Il n’est jamais trop tard pour trouver sa voie ! Late-bloomer, ne vous inquiétez plus

26 sept. 2022

3min

Il n’est jamais trop tard pour trouver sa voie ! Late-bloomer, ne vous inquiétez plus

Trouver sa voie et réussir professionnellement n’est pas uniquement le privilège de la jeunesse. Pour Catherine Taret, autrice d’ "Il n’est jamais trop tard pour éclore" (Éd Flammarion-Versilio) il est toujours possible de percer... sans date limite de péremption.

Qu’il s’agisse de remporter un titre olympique ou une médaille Fields, il est impératif d’avoir moins de quarante ans. Pour figurer dans les classements Forbes de celles et ceux qui révolutionnent l’entreprise et le monde, la date de péremption est encore plus tôt puisque pour y prétendre, il ne faut pas avoir dépassé les trente printemps… À en croire que ce l’on entend et ce qui est valorisé dans nos sociétés, la réussite n’appartient pas forcément à celles et ceux qui se lèvent tôt, mais aux personnes qui réussissent dans leur jeunesse. Mais alors, est-il inconcevable ou impossible de se réveiller après 50 ans quand on nous a déjà collé l’étiquette d’ hasbeen ? Autrice d’un carnet d’une late bloomer, Il n’est jamais trop tard pour éclore (Éd Flammarion-Versilio), paru en 2017, Catherine Taret est persuadée du contraire.

Me réaliser, oui, mais quand je veux

Il y a quelques années, grâce à une voyante prénommée Roselyne, j’ai enfin mis un mot sur ma condition. La condition qui veut que l’on ait, à un âge encore tendre, l’impression d’être fané avant même d’avoir fleuri. J’étais allée la consulter au beau milieu de ma trentaine, au fond du trou, fatiguée de n’avoir toujours pas trouvé ma voie à l’âge où la plupart de mes amis semblaient bien calés dans leur carrière et dans leur vie. Nullement étonnée par ma situation, elle m’a gentiment recadrée : « Arrêtez de vous inquiéter. Vous êtes une “late-bloomer”, vous trouverez votre voie plus tard, quand vous serez prête ».

Cela m’a considérablement détendue. Savoir que j’étais une “late-bloomer” m’a permis de réaliser que ce n’est pas parce que j’avais l’impression de n’avoir rien accompli la trentaine venue, que mon destin m’avait échappé. Depuis notre enfance, on nous vend une autoroute dégagée qui nous conduira tout droit des bancs de l’école républicaine jusqu’à notre accomplissement professionnel, et au lieu de cela, on a droit à un dédale de portes cochères, de virages, d’impasses et de retours en arrière pour arriver on-ne-sait-où. La petite phrase de Roselyne m’a aidée à comprendre qu’il y a mille raisons d’être patient, que tout le monde n’est pas voué à se réaliser tôt. Qu’une fois le choc passé, il y a de grandes chances que les obstacles que l’on rencontre se transforment en étapes importantes voire déterminantes sur la route de notre réussite. Que ce n’est pas un problème de ne pas faire fortune à vingt-cinq ans, de [ne pas avoir trouvé sa vocation à trente ans]() ou de ne pas monter sa boîte à quarante ans. Qu’il reste toujours l’option d’ouvrir un restaurant à cinquante ans, d’écrire un roman à soixante-dix, de reprendre la clope à quatre-vingts et de faire une pub à quatre-vingt-quinze ans. Que, s’il s’avère que je suis une late-bloomer, je peux prendre mon temps, et surtout en faire ce que bon me semble.

Enfin, j’ai compris que nous sommes nombreux à être des « late-bloomers », même si nos parcours peuvent varier. Il y a ceux qui travaillent toute leur vie d’arrache-pied sur un projet qui décolle sur le tard ; ceux qui éclosent après s’être compris ou libérés ; ceux qui, architectes, danseurs ou entrepreneurs, exercent un métier où la patience est essentielle pour atteindre les sommets. Et puis il y a aussi ceux qui, comme le Pape Jean XXIII, élu à soixante-dix-sept ans, ne se révèlent que dans des circonstances exceptionnelles. Cela m’a considérablement détendue.

Beaucoup de “late-bloomers” se cachent parmi les individus connus et admirables, des artistes, des grands hommes, qui ont défié les règles du temps ou celles imposées par les sociétés, pour se réaliser à leur rythme. Thomas Edison, Harrison Ford, Albert Einstein, il y en a un sacré chapelet. Ce concept du “late-bloomer”, qui n’a pas d’équivalent en français, est très vivace dans la culture américaine. Il en exprime l’optimisme, l’élan et la capacité de réinvention.

Oui, il est possible d’être heureux et de réussir, même si on est à la traîne dans ses rêves, ses réalisations, son art, sa reconnaissance, son portefeuille, sa culture. N’en déplaise à La Fontaine, rien ne sert de courir, il faut arriver à point. Et toutes les bonnes choses ont un début.

Comprendre qu’il a hérité du gène de l’éclosion tardive est extrêmement libérateur pour celui qui a l’impression d’être un raté. Mais dans une société où la précocité est sans cesse valorisée, où les médias encensent les entrepreneurs, les sportifs, qui, parfois même avant d’avoir atteint leur majorité, ont déjà fait leurs preuves ou marqué leur époque, les “late-bloomers” n’ont pas toujours la vie simple. Le regard de l’autre, souvent inquisiteur, peut faire gamberger. Le “late-bloomer” peut avoir le sentiment de ne jamais être à sa place, dans sa vie, dans son appartement, dans un dîner, au cours d’une mission, chez un client, chez un collègue, dans une conversation pro. Il peut facilement se dire que s’il ne suit pas le même rythme que les autres, c’est qu’il n’est bon à rien. Et puis, il peut finir par s’ennuyer. Car à force de fleurir tout doucement, le paysage finit par se ressembler.

Si vous pensez être un “late-bloomer”, restez patient mais pas immobiles. Prenez le temps de réfléchir à vos projets, explorez différentes voies, lancez-vous, trompez-vous. Ignorez la pression, votre heure viendra.

Article édité par Manuel Avenel
Photo par Thomas Decamps

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