Managers : 6 conseils pour trouver l'équilibre entre bienveillance et intrusion

05 mai 2021

4min

Managers : 6 conseils pour trouver l'équilibre entre bienveillance et intrusion
auteur.e
Marlène Moreira

Journaliste indépendante.

L’ère du manager détaché et autoritaire est révolue. Le manager 2.0 se doit, au contraire, d’être ouvert, attentionné, à l’écoute de ses équipes. Et même si vous mangez des livres sur les soft-skills au petit-déjeuner (bon appétit), trouver l’équilibre entre bienveillance et intrusion reste un exercice délicat. Car ce que certains prendront pour de sympathiques marques d’attention, sera vu par d’autres comme une violation de leur vie privée. Et oui, l’enfer est pavé de bonnes intentions. Alors pour éviter de vous brûler, quelques conseils pour bien placer le curseur entre bienveillance et intrusion.

De l’importance des limites en entreprise

Les limites sont souvent abordées dans leur dimension physique : un collègue qui vous touche l’épaule, une personne qui se tient trop proche de vous, ou qui a des gestes déplacés. Mais les limites psychologiques et émotionnelles sont tout aussi importantes.

Il s’agit ici de poser des questions d’ordre privé, d’entraîner une personne sur un terrain qui la met mal à l’aise, de l’inviter à partager des sentiments qu’elle préfèrerait garder personnels. Ou tout simplement, de partager ses propres expériences à quelqu’un qui ne souhaite pas les entendre. Allison Botke, auteur de Setting Boundaries, explique que les limites psychologiques ont pour but de nous protéger : « Elles protègent notre sens de l’identité et de l’estime de soi, nous permettent de séparer nos sentiments des sentiments des autres. »

Or, de plus en plus d’entreprises cultivent la proximité en instaurant une atmosphère détendue, un code vestimentaire moins formel, des temps de partage en dehors du bureau. La crise sanitaire a également favorisé le développement du télétravail, réduisant d’autant plus la frontière entre le bureau et la maison, la vie privée et la vie professionnelle.

La limite entre un management bienveillant et un management intrusif est toujours plus fine. Proposer à untel de le rappeler plus tard quand vous entendez son petit dernier pleurer en fond sonore : attentionné ou paternaliste ? Donner à unetelle une semaine supplémentaire pour terminer son reporting quand vous apprenez que son mari est malade : prévenant ou déplacé ? Demander à chacun de montrer son « bureau improvisé » en visio pour détendre l’atmosphère pendant une réunion d’équipe : convivial ou envahissant ?

6 conseils pour bien placer le curseur

La crise sanitaire a remis l’humain au centre des préoccupations. Les managers doivent se préoccuper autant - si ce n’est plus - du bien-être de leurs équipes que de gagner en productivité. « Cette crise va laisser des traces positives sur le management notamment parce que nous ne pouvons qu’y gagner en empathie tout en prônant un management qui repose sur l’autonomie, la responsabilité, la créativité, l’intuition et l’agilité. », explique Fabienne Chaboche, directrice de la Performance RH à la Croix-Rouge Française. Mais comment gagner en empathie sans se transformer en manager envahissant ?

Observez la culture de l’entreprise

Chez vous, c’est plutôt « cravate et bureau individuel » ou « baskets et open-space » ? La culture de l’entreprise vous donne généralement un bon aperçu de la cour dans laquelle vous allez jouer. Dans une atmosphère amicale et informelle, il est probable que vos équipes s’attendent à une certaine proximité. Dans un environnement plus formel, on s’attendra à plus de réserve de votre part.

Communiquez sur votre propre “registre”

Chaque manager à son style. Il est difficile - et de toute façon pas souhaitable - de vous forcer à être quelqu’un que vous n’êtes pas. Partagez avec votre équipe ce que vous pensez relever de la bienveillance, et ce qui vous semble déplacé. Indiquer vos propres limites présente deux avantages : elle invite les autres à faire de même, et elle donne une indication sur ce que vos collaborateurs peuvent attendre de vous.

Ajustez votre comportement à chacun

Cherchez des indices pour connaître les limites de vos collaborateur.rices. Une personne qui ne participe pas aux événements de l’entreprise et qui se montre distant trouvera sans doute intrusif que vous l’interrogiez sur sa vie privée : une simple question sur son lieu de confinement pourra être perçu comme envahissant. A l’inverse, un.e collègue qui met une photo de ses enfants en fond d’écran pourrait être choqué.e que vous ne vous lui demandiez pas comment se passe la cohabitation avec sa progéniture.

Remettez-vous régulièrement en question

De manière générale, il est difficile pour une personne en situation d’infériorité hiérarchique d’être franc avec vous. Et c’est d’autant plus vrai dans la période d’incertitude que nous vivons aujourd’hui. « Les gens craignent de perdre leur emploi en cette période de grande incertitude financière. Comme nous sommes nombreux à travailler à distance, nous sommes très inquiets d’être perçus comme paresseux, relâchés et sans engagement si nous ne sommes pas disponibles 24h / 24 et 7j / 7 », déclare Andrew Shatte, cofondateur de meQuilibrium. Si vous êtes trop intrusif, il est probable que la personne que vous managez ne vous le fasse pas savoir ouvertement.

Placez le curseur à plusieurs

Les solutions les plus simples sont parfois les meilleures : demandez directement aux membres de votre équipe de vous aider à placer le curseur. Cela vous évitera de spéculer sur ce que chacun attend de vous. Concrètement, profitez d’un point en tête à tête pour expliquer votre fonctionnement et votre vision du management. Puis discutez ouvertement de ce que votre interlocuteur considère comme bienveillant ou intrusif.

Appelez votre équipe RH à la rescousse

Si un.e membre de votre équipe apparaît clairement en difficulté, mais ne souhaite pas aborder le sujet avec vous, n’hésitez pas à vous tourner vers les ressources humaines. Il sera peut-être plus facile pour votre collaborateur.rice d’aborder ses problèmes avec une personne neutre plutôt qu’avec son/sa manager direct. De plus, les ressources humaines disposent des ressources et de l’expérience nécessaires pour traiter ce type de problématiques.

Aujourd’hui plus que jamais, les managers sont bien plus que des donneurs/donneuses d’ordre. C’est de leur responsabilité de s’assurer que tous les membres de leur équipe soient satisfaits et en bonne santé. « Au sortir de la crise, la relation d’emploi évoluera vers davantage d’autonomie, un management fondé sur les résultats, une confiance accrue et moins de contrôle. Cette expérience inédite de télétravail contraint va changer les modes de management. Le jour d’après nos managers ne seront plus jamais les mêmes », conclut Caroline Diard, enseignante-chercheuse en Management des RH et Droit.

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