La motivation au taf, ça s’en va et ça revient : comment gérer ces cycles ?

08 sept. 2022

6min

La motivation au taf, ça s’en va et ça revient : comment gérer ces cycles ?
auteur.e.s
Thomas Decamps

Photographe chez Welcome to the Jungle

Elise Assibat

Journaliste - Welcome to the Jungle

Lassitude, fatigue ou manque de stimulation … Comment fonctionnent les différents cycles de la motivation ? Et comment les reconnaître pour mieux les appréhender ? David Chamard-Bois, coach en motivation et auteur de l’ouvrage Osez la Chance nous donne les clés pour comprendre ce mystérieux phénomène qui peut nous ralentir à certains moments…

La motivation qui nous stimule et nous pousse à nous dépasser dans nos projets est un pouvoir précieux. Mais aussi mystérieux qu’il puisse être, cet élan n’arrive pas non plus d’un simple coup de baguette magique. Non seulement il s’agit d’une attitude mentale qui s’entretient dans le temps, mais cette dernière se divise aussi en plusieurs phases progressives, indépendantes les unes des autres.

Les trois cycles de la motivation

1. L’inspiration

Le premier est un moment d’écoute et d’observation qui permet de s’enrichir au contact du monde extérieur. « Cela passe par des démarches actives pour rencontrer des nouvelles personnes, se confronter à des avis différents et en tirer de nouvelles réflexions », énumère David Chamard-Bois. On récolte ces nouvelles informations, on les trie et cela va nous servir de base pour aller plus loin par soi-même. D’après l’expert, c’est « un peu comme un explorateur qui n’a qu’une partie du plan de son parcours de découverte…»

2. L’action

Le deuxième temps laisse place à la mise en mouvement. Autrement dit, « la période dans laquelle nous avons des objectifs clairs qui nous sont fournis par notre environnement ou que nous définissons nous-même », explique David Chamard-Bois. Dans ce moment que l’on peut qualifier « d’optimum sur la motivation », on peut alors observer une forte créativité et une force de propositions de la part du salarié en question. « D’autant que le fait d’être en action nous amène à mobiliser différentes ressources et à développer une énergie qui crée un cercle vertueux lorsque nos objectifs sont atteignables », ajoute le coach.

3. L’expiration

Ce dernier temps est la phase qui succède à l’émulsion intellectuelle de manière à ce que cette dernière perdure dans le temps. « Et cela passe essentiellement par la prise de contacts humains, dont nous manquons terriblement du fait du rythme de vie actuel et du tout dématérialisé, énonce David Chamard-Bois. Car c’est le partage et les relations humaines qui contribuent à enrichir notre propre motivation. » On perçoit d’ailleurs bien qu’une personne qui réussit son projet bénéficie en général du soutien et des conseils de son réseau de supporters sur la durée. « Il s’agit donc ici de limiter le risque de démotivation, de procrastination et/ou de peur de l’échec, toujours à la manière d’un cercle vertueux », poursuit le spécialiste.

Si la motivation ainsi décortiquée nous aide à comprendre son fonctionnement, nous ne pouvons néanmoins pas mesurer la durée et l’intensité de ces trois cycles en raison de la spécificité de chaque individu. Alors pas de panique si les pics de créativité ont été moins hauts que d’habitude, ou si vous avez eu des difficultés à progresser dans les étapes. Nombreux sont les facteurs à influer sur notre comportement et donc à agir directement sur la manière dont le cycle de la motivation va s’exprimer.

Les différentes sources de la motivation

Un facteur interne

En ce qui concerne l’élément déclencheur de la motivation, nous pouvons distinguer deux grandes familles aux comportements distincts. « À savoir les personnes qui sont dans l’auto-motivation et celles qui ont besoin du monde extérieur pour les stimuler », illustre David Chamard-Bois. Autrement dit, la première catégorie dispose davantage de ressources qui lui sont propres pour se stimuler. « Les personnes concernées sont autonomes, indépendantes et savent construire leur motivation par elles-même », ajoute-il. Elles possèdent une énergie dite “haute” et sont souvent des leaders positifs aux yeux de leurs collaborateurs.

La seconde catégorie, quant à elle, nécessite davantage de carburant de la part de son entourage, autant pro que perso. « Les consignes, les feedbacks et l’accompagnement sont ce qui les animent et qui leur permettent de donner le meilleur d’eux-mêmes», précise ainsi David Chamard-Bois.

Si nous ne sommes pas tous égaux face à l’origine de la motivation, nous sommes donc tous disposés à l’expérimenter de différentes manières.

