57% des jeunes accepteraient un travail mal payé s’il avait du sens

13 févr. 2020

3min

57% des jeunes accepteraient un travail mal payé s’il avait du sens
auteur.e
Romane Ganneval

Journaliste - Welcome to the Jungle

Vous rêvez de trouver un job qui vous permette à la fois de sauver la planète, de bien gagner votre vie sans pour autant empiéter sur votre délicat équilibre vie professionnelle et vie personnelle ? Et bien vous n’êtes pas les seuls. Selon un sondage d’Opinion Way pour le salon des entrepreneurs relayé par le Figaro Étudiant, le fait de trouver un sens à son travail est même devenu un critère fondamental pour les étudiants. Mais cette quête se heurte bien souvent à une toute autre réalité… celle du marché de l’emploi. Décryptage.

Sens & travail : une préoccupation contemporaine

Que cherchent les étudiants dont vous faites peut-être partie, au travail ? Selon un sondage Opinion Way pour le salon des entrepreneurs publié par le Figaro étudiant, 95% les jeunes de la génération Z - personnes nées dans les années 2 000 - souhaitent exercer une activité qui a « du sens ». 40% des jeunes estiment la quête de sens au travail « importante », voire « prioritaire » pour 55%. Comme la recherche d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, la quête de sens au travail n’est pas nouvelle. Cette enquête souligne aussi, et c’est plus étonnant, que 57% des étudiants seraient prêts à accepter un travail mal rémunéré s’ils estiment qu’il a du sens. Finalement, les jeunes souvent qualifiés « de compétiteurs », délaissant le travail collectif et « pas fidèles à l’entreprise », estiment qu’une vie professionnelle accomplie ne passe plus forcément par une rémunération élevée, qui induit souvent une position hiérarchique honorable.

S’il y a autant de définitions du sens au travail que d’aspirations personnelles, plusieurs tendances se détachent de l’étude : pour 49% des étudiants, ce fameux “sens” se traduirait par un « épanouissement personnel » important tandis qu’ils sont 43% à le considérer comme un « service rendu à la société. » Peut-être les deux notions sont liées : œuvrer pour le bien collectif ne permet-il pas un meilleur épanouissement personnel ? À méditer… Quant aux missions plébiscitées, les jeunes souhaiteraient s’orienter vers des postes où il est possible d’« apprendre » sans cesse de nouvelles choses et en même temps de « relever des défis ».

Les étudiants attentifs à l’engagement des entreprises

Avec un attrait grandissant pour les métiers de l’économie sociale et solidaires (ESS) et le travail au sein des ONG (23% en 2017 contre 14% en 2014, selon l’étude du NewGen Talent de l’EDHEC), les jeunes seraient-ils aussi plus soucieux que leurs aînés de l’impact de leur travail sur la société ? Selon le sondage Opinion Way pour le salon des entrepreneurs, les étudiants mentionnent dans le « service rendu à la société » : la protection de l’environnement, la lutte contre la pauvreté, ou encore l’accès au savoir. Si c’est votre cas, le collectif « Pour un réveil écologique », créé en septembre 2018 et qui réunit des élèves de HEC, Polytechnique, ENS Ulm, AgroParisTech et Centrale Supélec ont élaboré un site Internet où les élèves et actifs soucieux de l’engagement sociétal et environnemental des entreprises peuvent se renseigner. Dans leur manifeste, le groupe d’étudiants s’interroge : « À quoi cela rime-t-il de se déplacer à vélo quand on travaille par ailleurs pour une entreprise dont l’activité contribue à l’accélération du changement climatique ou à l’épuisement des ressources ? »

Les jeunes rattrapés par le besoin de s’insérer dans le monde du travail

Mais cette quête de sens et ce désir de s’engager dans les entreprises vertueuses se heurte à un contexte social dégradé pour les jeunes travailleurs. En France, 19,2 % des 15 à 24 ans étaient au chomâge au troisième trimestre 2019, contre 21% en 2018, selon les données de l’OCDE. Si la tendance est à la baisse, le taux de chômage des jeunes reste nettement supérieur à la moyenne nationale, qui se situe à 8,6% de la population active au troisième trimestre 2019.

Face à ce constat, 88% des étudiants se disent prêts à accepter de mettre leurs principes et idéaux de côté pour obtenir le job de leur rêve. Le contraste entre la volonté d’être utile à la société et le type de sociétés où les jeunes souhaitent travailler est aussi important. S’ils sont 61% à vouloir exercer une activité professionnelle dans une grande ONG ou dans la fonction publique, un jeune sur deux est intéressé par le travail en agence de publicité (52%), le milieu de la banque (47%) et des GAFA (41%). Finalement, si les jeunes ne peuvent actuellement pas tous se permettre de refuser des offres d’emploi, leurs aspirations et leurs volontés d’engagement, participent tout de même à un mouvement plus global : celui de remettre en cause des modèles pré-établis.

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Photo d’illustration by WTTJ

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