Comment gérer son entretien annuel quand on n'a pas atteint ses objectifs ?

13 déc. 2021

5min

Comment gérer son entretien annuel quand on n'a pas atteint ses objectifs ?
auteur.e
Elise Assibat

Journaliste - Welcome to the Jungle

À mesure que le mois de décembre avance et annonce les fêtes de fin d’année, la période tant redoutée des entretiens annuels, elle, ne fait que se rapprocher. Et l’exercice, déjà rarement apprécié des salariés en temps normal, est d’autant plus désagréable lorsque les objectifs n’ont pas été atteints au cours de l’année. Pour mieux l'appréhender, Philippe Maubois, coach et psychologue, nous donne des conseils pour l'aborder en toute sérénité.

Ne pas atteindre ses objectifs n’est jamais chose facile, tant pour l’entreprise que pour le salarié en question. Et c’est dans ce contexte particulier que l’entretien annuel a pour but de retracer l’année écoulée avec son manager pour comprendre ensemble les résultats. Mais rares sont les salariés à être à l’aise avec cet exercice, comme si, de la confrontation avec son supérieur pouvait découler de mauvaises surprises. Alors, comment se préparer en amont pour aborder la question sans se compromettre ni paniquer ?

Pas forcément un échec

Tout d’abord, mettons les choses au clair. Si un objectif n’est pas atteint en temps et en heure c’est tout simplement que ce dernier n’était pas atteignable. « Certes, peut-être l’aurait-il été avec un travail fait en dehors des heures de bureau et un taux de stress encore plus élevé mais cela n’aurait pas été envisageable », affirme Philippe Maubois. En effet, un objectif accessible doit s’opérer avec une activité et un effort normal. Dans ce contexte, réussir à en parler est alors beaucoup plus facile que l’on croit car il ne s’agit pas à proprement parler d’un échec. « Cela signifie plutôt que l’entreprise a placé la barre trop haute ou que les moyens ou le temps ont manqué, poursuit-il. Mais dans tous les cas, il n’était pas réalisable et ce malgré tous les efforts que vous auriez pu fournir. »

Dans l’éventualité où l’objectif n’a pas été atteint en raison d’une faute de votre part, il ne faut pas non plus avoir peur car l’échec fait partie de l’apprentissage. Pour le spécialiste, c’est même le meilleur moyen d’évoluer et de gagner en compétence. Et si plusieurs erreurs ont été commises de votre part, il peut aussi s’agir d’un réel problème de formation. « Là encore, n’ayez crainte, c’est encore et toujours la responsabilité du supérieur qui vous a confié ces missions en connaissance de cause. » Finalement le seul levier d’action dont vous avez à vous préoccuper va être d’échanger avec votre supérieur afin de rectifier le tir pour la suite. Alors autant s’y préparer !

Traverser cet entretien en toute sérénité

1. Relativiser

Ne pas atteindre ses objectifs n’est pas un événement qui arrive subitement en l’espace de quelques jours, c’est le résultat de toute une année de travail. « Aussi rassurez-vous déjà sur ce point, observe Philippe Maubois. il ne peut pas y avoir de mauvaise surprise dans la mesure où la situation est déjà connue de tous bien avant la date de l’entretien. »

Mettre ses émotions de côté est alors d’autant plus important qu’il s’agit d’un moment très cadré pour comprendre les résultats, à deux, et ce de manière très factuelle. On ne juge pas votre personne mais bel et bien votre travail à un instant T, alors nul besoin de confondre les deux. « C’est bel et bien en relativisant que vous parviendrez à vous exprimer plus facilement », affirme Philippe Maubois.

2. S’auto-évaluer

Pour qu’un dialogue soit efficace et surtout pour pouvoir adapter vos objectifs futurs avec votre boss, il faut être honnête avec soi-même. « Avant l’entretien, prenez le temps de faire un bilan de vos capacités en vous posant les bonnes questions : quels sont mes outils, mes compétences, et mes connaissances ? », interroge le coach. L’idée est d’essayer d’identifier les raisons pour lesquelles vous n’avez pas pu atteindre vos objectifs. Lesquelles vous sont imputables ? Lesquelles sont imputables à l’organisation de l’entreprise ? Il ne s’agit pas de s’auto-flageller, seulement de faire l’état des lieux de cette année de la manière la plus transparente possible pour comprendre ce qu’il s’est réellement passé. Personne ne pourra faire ce travail à votre place et pourtant, il est nécessaire pour la suite. Alors n’oubliez pas que vous êtes votre meilleur allié !

