Ces salariés nous racontent le jour où ils ont claqué leur dem’ avec panache !

21. 3. 2024

5 min.

Ces salariés nous racontent le jour où ils ont claqué leur dem’ avec panache !
autor
Manuel Avenel

Journaliste chez Welcome to the Jungle

prispievatel

« Les histoires d’amour finissent mal, en général », mais qu’en est-il des histoires de taf ? « Mettre dans la sauce » son ex-employeur parce qu’il nous a mis la misère au boulot est-il de bonne guerre ? Ces salariés nous racontent le jour où ils ont claqué leur dem’ avec panache !

Jamais deux sans trois

- Julien, restaurateur

Nous sommes tous d’accord pour dire que poser sa démission est un acte bouleversant. De mon côté, j’en ai posé trois en l’espace d’un mois. Je vous explique.

Lorsqu’on me recrute à un poste de direction dans un hôtel-restaurant en manque de structure, l’aventure débute mal. D’abord, on me fait venir une journée avant le début de mon contrat sans même avoir pu visiter les lieux, obtenir les codes d’accès ou rencontrer les équipes… Par dessus le marché, je signe à un poste stratégique, mais concrètement on me met sur de l’opérationnel. Ça se corse quand j’essaie de mettre en place de nouveaux process. Sans données sur lesquelles m’appuyer, on me fait miroiter que tout va s’arranger lors de ma deuxième semaine.

Pour celle-ci on a droit à un raz de marée de clients et des soirées chargées. J’ai du mal à me dire que je dois être l’œil de Moscou pour un personnel déjà autonome et que je ne connais pas, alors je demande à la direction si je peux élever la voix en salle, histoire de remettre de l’ordre. Mais on me prie de ménager les sensibilités des employés pour ne pas effrayer le personnel pourtant déjà démissionnaire. Avec 25 ans d’expériences dans les pattes, je comprends qu’il faut que je parte et propose ma démission… Puis me rétracte devant l’insistance de la direction et cette promesse de jours meilleurs. Erreur ! Car si au départ je bénéficiais de l’aura du mec qui vient pour sauver le bateau en plein naufrage, mon incapacité à agir est interprétée comme du copinage avec la direction. Alors je propose une deuxième démission. Mais rebelote, on me prie de patienter jusqu’à la réunion de rentrée durant laquelle des objectifs clairs doivent être définis… Ou pas.

Au début de la quatrième semaine, je décide d’envoyer une lettre de démission à ma direction. Le taf c’est comme dans un couple, si on ne dit pas ce qui ne va pas, ça gangrène. J’ai exprimé mon avis sur le projet qui, selon moi, ne collait pas au recrutement initial. Et comme je suis quelqu’un de sympathique, j’ai aussi dressé le portrait robot de la fiche poste et du profil qu’il fallait pour me remplacer. Chose que la direction a appliqué à la lettre puisque j’ai vu passer l’annonce sur LinkedIn. J’ai même envoyé des CV de collègues à moi. Si mon passage express a pu servir de soupape et révéler ma vérité à leurs yeux pour faire avancer les choses, c’est bien ainsi.

C’est qui le patron ?

- Stéphanie, auto entrepreneur

Alors que je travaille depuis cinq ans dans une entreprise pour laquelle j’ai commencé en tant qu’intérimaire, puis en CDD pour enfin être contractualisée en CDI, je suis lasse d’avoir le sentiment de devoir faire mes preuves en permanence. En tant qu’employée, on me ballotte de service en service, sous couvert d’évolution. Au marketing, à la vente, on me positionne en fonction des besoins et je n’évolue que latéralement… au bon vouloir de mes managers.

Je n’ai pas le choix des projets qu’on m’impose et l’environnement de la boîte me pèse de plus en plus. Après un congé qui me permet de prendre du recul, je me rends compte que je ne veux plus du tout faire ce boulot. C’est simple, je ne me vois même pas finir le mois. Le déclic arrive en plein milieu d’une réunion où je décroche complètement. C’est à ce moment-là que je réalise qu’il faut que je parte avant de sombrer dans le burn out. J’obtiens une rupture conventionnelle et me mets à mon compte. Si mon départ ne fait pas d’esclandre, c’est sur la suite que je joue très bien mes jetons. Je décide de passer en freelance et reste en contact avec cette entreprise que je transforme en cliente. Résultat, je la facture pour une semaine le quadruple de ce que je gagnais en un mois en CDI… Comme j’ai passé plusieurs années à divers postes dans cette boîte, l’expertise acquise me permet de gonfler mes prix, parce que personne d’autre ne pourrait faire le taf. Tout d’un coup la situation a changé et un nouveau rapport s’est instauré : ce n’est plus mon patron, mais mon client. Comme quoi : mieux vaut partir avec sagesse, on ne sait jamais avec qui on va collaborer dans le futur.

