Partir travailler à Bordeaux

13 avr. 2018

7min

Partir travailler à Bordeaux
auteur.e
Cécile Nadaï

Fondatrice de Dea Dia

Depuis quelques temps déjà, Bordeaux, la belle endormie, s’est réveillée ! Elle attire les touristes du monde entier et fait rêver de nombreux salariés qui aimeraient venir s’y installer. Au-delà de son attractivité touristique, de ses vignobles et de sa situation privilégiée près du Bassin d’Arcachon, la ville ne ménage pas ses efforts pour offrir à ses habitants toujours plus de services, d’espaces naturels, d’évènements culturels et de loisirs. Et si on quittait tout pour partir à Bordeaux ?

Le grand boom de Bordeaux

Bordeaux, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis six ans, a été élue ville la plus attractive de l’année en 2017 par le Lonely Planet. Il faut dire qu’elle a bien des atouts : son patrimoine architectural est particulièrement riche, elle est vivante, dynamique, idéalement située à deux pas de l’océan et les aménagements de ces dernières années ont permis d’y développer une qualité de vie largement plébiscitée par ses nouveaux habitants, toujours plus nombreux.

Bordeaux, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis six ans, a été élue ville la plus attractive de l’année en 2017 par le Lonely Planet.

Bien sûr, elle est aussi mondialement connue pour ses vignobles et bénéficie d’un climat agréable, avec une culture du surf qui lui donne une image des plus tendance. Ajoutons à cela les nombreuses friches industrielles qui l’entourent et qui ne demandent qu’à être transformées en nouveaux lieux de vie et de travail, à l’image de Darwin, écosystème installé dans une ancienne caserne militaire, et vous comprendrez pourquoi 25% des salariés français rêvent de venir s’y installer, selon l’étude annuelle des villes préférées des actifs publiée par l’Institut Great Place To Work. Il se dit que la ville pourrait atteindre un million d’habitants d’ici 2030.

Cet engouement a pour conséquence une augmentation des prix de l’immobilier mais aussi une pression sur le marché de l’emploi qui va devoir s’adapter. Car pour l’heure, trouver un travail n’est pas forcément choses aisée quand on arrive à Bordeaux. Or, même si ce qui attire les nouveaux bordelais c’est avant tout un cadre de vie agréable, la question de l’emploi reste centrale.

Place de la Comédie

Un marché de l’emploi en pleine mutation

Conscients de l’enjeu que représente le développement du marché du travail pour soutenir l’évolution démographique fulgurante de la ville, les pouvoirs publics ne cessent de créer de nouveaux pôles afin d’attirer toujours plus d’entreprises dans la métropole.

Le label French Tech

Certains domaines connaissent un développement important, tel que le secteur du numérique, notamment grâce à l’obtention du label FrenchTech en 2014 qui a déjà bien des effets positifs. Rien qu’en 2017, plus de 7 800 emplois ont été créés sur la métropole bordelaise, selon Virginie Calmels, adjointe à l’économie à la mairie de Bordeaux.

Le secteur du numérique représente désormais 25 000 emplois de la région et ce n’est qu’un début ! Outre Cdiscount, natif de Bordeaux, qui recrutera 300 personnes dans les domaines du commerce, de la logistique, de la finance et des ressources humaines cette année, de grandes entreprises comme Ubisoft s’y sont récemment installées, bientôt suivis par OVH, dont le PDG Octave Klaba a annoncé, l’été dernier, le recrutement de 100 personnes au cours de l’année 2018 sur ce nouveau site. Capgemini a quant à elle annoncé 350 recrutements à Bordeaux pour cette année, dans le secteur du service informatique.

Le secteur du numérique connaît un développement important, notamment grâce à l’obtention du label FrenchTech en 2014.

De son côté, Betclic va délocaliser son siège social de Paris et son bureau de Londres à Bordeaux, entraînant le recrutement d’au moins 100 personnes : développeurs, products designers, business analysts, data scientists, experts du marketing ou des RH.

Enfin, d’ici la fin de l’année 2018, la cité numérique de Bègles ouvrira ses portes et proposera un incubateur, une pépinière, un espace de coworking, un hôtel d’entreprises ou encore un centre de ressources pour les entrepreneurs, les salariés et les chercheurs d’emploi.

