Partir travailler à New-York

Sep 26, 2018

6 mins

Partir travailler à New-York
author
Anouk Renouvel

Freelance @ Communication numérique

Que vous soyez plutôt Gossip Girl ou Taxi Driver, Chinatown ou Little Italy, Brooklyn ou l’Upper East Side, Tupac ou Jay-Z, New-York vous aura forcément fait fantasmer un jour ou l’autre (si, on sait, ne mentez pas). __Alors prenez votre courage à deux mains et laissez-vous tenter par une expatriation, qui sera probablement aussi emblématique que la ville elle-même.

Le marché de l’emploi

Avec un taux de chômage à 4,2%, la Grosse Pomme n’a pas vraiment besoin de vous. Accrochez-vous car il va falloir faire des pieds et des mains pour décrocher le job de vos rêves, puis votre visa. Cependant, les Français sont plutôt les bienvenus, donc c’est déjà ça de pris. Sachez que si vos diplômes et votre expérience professionnelle sont à mettre en avant dans votre CV que vous aurez dûment arrangé à la sauce américaine, il faudra mettre en avant votre capacité d’adaptation lors de votre entretien.

Les compétences en fintech et ingénierie informatique made in France sont particulièrement recherchées alors que Wall Street - qu’on ne présente plus - s’intéresse de plus en plus aux cryptomonnaies et à la blockchain. Vous pouvez aussi tenter votre chance dans l’une des 290 entreprises françaises disséminées dans la ville. Bien entendu, vous serez aussi légèrement avantagé dans les secteurs de la gastronomie et du luxe.

Gardez en tête que networker est indispensable : deux-tiers des offres ne sont même pas publiées. Si vous avez moins de 30 ans, vous pouvez aussi vous lancer dans un VIE, mais les places sont chères : 1 000 élus par an seulement, et ce pour tous les États-Unis.

Les secteurs qui recrutent

  • La santé : les hôpitaux sont les plus gros employeurs de la ville
  • Le commerce : vous pouvez envisager un salaire de 76K par an (66K en euros) pour un sales manager
  • Le secteur IT et des nouvelles technologies : le quota de visa a même été revu à la hausse pour accueillir les ingénieurs informatique français, pour un salaire de80K par an en moyenne (près de 70K en euros).
  • La finance : le secteur fournit 330 000 emplois à lui tout seul
  • La gastronomie : un Chef gagne en moyenne 56K par an (soit 48K en euros)
  • Le tourisme : 62,8 millions de visiteurs en 2017

La vie en entreprise

Aux États-Unis, on arrive tôt au bureau et on repart tôt. New-York ne déroge pas vraiment à la règle : « Les gens arrivent tôt le matin, et partent vers 17-18h » confirme Manon, qui a vécu sur place pendant un an, en tant qu’assistante de la directrice du Centre Culturel du Lycée Français de New-York. Il est même plutôt mal vu de faire des heures supplémentaires, qui induisent une mauvaise gestion de son temps.

Il n’est pas non plus question de chômer pendant ses heures de travail : oubliez les pauses déjeuner de plus d’une heure, comme les cafés/clopes de 30 minutes. « Les gens sont très consciencieux car il y a quand même une vraie culture de la carrière et de la position » précise Manon. Avoir de l’ambition n’est pas non plus un problème et on ne vous reprochera rarement d’avoir les dents longues! Vous devrez aussi faire preuve d’un enthousiasme et d’un optimisme inébranlables, même lorsque vous êtes sous l’eau, car c’est aussi ça l’American way of working.

Si le travail est important, avoir une vie personnelle riche l’est tout autant pour les New-Yorkais. Manon explique ainsi que « les gens ont tous une vie avant d’arriver au travail le matin (ils font souvent du sport avant d’arriver) et plein d’autres activités en sortant : soirées, activités culturelles en tout genre ou (encore !) du sport. »

Les gens sont très consciencieux car il y a quand même une vraie culture de la carrière et de la position.

Les plus

  • Dans l’État de New-York, le salaire minimum est de 15 dollars de l’heure (13 euros), donc plus élevé qu’en France
  • « Tout est possible » s’enthousiasme Manon, « on a l’impression que tout peut s’écrouler en un jour et être reconstruit le suivant »
  • La ville illustre à merveille l’expression “melting-pot” : « les gens viennent de partout, il y a tous les accents possibles » explique Manon. « Finalement, on se sent rarement étranger à New-York. »

Les moins

  • Les congés payés ne sont toujours pas obligatoires aux États-Unis : négociez vos congés en même temps que votre salaire
  • Le congé maternité rémunéré n’est, lui non plus, toujours pas d’actualité, tout comme le congé paternité
  • En moyenne, le coût de la vie est 64% plus élevé à New-York qu’en France
  • Le thermostat peut passer en-dessous de 0 pendant l’hiver, et monter allègrement jusqu’à 35-40°C pendant l’été : n’oubliez ni votre parka ni votre mini-short

Pour qui ?

New-York est donc bien entendu à l’origine de l’expression “la ville qui ne dort jamais”. Comme tout le monde, vous avez été biberonné.e à la culture américaine donc que dire que vous ne savez déjà ? Vous n’aurez bien évidemment jamais l’occasion de vous ennuyer, car l’effervescence de la ville n’est pas une légende. Il y a toujours quelque chose à faire ou un nouvel endroit à découvrir.