Un adultère trahit par un DM sur Insta

- Léa, étudiante

Si vous aussi vous vous retrouviez mêlé à l’adultère de votre boss et de sa maîtresse, vous démissionneriez certainement.

Dès le début de mon contrat d’alternance, j’ai une mauvaise intuition quant à l’entreprise. D’abord, on m’embauche comme collaboratrice d’agence la journée, mais mon boss me demande aussi de faire la communication sur mes heures supp’. Si j’accepte d’aider ponctuellement sur mes heures de travail, je lui rappelle clairement que j’ai un contrat de travail et que je préfère me tenir aux missions inscrites dessus.

Un peu plus tard, j’attrape un Covid long qui me force à m’arrêter pendant plusieurs semaines. À mon retour, le directeur fait pression sur moi pour que je reste en arrêt maladie, sans que je comprenne bien pourquoi. Mon école refuse, mais je reste en télétravail pendant un bon moment, le temps de récupérer. Mon boss prend ce prétexte pour être encore plus sur mon dos qu’en présentiel et me bombarde d’appels à toute heure de la nuit et du week-end.

La suite est rocambolesque. En tant que responsable communication (non officielle), j’ai accès au compte Instagram de l’agence. Un jour, je reçois un message incongru : « J’ai envie de t’embrasser, mais je n’ose pas », suivi d’autres, encore plus chauds. Je comprends que mon tuteur utilise le compte de l’agence pour écrire à sa maîtresse. Ne voulant absolument pas en savoir plus sur sa romance d’ado, je ferme l’application. Mais lui se rend compte que j’ai pu lire ses messages et il décide de me pourrir encore plus la vie… en m’envoyant en pseudo formation de communication chez sa maîtresse. Oui, c’est lunaire. Pendant une journée, cette dame s’est amusée à me faire des commentaires déplacés ou à me dire d’être plus à l’écoute avec mon maître d’alternance.

À ce point de non-retour, je monte un dossier avec l’aide d’une de mes profs, très à l’écoute et protectrice. Je fais pression pour pouvoir démissionner avant la date de fin de mon contrat. Mon école de son côté fait une démarche pour qu’il n’ait plus le droit de recruter des alternants. Voilà ce qu’on obtient lorsqu’on propose du travail dissimulé, des heures supp non payées, des formations à la noix et du harcèlement.

La vengeance est un plat dans un gastro étoilé qui ne se mange pas

- Julia, serveuse

Cette démission est le symbole que les choses bougent dans la restauration, et c’est une belle revanche pour moi.

On sort tout juste de la période Covid quand je trouve ce job dans un restaurant étoilé. Le salaire de base est établi sur un contrat de trente cinq ou trente neuf heures, mais les heures supp’ ne sont pas payées (un grand classique dans le secteur de la restauration). À mes côtés, il y a une cheffe de rang et encore au-dessus un responsable de salle. Au bout d’une semaine, la cheffe de rang m’annonce, désolée, qu’elle va devoir se mettre en arrêt et qu’elle ne reviendra pas. Nous sommes tellement en sous-effectif que nous devons fermer le week-end et cravacher la semaine. Et je ne suis pas aidée par le responsable de salle qui envoie bouler tous les clients et moi-même, sans jamais se remettre en question. Un jour, alors qu’on se retrouve en rade de pain, il rejette la faute sur moi en me gueulant dessus devant tout le monde. À la fin du service, je claque ma dem’. Mais là où ça devient jouissif, c’est qu’étant en période d’essai, je n’ai techniquement que vingt quatre heures de préavis. La direction me supplie de rester deux à trois semaines, le temps de recruter du nouveau personnel. En position de force, je décline poliment, les obligeant ainsi à fermer pendant deux semaines à cause du manque de personnel. Que ça leur serve de leçon !

Depuis le Covid, j’ai l’impression que les restaurateurs ont compris que s’ils maltraitaient quelqu’un, derrière, ils allaient être en galère, et ça c’est complètement inédit.

Preberané témy