« Le télétravail rend-il fou ? » Il y a débat !

13. 10. 2021

autor
Soline Cuilliere

Journaliste vidéo - Welcome to the Jungle

VIDEO DÉBAT - Fin du télétravail obligatoire en entreprise.

Depuis le 1er septembre 2021, le gouvernement a retiré l’obligation d’un nombre de jours minimal de travail à distance en entreprise. Le télétravail n’était-il finalement qu’une « mode » de travail imposée dans un contexte d’épidémie mondiale ou va-t-il réussir à s’imposer durablement ?

Pour en débattre avec force et nuances, nous avons reçu Danièle Linhart, sociologue spécialiste de l’évolution du travail et du salariat et Patricia Wendling, DRH et auteure de Télétravail – Mode d’Emploi (2020). Nous leur avons soumis quatre affirmations sur le home office, et voici leurs réponses !

1. LE TÉLÉTRAVAIL REND FOU

Danièle Linhart : D’ACCORD

On peut effectivement avoir tendance, non pas à devenir fou, mais à subir une sorte de dichotomie entre : « J’ai un travail, j’ai des missions » et : « À quoi ça sert tout ça ? », « Avec qui je suis ? », « Pour qui je travaille ? » Une sorte de sentiment de déréalité qui peut avoir affaire avec les troubles mentaux.

Patricia Wendling : PAS DU TOUT D’ACCORD

J’aime toujours faire cette comparaison du télétravail avec un “pharmakon” qui signifie tout simplement que c’est à la fois le remède et le poison. Le remède soigne quand on a la juste dose et il devient nuisible, quand on est dans une exagération. C’est exactement le cas pour le télétravail.

2. LA CULTURE DU PRÉSENTÉISME EMPÊCHE LE TÉLÉTRAVAIL

Patricia Wendling : D’ACCORD

Une des raisons, c’est l’absence de confiance : parce qu’on n’a pas confiance, on préfère avoir un œil sur ses troupes et les garder un peu sous la main. En télétravail oui, on a son manager sur le dos, on a les méfaits du micro-management. Est-ce que c’est le télétravail qui est responsable de ça ? Non. L’entreprise pour laquelle on travaille, c’est vers elle qu’il faudrait se tourner et lui demander ce qu’elle a fait de ses valeurs, de ses principes, de tout ce qu’elle prétend incarner.

Danièle Linhart : D’ACCORD

Si l’on veut véritablement que se mobilise une intelligence collective capable de se représenter le travail comme un enjeu de société - ce qu’il est fondamentalement - et de penser différemment la manière de l’organiser, la manière de produire, de consommer, il faut deux choses. Premièrement, il faut réactiver les collectifs de travail. Et deuxièmement, il faut faire sauter un verrou fondamental qui est le lien de subordination inscrit dans le cadre du salariat et qui empêche chacun de se permettre légitimement d’exercer son esprit critique sur la manière dont on lui impose le travail.

3. LE TÉLÉTRAVAIL AMÉLIORE LA PRODUCTIVITÉ

Danièle Linhart : D’ACCORD

Que font la plupart des salariés ? Ils intériorisent le fait qu’ils doivent être reconnaissants envers leur direction de ces témoignages de confiance et donc ils en rajoutent. Vous savez, ils sont plus royalistes que le roi ! Et ils se disent souvent : « Je ne vois pas pourquoi je m’interromprais pour manger, je grignote en travaillant », ou, dès que je suis sorti du lit en pyjama : « je prends mon café, et hop mon ordinateur », parce qu’ils ont le sentiment qu’il faut qu’ils fassent leurs preuves.

Patricia Wendling : PAS TOUT À FAIT D’ACCORD

Le risque, finalement, n’est pas que le télétravailleur ne fasse rien, c’est qu’il en fasse un peu trop. Attention au fameux droit de déconnexion qui devrait, selon moi, être un devoir dans certains cas.

4. EN 2050 : LES BUREAUX AURONT DISPARU

Danièle Linhart : PAS D’ACCORD

La nécessité d’avoir des lieux où l’on puisse se retrouver pour penser ensemble, pour échanger, pour se confronter au sujet du travail quand on est salarié de cette entreprise, c’est indispensable. C’est comme si on imaginait une entreprise qui n’ait que des intérimaires en permanence, c’est-à-dire des gens qui viennent une semaine. Ça n’est pas pensable. Il faut un peu de stabilité. Il faut un peu de continuité. Il faut du collectif.

Patricia Wendling : PAS DU TOUT D’ACCORD

Non, le bureau n’est pas mort. Le télétravail aujourd’hui est un critère de fidélisation et d’attractivité des collaborateurs. Et sur ce sujet, toutes les entreprises qui diront : « circulez, il n’y a rien à voir », les salariés vont circuler oui, mais quelques-uns vont circuler vers la sortie ! On assiste tout simplement à ce que j’appellerais une fragmentation de l’espace. Désormais, le bureau ce n’est plus seulement dans les locaux de l’entreprise, ça peut-être chez soi, ça peut-être dans un tiers lieu, dans un espace de coworking. On a différentes solutions, parmi lesquelles le bureau, et celui-ci aura toujours selon moi, une place importante.

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