Best of : les 12 actus qui ont fait le taf en 2023

20. 12. 2023

7 min.

Best of : les 12 actus qui ont fait le taf en 2023
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Ariane Picoche

Journaliste et responsable de la rubrique Decision Makers @ Welcome to the Jungle

přispěvatel

Vous rappelez-vous des actus qui ont rythmé le monde du travail en 2023 ? On en a sélectionné 12 pour vous rafraîchir la mémoire. Au menu, des lois impopulaires, une semaine de 4 jours qui gagne du terrain, des débats sur l’IA et sur les générations.

Janvier

Retraites : une réforme impopulaire réveille la grogne sociale en France

La réforme des retraites proposée par le gouvernement a cristallisé les critiques des syndicats. Un passage de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans à l’horizon 2030 est le visage d’un projet qui est loin de faire l’unanimité. Véritable serpent de mer de la politique française, en témoignent les projets de 1995, 2003 ou encore 2010, l’exécutif souhaite réformer pour préserver l’équilibre du système de retraites, bien que cet argument soit remis en cause par certains économistes. Le gouvernement souhaite par ailleurs éliminer la plupart des régimes spéciaux. Ce qui a poussé plusieurs syndicats (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC…) à faire front en intersyndicale, une première depuis 2010. Leurs appels à se mobiliser ont été suivis avec au moins 1,5 million de manifestants sur les deux premiers actes de janvier. L’intersyndicale a renouvelé son appel à battre le pavé en février et en mars 2023, espérant le retrait du projet de loi.

Février

Semaine de 4 jours anglaise : 92 % des entreprises qui l’ont testée veulent l’adopter

Certains salariés rêvent de terminer la semaine de travail un jeudi soir tout en touchant exactement le même salaire… Outre-Manche, le rêve est devenu réalité pour les équipes de 61 entreprises, le temps d’une expérimentation de 6 mois. La conclusion de ce test ? 56 d’entre elles vont conserver ce rythme, estimant que le stress des employés a diminué et que le chiffre d’affaires s’est maintenu. Les chercheurs des universités de Cambridge et de Boston, à l’origine de l’expérience, ont par ailleurs noté une chute de l’absentéisme de 66 % et une augmentation des candidatures de 88 %. Et si le remède au désengagement était sous nos yeux ?

Mars

Réforme des retraites : avec le 49.3, l’employabilité des seniors est questionnée

Le projet controversé de réforme des retraites porté par Élisabeth Borne est entré en vigueur après l’utilisation de l’article 49.3 et la validation du texte par le Conseil constitutionnel. Une des craintes des opposants à la réforme concerne l’employabilité des seniors : ils craignent que ces derniers ne puissent pas rester sur le marché du travail jusqu’à 64 ans. Rappelons en effet qu’en France, le taux d’emploi des 60-64 ans est faible : avec 35,5 %, il est inférieur à la moyenne de l’UE. Pour y remédier, l’exécutif propose la création d’un index sénior à partir de 2024. Cet outil permettrait de connaître le taux d’emploi de seniors au sein de chaque entreprise de plus de 300 personnes. Un CDI pour les plus de 60 ans a aussi été ajouté au texte final par les sénateurs. Ce dispositif aiderait les entreprises à recruter un collaborateur expérimenté en étant exonéré de certaines cotisations sociales.

Avril

L’abandon de poste ne permet plus de toucher le chômage

Lâcher son job du jour au lendemain et ne plus donner signe de vie à son employeur ? C’était le stratagème bien connu des personnes « bloquées » en CDI afin d’aboutir à un licenciement pour faute et de toucher des indemnités chômage. Eh bien, ce n’est plus possible depuis le 18 avril 2023 et l’entrée en vigueur du décret d’application sur l’abandon de poste. Désormais, l’employé a 15 jours pour revenir à partir de la réception d’un courrier de mise en demeure envoyé par l’entreprise, lui demandant de justifier son absence et de retrouver son poste. Les détracteurs de cette loi expliquent qu’il s’agissait pourtant de l’unique solution pour fuir une situation professionnelle inconfortable et ne pas se retrouver sans rien.

