Stage/alternance : les joies du télétravail en colocation

24. 3. 2021

5 min.

Stage/alternance : les joies du télétravail en colocation
autor
Pauline Allione

Journaliste independante.

Les cours se déroulent en grande partie derrière l’écran d’un ordinateur, mais il n’y a pas que ça : depuis le Covid, les expériences en entreprises aussi, sont bouleversées. Qu’il s’agisse d’un stage ou d’une alternance, la distanciation physique reste de mise et en période de pandémie, le télétravail continue de régner sur le monde pro. Mais quand on partage son foyer avec deux, trois ou cinq autres personnes, ça se passe comment ? Des étudiants nous racontent comment ils parviennent à séparer le pro du perso, au cœur de la vie en communauté.

« J’ai diminué les soirées et demandé à qu’il y ait moins de bruit après une certaine heure »

Bénédicte, 22 ans, étudiante en Master 2 archéologie en alternance, Lyon.

À la maison on est officiellement deux, mais si on compte la copine de mon coloc et mon copain, on tourne plutôt entre deux et quatre. Je télétravaille depuis le mois d’octobre, environ trois à quatre jours par semaine donc j’ai dû faire quelques investissements dès le départ et m’acheter un vrai bureau et une chaise de travail.

Côté coloc’, j’ai diminué les soirées en semaine chez nous et j’ai demandé à ce qu’il y ait moins de bruit à partir d’une certaine heure. Mon coloc est plutôt fêtard et il y avait souvent du monde à l’appart, donc le bruit allait avec. C’était agréable de temps en temps mais quand ça durait trop tard, ça me dérangeait. Mon coloc a été très cool, il a tout de suite compris. Et de toute façon avec le Covid, les soirées se sont faites plus rares et se sont transformées en après-midi, donc plus de problèmes nocturnes ! Il ne faut pas avoir peur de discuter des choses à améliorer avec ses colocs, mais aussi de poser des limites pour que tout se passe au mieux.

Depuis que ces petits ajustements ont été faits, je trouve le télétravail agréable. Je ne perds plus 1h30 de trajet matin et soir pour aller bosser et j’organise mes journées comme je veux, tant que je fais mes 35h par semaine. Dans le contexte actuel, ça me facilite les choses lorsque je dois prendre une pause pour aller faire des courses.

« On n’est pas seul, autant en profiter et discuter avec ses colocs pendant ses pauses »

Valentin, 21 ans, étudiant en Master 1 management et ingénierie commerciale en alternance, Paris.

Mon coloc est barman donc dès le début de la crise on l’a mis au chômage partiel, tandis que je me retrouvais en télétravail la moitié de la semaine. Ça signifiait qu’on allait passer beaucoup de temps ensemble à la maison mais je n’étais pas trop anxieux sur ce point : il est plutôt chill, et je savais qu’il en profiterait pour consacrer ce temps à d’autres choses et qu’on ne se marcherait pas dessus non plus.

Finalement, j’étais plutôt content de travailler chez moi. J’aime bien m’installer dans les espaces communs, sur le canapé, sauf que la chambre de mon coloc est mitoyenne au salon et que le son est très mal isolé. Comme je suis beaucoup au téléphone, je préfère m’assurer qu’il soit levé avant de m’y rendre. En attendant, je passe mes premiers coups de fil et réunions depuis mon lit, ce qui est plutôt cool, puis je file au salon ou à la cuisine dès que je suis certain de ne pas le réveiller. Le seul problème c’est qu’on n’est pas trop équipé et entre ma chambre et le salon je n’ai ni bureau ni table basse, donc c’est parfois un peu pénible de bosser avec mon PC sur les genoux.

C’est important d’avoir une pièce dans laquelle on sait qu’on peut bosser tranquillement, mais aussi de veiller soi-même à ne pas déranger les autres. Et l’avantage de la coloc’, c’est quand même qu’on n’est pas tout seul : autant en profiter et prendre des pauses régulièrement pour aller discuter avec son coloc, avant de se remettre au boulot.

« Mieux vaut s’informer de ses horaires et appels importants »

Justine, 21 ans, étudiante en alternance en M1 Master ressources humaines, Strasbourg.

