Cessez d’être gentil, soyez vrai ! Le livre de Thomas d’Ansembourg
08 juin 2018
4min
AG
Au travail, comme dans la vie personnelle, il nous arrive à tous de nous sentir en décalage avec qui nous sommes vraiment, dans nos propos ou dans nos attitudes. On se surprend parfois à se laisser marcher sur les pieds ou au contraire à être agressif outre-mesure. Thomas d’Ansembourg publie en 2001, l’ouvrage « Cessez d’être gentil, soyez vrai ! » et s’adresse à ceux qui souhaitent se déployer, en étant eux-mêmes, en s’affirmant tout en respectant les autres. L’objectif est de réagir avant l’effet cocotte-minute qui nous fait généralement exploser ou imploser.
Selon l’auteur de cet ouvrage, nous sommes tous à la recherche d’une « relation vraie, profonde, féconde et fluide » avec nous-mêmes d’abord, puis avec ceux qui nous entourent. Ce qui nous empêche de le faire est généralement le fruit de vieilles habitudes, d’automatismes et de scénarios dont nous ne savons nous sortir et qui deviennent des « ENFERmements ». Particulièrement au travail, ces situations peuvent être délicates à gérer. Il est parfois contre-productif de vouloir à tout prix bien faire !
1er piège à éviter : faire plutôt qu’être
L’auteur de « Cessez d’être gentil » constate que nous avons tous une part plus ou moins grande d’insécurité affective fondamentale, c’est à dire que nous pensons que faire ce que l’on attend de nous en toutes circonstances est la seule façon d’être apprécié, aimé, considéré. Ainsi, de manière très basique, nous agissons selon des normes, des attentes, dans l’espoir d’être aimé en retour, de nos collègues, de notre boss. Or, penser, même inconsciemment de cette façon, est le meilleur moyen pour se retrouver dans une course effrénée à tout vouloir bien faire et à en faire trop.
Nous pensons que faire ce que l’on attend de nous en toutes circonstances est la seule façon d’être apprécié, aimé, considéré.
Alors plutôt que de FAIRE bien, quitte à ne pas se respecter ou ignorer ses propres valeurs, il est essentiel de se recentrer sur l’ETRE et donc sur son lien avec soi, son lien avec l’autre et son lien avec la vie. En résumé, d’Ansembourg conseille de réapprendre à écouter sa voix intérieure et accorder une écoute plus attentionnée à l’autre pour pallier cette insécurité affective.
2ème piège : reposer son estime de soi sur le regard des autres
Si l’on manque d’une bonne estime de soi, on tombe rapidement dans le piège d’être trop gentil et soumis pour s’assurer de plaire aux autres, ou au contraire d’être bêtement agressif et rebelle comme acte de défense.
À la lecture de l’ouvrage, on comprend que le meilleur moyen de retrouver une bonne estime de soi est de développer son assertivité ; c’est à dire d’écouter les opinions contraires aux nôtres, d’entendre les critiques sans se démonter, et exprimer notre point de vue avec sincérité sans craindre le désamour. Vous n’avez pas aimé la présentation de votre collègue sur le dernier projet de votre boîte ? C’est absurde de ne pas lui expliquer pourquoi dans le simple but de paraître « gentil ».
Il s’agit d’écouter les opinions contraires aux nôtres, d’entendre les critiques sans se démonter, et exprimer notre point de vue avec sincérité sans craindre le désamour.
3ème piège : avoir peur de la différence
Nos propres insécurités intérieures se traduisent souvent par des critiques, des jugements mal placés, des préjugés sur les autres. Toujours par peur d’être rejeté, nous refoulons nos différences et refusons d’accepter celles des autres.
Sortir de notre zone de confort dans laquelle tout le monde pense comme nous, s’habille comme nous, parle de la même manière est un premier pas ouvrir ses horizons, se tirer vers le haut plutôt que de se recroqueviller sur nous-mêmes. Thomas d’Ansembourg insiste tout au long de son livre sur l’idée que désaccord n’est pas désamour ! Au contraire, se confronter à ce que l’on ne connaît pas est toujours enrichissant.
Se confronter à ce que l’on ne connaît pas est toujours enrichissant.
4ème piège : ne pas savoir dire « non »
Dire « oui » à quelque chose alors qu’on pensait « non », c’est exercer une forte violence sur soi, ce qui finit toujours par se répercuter sur l’autre. Vous arrive t-il de critiquer vos collègues, vos associés injustement ? L’auteur remarque que, bien souvent, ce n’est pas parce qu’ils ont été envahissants, déplacés ou méchants avec vous, mais parce que vous-mêmes vous êtes comporté de façon trop gentille et n’avez pas su imposer vos limites.
Dire « non » revient à exprimer simplement et clairement ses sentiments et ses besoins plutôt que d’accumuler les rancoeurs. D’Ansembourg écrit qu’il est essentiel d’être capable de discernement pour dire non sans culpabilité et sans ressentir la pression d’un quelconque dilemme. Si vous aviez prévu de quitter le travail à 18h30 car vous avez un impératif, sachez refuser le dossier que l’on vous impose à 18h15 et qui doit être terminé le jour même, simplement par peur de ne pas être assez gentil ou de ne pas plaire. Si vous acceptiez, vous passeriez plus de temps à ruminer et digérer votre frustration qu’à faire un travail pertinent sur ce qui vous a été demandé.
Dire « non » revient à exprimer simplement et clairement ses sentiments et ses besoins plutôt que d’accumuler les rancoeurs.
5ème piège : ne pas faire bon usage de ses sentiments
Dans certaines situations complexes, il peut être difficile de décrire avec précision ce que nous éprouvons. En étant trop gentils, nous taisons nos véritables sentiments et nous forçons à tout penser par le prisme de la raison. L’ouvrage souligne que nous avons souvent appris le vocabulaire adéquat pour décrire et agir dans de nombreux domaines, et sommes souvent démunis en ce qui concerne notre vie émotionnelle. Or, d’une part « les émotions dont nous ne nous occupons pas s’occupent de nous » et d’autre part, nous ne pouvons comprendre les autres sans nous comprendre d’abord.
Nous avons souvent appris le vocabulaire adéquat pour décrire et agir dans de nombreux domaines, et sommes souvent démunis en ce qui concerne notre vie émotionnelle.
Pour pallier à ce piège, l’auteur insiste sur l’importance de se reconnecter avec nos sentiments et nos besoins, sans se soucier d’être à tout prix sages, gentils et raisonnables.
Commencer par cerner ces pièges est le point départ vers une transformation bienveillante de soi. Et ainsi, on comprend qu’il est possible d’envisager un mode relationnel différent, au travail comme dans la vie privée. « Cessez d’être gentil, soyez vrai ! » a été écrit dans le but que les rapports avec autrui ne se résument plus à des rapports de domination-soumission ou agression-démission, dans lesquels la violence règne de façon pernicieuse. Thomas d’Ansembourg considère comme un service fait à la communauté que de se familiariser avec la Communication Non Violente (CNV), qui consiste à observer sans juger, ressentir sans interpréter, distinguer nos besoins fondamentaux de nos idées, envies et désirs, et enfin demander de l’aide ou agir concrètement soi-même pour parvenir à satisfaction.
Bonne nouvelle : être vrai, c’est contagieux et d’utilité publique !
Photo par WTTJ
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