D’autres secteurs porteurs

  • L’ économie sociale et solidaire

Le secteur de l’économie sociale et solidaire est un secteur clé dans la région Aquitaine et plus particulièrement à Bordeaux. D’après Bordeaux Métropole, le secteur compte plus de 4 900 entreprises et 51 500 salariés en Gironde, soit un salarié sur dix! C’est donc un domaine particulièrement porteur, qui permet la création d’emplois non-délocalisables et bénéfiques pour tous. Parmi les acteurs particulièrement emblématiques du secteur, on peut citer l’écosystème Darwin qui accueille plus de 250 entreprises dans sa pépinière, son incubateur et son espace de coworking, sans compter son épicerie et son restaurant bio ainsi que les nombreuses associations actives sur son site. Parmi elles, HelloAsso, la première plateforme de financement participatif dédiée aux associations, qui a été créée afin d’offrir à toutes les organisations la possibilité de se financer grâce au numérique.

D’après Bordeaux Métropole, le secteur compte plus de 4 900 entreprises et 51 500 salariés en Gironde, soit un salarié sur dix !

  • L’aéronautique et spatial

La constitution du pôle de compétitivité Aerospace Valley, spécialisé dans les domaines de l’aéronautique, de l’espace et des systèmes embarqués fait du secteur de l’ASD un domaine particulièrement dynamique. Il fournit 130 000 emplois industriels et 8 500 postes de chercheurs dans plus de 1 600 entreprises. Les principales entreprises du secteur implantées à Bordeaux sont Dassault Aviation, Airbus D&S ou encore Thalès. Pour ceux qui préfèrent les écosystèmes start-up aux grands groupes, la technopole Bordeaux Technowest accueille des entreprises innovantes au sein de son incubateur et de sa pépinière.

  • Le tourisme, l’hôtellerie, la restauration

Depuis quelques années, le secteur du tourisme bordelais se porte particulièrement bien. Et pour cause, depuis 2012, date du classement de la ville au patrimoine mondial de l’Unesco, le nombre de visiteurs a augmenté de 32% d’après les chiffres officiels de la ville. Tourisme traditionnel, tourisme fluvial, tourisme d’affaires, hôtellerie de luxe et restauration… Tous les secteurs sont concernés par cette hausse de fréquentation avec, à la clé, de nombreuses créations d’emploi.

  • Le vin de Bordeaux

On ne peut bien sûr pas évoquer Bordeaux sans parler de son vin ! Saviez-vous que 23 bouteilles de vin de Bordeaux se vendent chaque seconde dans le monde ? Ce secteur se porte lui aussi très bien puisque l’augmentation du tourisme dans la ville s’est accompagné d’un fort engouement pour l’oenotourisme, avec une hausse de fréquentation des vignobles de 82 %. La Cité du Vin, qui a ouvert en 2016, a permis la création de 250 emplois et a déjà accueilli plusieurs centaines de milliers de visiteurs. D’autres entreprises du secteur comme Vinexpo, Mahler-Besse, Beyerman, H&A Locations sont installées à Bordeaux et emploient de nombreuses personnes.

Saviez-vous que 23 bouteilles de vin de Bordeaux se vendent chaque seconde dans le monde ?

  • La santé

Le CHU de Bordeaux est le premier employeur de la région, avec près de 14000 employés. Outre cet établissement, la ville bénéficie d’un réseau hospitalier particulièrement important, avec des universités et des centres de recherche à la pointe. La présence de leaders mondiaux du secteur de l’e-santé comme Maincare Solutions ou Invivox permettent la création de nombreux emplois. En parallèle, des start-up innovantes s’y sont également installées et la région est même la deuxième région française du secteur de l’e-santé !

  • Commerce et artisanat

En matière d’artisanat, Bordeaux compte 4 300 entreprises qui emploient près de 5 000 salariés et plus de 400 apprentis, notamment dans le secteur du bâtiment, des services et du secteur alimentaire. L’activité artisanale a augmenté de 21% entre 2012 et 2016, d’après les chiffres de la ville. De même, l’offre de commerces est très développée à Bordeaux avec plus de 7 000 commerces répartis dans la ville. Son centre-ville est d’ailleurs le premier pôle commercial de Nouvelle-Aquitaine et fournit de nombreux emplois. On notera aussi la présence des sièges sociaux des magasins Cultura et Beauty Success qui sont installés dans la capitale girondine.

