La flexibilité, nouvel eldorado de la marque employeur ?

22 juin 2020

6min

La flexibilité, nouvel eldorado de la marque employeur ?
auteur.e
Solenne Faure

Rédactrice

Flex office, horaires modulables, télétravail, évolution intrapreneuriale, formation continue en interne… Les initiatives ne manquent pas côté entreprise pour repenser les modes de travail et dessiner un environnement professionnel plus souple, agile et modulable pour les collaborateurs.

Flexibilité, qu’est-ce que c’est ?

En d’autres mots, il semblerait que nous soyons en pleine émergence d’un concept fort côté marque employeur : la flexibilité.

Vous savez,cette notion qui renvoie à l’idée de s’adapter rapidement au changement et savoir être force de proposition pour évoluer avec son temps.

À y regarder d’un peu plus près, c’est à se demander si cette flexibilité ne pourrait pas devenir une valeur structurante pour les marques employeurs dans leurs discours corporate, que ce soit pour fidéliser ou capter les meilleurs talents.

D’autant qu’elle a un avantage certain : il s’agit d’une notion large, qui recoupe de nombreux champs et s’incarne de multiples façons ! Partons donc à la chasse à la flexibilité employeur - de l’idée de mouvement à la notion de liberté, de la prise en compte de l’individu à l’épanouissement professionnel, de l’intrapreneuriat à la prise d’autonomie… L’occasion pour nous de détecter des opportunités de prise de parole et d’initiatives RH à valoriser auprès de salariés déjà en poste ou encore à convaincre.

Flex comme… agilité, évidemment !

Une devinette ? À votre avis, quel principe d’aménagement des bureaux a plus que jamais le vent en poupe et fait couler beaucoup d’encre (dont la nôtre) en 2018 ? Le flex-office bien sûr ! Oubliez le bureau attitré avec ses photos de famille et post-it scotchés à son écran, l’heure est à la modularité et l’adaptabilité dans la conceptualisation des espaces de travail.

À la clé pour la marque employeur

Une gestion des ressources humaines plus souple et dynamique, avec des équipes en mode projet et en pleine effervescence. Sans oublier tous les avantages immobiliers : une optimisation de l’espace qui peut rapidement rimer avec économie ou possibilité de mettre en place des services supplémentaires.

Côté salariés

On vante la liberté associée à ce mode de fonctionnement ; Avec un environnement où chacun est encouragé à s’ouvrir aux autres et à partager avec des expertises nouvelles ou peu identifiées jusqu’alors. Où chaque jour est différent, pour un quotidien moins routinier et toujours en mouvement.

Mais les marques employeurs l’utilisent-elles pour autant comme sujet de communication ? Transforment-elles cette initiative managériale - finalement limitée à un lieu donné - en preuve de leur capacité d’innovation, voire de différenciation ?

L’exemple de BNP Paribas

La banque aura ainsi été l’un des premiers employeurs à se lancer en France dans un projet de grande envergure : les 2 600 collaborateurs du groupe bancaire se retrouvent sans bureau fixe dès 2016.

Et lorsqu’on a pour signature « La banque d’un monde qui change », repenser les modes de travail et l’expérience bureau semblent plutôt être une évidence…

C’est ainsi que l’argument du flex-office a largement été repris dans le discours de la marque employeur, comme une preuve d’innovation et de progrès. Pour s’inscrire dans des valeurs positives : responsabilité, transformation et horizontalité.

Côté salariés, le retour d’expérience est encore partagé sur ce type d’initiatives. Mais les chiffres, du côté des plus jeunes générations en tout cas, semblent lui promettre un meilleur avenir. L’étude Opinion Way pour CD&B montre ainsi que 75% des étudiants souhaitent un environnement de travail partagé pour leur premier emploi et considèrent que cela renforce l’esprit d’équipe (74%) ainsi que la créativité (46%).

75% des étudiants souhaitent un environnement de travail partagé pour leur premier emploi et considèrent que cela renforce l’esprit d’équipe.

Au final, le succès du flex-office tient peut-être plus dans les valeurs qu’il révèle que dans le modèle organisationnel en tant que tel. Puisqu’il nécessite bel et bien une excellente compréhension du contexte de départ pour ne pas tourner au fiasco.

Flex comme… « ça bouge » !

Faisons un petit arrêt sur la dernière campagne recrutement de SeLoger. Le site d’annonces immobilières a en effet pris la parole en avril dernier en mettant en scène ses salariés dans un décor coloré et personnalisé, avec une nouvelle signature, « Ensemble pour que ça bouge ! »

Et si, derrière ces mots, il y avait justement la volonté de véhiculer l’image d’un employeur flexible, parfaitement en phase avec la nouvelle génération de salariés.

Une entreprise où l’on sait se remettre en question de façon permanente : en questionnant son métier, son mode de fonctionnement et en encourageant tout un chacun à avancer et donc à bouger.

