6 techniques originales pour scénariser la venue au bureau

19. 7. 2021

5 min.

6 techniques originales pour scénariser la venue au bureau
autor
Laure Girardot

Rédactrice indépendante.

Après des mois de confinement à répétition, le fameux retour au bureau n’est pas une mince affaire : 17 à 18 % des salarié·e·s y reviennent avec « la boule au ventre » et 74 % ne veulent plus « retourner au bureau comme avant ». En effet, la nouvelle configuration du travail hybride bouleverse la notion de collectif et scinde nos agendas entre « day in » et « day out ». Pour éviter le désenchantement des jours en présentiel, les entreprises se décarcassent pour en faire une véritable expérience. Comment recréer un collectif enthousiasmant, et surtout, solide ? Entre entertainment à la carte, événements fédérateurs ou encore nouvelle organisation de bureaux, il n’est pas simple de placer le curseur. Les journées « in » sont encore en rodage ! Pour vous aiguiller, nous vous proposons quelques bonnes pratiques pour « pimper » vos intermèdes en présentiel.

Le bureau, un espace en voie de disparition ?

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(Re)transmettre l’importance du lien : formations et conférences à foison !

Avant de créer l’exaltation collective, Catherine Testa, autrice de « Osez l’Optimisme » et co-founder de L’Optimisme, invite les entreprises à revenir à l’essentiel, au risque de créer une coquille vide. « Pour réenchanter le bureau, il faut commencer par réexpliquer l’importance du lien aux salarié·e·s. Depuis mars 2020, nous avons été enfermés dans nos algorithmes, menant à une forme de plus en plus extrême d’individualisme. Or, une société, c’est avant tout un collectif. L’entreprise en fait partie ». Et en proposant des activités à la carte à ses collaborateur·rice·s, l’entreprise tend à les réduire en consommateur·trice·s de distractions. « Je ne suis pas sûre que l’expérientiel à tout prix soit le cœur du sujet aujourd’hui. Cela peut être intéressant, mais au préalable, il faut nourrir les salarié·e·s sur les sujets qui les intéressent et les font évoluer ». Cela passe par des conférences inspirantes et de la formation continue sur les thématiques des émotions, du lien ou du bonheur selon l’autrice. Catherine Testa préconise notamment de mettre en avant l’étude menée par Harvard sur les déterminants du bonheur (la plus longue à ce jour car elle date de 1938). Robert Waldinger en a fait un Ted Talk très inspirant où il explique que ni la richesse ni la célébrité ne suffiraient à rendre quelqu’un heureux. La qualité et la densité des relations, en revanche, oui ! Bref, de petites graines d’inspiration à semer pour préparer les moments collectifs et placer l’ouverture à l’autre comme prérequis au réenchantement de bureau.

Moduler les lieux de travail au service du bien-être

Le lieu de travail joue un rôle primordial dans l’expérience collaborateur post-Covid. Selon l’étude de Boson Project Tarot Boulot 2021, Consultation sur l’avenir du travail, « la tendance est d’offrir plus de lieux d’échanges, de collaboration, d’innovation et de créativité aux équipes. Un certain aménagement des circulations, des escaliers ouverts, des nœuds de croisement de flux accueillants peuvent faciliter les rencontres fortuites et les échanges prolifiques ». En ce sens, Google propose une nouvelle approche du bureau post-pandémie. Pour les réunions hybrides, le GAFA de Mountain View a imaginé des espaces façon « feu de camp » : les salarié·e·s s’assoient en demi-cercle autour d’une caméra 360 qui permet à ceux à distance de ne rien rater. L’approche se veut « sur mesure » : les bureaux en flex office sont capables de garder en mémoire les préférences de chaque personne. La modularité est aussi de mise : les murs sont démontables et il est possible de gonfler une cloison au besoin ! Si le bien-être individuel prime, il s’agit aussi de favoriser le retour à la vie en communauté : des espaces collaboratifs en plein air ont donc été construits sous des sortes de « tipis » dotés de Wi-Fi.