Des facteurs externes

Toutefois, il ne suffit pas d’identifier dans quelle catégorie chacun se retrouve pour tout régler. Car les facteurs externes sont aussi nombreux à influer sur cette faculté à se motiver. En effet, le plus direct demeure l’environnement professionnel qui entoure le salarié. La manière dont l’entreprise accompagne les collaborateurs présents est essentielle pour leur donner envie de travailler. « Les personnes qui sont dans l’auto-motivation ont besoin d’une certaine liberté pour laisser cette stimulation grandir tandis que celles plus dépendantes du monde extérieur vont nécessiter davantage d’implication de la part de leurs supérieurs, confirme David Chamard-Bois. Et si l’accompagnement ne répond pas aux attentes du collaborateur en question, alors ce dernier ne pourra pas s’épanouir dans le processus des cycles par lequel il est censé passer. »

Mais la vie professionnelle n’est évidemment pas la seule manière dont le monde extérieur s’infiltre dans la capacité à se motiver. « L’entreprise est parfois responsable de la démotivation de ses collaborateurs mais souvent ce sont des éléments totalement externes qui sont venus la créer », appuie l’expert. Est-il alors nécessaire de rappeler la fine frontière qui sépare la vie pro du perso ? « Car si on parle de plus en plus d’équilibre entre ces deux mondes, la prise en compte de l’impact du personnel dans l’enjeu de motivation professionnelle est un élément assez nouveau aujourd’hui», nous apprend David Chamard-Bois.

De fait, s’il y a des moments où les planètes semblent s’aligner au travail comme dans la vie personnelle, la motivation a tendance à baisser lorsqu’on rencontre des difficultés côté privé. Alors soyez indulgent avec vous-mêmes lorsque l’environnement extérieur vous empêche d’atteindre le climax de la créativité. Et faites en sorte de dénouer les nœuds qui vous ralentissent pour avancer.

Comment gérer l’après climax de motivation ?

Optimiser le prochain cycle

Si vous avez traversé une forte motivation et que celle-ci s’atténue peu à peu, rien ne sert de trop anticiper la phase post créativité ! En effet, ce n’est pas parce que ce pic retombe que la démotivation arrive obligatoirement. Le travail ne se résume pas à une succession de phases motivantes et démotivantes qui s’alternent. « Rappelons alors que la démotivation se caractérise par un manque de sens et d’accomplissement, des relations dégradées et un manque de reconnaissance face au travail accompli », évoque David Chamard-Bois. Alors si vous-même sortez d’une grande phase de motivation, prenez le temps de laisser cette belle énergie retomber en douceur.

Et pour éviter d’inverser la tendance, posez-vous les bonnes questions ! À commencer par vous demander, par exemple, quels ont été les moteurs qui vous ont amené à vous dépasser à ce moment précis ? N’hésitez pas à en faire part à votre hiérarchie une fois que vous avez identifié l’accompagnement qui convient le mieux à faire émerger vos bonnes idées. « Car au vu des nouvelles exigences des jeunes générations, les entreprises sont vigilantes pour garder leurs talents et de plus en plus à l’écoute pour mobiliser leurs collaborateurs. », rappelle le spécialiste.

N’hésitez pas non plus à l’exprimer si les tâches chronophages vous empêchent d’être stimulé ; il est important de s’accorder des moments pour prendre du recul afin de faire naître ces cycles de motivation. « La routine créée l’ennui et c’est de l’ennui que naît la démotivation, affirme David Chamard-Bois. Alors pour éviter que la future phase de motivation peine à arriver, pensez à créer régulièrement des changements de rythme pour casser le quotidien. » Faire attention à modifier sa pratique et ce comportement est l’élément-clé pour se réinventer et optimiser les prochains cycles.

S’écouter

Finalement, il ne s’agit pas tant d’anticiper la démotivation - car cette dernière n’est pas certaine de montrer le bout de son nez - mais plutôt d’être à l’écoute de soi pour éviter que les cycles de motivation s’espacent de trop. Car si les périodes de démotivations sont nombreuses à être tout à fait normales et ne nécessitent pas d’inquiétude, un temps trop long entre différentes phases de créativité présente néanmoins des risques pour la santé mentale. Par exemple, si vous observez chez vous une tendance à vous renfermer sur vous-même, il peut s’agir là d’un indicateur auquel il faut être attentif.

« Le corps envoie des signaux faibles qui permettent d’anticiper les phases de démotivations qui peuvent aller jusqu’au bore out, explique David Chamard-Bois. Si vous les expérimentez, il est important de ne pas rester seul, d’accepter de se faire aider par son entourage et de vous faire accompagner par des professionnels du secteur. » N’oubliez pas, le fait même de pouvoir exprimer que l’on est en baisse de motivation, c’est déjà le début d’une amélioration et d’une remontée d’énergie. «Alors acceptez et assumez cette période de faible motivation justement pour vous donner l’occasion de rebondir plus haut et plus fort », conclut l’expert.

Bref, si l’on se mobilise sur ces différents leviers, on a de vraies chances de trouver ou retrouver de la motivation à haut niveau. Et la bonne nouvelle, c’est que le retour à l’inspiration est accessible dès que l’on s’en donne les moyens. Alors à vous de jouer !

Article édité par Sami Prieto
Photo par Thomas Decamps

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