Un message qui peut faire sens aussi bien auprès de candidats que vis-à-vis des salariés en place. « Ensemble pour que ça bouge ! » c’est en effet affirmer sa capacité à prendre le mouvement et se présenter comme un acteur sur lequel on pourra compter pour la suite.

Parce qu’être flexible c’est bien ça : être capable de s’adapter aux changements structurelsen faisant preuve de souplesse. D’autant plus qu’en y accolant le terme « ensemble », la marque mobilise le collectif. Elle propose ainsi une mission commune à tous ces collaborateurs et encourage l’élan collectif.

Et parce qu’une campagne ce n’est pas que des mots, la mise en scène et les partis-pris graphiques sont également intéressants. La création est en phase avec son époque : couleurs vives et joyeuses, jeux de mouvements de par la typographie et intégration d’éléments détonants (comme un pouf, pour évoquer aussi le confort et le « cool ») les codants bougent à leur tour !

Un message qui fait d’ailleurs clairement écho à la mise en avant de plus en plus forte des soft skills pour les marques employeurs : l’épanouissement, ça compte.

Mais alors, flex comme… happy !

Vous l’aurez remarqué, les marques employeurs sont de plus en plus nombreuses à mettre en scène leurs employés pour valoriser l’ambiance de travail et montrer l’entreprise de l’intérieur. Une technique particulièrement préemptée sur les réseaux sociaux, Instagram en tête.

Les marques employeurs sont de plus en plus nombreuses à mettre en scène leurs employés pour valoriser l’ambiance de travail et montrer l’entreprise de l’intérieur.

Par exemple, Michel et Augustin, qui se revendique comme le trublion du goût, renouvelle constamment les codes de sa marque. Et la marque employeur n’y échappe pas ! Elle filme et photographie régulièrement ses équipes dans des moments riches en émotion, où team building et fun sont au coeur des contenus.

Finie donc la représentation d’un environnement professionnel froid, distant voire rigide. Bienvenue dans un monde où le travail est léger, décomplexé voire même joyeux : merci la flexibilité !

Flex comme… de l’évolution, dans tous les sens !

Et si être flex, c’était entretenir un rapport particulier avec ses salariés pour les pousser à évoluer et se transformer ? En les encourageant par exemple à s’interroger sur leurs envies professionnelles, leurs parcours et en soutenant leurs idées et envies pour participer à leur futur. Un futur flexible en somme, fait d’évolution et de transformation !

Il y a d’abord l’intrapreneuriat

Pour citer encore une fois BNP Paribas, la banque valorise son accompagnement et sa proximité avec ses salariés en les soutenant dans le cadre de projets à portée positive, via un programme de 4 mois. #Intrapreneurs4Good souhaite ainsi mobiliser au maximum le réseau du groupe, tout en travaillant la visibilité extérieure et favorisant les synergies.

Des initiatives qui peuvent être vues comme un coût mais aussi comme un formidable investissement : elles favorisent une ambiance dynamique tout en portant des valeurs extrêmement valorisées dans nos sociétés. Innover, construire un monde pérenne et se transformer. En voilà des belles valeurs à concrétiser pour un employeur !

Mais il y a aussi la formation

Et dans ce cas là, inutile de chercher midi à quatorze heures. Être flex, c’est aussi faire avec ce qu’on a et faire les choses bien !

Mazars a ainsi mis en place un programme de montée en compétences en interne : qui est mieux placé qu’un opérationnel pour former ses propres collègues ? Évoluer en se soutenant les uns les autres et en mettant en avant les compétences et la complémentarité de chacun. Une façon également de responsabiliser sa masse salariale.

Une formation qui peut également déboucher surla mobilité interne: encourager les passerelles, questionner les salariés dans leurs choix, les aider dans une possible réorientation et être présent, tout simplement.

Mais alors… demain, tous flex ?

Si la flexibilité est clairement une valeur venue du monde des start-up (elles sont à l’origine de nombreuses propositions de services qui vont dans ce sens), il n’empêche que les grands groupes ont su, à leur tour, inscrire cet état d’esprit dans leurs fondamentaux.

Avec des discours qui deviennent de plus en plus positifs, où l’épanouissement individuel est mis au même niveau que celui de l’entreprise. Où l’ambiance de travail est soulignée et racontée pour incarner au maximum la marque grand public. Où la capacité à s’inscrire dans un monde en mouvement est essentielle.

La flexibilité reste encore différenciante et efficace, face à des discours plus lisses et attendus.

Autrement dit, la flexibilité a définitivement le vent en poupe…. Et reste encore différenciante et efficace, face à des discours plus lisses et attendus. Alors, à vous d’être agile et adaptable, dans les discours et dans les faits pour plaire au plus grand nombre et devenir un acteur qui compte.

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