Les 6 trucs ringards qu'on devrait réhabiliter au bureau

01 mar 2024

3 min

Les 6 trucs ringards qu'on devrait réhabiliter au bureau
autor
Ariane Picoche

Journaliste et responsable de la rubrique Decision Makers @ Welcome to the Jungle

colaborador

Obsédés par la nouveauté, on en oublie parfois les classiques. De la moquette au téléphone fixe, retour sur 6 reliques de bureau qui méritent d’être célébrées.

Innovation et vitesse rythment le quotidien des équipes dirigeantes. En interne comme en externe, dans les pratiques comme les outils, il faut rester à la page. Sinon, impossible pour une entreprise de perdurer, semble-t-on nous dire. Peut-être. Mais dans la course au progrès, n’a-t-on pas délaissé quelques « trucs » qui peuvent encore servir ? Voici ma déclaration d’amour à la ringardise de bureau.

1. La moquette

Je la vois encore, la tache de café façon test de Rorschach qui décorait la moquette grise à la sortie de l’ascenseur. Elle me confirmait chaque matin que j’étais au bon étage. C’était mon premier job étudiant et tout dans cette entreprise avait un parfum de poussière. Les stores en aluminium, les tableaux Velleda mal effacés et puis cette moquette grise. Je dis « grise » mais elle tirait un peu sur le vert, comme toutes les moquettes qui se respectent.

  • Pourquoi lui rendre hommage ? Pour sa poésie. La moquette est un genre de papier buvard : elle porte en elle des années de déambulations, de rencontres, de demi-tours. Et, aussi salissante soit-elle, on ne peut lui enlever son génie quand il s’agit d’amortir les sons et les chutes.

2. L’espace de travail avec des murs

Cher bureau fermé, d’abord, on a cassé tes cloisons. Ensuite, c’est le poste de travail individuel qui est passé à la guillotine de la tendance. Plus de place attitrée, la liberté de choisir son étage et son coin d’open space : le flex office était né, prêt à répondre aux nouvelles pratiques et à entretenir la sérendipité. Ça, c’était côté pile. Côté face, la galère de trouver une chaise, l’obligation de trimballer mon ordinateur tous les jours (sans égarer mon chargeur), pas de photo de mon chat accrochée à mon pot à crayons, pas de pot à crayons, et sur ces plateaux ouverts, LE BRUIT.

  • Pourquoi lui rendre hommage ? Parce que le bureau fermé, même partagé avec ce collègue complotiste, ce n’était pas si mal. Notamment pour favoriser la concentration, donc la productivité.

3. Les fournitures de bureau

Aujourd’hui, chercher un stylo dans un bureau is the new chercher une aiguille dans une botte de foin. Pourtant, il doit bien en rester quelque part, des cagibis dédiés aux fournitures, résistant à l’ère du tout numérique. Je ne sais pas, mais j’en ai connu. Et c’était incroyable de se perdre dans ces cavernes d’Alibaba du Post-it. Le mieux, c’était ces périodes de l’année où circulaient des formulaires de commande : on y listait ses besoins en trombones et en chemises cartonnées, façon lettre au Père Noël. Quand deux semaines plus tard, on découvrait le colis au retour de la cantine, l’émotion était à son comble.

  • Pourquoi leur rendre hommage ? La papeterie est indissociable de l’imaginaire du bureau et le règne des écrans n’a pas à être total. Surtout, l’écriture manuscrite est bonne pour la mémoire ; raison de plus pour offrir des Bic à tous vos salariés.

4. La carte de visite

Je ne sais pas vous, mais plus jeune, je rêvais d’avoir ma carte de visite comme d’autres rêvent d’une Rolex. Pas pour l’ego trip, pour le symbole. Je m’imaginais déjà tendre ce bout de papier gaufré pendant un afterwork (tiens, j’aurais pu en parler, de l’afterwork) et dire à quel point j’adorais mon taf. Comme si c’était un passeport pour l’accomplissement professionnel. Sauf qu’entre-temps, LinkedIn a rebattu les cartes. Un clic suffit à se connecter. Et j’avoue, c’est plus courant d’avoir son smartphone à portée de main qu’un boîtier métallique avec ses initiales.

  • Pourquoi lui rendre hommage ? À l’instar de la cravate, ce totem de boomer est encombrant, mais il fait toujours son petit effet. Et c’est aussi un support de communication pour votre entreprise.

5. Le téléphone fixe

J’aurais pu écrire une ode au fax pour sa mélodie inoubliable, ou à la photocopieuse pour ses « bourrages papier » qui ont pimenté ma carrière. Mais sur le terrain de la désuétude élégante, le téléphone fixe les bat. S’il s’est fait voler la vedette par Zoom et les messageries instantanées, il reste une star de cinéma. L’ironie, c’est que j’ai longtemps détesté passer des coups de fil. Attraper un combiné avec tact, composer le bon numéro, mener une conversation intelligible et raccrocher sans accroc peut sembler vertigineux. Et puis j’ai vu Jean Dujardin dans OSS 117, et j’ai changé :

  • Pourquoi lui rendre hommage ? Pour son prestige, son efficacité et sa fonction conf call (souvent plus fiable que les logiciels de visioconférence).

6. Le distributeur de boissons (chaudes ou froides)

Les machines Nespresso et les bouteilles de Kombucha ont envahi les coins cuisines des entreprises. Si bien que le distributeur de boissons qui avale les pièces une fois sur deux en vient à me manquer. Oui, j’avais mes petites habitudes : cappuccino à 11 h, chocolat au goûter, Coca les jours de fête. Un refrain réconfortant qui allait de pair avec le couplet du collègue sur le boss. Souvent excentré car imposant, le distributeur de boissons est le meilleur spot à confidences. Il est facile de cancaner ou de tomber amoureux entre ses « Bip » et ses « Pschhh ».

  • Pourquoi lui rendre hommage ? Parce qu’on n’a pas trouvé mieux que lui pour créer du lien social en un temps record.

Photo : Thomas Decamps pour WTTJ

Las temáticas de este artículo