Questions pièges en entretien : comment bien répondre, même pris sur le vif ?

03 mai 2023

7min

Questions pièges en entretien : comment bien répondre, même pris sur le vif ?
auteur.e
Debbie Garrick

Freelance writer and translator, ex-recruiter

contributeur.e.s

Décrocher un entretien d’embauche a toujours pour effet de nous mettre sur une petit nuage. C’est cette douce récompense que l’on aime savourer après avoir passé des heures à peaufiner son CV et sa lettre de motivation. Mais le process n’est pas terminé, vous devez encore assurer lors de ce rendez-vous, et pour cela, mieux vaut bien le préparer mais aussi réfléchir à la manière dont vous allez répondre aux éventuelles questions pièges lors de cet entretien. Vous savez, celles qui déstabilisent en un quart de seconde. On a tous et toutes un pote à qui on a demandé en quel légume il se verrait bien, une copine qui a dû lister ses convives rêvés pour un dîner, et qui ont été incapables de répondre autre chose que « Euh… » (on compatit).

Si vous voulez éviter de vous retrouver la bouche ouverte et le regard bovin, essayant d’articuler une phrase que votre cerveau est incapable de construire, lisez les conseils de Bobbiette Swanson. Coach de carrière avec plus de 30 ans d’expérience et fondatrice de Soar Career Services, elle nous parle de la motivation à aller chercher derrière les questions inattendues ou compliquées et, plus important encore, explique comment les saisir au bond. Voici donc des conseils pratiques pour préparer votre entretien d’embauche, vous verrez que les questions surprises ne sont pas si terrifiantes que ça, après tout.

Pourquoi ces questions “pièges” en entretien ?

Selon Bobiette Swanson, les questions les plus dures en entretien servent à voir comment vous réagissez sur le vif et gérez une situation déstabilisante. Elles testent votre capacité à retomber sur vos pattes.

Si la question vous déroute, montrez que vous savez malgré tout rester calme et bien réagir dans une situation un peu compliquée. « Les questions les plus difficiles en entretien sont celles qui vous mettent mal à l’aise », rappelle la coach. Et ce n’est pas forcément une question sur un sujet un peu barré du type « Quel est votre animal totem ? » : même une question en apparence toute simple peut s’avérer déstabilisante.

Comment répondre à une question inattendue ou difficile ?

Si vous voulez faire vos preuves lors de votre entretien, il vous faut un plan d’attaque. Prenez le temps de vous préparer, même si ça demande un peu d’efforts. Suivez ces cinq étapes pour vous aider à répondre plus facilement aux questions sorties du chapeau de votre interlocuteur.

Étape 1 : Entraînez-vous à répondre aux questions qui vous mettent mal à l’aise

Si vous savez déjà là où ça peut faire mal, travaillez dès à présent votre réponse, idéalement en terminant sur une note positive. Dans la famille des questions qui vous prennent aux tripes, il y a peut-être « Avez-vous déjà subi un licenciement, et si oui, pourquoi ? » ou « D’où vient ce trou sur votre CV ? » Bobiette Swanson souligne que la réponse à ces questions difficiles n’est pas universelle. Elle relève d’un processus propre à chaque personne.

Pour identifier les questions qui pourraient vous mettre KO direct, la coach conseille de consulter des listes de questions typiques en ligne et de voir lesquelles vous font réagir (et pas de la bonne manière) : ce sont celles sur lesquelles il faut vous attarder avant votre entretien. Ne faites pas l’autruche en priant pour qu’on vous ne les pose pas. Au contraire, préparez votre réponse, dans une approche la plus honnête et positive possible. Si une boîte s’est séparée de vous parce qu’il vous manquait des compétences pour le poste, qu’avez-vous appris sur vous au passage ou sur quoi avez-vous bossé depuis ?

