Entretien d’embauche en temps de crise : 6 questions que l’on peut nous poser

08 nov. 2020

5min

Entretien d’embauche en temps de crise : 6 questions que l’on peut nous poser
auteur.e
Joanna York

Journalist

Vous avez décroché un entretien ? Toutes nos félicitations ! C’est toujours une très bonne nouvelle, mais c’est encore plus vrai dans le contexte actuel. Et s’y préparer peut aussi s’avérer un peu plus compliqué que d’habitude.

Et vu le contexte, impossible de faire abstraction de la pandémie qui sévit dans le monde. Sans compter que, sauf exception, votre entretien se tiendra à distance, et que si vous êtes embauché, vos premiers jours de boulot ne se dérouleront pas dans les bureaux de l’entreprise mais bien chez vous en télétravail.

Avant de vous assurer que vous avez bien mis un pantalon et que votre arrière-plan sur Zoom est passablement professionnel (on oublie donc celui où vous semblez au bord de l’eau, sous les cocotiers), il vous faudra être en mesure de répondre à des questions d’un genre nouveau. Mais lesquelles ? Pour le savoir, nous nous sommes tournés vers Alex Jonsson, chargée de clientèle chez BrighterBox, une agence de recrutement, et Julie Olivieri, talent acquisition chez Dataiku.

1. « Comment vous sentez-vous ? »

S’il est courant de débuter un entretien sur une note informelle pour briser la glace, les politesses d’usage peuvent aujourd’hui revêtir une signification particulière…

Lorsqu’elle demande aux candidats comment ils vont, Julie Olivieri cherche à prendre la température pour l’entretien à venir. Les réponses de certains peuvent trahir des difficultés liées à la situation actuelle, là où d’autres semblent prendre la question de façon bien plus légère. Quoi qu’il en soit, il n’y a aucune honte à admettre que la crise du Covid-19 vous affecte d’une manière ou d’une autre. « Le pire serait que les candidats paraissent totalement déconnectés de la situation, affirme Julie Olivieri. Tout le monde est plus ou moins secoué par ce qui se passe. Nous, les recruteurs, sommes en mesure de le comprendre. Ce qui compte, c’est que les candidats puissent montrer qu’ils ont appréhendé la situation et qu’ils s’y adaptent. Il ne faut pas ressortir les réponses qu’on avait préparées avant la pandémie, comme si tout allait bien et qu’on était toujours au bureau. »

2. « Et comment est votre équilibre vie professionnelle-vie personnelle en ce moment ? »

Si vous avez été en poste depuis le début de la crise sanitaire, être parvenu à trouver un équilibre pro-perso traduit votre capacité à être organisé, motivé et à gérer votre emploi du temps de façon autonome. À court terme, le télétravail va rester une réalité pour bon nombre d’entre nous. Par conséquence, certaines qualités, comme l’autonomie, la proactivité et l’organisation, vont être davantage recherchées par les employeurs, estime Alex Jonsson. « L’entreprise a besoin de savoir que vous êtes capable de travailler par vous-même, de façon très autonome, y compris en l’absence d’une équipe autour de vous dans un vrai bureau. »

Cela ne signifie pas pour autant que vous devez être un maniaque du calendrier et des horaires ! En revanche, il est toujours bon, et ce même si vous n’avez pas de travail actuellement, de démontrer que vous avez des journées relativement rythmées, axées sur une certaine productivité et votre bonne santé physique.

« L’entreprise a besoin de savoir que vous êtes capable de travailler par vous-même, de façon très autonome, y compris en l’absence d’une équipe autour de vous dans un vrai bureau » Alex Jonsson, chargée de clientèle chez BrighterBox

3. « Avez-vous acquis de nouvelles compétences au cours de ces derniers mois ? »

Pour Julie Olivieri, des candidats dont la motivation a un peu disparu ou qui n’ont pas trouvé le temps de se former pendant le premier confinement, n’ont rien de rédhibitoire aux yeux des recruteurs. « J’attends d’eux qu’ils soient honnêtes et qu’ils aient pris du recul : qu’ont-ils, dans ce cas, appris sur eux durant cette période de crise sanitaire ? »

Ne vous croyez pas obligé d’évoquer un marathon de la productivité pendant le premier confinement si cela n’a pas été le cas. Il va de soi que le recruteur voudra savoir si vous avez ajouté de nouvelles cordes à votre arc, mais parler des passions que vous avez développées ou des leçons que vous avez tirées de cet épisode à titre personnel permet aussi de lui donner une idée de votre personnalité. « Apprendre des choses sur soi-même, c’est par exemple se découvrir une nouvelle compétence ou la capacité de prendre du recul. Pas nécessairement d’un point de vue professionnel, cela peut aussi être d’ordre personnel », poursuit Julie Olivieri.