On s’est installés en colocation l’été dernier avec mon copain, et mon employeur a mis en place le télétravail depuis le mois d’octobre. Je me rends au bureau deux ou trois fois dans le mois pour consulter le courrier mais le reste du temps, je suis à la maison. Même chose pour les cours : j’étudie à distance depuis octobre, avec un jour par semaine en présentiel depuis peu. J’ai de la chance car la plupart du temps, mon copain n’est pas à l’appartement pendant mes horaires de travail. Il lui arrive d’être là toute la journée, mais dans ce cas je file dans la pièce supplémentaire de l’appartement, que nous avons aménagé en bureau. Dès que je passe un appel, je le préviens pour qu’il ne vienne pas me déranger. C’est déjà arrivé qu’il passe derrière moi en caleçon en pleine visio… Je crois que mes collègues ne l’ont pas remarqué, mais on préfère éviter que ça se reproduise. Mieux vaut communiquer et informer ses colocataires de ses horaires et de ses réunions et appels importants, pour éviter les moments gênants.

« On communique par textos pour éviter de se déranger pendant qu’on travaille »

Thomas, 23 ans, étudiant à l’ENS et stagiaire dans une start-up, Paris.

On est trois à la maison mais tout le monde travaille dans sa chambre et à des horaires différentes, donc forcément on se voit moins que d’habitude. Cependant, le télétravail a pas mal enrichi nos discussions, étant donné qu’on travaille tous les trois dans des domaines totalement différents : un coloc bosse dans l’industrie automobile, un autre dans la finance et moi en start-up. On essaie toujours de se retrouver le midi, alors on s’envoie des textos pour vérifier qu’on est bien disponibles.

Depuis le télétravail généralisé, on fonctionne beaucoup par messages, même si on est dans nos chambres les uns à côté des autres. Cela permet d’éviter de débarquer au beau milieu d’un appel ou d’une réunion, mais aussi de ne pas toquer à la porte des autres, parce que ça peut aussi être dérangeant. On s’écrit pour les repas, ou encore pour savoir qui va aller faire les courses et sacrifier une heure de son boulot l’après-midi pour pouvoir respecter le couvre-feu, histoire que ça ne soit pas toujours le même. Enfin, il ne faut pas négliger les écouteurs, indispensables en cas de promiscuité : si on n’entend qu’un côté de la conversation, on est moins distrait par les appels de son coloc dans la pièce d’à côté.

« Avec des inconnus, c’est plus simple de délimiter son espace perso et de résister aux tentations »

Jennifer, 22 ans, étudiante en école d’ingénieur en stage dans un laboratoire, Lyon.

Les studios ou F1 étaient vraiment chers à Lyon et comme je m’apprêtais à faire cinq mois de télétravail, je savais qu’un 15m2 ne me suffirait pas. Je suis quelqu’un qui aime bien parler, donc la coloc’ me semblait idéale : plus d’espace et de social, c’était le bon deal. J’ai trouvé une grande maison avec un terrain extérieur dans laquelle on est cinq, mais on peut accueillir jusqu’à dix personnes. On ne se connaissait pas au départ, mais ici les règles sont simples : chacun arrive et part quand il veut, pas de pression.

On bosse tous depuis nos chambres et parfois dans les pièces communes, mais je ne reste dans le salon que si je vois que la pièce est vide ou que mes colocs sont aussi en train de bosser. S’ils sont occupés à autre chose que du boulot, je m’adapte et je remonte dans ma chambre. Je pense que ça simplifie les choses de vivre avec des inconnus parce qu’avec des amis, il est plus délicat de délimiter cet espace perso dont on a besoin pour travailler. Là on est certes nombreux, mais chacun respecte l’espace de l’autre, et on est moins tenté de passer tout son temps dans le salon avec les autres.

Vivre en coloc’ depuis la crise, c’est jongler savamment entre la bamboche, une isolation pas toujours au top et des appels en équipe réguliers… Heureusement, avec un peu de dialogue et des limites clairement posées, le télétravail se déroule la plupart du temps dans de bonnes conditions. Le plus : les pauses entre colocs, pour retrouver l’ambiance des small talks de la machine à café à la maison.

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Photo by WTTJ