Changement de manager : 5 conseils pour gérer cette transition en tant que salarié

19 juin 2023

6min

Changement de manager : 5 conseils pour gérer cette transition en tant que salarié
auteur.e
Sarah Torné

Rédactrice & Copywriter B2B

Vous vous êtes rencontrés, apprivoisés, appréciés. Vous avez communiqué chaque semaine, surmonté vos problèmes ensemble et relevé des défis. Vous avez partagé une aventure forte, humaine. Quand soudain, sans crier gare, c’est fini : votre manager s’en va. Entre le deuil du départ, la peur du changement et la perte de repère, l’arrivée d’un nouveau manager dans votre quotidien professionnel vous fait quelque peu trembler.

Et c’est bien normal ! Changer de supérieur hiérarchique, à moins de déjà bien le connaître et d’en avoir une opinion favorable, peut susciter une certaine appréhension. Il s’agit d’une période de transition délicate, durant laquelle il n’est pas dans votre intérêt de montrer de la mauvaise volonté, voire de dénigrer votre nouveau boss. Le succès d’une transition réussie dépend en grande partie de la manière dont vous abordez le changement et interagissez avec votre nouveau manager. Suivez ces 5 conseils pour vivre au mieux ce changement et démarrer sur de bonnes bases cette nouvelle relation.

1 - Identifier et sortir de son anxiété anticipatrice

« La peur a de grands yeux » récite Adrien Chignard, psychologue du travail et expert en qualité de vie au travail (QVT) quand nous l’interrogeons sur les défis liés au changement de manager. Il souligne que notre cerveau, par instinct de survie, a tendance à surestimer les pertes et engendrer de la peur face au changement, qu’il appelle « anxiété anticipatrice ». Lorsque l’on change de responsable, nous savons ce que nous perdons, mais pas nécessairement ce que nous allons gagner. « Cette perte, c’est le probable amoindrissement de la reconnaissance qu’on va vivre. Car pour être reconnu, il faut d’abord être connu. Or votre nouveau manager ne vous connaît pas encore. »

Il est important de prendre conscience de cette peur et du dialogue intérieur malveillant que notre cerveau génère lorsqu’un changement de responsable se profile : « De toute façon, ton responsable ne te fera jamais confiance”, “Tu vas rencontrer des difficultés… »

« La peur a de grands yeux, mais elle n’est pas toujours une bonne conseillère », ajoute Adrien Chignard. Ce dialogue intérieur a une raison d’être : le cerveau envoie un signal de potentiel danger dans une situation de changement ou d’inconnu, mais certaines peurs doivent être affrontées. Alors, comment surmonter cette anxiété anticipatrice et comment stopper les pensées négatives ?

Tout d’abord, comme le conseille Adrien Chignard, il est important de les reconnaître pour les mettre à distance. Il suffit de simplement se dire à voix haute ce que l’on ressent et identifier qu’il s’agit d’une pensée malveillante. Par exemple, avant de rencontrer notre nouveau responsable, nous pouvons nous dire : « Je suis en train d’imaginer mon nouveau manager, qu’il me déteste, que je vais devoir quitter mon entreprise à cause de lui… mais clairement, je suis en train de me faire un film. »

L’objectif est d’arrêter de croire systématiquement en ces pensées négatives générées par notre cerveau. Ensuite, plutôt que d’imaginer un avenir anxiogène, il est recommandé de se rappeler comment nous avons réussi à traverser avec succès les précédents changements de responsable, se dire que « la dernière fois que tu as ressenti de la peur, tu as survécu. » En nous appuyant sur ces expériences passées, nous réalisons que nos craintes étaient peut-être exagérées. Ainsi, nous passons de l’anticipation anxieuse à une préparation positive et optimiste.

2 - Identifier et communiquer ses besoins

« On a toujours envie qu’autrui respecte nos besoins, sauf qu’on n’a pas toujours identifié ni exprimé nos besoins », affirme Adrien Chignard. Pour commencer, il faut connaître les trois besoins fondamentaux au travail pour être épanoui :

  • L’autonomie (la capacité de faire ses propres choix),
  • Le sentiment d’être compétent (le fait d’être challengé et de recevoir un feedback constructif),
  • La qualité relationnelle (le fait qu’on s’intéresse réellement à nous).

Il est important d’être au clair vis-à-vis de soi et de ses besoins, et de pouvoir les partager avec son nouveau boss : « Qu’est-ce que tu attends de moi? », « Qu’est-ce qu’une bonne relation de travail pour toi ? » et « Voilà ce qu’est une bonne relation pour moi. » Vous devez pouvoir être clair sur vos attentes et comprendre ce que votre nouveau manager attend pour favoriser une collaboration harmonieuse. Si vous avez des doutes ou des questions sur ses attentes, n’hésitez pas à demander des clarifications. Une communication ouverte vous permettra d’éviter les malentendus et de mieux vous adapter. Prenez aussi le temps d’observer attentivement comment votre nouveau manager interagit avec les membres de l’équipe et prend des décisions. Essayez de comprendre ses préférences et sa vision du travail. Par exemple, notez s’il préfère les communications formelles ou informelles, s’il privilégie le travail d’équipe ou l’autonomie. Identifiez les aspects qui vous conviennent et ceux qui méritent d’être adaptés. Par exemple, si votre nouveau manager privilégie les réunions structurées et que vous préférez les échanges informels, vous pouvez communiquer votre préférence pour des moments informels d’échange.