3. Préparer son entretien annuel

Un entretien annuel ne s’improvise pas et de fait, chacun doit préparer sa partie en amont. L’employé, lui, doit avant toute chose se replonger dans sa fiche de poste. « C’est la première étape car sans définition écrite de votre fonction, comment atteindre un objectif si vous ne savez même pas quoi apporter précisément à l’entreprise ? », soulève Philippe Maubois. Ensuite, il est important de demander l’ensemble des tableaux de bords le concernant mais aussi reprendre la fiche d’objectifs qui nous a été fixée un an auparavant pour avoir un aperçu concret des moyens et du temps qu’on nous a donné à ce moment-là pour les réaliser. « Cette préparation permettra non seulement d’y voir plus clair, mais aussi d’avoir tous les chiffres en tête pour ne pas être pris de court. »

4. Être honnête pour le trimestre à venir

Quand vient le moment de l’entretien annuel, votre devoir est d’être honnête avec votre supérieur coûte que coûte. Car si vous avez accepté des objectifs professionnels que vous saviez trop élevés pour vous faire bien voir ou par peur de décevoir, alors il en va de votre responsabilité de ne plus reproduire cette situation. « L’employeur ne peut pas deviner si le temps vous manque ou que vous n’êtes pas formé pour cette mission en particulier si vous ne lui en faîtes pas part, énonce le spécialiste. Ne jamais accepter l’inacceptable, telle est la règle d’or en entretien annuel. » Mais pour cela, il faut oser parler de ses points faibles.

5. Dialoguer avec votre manager

Pour rectifier le tir, une seule solution : échanger. « Ce n’est qu’en dialoguant ouvertement avec votre manager que vous parviendrez à vous accorder sur un prochain objectif réalisable », recommande Philippe Maubois. En faisant part de vos besoins en aide matérielle, humaine, en formation… C’est le moment de faire en sorte que ce scénario ne se reproduise plus. « Je conseille d’ailleurs souvent à mes clients de demander à revoir l’atteinte des objectifs tous les deux ou trois mois, afin d’ajuster l’objectif en temps réel quand il est encore temps ». L’important est qu’à la suite de cette rencontre, l’employeur et le salarié se quittent en étant sur la même longueur d’onde.

6. Être conscient de sa valeur

C’est en évoquant clairement les besoins dont vous avez besoin pour réussir un objectif que ce dernier se réalisera. Alors faites le avec assurance ! « Il vous faut être conscient de votre valeur, vous savez ce dont vous êtes capable, ce que vous avez à faire et tout ce qu’il faut ici c’est l’expliquer, affirme Philippe Maubois. Nulle raison de s’écraser face à votre manager. » L’important est d’être fier de vous et de faire du mieux que vous pouvez.

7. Rester lucide

Si l’entretien annuel a pour objectif premier de comprendre les résultats afin de fixer un nouvel objectif réalisable, il ne faut pas pour autant s’oublier. En effet, nombreuses sont les raisons vous permettant de demander une augmentation et ce malgré le contexte. Si vous n’avez atteint qu’une partie de vos objectifs, si ces derniers étaient bien trop hauts pour être atteints… N’ayez crainte de prétendre à plus, l’entretien annuel est là pour ça. Alors soyez clair dans vos besoins pour la suite, y compris votre salaire et faites preuve d’assurance ! Nulle raison d’en douter si vous pensez la méritez.

Finalement, le meilleur conseil que l’on puisse donner à un salarié est d’être pleinement responsable de ce qu’il accepte. Son rôle est donc de cerner avec clarté l’objectif à réaliser en fonction de ses capacités, de ses faiblesses, de ses moyens et du temps dont il bénéficie. Alors autant l’exprimer, l’entretien annuel est le bon moment pour le faire.

Photo Thomas Decamps pour WTTJ, article édité par Gabrielle Predko

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