Accepter une offre d’emploi puis se rétracter : comment rétropédaler ?

22 févr. 2023

4min

Accepter une offre d’emploi puis se rétracter : comment rétropédaler ?
auteur.econtributeur.e

Parfois on signe pour un job avec des cœurs qui dansent devant les yeux puis on réalise peu de temps après… qu’on ne le sent plus trop, ce nouveau poste. Recevoir une offre d’embauche est tellement exaltant qu’on en zappe parfois nos sentiments profonds. Alors une fois l’excitation retombée, on se demande si on n’a pas dit oui un peu trop vite. Vous regrettez ? Dans ce cas, faut-il prendre un poste qui ne vous fait clairement pas (plus) rêver ou avouer à la personne qui recrute que vous avez changé d’avis ?

Plusieurs raisons peuvent vous pousser à finalement refuser une offre d’embauche : une promotion dans votre boîte actuelle qui ne veut pas vous voir partir, le poste de vos rêves que vous pensiez inaccessible et qu’on vous propose, ou la lecture à tête reposée de la fiche de poste pour laquelle vous avez dit oui, mais qui vous semble soudainement bien loin de ce que vous recherchez. Vous avez accepté l’offre, mais sentez au fond vous que ce n’était pas le meilleur choix. Oups, que faire ?
Pour le savoir, nous avons interrogé Natasha Sharma, coach en carrière et consultante DEI (diversité, équité et inclusion). Voici ses conseils pour bien gérer la situation.

Changer d’avis, ça arrive

Presque un tiers : c’est le nombre de personnes qui, dans un rapport publié en 2019 par Robert Half Talent Solutions, avouent avoir déjà accepté une offre d’embauche puis s’être rétractées. Faire machine arrière quand on a dit oui pour un poste est normal et fait même partie, plus largement, du processus de recherche d’emploi. Différents facteurs peuvent motiver ce changement d’avis.

Vous avez glané de nouvelles infos

Après avoir accepté l’offre, vous avez peut-être lu, vu ou entendu des choses que vous ne saviez pas sur le poste ou la boîte en question. Cela peut toucher à la culture d’entreprise ou à sa réputation, par exemple. Les choses peuvent aussi avoir bougé de votre côté et vous voyez que ça ne « matche » plus.

Vous avez décroché une meilleure opportunité

Vous étiez peut-être, quand vous avez reçu cette offre d’embauche, en train de passer des entretiens ailleurs. Ou alors une opportunité s’est présentée entre-temps. Avoir le choix peut vous pousser à vous rétracter et à refuser la première offre, pour aller vers un poste qui correspond davantage à vos compétences et envies pro ou bien vous permettra de gagner plus, de vous rapprocher de chez vous ou de toucher un package plus avantageux.

Ce n’est pas la trajectoire que vous aviez prévue

Vous avez passé une flopée d’entretiens, fouillé le sujet, récupéré plein d’infos sur la boîte… mais n’empêche : parfois, prendre du recul après le processus de recrutement permet de faire un peu le tri et d’y voir plus clair. Vous réalisez, peut-être un poil tard, que le job pour lequel vous avez signé ne colle finalement pas avec vos objectifs professionnels.

Votre situation personnelle a changé

Vous avez décidé de partir vivre à l’étranger, vous avez appris une nouvelle côté familial qui bouscule vos plans… Bref, la vie en a décidé autrement. Devoir finalement refuser une offre d’embauche pour raisons personnelles est totalement acceptable.

Se rétracter, c’est mal ?

Quelle que soit la raison qui vous y pousse, décider de faire machine arrière peut s’avérer extrêmement difficile. Il est important d’être honnête, envers vous-même comme envers votre ex-futur employeur, sur les raisons de votre rétropédalage. Pourquoi ? Pour éviter toute conséquence néfaste sur vos relations et votre réputation professionnelles. Car cette situation peut mener à des échanges plus ou moins déplaisants et pas forcément confortables avec les personnes qui vous ont suivi le long du process. Mais elle est loin d’être aussi embarrassante que vous le pensez, affirme Natasha Sharma.

