Etudiants, quelles aides s'offrent à vous pour faire face à la crise ?

20 mai 2020

5min

Etudiants, quelles aides s'offrent à vous pour faire face à la crise ?
auteur.e
Sherina Berreby

Journaliste

Avant la crise sanitaire, pas moins de 20 % d’étudiants étaient déjà en situation de précarité. Mais ça, c’était avant. Avant qu’une crise sanitaire se transforme en crise sociale et vienne vous démunir des précieux revenus de ce stage si durement obtenu, vous arracher à votre gagne-pain, comme 10% des étudiants en France, et fermer le restau’ universitaire, votre deuxième frigo. Maintenant, dire que c’est la galère, c’est peu dire. Afin de garder ou de sortir la tête de l’eau, découvrez les soutiens financiers, alimentaires et matériels dont vous pouvez (peut-être) bénéficier.

Une aide exceptionnelle de 200 euros

Elle était attendue avec impatience, après des semaines à se serrer la ceinture. Le 4 mai, le premier ministre a annoncé la mise en place d’une aide exceptionnelle de 200 euros pour 800 000 jeunes et étudiants dans le besoin. Un soutien bienvenu, mais tardif, selon la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE). « Depuis le début de la crise, de nombreux jeunes sont en difficulté pour payer leurs loyers ou tout simplement se nourrir », a souligné l’organisation étudiante. Face aux répercussions financières liées à la crise, ce versement est donc essentiel pour les plus démunis. Celui-ci est cumulable avec les bourses sur critères sociaux, les aides d’urgence, et à celles spécifiques aux établissements (bons d’achat alimentaires et de produits de première nécessité, équipement informatique et téléphonique, etc.).

Qui est concerné ?

  • Les étudiants en formation initiale inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur, boursiers ou non boursiers, ayant perdu leur job étudiant (8 heures par semaine minimum) pendant la crise sanitaire ou ceux dont le stage a été annulé.

  • Les étudiants ultra-marins en formation initiale, contraints de rester en métropole.

  • Les jeunes en situation précaire, de 18 à 25 ans, percevant les APL (aides personnalisées au logement). Nota bene : les apprentis et les étudiants en chômage partiel ne sont donc pas concernés.

Comment l’obtenir ?

  • Si vous êtes étudiant, rien de bien compliqué. Il suffit de remplir un formulaire, disponible depuis le 12 mai sur le site etudiants.gouv.fr et de s’armer de patience jusqu’au courant du mois de juin, le temps que le versement soit effectué.

  • Si vous êtes jeune (mais pas étudiant), ne bougez pas. Pas la peine de faire de la paperasse. Pour les jeunes de moins de 25 ans, bénéficiaires des APL, l’aide sera automatiquement versée par la CAF dans les semaines à venir.

Les autres soutiens financiers

Le CROUS

Pas de panique si cela ne suffit pas. En plus de ce dispositif, les étudiants précaires peuvent faire une demande d’aide spécifique ponctuelle auprès du CROUS, dont les modalités d’attribution leur seront précisées. Le montant maximal de l’aide ponctuelle peut aller jusqu’à 500 euros pour les étudiants en grandes difficultés financières. Le CROUS propose aussi des bons d’achats alimentaires. Pour bénéficier de ces aides, les conditions sont les suivantes : il faut avoir moins de 35 ans (sauf si étudiant en situation de handicap) et être inscrit en formation initiale. Pour toute demande, il suffit de contacter par mail les assistants sociaux du CROUS : contact-servicesocial@crous-paris.fr.

Si vous êtes logé au CROUS, les nouvelles sont plutôt bonnes. Le préavis de départ d’un mois est annulé si vous quittez votre résidence universitaire. Vous pourrez vous faire la malle quand vous voulez et vous libérer ainsi de votre loyer. À savoir aussi que si vous avez quitté votre logement, vous êtes exonéré du loyer pour le mois d’avril. De quoi vous enlever tout de même une petite épine du pied.

