Le pensée positive comme moteur du succès : The Happiness Advantage

Oct 15, 2019

6 mins

Le pensée positive comme moteur du succès : The Happiness Advantage
author
Aglaé Dancette

Fondateur, auteur, rédacteur @Word Shaper

Des siècles de réflexion n’ont pas réussi à déterminer qui de l’oeuf ou de la poule était apparu le premier sur Terre. En psychologie, on retrouve des dilemmes du même ordre : le succès rend t-il heureux ou est-ce qu’être heureux induit plus de réussite ? Il est communément enseigné qu’il faut travailler dur pour atteindre nos objectifs, qui ensuite nous rendront satisfaits et heureux. Ainsi, la réussite conditionnerait notre bonheur. Dans son ouvrage The Happiness Advantage, Shawn Achor décide de prendre le problème par l’autre bout. Selon lui, après 12 ans d’études sur le bonheur à Harvard, c’est en étant heureux au préalable, que l’on est disposé à mettre en place les conditions de la réussite. Voici quelques principes de psychologie positive qui selon ce professeur américain, nourrissent le succès et la performance au travail.

Le point d’appui et le levier

L’ouvrage de Shawn Achor nous rappelle qu’il y a toujours deux façons de voir les choses qui nous arrivent. C’est un peu la théorie du verre à moitié vide ou du verre à moitié plein. Il ne tient qu’à nous de développer des pensées relativement positives sur les événements et de s’appuyer sur ces pensées pour entraîner des conséquences positives, ou au contraire insister sur des pensées négatives qui mèneront à des événements négatifs. Par exemple, si vous stressez et ressassez sur les lacunes d’un projet, il est fort probable que vous ratiez votre présentation. À l’inverse, vous pouvez choisir de vous concentrer sur ses forces avant de le présenter à vos supérieurs ou vos collègues. Cela vous donnera plus d’assurance et il y aura plus de chance que vos interlocuteurs soient convaincus également s’ils vous voient enthousiaste.

De la même façon, dans l’ouvrage The Happiness Advantage, le psychologue américain explique qu’il y a globalement trois façons d’appréhender son travail. Soit on le considère comme un job, qui rapporte simplement un salaire et dans ce cas il est probable que nous restions médiocres. Soit cela représente l’élément d’une carrière et dans ce cas, au-delà des tâches quotidiennes, on anticipe une trajectoire et on y voit la possibilité d’évoluer. Soit enfin, on considère notre travail comme une vocation, c’est-à-dire comme une activité qui a du sens pour nous et, fort de cet état d’esprit, nous serons plus à même d’exceller.

Shawn Achor a ainsi interrogé les concierges de plusieurs universités. Certains avaient le sentiment de n’être que des “larbins” et cette pensée rendait leur travail assez pénible. Tandis que d’autres considéraient qu’ils étaient la pierre angulaire de la bonne organisation de la fac et donc l’élément essentiel du bien-être et de la réussite des étudiants. Un même travail, mais deux points d’appui différents.

L’effet Tetris

On le sait, par habitude notre cerveau est conditionné à emprunter les chemins de pensées auxquels on le soumet le plus fréquemment. C’est-à-dire que si vous vous répétez que vous n’avez pas les épaules pour diriger une équipe, votre cerveau aura tendance à prendre automatiquement ce chemin de pensée. Ainsi convaincu de votre incapacité à devenir un leader dans votre entreprise, vous pourriez manquer les opportunités pour atteindre cet objectif. C’est ce qu’on appelle : la prophétie auto-réalisatrice.

À l’inverse, Shawn Achor explique dans son ouvrage que l’effet Tetris est une façon d’entraîner notre cerveau à trouver des solutions pour chaque situation. Devant notre jeu de Tetris, on retourne les briques dans tous les sens pour parvenir à les encastrer correctement dans les autres. Dans notre vie personnelle ou professionnelle, nous pouvons faire la même chose. Plutôt que de dire « je suis un mauvais leader, je ne pourrai jamais devenir manager », on peut retourner l’assertion et se dire « j’ai de l’empathie, je sais communiquer, il me manque certainement quelques compétences mais si je trouve une bonne formation, je pourrai certainement devenir manager. »

Finalement, l’effet Tetris revient à prendre l’habitude de voir le bon côté des choses, plutôt que de scanner son environnement par le prisme de pensées négatives. Si c’est parfois plus facile à dire qu’à faire, sachez que plus vous entraînez votre cerveau à retourner les situations délicates, plus il sera agile et laissera tomber les chemins de pensées limitantes.

Se servir des échecs

Ou « tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ». En 2009, Muhtar Kent, le CEO de Coca-Cola a pris le temps de lister les échecs du groupe lors de la convention annuelle des investisseurs. L’objectif était de montrer que certains projets échouent mais que ces échecs font partie intégrante des plus grands succès du groupe, car ils constituent des leçons intéressantes à retenir pour les projets à venir.