Étape 2 : Préparez des questions à poser pour mieux comprendre celles qu’on vous pose

Refuser de répondre à une question inattendue en entretien envoie un très mauvais signe, quelle que soit la personne en face de vous. On risque de vous prendre pour quelqu’un de buté ou de difficile à gérer. Même si vous pensez que la question est limite / en dehors des clous, il existe des solutions pour bien vous en tirer. Bobiette Swanson propose d’y répondre à votre tour par une autre question, pour comprendre ce qu’il y a derrière et ce que la personne en face de vous espère en tirer. Par exemple : « C’est une question intéressante. Pour bien comprendre, puis-je vous demander pourquoi vous aimeriez le savoir ? » La question n’était peut-être pas si border que ça, après tout.

« Je passais un entretien pour un poste de responsable recrutement, se souvient Bobiette Swanson. C’était dans les années 1990. Ils m’ont demandé s’ils pouvaient faire venir mon mari et lui poser quelques questions. C’était clairement une requête inhabituelle, voire inconvenante. Je leur ai poliment demandé la raison de leur demande. On m’a expliqué que c’était un poste où il faudrait savoir dire non souvent et gérer des situations assez complexes. Ils voulaient être sûrs que j’étais bien entourée. » La question pourrait paraître déplacée aujourd’hui, mais la réaction de Bobiette Swanson n’en demeure pas moins riche d’enseignements : elle ne s’est pas formalisée face à la question posée, n’a pas réagi ouvertement avant d’en savoir plus. L’intention de la boîte était plutôt louable, même si dans les faits c’était très maladroit.

À la recherche d'un job dans lequel vous développer ?

Trouvez l'entreprise qui vous correspond

Étape 3 : Entraînez-vous à mieux parler de vos « points faibles »

Devoir parler de ses points forts et points faibles est le grand classique en entretien. L’exercice n’en est pas facile pour autant. La question pourrait ne pas vous être posée de façon frontale en mode « Parlez-moi de vos défauts », mais d’une autre manière, par exemple : « Nous avons tous des domaines dans lesquels nous pouvons nous améliorer. Quels sont les vôtres ? » ou « Selon vous, quelle corde manque le plus à votre arc dans votre poste actuel ? » (ou dans votre poste précédent, si vous êtes en recherche d’emploi).

Vos points faibles, aka vos « axes d’amélioration » ? Bobiette Swanson répond : « Il y a deux choses à garder en tête. La première, c’est de ne pas botter en touche et la deuxième, c’est de n’en dévoiler qu’un seul. » La coach recommande en effet de choisir un point faible à présenter, mais de façon construite et constructive. Disons que vous ayez peur de prendre la parole en public. Si le poste pour lequel vous passez cet entretien exige justement que vous preniez la parole devant du monde (même de façon très ponctuelle), et que vous contentez d’annoncer « J’ai très peur de parler en public », ça risque fort de ne pas tourner en votre faveur. Ne vous arrêtez pas à cette simple déclaration. Que comptez-vous faire à ce sujet ? Qu’avez-vous fait jusqu’ici ? Vous avez peut-être demandé une formation en prise de parole ? Prévu des séances de coaching pour dépasser votre peur ? Autre angle d’attaque : évoquer un ancien point faible et raconter comment vous avez évolué et progressé sur le sujet. Ce qui compte ici, c’est de montrer que vous savez poser des actes pour vous améliorer.

Étape 4 : Faites le lien entre vos points forts et le poste, avec des exemples

Bobiette Swanson conseille d’établir une liste complète de vos points forts et, idéalement, de voir là où ça colle bien avec la description du poste. Préparez-vous ensuite à les évoquer au bon moment durant l’entretien. S’ils correspondent aux critères recherchés, vous aurez sûrement l’occasion de les mettre en avant – soit en répondant à des questions « classiques », soit en rebondissant sur des questions pièges. « J’aime bien m’imaginer que la description de poste, c’est un peu la recette du gâteau préféré de la personne qui recrute pour son équipe, raconte la coach. Si vous avez tous les ingrédients nécessaires, vous savez que le résultat sera bon et que la personne va adorer. Si vous n’avez pas exactement tous les ingrédients, vous pouvez en remplacer un ou deux et le résultat peut être tout aussi excellent. » Qui a dit qu’on ne pouvait pas remplacer le beurre ou l’huile d’une recette de gâteau par de la compote de pomme, qui fait le job en plus d’être meilleure pour la santé ? Ce qui compte, c’est que ce soit bon.

