vite trouvé un stage, que j’ai adoré, j’y suis resté un an et j’y ai retrouvé tous les aspects que je recherchais pour mieux orienter ma carrière ! »

Et puis, qui a dit qu’il fallait attendre d’être salarié pour être exigent et indiquer clairement ce qu’on souhaite sur le plan professionnel ? « Quitter ce stage m’a fait un déclic, par la suite, j’ai complètement changé ma façon de gérer en entretien. Je suis devenue beaucoup plus attentive aux signaux d’alertes et plus précise dans les questions que je posais aux recruteurs. J’ai pris conscience que j’avais le choix et que je pouvais ne pas tout accepter, nous livre Léa. J’ai même été capable de dire clairement qu’un poste n’était pas fait pour moi dès l’entretien grâce à cette prise de confiance. »

Vous l’aurez compris, quitter un stage lorsqu’il ne vous convient pas est bien possible, sous certaines conditions, et vous pouvez bien-sûr en tirer du positif. N’attendez plus et ne subissez plus la situation ! Se lever tous les matins pour faire quelque chose que l’on aime est bien plus satisfaisant que de trainer du pied n’est-ce pas ?

Article édité par Gabrielle Predko, photo Thomas Decamps pour WTTJ

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