Recrutement sauvage : ils ont rencontré, ont brillé et se sont fait embaucher

27. 9. 2023

7 min.

Recrutement sauvage : ils ont rencontré, ont brillé et se sont fait embaucher
autor
Sarah Torné

Rédactrice & Copywriter B2B

přispěvatel

Le monde professionnel est parsemé de surprises et d'opportunités qui se cachent là où on les attend le moins. Si le parcours classique reste d'envoyer son CV et de passer des entretiens d’embauche, certains ont eu la chance de changer leur destinée professionnelle dans des circonstances tout à fait inhabituelles. Du dîner entre amis à un dessin sur une nappe, découvrez ces histoires inspirantes de personnes qui ont trouvé leur job grâce à un heureux hasard.

« Une nappe m’a offert mon premier gros contrat en tant qu’indépendante », Sophie, 27 ans, architecte d’intérieur.

Fraîchement diplômée, je décide de me lancer en tant qu’architecte d’intérieur à mon compte. Plusieurs mois passent et les projets se font rares, voire inexistants. Un soir, je décide d’aller manger dans la petite pizzeria de mon quartier. L’ambiance y est chaleureuse, avec ses nappes blanches en papier, ses bougies et son doux parfum de tomate-basilic.

En attendant mon plat, mon esprit vagabonde. Je sors un crayon et esquisse quelques dessins sur la nappe, des plans. Je réinvente le restaurant, jouant avec les espaces, imaginant de nouvelles dispositions…

Absorbée par mon dessin, je ne me rends pas compte que le patron m’observe depuis le comptoir. Lorsqu’il vient m’apporter ma pizza, il me lance avec un sourire amusé : « Vous avez redécoré mon restaurant ? » Embarrassée, je m’excuse d’avoir dessiné sur sa nappe, lui explique mon métier et que mon dessin représente son restaurant. À ma grande surprise, il s’intéresse à mon brouillon et me demande de lui expliquer mes idées. Il reste parler avec moi un long moment et m’explique qu’il cherche justement à donner un coup de neuf à son établissement. Je pense qu’il me dit ça pour me faire plaisir et être commerçant. Malgré tout, je trouve ce monsieur très sympathique et passe un bon moment en sa compagnie.

Je finis par revenir chaque semaine à son restaurant, il s’installe de temps en temps à ma table et nous discutons de son aménagement, de sa décoration, de ses inspirations, de mes idées… En échange, il m’offre des réductions sur les pizzas. Je me dis que notre arrangement va s’arrêter là. J’étais loin de me douter que quelques semaines plus tard, il s’installerait à ma table en disant « Ça y’est, j’ai débloqué un budget, quand est-ce que tu peux commencer les travaux ? »

Cette nappe, devenue l’ébauche d’un projet concret, m’a finalement offert mon premier gros contrat.

« J’étais loin de me douter que cette partie d’échecs allait changer ma vie », Samuel, 36 ans, libraire.

C’était un samedi après-midi ensoleillé. J’étais au chômage depuis quelques mois. J’étais auparavant en charge de coordonner des congrès et des expositions à l’international. Puis la pandémie de Covid-19 est arrivée. Presque du jour au lendemain, les grands rassemblements sont devenus impossibles. Ma société, qui dépendait majoritairement de ces grands événements, a dû faire face à de nombreuses suppressions d’emplois, et malheureusement, j’étais parmi ceux qui ont été laissés sur le carreau.

Ces mois d’inactivité ont été une épreuve pour moi. Alors, pour m’évader, j’avais pris l’habitude de jouer aux échecs dans le parc à côté de chez moi. C’était une façon de continuer à stimuler mon esprit, mais aussi l’opportunité d’échanger avec des inconnus.