Mai

80 % des emplois pourraient être remplacés par l’IA dans les prochaines années

Quand un ponte de l’intelligence artificielle affirme que 80 % des emplois pourraient être détruits après l’arrivée de l’IA sur le marché du travail, on l’écoute attentivement. Ben Goertzel, puisque c’est de lui qu’il s’agit, explique que cette révolution est prévue à moyen terme et au fond, il pense que « c’est une bonne chose » : les gens pourraient en effet faire autre chose que gagner de l’argent. D’après lui, les métiers manquant de bras et de cerveaux, comme dans le secteur de la santé, pourraient aussi être largement suppléés par des robots humanoïdes. Il s’interroge néanmoins sur la façon dont nos sociétés vont gérer les grands moments de transition liés à l’essor de ces technologies, notamment quand « les intelligences artificielles vont commencer à rendre obsolète un emploi après l’autre ». Nous aussi 😬

Juin

L’absentéisme bat des records… notamment chez les managers !

53 %. Selon le dernier baromètre Malakoff Humanis (juin 2023), c’est le pourcentage de managers en arrêt-maladie. Soit une augmentation de 13 % par rapport à l’année dernière. Les principales raisons invoquées ? Le stress induit par un fort empiétement de la vie professionnelle sur la vie personnelle, et la difficile gestion de l’absentéisme au sein de leurs propres équipes. Cette situation serait aggravée par l’utilisation massive du travail hybride qui ne permettrait plus aux managers de repérer facilement les difficultés de leurs collaborateurs. Plus préoccupant encore, la hausse de l’absentéisme s’étend à la moitié des salariés du secteur privé : c’est 12 points de plus par rapport à l’édition précédente. Un chiffre peu étonnant quand on sait que seuls 68 % des salariés s’estiment en bonne santé. Résoudre l’absentéisme, le défi RH des temps modernes ?

Juillet

Discrimination liée à la grossesse : mauvaise pub pour Publicis

Le groupe mondial de communication Publicis a été condamné à verser 500 000 euros à une ancienne salariée pour discrimination liée à la grossesse. La cour d’appel de Versailles a donné raison à cette cadre dont la situation professionnelle s’est dégradée de manière anormale à l’issue de son deuxième puis de son troisième congé maternité. On lui a en effet retiré de grands clients sans explication solide et elle n’a pas été payée à 100 % durant les deux premiers mois de son arrêt. Elle n’a pas non plus bénéficié du rattrapage salarial prévu par la loi à son retour. Pour rappel, la grossesse est le troisième motif de discrimination cité par les femmes selon un baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi, publié par le Défenseur des droits. L’affaire Publicis pourrait renverser la vapeur.

Août

Rétention des talents : au Royaume-Uni, les entreprises parient sur la hausse des salaires

Comment retenir des collaborateurs tentés par des salaires plus élevés chez la concurrence ? En mettant la main à la poche ! Les employeurs britanniques sont en effet de plus en plus enclins à faire des contre-offres, nous apprend une enquête du Chartered Institute of Personnel and Development (CIPD). Près de 40 % d’entre eux a misé sur cette stratégie au cours des 12 derniers mois… De quoi nourrir les préoccupations quant à son impact sur l’inflation, à l’heure où le Royaume-Uni connaît plus d’un million de postes vacants. Le CIPD recommande aux entreprises d’explorer d’autres méthodes d’incitation pour éviter la fuite des talents, comme le travail flexible, les congés payés supplémentaires et les opportunités de carrière. Il souligne par ailleurs la nécessité d’une politique salariale formelle en interne, afin de maintenir l’équité entre les employés.