Parier sur le jeu pour retrouver ses équipes

Pour certaines personnes, le travail à distance a créé un écran avec l’entreprise ainsi qu’avec leurs collègues. 80% des salarié·e·s considèrent que la crise a changé leur rapport au travail, en particulier leurs relations sociales. Au moment de la reprise en présentiel, il faut donc renforcer la culture d’entreprise, afin d’éviter la rupture définitive. Grâce aux émotions positives qu’il génère, se retrouver via le jeu est un bon moyen de relier les personnes. « Les mallettes de jeu créées par Urban Gaming sont très intéressantes car elles sont à la disposition des équipes, sur site. Leur vocation est de faire passer des messages clés, d’accompagner le changement ou encore de faire émerger des idées. C’est idéal pour se retrouver autour des valeurs de l’entreprise ou encore bâtir sa raison d’être après ces périodes de confinement », explique Catherine Testa. C’est aussi une alternative salvatrice face au retour en fanfare des réunions à rallonge. À titre d’inspiration, bien avant la crise sanitaire, le groupe SEB avait initié un grand chantier de transformation appelé BE#one. Pour infuser le changement des pratiques managériales et l’appropriation de la stratégie d’entreprise, Florent Marchal, responsable de la transformation du Groupe, a lancé un 1000 bornes corporate ainsi qu’un jeu des 7 familles. Une approche ludique qui est duplicable aux enjeux actuels liés au retour au collectif.

L’art dans les bureaux pour inspirer vos salarié·e·s

Selon une étude publiée dans le British Journal of Psychiatry, nous avons 32 % de risques en moins de tomber en dépression en allant au cinéma, au théâtre ou au musée. D’ailleurs, au Canada, le constat est pris très au sérieux : des « ordonnances muséales » sont prescrites pour traiter les douleurs physiques et morales de certains patients. Alors pour éviter le coup de déprime du retour au bureau, l’art pourrait bien s’immiscer dans les couloirs de l’entreprise. Pourquoi ne pas proposer des expositions temporaires au sein de vos locaux pour inspirer vos salarié·e·s et les motiver à venir se rassembler ?Adeline Cubères, créatrice d’expérience artistique, explique dans un article que « d’après les recherches, les connexions symboliques à la nature semblent avoir un effet presque aussi important sur les personnes qu’un lien direct avec elle : c’est le cas avec des fresques, peintures, photographies empreintes de nature et de paysages ». Une exposition et son vernissage pourraient bien réenchanter et dynamiser l’espace de travail puis, générer des interactions et des discussions fructueuses.

La RSE comme catalyseur de sens commun

Avant la crise covid-19, 13% des personnes interrogées avaient le sentiment d’occuper un emploi inutile, après la crise, elles étaient 29% à le penser ! D’après l’étude « Sens au travail ou sens interdit » publiée par Deloitte, le sens au travail est un sujet collectif pour 49% des répondants et individuel pour 30% des répondants. Les jours en entreprise sont donc des rendez-vous privilégiés pour, collectivement, se retrouver autour d’une cause écologique ou sociale : un prétexte utile pour redonner du sens commun. L’entreprise Partoo a récemment lancé la plateforme d’engagement Vendredi auprès de ses collaborateur·rice·s. Un outil qui permet de rassembler ses salarié·e·s autour de thématiques RSE gérées par des associations. Par exemple, les volontaires participent à des collectes dans les bureaux : la première campagne est destinée à lutter contre la précarité menstruelle. De même, un autre volet intéressant de cette initiative : permettre aux managers d’organiser des team buildings solidaires. De quoi allier le collectif de travail à des actions à forte valeur humaine ajoutée.

Et si la solution était d’arrêter de tout prévoir à la place du salarié·e ?

Catherine Testa prend le contre-pied de toutes ces initiatives en proposant de faire confiance aux collaborateur·rice·s. « *Il faut arrêter de les déresponsabiliser ! Le retour au bureau doit naturellement mener les personnes les unes vers les autres. Pourquoi faudrait-il toujours tout programmer ou scénariser ? Au sein de notre entreprise, nous avons fait le pari de laisser les gens se retrouver. Sans thème, ni animation. Il faut simplement créer des prétextes à l’échange en fonction des cultures d’entreprise mais aussi des personnes ». C’est ainsi que la sérendipité s’active et que la magie des rencontres opère. Pour les plus frileux, des ateliers d’improvisation restent tout de même une option. Pour lever les freins ou faire passer des messages clés, le mime, l’expression par le corps et les émotions sont de formidables outils cathartiques. Catherine Testa donne, notamment, l’exemple de l’écriture intuitive qu’elle a expérimentée : « un fil rouge motivant pour oser imaginer, ensemble, l’entreprise de demain* ».

Photo par WTTJ

Article édité par Paulina Jonquères d’Oriola

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