Ce jour-là, comme à mon habitude, je me suis rendu au parc avec mon échiquier, espérant trouver un partenaire de jeu. J’étais loin de me douter que cette partie d’échecs allait changer ma vie. Un homme est venu s’asseoir face à moi. Nous avons engagé une partie, et entre les mouvements des pièces, les discussions se sont enchaînées. Nous avons beaucoup parlé de notre passion commune pour les livres, les histoires, les auteurs, les romans qui nous avaient marqués… À l’issue de notre partie, - que mon adversaire a d’ailleurs gagnée avec brio - nous avons continué à discuter, de nos métiers cette fois. Je lui ai expliqué ma situation professionnelle, et il m’a parlé de la sienne : il était propriétaire d’une petite librairie indépendante en plein cœur de la ville. Avec la montée du numérique et la crise sanitaire, il voulait redonner vie à sa boutique en proposant des événements littéraires, des ateliers, des rencontres d’auteurs… Des mini-événements qui pourraient attirer et fidéliser une clientèle.

Tous les deux intrigués, nous avons convenu d’une rencontre le lendemain dans sa librairie. L’endroit était charmant ! Après plusieurs discussions, il m’a proposé de collaborer pour gérer l’endroit. La proposition était inattendue, mais tentante. Après un temps de réflexion, j’ai décidé de relever le défi. D’une scène internationale, je suis passé à une échelle locale, mais l’essence de mon travail est restée la même : rassembler les gens.

Vous cherchez un job fait pour vous ?

Découvrez nos offres d'emplois

« Mon costume de carnaval a été mon meilleur CV », Maxime, 35 ans, designer de mode.

J’ai toujours eu la mode dans la peau. Depuis les premiers défilés que j’ai regardés à la télévision, j’ai toujours su que c’était ma vocation. Mais comme bon nombre d’étudiants en art, ma réalité était celle d’un artiste fauché, jonglant entre petits boulots, stages non rémunérés et rêves grandioses de percer dans un milieu saturé.

Après un énième refus de ma candidature, j’ai décidé de prendre une pause et de revenir chez mes parents dans ma ville natale, Nice. J’avais besoin de me recentrer, de me reconnecter à mes racines et surtout, de réfléchir sérieusement à mon avenir : devrais-je continuer à poursuivre ce rêve de mode ou abandonner et prendre une autre voie ?

Mes amis d’enfance, en apprenant mon retour, m’ont proposé d’aller au Carnaval de Nice, histoire de me changer les idées. Sans grande conviction, j’ai accepté, mais avec une idée en tête : quitte à y aller, il fallait que ce soit mémorable. J’ai donc décidé de confectionner mon propre costume, mettant chaque once de ma passion et de ma créativité dans cet habit, comme un dernier hommage à mon amour pour la mode. Sans vouloir me jeter des fleurs, mon costume était un véritable chef-d’œuvre. Il n’était pas juste beau ; il racontait une histoire. Chaque détail, chaque choix de couleur, chaque motif, tout avait une signification.

Le soir du Carnaval, plusieurs inconnus sont venus me complimenter, me questionner sur l’origine du costume et même prendre des photos avec moi. Mes amis et moi avons fini par sympathiser avec un groupe avec lequel nous avons beaucoup ri. Parmi eux, un homme semblait particulièrement impressionné par la qualité de mon travail. Avant de se séparer, il m’a confié sa carte, m’encourageant à le contacter. Je l’ai rangée machinalement, prenant ça pour une plaisanterie ou un simple flirt. Ce n’est que le lendemain, en trouvant la carte au fond de ma poche, que j’ai découvert qu’il s’agissait d’un chasseur de têtes. J’ai encore cru à une blague, mais ma curiosité m’a poussé à prendre mon téléphone.

La conversation qui a suivi a changé le cours de ma vie. Il m’a expliqué qu’il travaillait pour une marque de prêt-à-porter prestigieuse, et qu’il avait vu beaucoup de talent dans mon costume. Il m’a invité à Paris, pour rencontrer l’équipe, montrer mon portfolio. De fil en aiguille, un CDD m’a été proposé, suivi quelques mois plus tard par un CDI. Mon costume de carnaval, sans le savoir ni le vouloir, a été le meilleur CV que je pouvais imaginer.

« Il a vu dans mon spectacle un talent, qui, bien orienté, pourrait servir dans le monde professionnel », Lucas, 32 ans, responsable communication.