Disons que, dans les critères demandés, il y ait la maîtrise d’une base de données et que vous ne connaissez pas : vous avez en revanche de l’expérience dans d’autres bases de données, ce qui vous permettra de prendre en main plus rapidement celle que la boîte utilise. Si vos compétences ne correspondent pas parfaitement à la description du poste, vous devez préparer votre argumentation pour montrer comment elles peuvent répondre aux besoins de l’entreprise ou ce que vous pouvez apporter de nouveau, justement.

Étape 5 : Prévoyez 2-3 questions simples pour vous laisser le temps de réfléchir

Même avec une préparation plus solide que celle de Rocky Balboa avant un combat, il se peut qu’une question vous coupe soudainement l’herbe sous le pied. Et vous savez quoi ? Ce n’est pas grave. Comment gérer sur le moment ? Bobiette Swanson propose deux parades :

  1. Reformulez la question et veillez à bien l’avoir comprise. Expliquez par exemple « Je veux juste m’assurer que j’ai bien compris… », puis répétez la question. Il se peut que la personne face à vous clarifie ou reformule alors sa question et que ça vous donne une idée de réponse. Dans le pire des cas, ça vous laisse un peu de temps pour y réfléchir.

  2. Réclamez un petit instant de réflexion. Ne prenez pas trop de temps pour répondre, mais laissez-vous le temps de la réflexion – c’est totalement acceptable. Cela montre à la personne qui recrute que vous tenez à apporter une réponse complète et construire. Commencez par exemple ainsi : « C’est vraiment une très bonne question. Je n’y avais pas réfléchi jusque-là, si vous voulez bien me laisser un instant pour que je puisse y répondre… »

Conseil numéro un de la coach : si vous ramez pour trouver un exemple de situation que vous avez rencontrée au travail, sachez que l’expérience ne se cantonne pas au monde du bureau. Vous pouvez toujours vous appuyer sur un vécu dans d’autres domaines de votre vie : du bénévolat, un sport ou une activité que vous pratiquez…

En fin de compte, un entretien est là pour que la boîte puisse vous rencontrer et que vous puissiez « rencontrer » la boîte. Vous voulez faire très bonne impression et montrer ce que vous pouvez lui apporter, alors préparez-vous à le faire bien et à rester calme, même en cas de coup de pression avec une question déstabilisante.

À retenir

Voici les points à retenir pour bien gérer une question surprise en entretien :

  • Il n’y a pas de secret, que de l’entraînement : vous ne pouvez certes pas prédire le type de question surprise qui vous attend (parce que c’est un peu l’idée, justement), mais vous pouvez vous entraîner à répondre à un plus large panel de questions. Savoir comment rester dans une certaine fluidité durant l’échange vous sera très utile pour gérer tout imprévu ou question « piège » le jour J.
  • Demandez un peu de clarifications si vous en avez besoin : n’ayez pas peur de demander à votre interlocutrice ou interlocuteur de reformuler une partie de la question ou de clarifier précisément son attente sur cette question. Ça vous laissera le temps de préparer votre réponse, de montrer à la personne en face que sa question vous fait réfléchir et que vous êtes là dans une optique de réussite.
  • Travaillez sur la manière dont vous présentez vos points faibles : n’en évoquez qu’un seul et détaillez-le. En face, préparez tout une liste de points forts correspondant au poste, que vous n’aurez plus qu’à dégainer au moment opportun.

La question surprise s’invitera inévitablement… par surprise : soyez prêt !

Les thématiques abordées