Cependant, cela peut parfois être presque oppressant comme le raconte Manon avec cette anecdote : « Tout va très vite, les gens sont en mouvement permanent, personne ne s’arrête jamais. Je me rappelle d’une fois où j’attendais des amis qui avaient une demi-heure de retard vers Canal Street. Je suis restée plantée à les attendre et j’ai vraiment pris la mesure des mouvements autour de moi, personne n’attendait comme moi, et les gens me lançaient des regards intrigués, malgré eux. » Essayez quand même de trouver le temps pour vous poser et respirer, à Central Park par exemple.

Tout va très vite, les gens sont en mouvement permanent, personne ne s’arrête jamais.

Infos budgets

Loyers

Les prix des loyers sont malheureusement particulièrement extravagants à New-York avec des prix qui vont de 1 500 dollarsmensuels pour un studio à Harlem sans ascenseur (soit 1 300 euros), et qui peuvent monter jusqu’à 9 000 dollars (7 765 euros) pour un quatre pièces dans Downtown (mais avec ascenseur s’il vous plaît.) Vous pouvez vous réfugier vers le sud de Brooklyn, à Sugar Hill ou même dans le Queen pour accéder à studios avec des loyers qui tournent autour de 1 300 dollars mensuels (1 120 euros). Vous aurez donc sûrement du mal à échapper à la colocation, au moins dans un premier temps.

Les propriétaires new-yorkais, qui n’ont rien à envier à leurs homologues parisiens, n’hésitent pas à exiger un salaire annuel équivalent à 40 fois la somme du loyer, tout comme un dossier long comme le bras (lettre de votre employeur, fiche de salaire, lettre de recommandation de votre précédent propriétaire…). On vous demandera, en plus, un ou deux mois de loyer en guise de caution. Mais gardez espoir : il est toujours possible de trouver un bon plan sur Craigslist, l’équivalent de notre leboncoin national. Attention tout de même aux arnaques et annoncent douteuses qui pullulent aussi sur le site.

Santé

Vous serez confronté.e, comme à Los Angeles, à un système de santé très différent du nôtre. À vous de choisir entre les PPO (Preferred Providers Organizations), les compagnies d’assurance privées, les HMO (Health Maintenance Organizations) et les II (Indemnity Insurances). Même si la souscription à l’une de ces options représente une part importante de votre budget, ne la négligez pas : les États-Unis obtiennent la première place du classement des pays où les frais médicaux sont les plus élevés. À titre d’exemple, une journée d’hospitalisation peut coûter jusqu’à 4 200 euros (contre 800 euros - remboursés - en France.)

Vous pouvez aussi envisager de souscrire à la Caisse des Français de l’Etranger qui vous couvrira en cas de maladie seulement (oubliez la retraite et les accidents du travail, non couverts.)

Transports

Munissez-vous dès votre arrivée d’une MetroCard, afin de ne payer que 2,75 dollars par trajet au lieu des 3 règlementaires pour les détenteurs d’un simple ticket. Si vous rechargez 5 dollars sur votre carte, 5% de chaque trajet vous sera offert. Avec 10 dollars, vous vous retrouverez avec non moins de 10,5 dollars sur votre carte : une affaire (oui, vous constaterez rapidement qu’à New-York, il n’y a pas de petites économies) ! Vous pouvez aussi investir dans une carte hebdomadaire pour la modique somme de 33 dollars, ou mensuelle, pour 121 dollars : vous pourrez utiliser le métro, ouvert 7 jours sur 7 et 24h sur 24, en illimité.

Vous vous sentez plus Sex & The City que Girls ? Sautez dans un taxi jaune, au tarif de base de 2,50 dollars, et comptez environ 50 centimes tous les trois pâtés de maison (ou blocks, en VO.)

Internet et téléphonie mobile

Vous trouverez des abonnements téléphoniques à partir de 30 dollars (26 euros) mensuels mais attention, certains opérateurs vousdemandent une caution (parfois jusqu’à 600 dollars ou 520 euros) qui vous sera rendue à la fin de votre engagement.

Pour avoir une box chez vous, comptez entre 40 et 90 dollars par mois (soit entre 34 et 76 euros). En revanche, il existe de nombreux spots de wifi gratuit dans toute la ville !

Infos visas

Vous aurez l’embarras du choix au niveau des visas, étant donné qu’il en existe un pour à peu près chaque cas particulier. Mais pas de panique, nous sommes là pour vous aider ! Le visa immigrant, soit la Rolls des visas américains, la fameuse green card, vous sera octroyée à condition d’épouser un.e Américain.e, ou après avoir résidé sur place pendant cinq ans. Vous pouvez aussi tenter votre chance à la loterie.

Il existe aussi un large éventail de visas de travail temporaires : pour être éligible, il vous faudra trouver un emploi depuis la France, et vous faire sponsoriser par votre entreprise américaine. Après avoir dûment rempli un long et détaillé formulaire, et si celui-ci est validé, on vous proposera de remplir un nouveau formulaire, le DS-2019. Ce dernier vous permet de faire, enfin, la demande d’un visa de travail à proprement parlé. Cependant, même si vous n’avez rencontré aucune embûche dans le processus, il peut toujours vous être refusé pour des raisons qui resteront obscures à tout jamais. Mais si vous obtenez votre visa sachez que votre tendre moitié pourra vous accompagner dans la Grosse Pomme, pour y vivre et même y travailler après avoir rempli un nouveau formulaire (400 dollars pièce) à son arrivée.

Vous pouvez donc dès maintenant “spread the news” : vous partez pour New-York, ou la “_concrete jungle where dreams are made of_”. On ne peut que vous souhaitez bonne chance !

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Photo d’illustration by WTTJ