5 idées reçues sur les violences sexistes et sexuelles au travail

07 mars 2022

auteur.e
Caroline De Haas

Militante féministe et auteure : “En finir avec les violences sexistes et sexuelles au travail.”

« Bah dis donc t’as tes règles ou quoi ? » ; « Cette jupe là elle te boudine un peu ! » ; «Tu sais si tu es gentille, pour ton CDI, on peut s’arranger. »
Ces phrases vous sont familières ? Pas étonnant, puisque 82% des femmes ont déjà été confrontées à des propos ou des comportements sexistes sur leur lieu de travail.

Je suis Caroline De Haas, militante féministe, et pour vous, je vais démonter 5 idées reçues sur les violences sexistes et sexuelles au travail.

1. « Ce sont les femmes qui provoquent »

Derrière cette idée reçue, il y a cette expression qu’on entend souvent : « Elle l’a bien cherché quand même », « Tu aurais quand même pu mettre une autre jupe ! »

Un peu comme si votre grand-père ou votre grand-mère se faisait piquer son sac à main dans la rue à l’arraché et qu’on lui disait : « Bah papi, quand même ! Ton sac il est un peu rouge ! Et puis tu pourrais le tenir plus fermement, ça éviterait quand même qu’on te le pique ! »

Le fait de s’habiller de telle ou telle manière, de se comporter de telle ou telle manière, ne justifie jamais le fait d’être victime de sexisme ou de violences sexuelles au travail.

2. « On ne peut plus draguer au bureau sans passer pour un agresseur »

J’ai tendance à demander aux personnes qui me disent ça : « Explique-moi comment tu dragues ? Parce que si la façon dont tu dragues peut être confondue avec du harcèlement sexuel, le problème, c’est toi. Le problème, c’est la façon dont tu dragues. »

On entend dire qu’il y aurait une sorte de limite : la dragounette, la dragouille, la drague, la drague un peu appuyée, la drague un peu lourde, la drague vraiment lourdingue et puis « Oups, je suis passé dans le harcèlement ». Pour moi cette idée est un mythe, une idée reçue. La différence entre la drague et le harcèlement, n’est pas une différence de degré, c’est une différence de nature entre deux relations totalement différentes : d’un côté vous avez la drague, qui est une relation entre adultes consentants. Et de l’autre, le harcèlement, qui est le fait d’imposer à quelqu’un de manière répétée, des propos à connotation sexuelle qui vont mettre l’autre mal à l’aise.

Et puis, il y a une différence fondamentale entre les deux, c’est que la drague est autorisée, y compris au bureau (et entre nous, tant mieux), ce qui n’est pas le cas du harcèlement.

3. « On ne peut plus rigoler ! »

Vous êtes à la machine à café. Vous n’êtes pas de super bonne humeur ce matin et puis, il y a votre collègue qui arrive et qui vous dit : « Bah dis donc tu as tes règles ou quoi ? » Si vous lui dites : « Bah en fait, tu ne peux pas dire ça, c’est interdit. » En général, il va vous répondre : « Mais ça va, tu n’as pas d’humour ! On ne peut plus rigoler ! »

Moi, je refuse de rentrer dans un débat de « Est-ce que c’est drôle ou pas ? ». Votre collègue a le droit de trouver cette remarque drôle. Ce n’est pas la question. La question, c’est que le Code du travail dit que « nul ne doit être soumis à un agissement sexiste ». Il n’est pas précisé dans l’article du Code du travail : « Si c’est drôle, ça passe. »

4. « Ça va, il n’y a pas mort d’homme ! »

Tout le monde est au courant qu’il y a une différence entre un agissement sexiste, du harcèlement sexuel, une agression sexuelle et un viol. Ça, on le sait. La loi le dit d’ailleurs : ce sont des faits de gravité différente.

Pour autant, est-ce que, parce qu’un agissement sexiste est moins grave que du harcèlement sexuel, il ne faut pas le traiter ?
Le fait que dans notre société on tolère le sexisme, ça permet au harcèlement sexuel d’exister. Le fait qu’on tolère le harcèlement sexuel, ça permet aux agressions sexuelles d’exister. Et le fait qu’on tolère les agressions sexuelles, de fait, ça permet aux viols d’exister. Si on enlève l’agissement sexiste, toute la pyramide s’effondre. C’est donc la responsabilité de votre employeur de garantir un espace de travail sans sexisme.

5. « Depuis #MeToo, le sexisme au travail recule fortement »

Les études les plus récentes, celle de 2021, montrent que 82% des femmes ont déjà été confrontées à des propos ou des comportements sexistes sur leur lieu de travail.
Il y a une autre étude de 2018 qui montre que 32% des femmes ont déjà subi du harcèlement sexuel au travail : une femme sur trois ! Donc, sauf si votre travail c’est d’être ermite dans une grotte en Alaska, à l’abri de tout contact humain, vous avez déjà été confronté, soit vous-même, soit dans votre entourage, à des faits de harcèlement sexuel sur votre lieu de travail.

Lorsque vous arrivez au bureau le matin et que vous vous prenez de manière quasi quotidienne ou hebdomadaire une remarque sexiste, en fait, ça a un impact à moyen terme et à long terme sur votre estime de vous-même, sur votre capacité à vous projeter dans la boîte ou dans le travail dans lequel vous êtes et donc fondamentalement sur votre carrière.

Comment détecter si quelqu’un dans votre entourage professionnel est victime de violences sexistes ou sexuelles ?

  • L’isolement de la victime
  • La dévalorisation de la victime
  • L’inversion de la culpabilité : on fait croire que c’est de la faute de la personne qui est victime de violences.
  • La menace et la peur : quand une de vos collègues a peur de quelqu’un, c’est qu’il y a un truc qui dysfonctionne. C’est un signal d’alerte.

Quand on se forme, quand on s’informe, on acquiert des outils qui permettent dans notre environnement professionnel, de faire baisser de manière visible les violences sexistes et sexuelles.

Article édité par Soline Cuilliere.
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