Mais que faire si vous ne pensez pas avoir appris quoi que ce soit durant ces derniers mois ? Julie Olivieri insiste : même avoir testé une nouvelle recette, ça compte ! « Nous nous sommes tous découvert de nouveaux talents culinaires, non ? (rires) »

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4. « À quoi ressemble votre espace de travail chez vous ? »

Il est légitime qu’un potentiel employeur vous interroge sur votre environnement de travail à domicile. « Notamment pour s’assurer que vous disposez d’un ordinateur, d’un accès à Internet, d’un téléphone mobile ou fixe et d’un réseau correct », détaille Alex Jonsson.

Un recruteur a besoin de savoir que vous possédez l’équipement indispensable à la bonne marche de votre futur travail. Les employeurs sont toutefois conscients que peu de gens ont un espace de travail vraiment digne de ce nom. Durant l’entretien, ne taisez pas les éventuelles difficultés que vous avez rencontrées pour télétravailler. Mais évoquez comment vous les avez réglées ou contournées. « C’est une bonne question à poser en tant que recruteur, puisque cela nous permet aussi de jauger la créativité des candidats dans leur manière de gérer la situation actuelle », ajoute Alex Jonsson.

5. « Nous sommes tous sur Slack. Vous maîtrisez ? »

Si votre entretien se fait sur une plateforme que vous ne connaissez pas, pensez à faire un test en amont afin de ne pas être pris au dépourvu le jour J. Mais, il est également utile d’être au fait des principaux outils de communication digitaux utilisés par les entreprises.

Sachez qu’il est possible de télécharger et d’essayer Google Hangouts, Microsoft Teams, Slack et Zoom gratuitement. « Nous incitons vivement nos candidats à faire preuve d’organisation et de se familiariser avec les technologies dont ils auront à se servir au quotidien, souligne Alex Jonsson. Ils étaient déjà devenu la norme au sein de nombreuses entreprises. La pandémie n’a fait qu’ accélérer le mouvement. Il est dans l’intérêt des candidats qui ne s’y connaissent pas de rectifier le tir dès que possible. »

6. « Avez-vous des questions ? »

Alex Jonsson rappelle qu’avant le premier confinement, les candidats « allaient dans l’entreprise, rencontraient quelques membres de l’équipe et recevaient toutes les informations contextuelles sur le poste avant de recevoir une offre d’embauche et de se décider. Actuellement, tout se fait à distance donc ces informations passent à la trappe. Les candidats qui ont réussi à décrocher un entretien n’ont finalement qu’un aperçu limité de l’entreprise auprès de laquelle ils ont postulé. »

Pour ne pas subir totalement la situation, il ne faut pas hésiter à poser beaucoup de questions pendant l’entretien. On obtient ainsi des éclairages sur le fonctionnement interne, la culture de l’entreprise, les modalités de travail avec les différentes équipes et collaborateurs. Commencez ainsi par vous renseigner sur l’onboarding, la formation, les tâches quotidiennes et les méthodes de communication. Pensez également à poser des questions sur vos potentiels collègues et votre hiérarchie pour savoir, par exemple, à qui vous devrez rendre compte de votre travail ou auprès de qui vous pourrez chercher des réponses.

Mais rien ne vous empêche d’orienter l’échange vers une approche un peu plus informelle. « Pourquoi ne pas demander s’il serait possible d’organiser un déjeuner virtuel avec sa future équipe, pour en savoir un peu plus sur ses potentiels collègues – peut-être pas tant sur le plan professionnel mais de manière informelle, plus décontractée ? », suggère Alex Jonsson. Ou bien de vous renseigner pour savoir si des échanges individuels sont envisageables dans le cadre du processus de recrutement ?

Les entreprises devraient se montrer compréhensives face à de telles demandes. C’est le cas chez Dataiku, confirme Julie Olivieri. « Il me semble vraiment important que les candidats puissent rencontrer davantage de collaborateurs, surtout en ce moment. Donc si nous devons ajouter quelques étapes supplémentaires au processus de recrutement pour satisfaire leurs attentes et leur donner toutes les clés pour faire leur choix, nous le faisons. » Elle poursuit : « Il n’incombe pas uniquement au candidat de s’adapter au recruteur : ce dernier doit comprendre que le contexte de recrutement est différent aujourd’hui. »

Photo d’illustration by WTTJ

Traduit de l’anglais par Sophie Lecoq

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