L’Université ou votre école

À noter que vous pouvez aussi vous renseigner auprès de votre école ou université, ces dernières mettant en place des aides d’urgence (financières, alimentaires ou matérielles), propres à chaque établissement. Par exemple, l’Université Paris-Sorbonne s’est mobilisée pour offrir aux étudiants les plus fragilisés jusqu’à 300 euros d’aides alimentaires ou 500 euros pour de l’équipement informatique. De plus, la plupart des épiceries solidaires Agoraé restent ouvertes pendant la crise, de quoi se restaurer à moindre coût, les denrées étant redistribuées à 10% du prix du marché.

La prime d’activité, pensez-y !

On l’oublie parfois, mais les étudiants salariés, les stagiaires et les apprentis de plus de 18 ans peuvent bénéficier d’une prime d’activité sous certaines conditions. La demande de prime d’activité se fait via un téléservice ou auprès de la Caf. Pour l’obtenir, vous devez avoir plus de 18 ans et vivre en France de manière stable et effective. Vous devez également assumer seul(e) la charge d’un ou de plusieurs enfants, ou avoir une activité professionnelle (salariée ou non) dont le revenu mensuel net est supérieur à 943,44 €.

À savoir : contrairement à la rémunération de l’apprentissage et du job étudiant, la gratification de stage n’est pas considérée comme un revenu d’activité.

Si vous ne savez pas quels sont vos droits, faites appel à Fibii

Le meilleur moyen de savoir à quelles aides vous avez droit reste le site ou l’appli Fibii. En quelques minutes, par le biais d’un court questionnaire, vous pourrez dénicher toutes les aides étudiantes dont vous pouvez bénéficier (jusqu’à 10 000 euros par an.) Chaque jour, le simulateur aide entre 600 et 800 jeunes en leur indiquant leurs droits parmi 50 aides nationales et régionales. Alors foncez remplir le questionnaire en ligne, c’est simple et c’est gratuit.

Des aides bienvenues…. mais toujours insuffisantes

Si ces aides sont évidemment opportunes, les associations nationales étudiantes estiment que les montants demeurent insuffisants. L’UNEF et la FAGE réclamaient déjà un meilleur soutien financier pour les étudiants bien avant la crise sanitaire. Cette dernière est venue embourber une situation déjà ardue pour les jeunes en mal de moyens. Le 8 novembre 2019, un étudiant lyonnais s’était immolé par le feu pour dénoncer ses conditions de vie précaires. Depuis le tragique événement, les collectifs étudiants n’ont cessé d’alerter les pouvoirs publics sur l’urgence de la situation. Et pour cause, malmenés entre des logements trop chers, la suppression des bourses en cas de redoublements, et des allocations dérisoires, près d’un quart des étudiants vivent sous le seuil de pauvreté. Une situation que souligne le responsable de l’Agoraé de Caen (14), constatant une demande de soutien plus forte que jamais depuis le début de l’épidémie : « On prend la précarité en plein visage, c’est dur », admet Morgane Champin.

« Sur le long terme, il faudra repenser l’accompagnement des étudiants, car la crise économique va les pénaliser pendant plusieurs mois », souligne Orlane François, la présidente de la FAGE. La FAGE réclame que le montant de l’aide exceptionnelle perçue, dépende des pertes induites pour l’étudiant, et qu’elle soit reconduite en fonction des besoins, au moins jusqu’au mois d’août « car la crise aura sans aucun doute un impact important sur les emplois saisonniers. » De plus, les modalités d’attribution sont inégalitaires. Cette aide exclut les jeunes hébergés par un tiers ou vivant chez leurs parents, dont les revenus sont très modestes, et qui ne sont pas rattachés à leur foyer fiscal.

Pour autant, le ministre de l’Enseignement supérieur souligne que l’aide pour les jeunes et les étudiants s’inscrit dans la continuité du dispositif national. Il rappelle que cette aide de 200 euros est une “brique supplémentaire” s’ajoutant à celles mises en place par les établissements et l’Etat (10 millions d’euros ont été débloqués fin mars), pour soutenir les étudiants en situation de précarité. Une brique, qui on l’espère, permettra de maintenir debout l’édifice, le temps de sortir de cette période de pandémie dont les plus modestes, paient déjà le prix.

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Photo d’illustration by WTTJ

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