L’activité artisanale a augmenté de 21% entre 2012 et 2016, d’après les chiffres de la ville.

Les Allées de Tourny, vue sur la place des Qinconces

De nouveaux bordelais témoignent

Les nouveaux bordelais ne manquent pas ! Nous sommes allés à la rencontre de certains d’entre eux pour recueillir leur témoignage.

Marina, graphiste qui a travaillé pour de grands titres de la presse féminine avant de venir s’installer à Bordeaux en 2014, n’a toujours pas retrouvé de poste équivalent à celui qu’elle occupait avant son départ. Elle cumule différents boulots en attendant mais ne désespère pas. « De plus en plus de nouvelles boîtes s’installent, il y a un plein de start-up qui se créent et qui auront nécessairement besoin de compétences créatives à l’avenir. J’envisage aussi une reconversion car ce n’est pas l’offre de formations qui manque à Bordeaux ! »

Bertrand, ingénieur arrivé en 2016 à Bordeaux, a réussi à retrouver un emploi après six mois de recherche, en acceptant une baisse de salaire d’environ 20%. « Mais ça, je le savais en quittant Paris et ça ne me dérange pas plus que ça. D’une part parce que j’aime mon nouveau travail, d’autre part parce que ce que je perds en salaire, je le récupère en qualité de vie ! La nature est tout prêt, il y a plein de parcs et d’espaces verts, on prend le temps de vivre… et puis les gens sont tellement moins stressés ici ! »

Erwan, quant à lui, est designer freelance et s’est installé à Bordeaux en 2015. Son déménagement n’a que peu fait évoluer son activité : ses clients sont toujours exclusivement parisiens. Il collabore en revanche avec d’autres freelance bordelais. « À Bordeaux comme partout, le réseau est essentiel. Quand vous arrivez dans une région où vous ne connaissez personne, c’est forcément compliqué, mais il faut savoir être patient. Et en attendant, Paris n’est plus qu’à 2 heures de Bordeaux donc ce n’est vraiment pas un problème. En revanche, j’ai trouvé des compétences en freelance vraiment excellentes, meilleures qu’à Paris et moins chères ! »

« La nature est tout prêt, il y a plein de parcs et d’espaces verts, on prend le temps de vivre… et puis les gens sont tellement moins stressés ici ! » Bertrand, Ingénieur

Et le salaire dans tout ça ?

En termes de salaire, on estime à 20% l’écart constaté, à poste égal, entre Paris et Bordeaux par exemple. Cet écart de salaire ne décourage cependant pas les franciliens qui s’installent en nombre chaque année car selon eux, la différence de salaire s’explique en grande partie par le coût de la vie, plus élevé à Paris qu’à Bordeaux. On touche donc un salaire moins élevé mais on ne vit pas moins bien, bien au contraire !

On constate néanmoins que la forte augmentation récente de la population a entraîné une hausse des coûts de logement qui ne s’est pas encore répercutée sur les salaires, ce qui peut gréver le pouvoir d’achat. Gageons qu’à l’avenir, une rectification aura lieu !

Le coût de la vie reste tout de même moins élevé à Bordeaux qu’à Paris ainsi que dans d’autres villes de France. En terme de transports, par exemple, le ticket un voyage en tramway coûte 1,60€, ce qui est inférieur au prix constaté dans d’autres métropoles comme Strasbourg ou Lyon. La carte de transport dix voyages coûte quant à elle 12,90€ et l’abonnement mensuel qui comprend le tramway et les bus s’élève à 39,60€ pour les 28-69 ans et à 32,50€ pour les 28-69 ans salariés.

En attendant, la perspective de gagner moins d’argent ne semble pas effrayer les candidats à l’exode (surtout parisiens) vers Bordeaux. D’après une étude de Cadremploi, 65% des franciliens aimeraient quitter Paris pour Bordeaux et 56% d’entre eux accepteraient une baisse de salaire pour pouvoir s’installer en province. À Bordeaux, les anciens parisiens interrogés sont unanimes, même ceux qui n’ont pas encore trouvé le job de leur rêve, même ceux qui ont perdu en pouvoir d’achat : pour rien au monde ils ne reviendraient en arrière !

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Photo by Xellery & WTTJ

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