Septembre

Les télétravailleurs émettent 54 % de CO2 de moins que les autres

Le télétravail réduit l’empreinte carbone des entreprises, selon une étude récente publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. Les salariés en full remote émettent en effet 54 % de CO2 de moins que ceux se rendant au boulot chaque jour, avant tout grâce à la réduction des trajets en voiture et à la consommation d’énergie moindre des bureaux. Cependant, la durabilité varie en fonction de la « vertitude » des logements et de l’efficacité énergétique des équipements. Par ailleurs, après être passés au télétravail à 100 %, de nombreux individus ont quitté les villes pour des zones rurales où la voiture est le seul moyen de transport à disposition. Pour les travailleurs hybrides, qui se rendent au bureau une à deux fois par semaine, les trajets sont ainsi plus longs. Cette tendance s’accompagne d’une hausse des déplacements personnels, y compris en avion… Un effet de vases communicants qui a de quoi faire débat.

Octobre

Jeunes diplômés vs. employeurs : une enquête confronte leurs aspirations

Et si on mettait en regard les aspirations des jeunes diplômés et celles des employeurs ? C’est l’objet de l’enquête de la CCI Nantes-Saint-Nazaire sortie en octobre 2023. Et ses résultats peuvent surprendre. Des divergences notables sur le bien-être, l’utilité au travail et le recrutement y sont mises en lumière. Les jeunes insistent sur une rémunération juste, tandis que les entreprises défendent l’épanouissement. Les deux parties s’accordent sur l’importance d’un job stimulant et d’un équilibre vie pro / vie perso. Cela dit, la génération Z attend des entreprises des engagements sociétaux, en particulier l’égalité hommes-femmes. Elle a par ailleurs une vision plus claire de sa carrière qu’on ne le pense. Enfin, les jeunes surestiment l’importance des diplômes dans le recrutement, tandis que les employeurs privilégient d’autres critères, comme la personnalité et l’expérience. Et après ? Ces résultats aideront la CCI à mieux accompagner les organisations dans l’embauche et la fidélisation de leurs talents.

Novembre

Le projet de loi « pour le plein-emploi » est adopté malgré la controverse autour du RSA

Le 14 novembre, le Parlement français a définitivement adopté le projet de loi « pour le plein-emploi », visant à réformer le service de l’emploi et le revenu de solidarité active (RSA). Le texte fixe un objectif de 5 % de chômage d’ici à 2027, mettant l’accent sur l’accompagnement des personnes éloignées du marché du travail. Les débats ont surtout porté sur les nouvelles obligations pour les bénéficiaires du RSA, avec l’instauration de 15 heures d’activités hebdomadaires minimales obligatoires – à défaut, des sanctions sont prévues. Le ministre du travail, Olivier Dussopt, a souligné le caractère non-gratuit de ces activités, les définissant comme des opportunités de formation ou d’insertion. Si les Républicains (LR) ont soutenu le projet, ils ont été les seuls. L’opposition a dénoncé une forte stigmatisation des chômeurs et une infantilisation. Malgré la controverse, le texte est adopté, mais la gauche compte saisir le Conseil constitutionnel pour contester certaines de ses dispositions. Affaire à suivre…

Décembre

La loi sur l’immigration donne du fil à retordre au gouvernement

Le gouvernement se souviendra de fin 2023. Lundi 11 décembre, l’Assemblée nationale a adopté, par 270 voix contre 265, une motion de rejet préalable au projet de loi sur l’immigration. Déposée par le groupe écologiste et soutenue par les groupes socialistes, Rassemblement national (RN) et Les Républicains (LR), cette motion a interrompu sur-le-champ l’examen du texte. Pour rappel, ce dernier comporte plusieurs volets, dont un consacré au travail, où il s’agit avant tout de faciliter l’embauche de travailleurs étrangers sur des métiers en tension et de régulariser les travailleurs en situation irrégulière. Pour sortir de l’impasse, le gouvernement a décidé de soumettre le projet à une commission mixte paritaire. Verdict ? Mardi 19 décembre, le Sénat puis l’Assemblée nationale ont définitivement adopté le texte remanié, suscitant les félicitations du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, qui assure que le Rassemblement national n’a pas influencé le vote.


Article édité par Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ

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