Après de dures journées de travail dans un job qui ne me correspondait pas vraiment, je profitais de mes soirées pour me livrer à ma passion secrète : le stand-up. Mes vannes portaient principalement sur l’absurdité de la vie en entreprise et le quotidien d’un trentenaire mal dans ses baskets (aka moi).

Un soir après un spectacle où le public avait été particulièrement réceptif, et alors que je rangeais mes affaires, un homme est venu me voir. Il s’est présenté comme étant un directeur d’une agence de marketing digital. Il m’a dit que ma façon de captiver le public et mon autodérision était exactement ce qu’il cherchait pour sa boîte. J’étais très surpris, j’ai d’ailleurs cru à une blague. Mais non, le mec était sérieux ! Il avait vu dans mon spectacle quelque chose de plus qu’un simple divertissement. Il y voyait une compétence, un talent qui, bien orienté, pourrait servir dans le monde professionnel.

Nous avons pris un café quelques jours plus tard. Il m’a présenté son agence, qui débutait à peine, et ses ambitions. Je ne travaillais pas du tout dans ce milieu jusqu’alors, mais, bizarrement, j’ai eu tout de suite l’impression que j’allais me sentir à ma place dans cet environnement. Quelques mois plus tard, je suis devenu Responsable Communication de cette agence. Mon rôle ? Raconter des histoires, captiver l’auditoire, tout comme sur scène, mais cette fois-ci avec des enjeux bien réels.

« Ma passion est devenue mon métier grâce à TikTok », Céline, 20 ans, graphiste et illustratrice.

Je suis fascinée depuis toute petite par le monde du dessin, de l’illustration et de l’animation. Mon premier ordinateur entre les mains, je me suis plongée corps et âme dans l’illustration graphique, passant des heures à me former sur Youtube et à apprendre à utiliser tous les logiciels. Petit à petit, j’ai développé mon propre style, une sorte de fusion entre moderne et nostalgique.

J’étais au lycée quand j’ai rejoint TikTok, initialement par curiosité. Je voulais simplement voir ce qui s’y passait. Mais rapidement, j’ai découvert une communauté d’artistes qui partageaient leurs processus créatifs en quelques secondes, et ce format m’a fasciné. Je me suis dit que c’était une manière innovante et amusante de montrer mon travail et d’interagir avec d’autres passionnés. L’idée de partager des vidéos montrant la genèse de mes illustrations, de la première esquisse à la version finale, m’a séduite. TikTok m’a offert une plateforme pour raconter mes œuvres d’une nouvelle manière.

Et puis, un jour, une de mes vidéos est devenue virale. J’y montrais la création d’une illustration pour une marque très célèbre de sneakers. En moins de 24 heures, cette vidéo avait été vue par des centaines de milliers de personnes. Elle a été partagée, commentée, et les retours étaient incroyablement positifs. C’était étrange et enivrant à la fois. J’ai reçu des messages de soutien, des demandes de conseils, mais aussi des propositions de collaboration. Dont celui d’une agence de publicité. Ils avaient adoré ma vision et la manière dont je l’avais présentée, et voulaient discuter de la possibilité de travailler ensemble. Après un entretien via Zoom, suivi d’une rencontre en personne, j’ai décroché un poste de graphiste au sein de cette agence. Ce qui a commencé comme une passion est devenu mon métier, sans études ni diplômes, et cela, grâce à une plateforme que beaucoup considèrent encore comme un simple réseau social pour adolescents.

Plus qu’un CV impeccable ou une formation d’élite, c’est parfois notre capacité à saisir l’inattendu, à être ouvert aux opportunités et à croire en nos compétences qui forge notre chemin. Le succès ne se trouve pas toujours là où on l’attend, mais peut surgir à tout moment, pour peu que l’on soit prêt à l’accueillir. Alors, restez curieux, ouverts et attentifs : la prochaine grande opportunité pourrait bien se cacher au détour d’une conversation anodine.

Article édité par Aurélie Cerffond ; Photo de Thomas Decamps