Car, encore une fois, tout est question d’état d’esprit. Face à une situation délicate, le cerveau fabrique des scénarios et anticipe l’avenir : « Si j’essaie de négocier avec ce client difficile, il risque de se braquer » par exemple. L’alternative est de considérer l’échec potentiel comme un pas de plus vers la réussite à condition de ne pas le subir. De plus, si on n’est pas capable d’imaginer une issue favorable à une situation, nous aurons tendance à abandonner plus rapidement et donc à se décourager de plus en plus facilement les fois suivantes. Achor préconise de voir les échecs non comme des chutes (falling down) mais comme des rebonds vers des situations plus heureuses (falling up).

La spirale vertueuse

Lorsque nous sommes stressés, nous perdons plus facilement le contrôle. Shawn Achor explique dans son livre qu’il est plus probable d’avoir des pensées défaitistes lorsque l’on fait face à un trop grand objectif. Pour éviter cela, il est préférable de se concentrer sur de plus petits enjeux. En divisant un grand projet en plus petites étapes par exemple, selon la méthode Kaizen. Ainsi, on se félicite de chaque petite victoire jusqu’à atteindre l’objectif final. En limitant initialement les efforts à fournir, on accumule les connaissances, l’expérience et le sentiment d’accomplissement, ce qui crée une spirale positive.

Pour prendre un exemple sur le plan personnel : si vous décidez de vous (re)mettre à la guitare et espérez jouer un morceau à la Jimi Hendrix dès le premier jour, vous risquez d’être déçu et découragé. Alors que si vous commencez par concentrer vos efforts sur un plus petit objectif, comme vous exercer au moins 20 minutes par jour dans un premier temps, vous aurez plus de chance de tenir sur la durée et donc d’atteindre votre objectif final. Après un mois à ce rythme, satisfait et confiant, vous pourrez élargir votre répertoire et vous challenger cette fois avec un morceau plus compliqué.

La règle des 20 secondes

Nous sommes des êtres d’habitudes et lorsqu’il s’agit d’en changer, notre cerveau résiste. Les scientifiques ont établi qu’il fallait 21 jours de pratique pour implanter une nouvelle habitude dans son quotidien. Pour reprendre l’exemple de la guitare que Shawn Achor développe dans The Happiness Advantage , même si l’on se fixe un objectif abordable de 20 minutes de pratique par jour, encore faut-il faire l’effort de sortir l’instrument quotidiennement. En l’expérimentant pour lui-même, Achor s’est rendu compte qu’au bout de quatre jours seulement, il avait abandonné ses bonnes résolutions et laissé sa guitare au placard.

L’idée des 20 secondes est de trouver le moyen pour faire sauter la dernière barrière de résistance au changement. L’américain est, par exemple, allé acheter un porte-guitare et au lieu de laisser cette dernière dans le placard, l’a laissée bien en vue dans le salon. Ainsi, il éliminait les 20 secondes supplémentaires à sa prise de décision qui consistait à sortir la guitare du placard avant de se mettre à jouer. À partir de ce moment-là, il a effectivement joué tous les jours pendant 21 jours, jusqu’à ce que ce rituel devienne une habitude.

Ces 20 secondes fonctionnent également dans l’autre sens, c’est-à-dire pour éliminer des habitudes néfastes, en les rendant plus difficilement accessibles. Exemple “tout à fait fictif” : imaginez que vous soyez accro à votre smartphone et que vous décidiez d’en réduire votre utilisation pour être plus concentré au travail. En laissant votre téléphone sous votre nez, il sera difficile de résister. En revanche, si vous vous efforcez de le laisser enfermer dans une autre pièce, il vous faudra vous lever, marcher vers cette autre pièce et déverrouiller la porte pour l’atteindre. Ce processus est alors suffisamment long pour que votre cerveau renonce à l’envie de regarder vos notifications toutes les 4 minutes.

L’ouvrage de psychologie de Shawn Achor est finalement un rappel de l’acception basique : tout est relatif. Nous connaissons bien cette phrase, mais il n’est pourtant pas toujours si simple d’enclencher le cercle vertueux des pensées positives face à certaines situations. Pourtant, il revient à chacun de choisir comment il veut appréhender sa réalité. Or, les études scientifiques et psychologiques prouvent qu’il est bénéfique de choisir un état d’esprit positif puisque c’est ce qui contribuera à vous rendre heureux, et donc dans un second temps, vous rendra beaucoup plus apte à réussir, et ce dans tous les domaines. Comme toujours, c’est une question de pratique et l’objectif est de reprendre le contrôle de son cerveau afin de limiter les pensées négatives et automatiques qui pourrissent, parfois, notre quotidien, nos ambitions et notre créativité. Alors, à vos marques, prêts, positivez !

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Photo d’illustration by WTTJ