3 - Servir de guide au nouveau manager

Lorsqu’un nouveau manager prend ses fonctions, vous pouvez jouer un rôle clé en le guidant et en l’aidant à s’intégrer dans l’équipe. Étant arrivé avant lui, vous avez probablement une connaissance approfondie de l’organisation, de ses processus et de sa culture. Montrez votre disponibilité en partageant ces informations précieuses avec votre nouveau boss. Répondez à ses questions et expliquez-lui les pratiques et les normes de l’entreprise, présentez les membres clés de l’équipe et fournissez des informations sur les projets en cours. Cela pourra l’aider à mieux comprendre le contexte et à prendre des décisions plus éclairées.

Le processus d’adaptation d’un nouveau manager peut prendre du temps. Soyez patient et compréhensif face aux éventuelles erreurs ou hésitations. Et accordez-lui la possibilité de s’ajuster à son nouveau rôle en le soutenant dans ses démarches pour prendre ses marques.

« On a souvent tendance à juger autrui sur ses actions et à se juger soi-même sur nos intentions », explique Adrien Chignard. Il est essentiel de reconnaître que nous n’avons pas accès aux intentions réelles des autres. Demander à votre nouveau manager quelles sont ses intentions quand il mène telle ou telle action peut favoriser une plus grande tolérance et éviter les jugements précipités.

Et si vous observez des comportements ou des actions qui peuvent être améliorés, faites des feedbacks constructifs au nouveau manager, en mettant l’accent sur les points forts et en proposant des suggestions d’amélioration. Cela aidera à renforcer son efficacité et à consolider la relation de travail.

4 - Ne pas comparer le nouveau manager à son prédécesseur

Il est naturel de faire des comparaisons entre votre nouveau manager et son prédécesseur. Cependant, il est important d’éviter de tomber dans le piège de la comparaison constante.

Chaque manager apporte sa propre expérience, son style de leadership et ses compétences distinctes. Au lieu de comparer votre nouveau manager à son prédécesseur, concentrez-vous sur les qualités uniques qu’il possède. Reconnaissez ses forces et sa contribution spécifique à l’équipe. Laissez de côté vos préjugés et soyez ouvert aux nouvelles perspectives qu’il peut apporter. Chaque personne a sa propre manière de gérer et d’aborder les situations. En acceptant et en explorant ces nouvelles perspectives, vous pouvez enrichir votre propre compréhension et développer de nouvelles compétences.

Surtout, évitez de comparer directement votre ancien et nouveau supérieur. Cela ne servira qu’à créer des tensions et nuira à votre relation avec votre nouveau manager. Utilisez plutôt les expériences passées comme source d’apprentissage : identifiez ce qui a fonctionné dans le passé et ce que vous pouvez appliquer dans votre nouvelle relation avec lui. Capitalisez sur les leçons apprises pour vous aider à vous adapter plus facilement aux changements.

Et même si au premier abord la relation avec votre nouveau manager peut vous sembler moins idyllique que son prédécesseur, il est important d’aborder ces changements avec tolérance et bienveillance.

5 - Cultiver la confiance et une gestion saine des conflits

Il est essentiel de cultiver une confiance mutuelle pour établir une relation solide et harmonieuse. La transparence est la clé pour établir la confiance : partagez ouvertement vos idées, vos préoccupations et vos progrès. Communiquez de manière honnête et respectueuse, en évitant les informations cachées ou les malentendus. Cette ouverture favorise un climat de confiance et démontre votre intégrité.

Démontrer votre fiabilité renforce la confiance en votre capacité à atteindre les résultats attendus. Respectez donc les délais, les objectifs et les engagements que vous prenez envers votre nouveau manager. Si vous rencontrez des obstacles ou des retards, communiquez-les rapidement et proposez des solutions pour surmonter les difficultés.

Enfin, rien ne sert à tout prix d’éviter les conflits avec votre nouveau manager. Il est au contraire essentiel de reconnaître que les conflits peuvent survenir dans une relation de travail, et qu’il est donc impossible de promettre l’absence totale de conflits. Adrien Chignard recommande de faire une promesse lucide à son manager. Plutôt que de promettre l’absence de conflits, il suggère de s’engager à toujours être ouvert à la discussion lorsque les difficultés surgissent. « Quand ça n’ira pas, je serai toujours prêt à en discuter et à me montrer ouvert », conseille-t-il. Cette approche honnête favorise un climat de confiance et permet de gérer les éventuels conflits de manière constructive.

Adrien Chignard conclu ainsi : « Quand on apprend à faire du vélo : on ne peut pas promettre de ne jamais tomber. Il est préférable de dire “Il est fort probable que tu tombes, mais quoi qu’il arrive, je serai là”. »

Article édité par Gabrielle Tremblay et Aurélie Cerffond ; Photo de Thomas Decamps

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