« Qu’un candidat ou une candidate se rétracte n’a rien de choquant, estime la coach et consultante. La seule personne en charge de votre carrière, c’est vous. Et l’entreprise que vous alliez intégrer s’apprêtait, elle aussi, à investir sur vous : il vaut mieux qu’elle sache au plus tôt que vous préférez décliner l’offre. Et ça vaut le coup de voir ça comme une expérience qui vous a appris des choses. » Vous craignez d’avance de prévenir votre ex-future boîte ? Si vous êtes au clair avec votre décision, vous vous direz merci à moyen ou long terme.
Envisagez la situation de façon positive, car elle l’est aussi : « La bonne nouvelle c’est que ça montre que vous avez du potentiel, explique Natasha Sharma. Si une opportunité s’est présentée, c’est qu’il y en aura d’autres. » La coach et consultante rappelle aussi que tout cela n’a absolument rien de personnel. « Vous pouvez voir tout ça comme du simple business. C’est un deal entre vous et l’entreprise, et parfois un deal ne se fait finalement pas, point. Essayez de ne pas laisser votre peur du regard des autres entraver votre jugement. On parle de votre carrière à vous. »

Jusqu’où dire la vérité ?

Il semble parfois plus facile de partir sur un petit mensonge que de dire la vérité, surtout quand l’explication c’est « Je n’ai pas envie de travailler pour vous. » Mais comme on l’entend depuis notre plus jeune âge, et souvent à juste titre, mieux vaut faire preuve d’honnêteté. « Dites les choses telles qu’elles sont, conseille Natasha Sharma. Vous pouvez expliquer qu’une autre opportunité s’est présentée, que vous êtes en recherche d’autre chose ou que, même si la décision a été difficile à prendre, vous préférez vous orienter vers un poste plus en adéquation avec vos objectifs de carrière à plus ou moins long terme. »
Faire preuve d’honnêteté et de transparence est un bon point pour vous. En effet, qui sait si vous n’aurez pas un jour à reprendre contact avec cette personne ou cette boîte ? Mieux vaut laisser un (relativement) bon souvenir. « Les entreprises apprécient la transparence dans les processus de recrutement. Ça leur permet après tout à elles aussi de mieux trouver chaussure à leur pied. » Plus vous expliquerez ce qui vous a mené·e à prendre cette décision, moins l’entreprise risque de vous prendre pour une girouette qui change d’avis sans raison. Qui sait, cela leur permettra peut-être même d’adapter leur proposition en fonction de vos retours ?

Que faire si vous ne voulez plus du poste ?

D’abord, soyez fier ou fière d’avoir posé les choses et fait preuve d’honnêteté envers vous-même, plutôt que d’avoir saisi l’opportunité simplement parce qu’elle se présentait. Envie de vous rétracter après avoir accepté une offre d’embauche ? Voici quelques points à garder en tête :

Cela n’a rien de personnel

Un processus de recrutement fonctionne à double sens. C’est avant tout du business. Et si vous avez échangé de façon plus approfondie avec les RH ou la personne qui devait être votre N+1, on comprendra que vous alliez vers ce qui vous convient le mieux et on vous souhaitera sûrement bonne chance.

Le plus tôt sera le mieux

Évitez de faire perdre du temps à l’entreprise (et de vous en faire perdre à vous aussi). Dès que votre décision est ferme et définitive, prévenez les personnes concernées. Il est important d’être dans le respect et de ne pas vous porter préjudice ou de vous « griller » auprès de vos interlocuteurs.

Soyez honnête

Pas besoin de vous épancher sur la question, certes, mais vous avez le droit d’être à l’aise avec votre choix, qu’elle qu’en soit la raison. Vous pouvez bien sûr vous excuser de ce repli stratégique de dernière minute, mais ne perdez pas de temps à échafauder une excuse alambiquée. Et surtout, surtout, ne ghostez pas votre employeur en ne venant pas au bureau le jour J.

Article traduit de l’Anglais par Sophie Lecoq ; Photo Thomas Decamps