Pourquoi faut-il privilégier les contrats longs ?

08. 10. 2018

3 min.

Pourquoi faut-il privilégier les contrats longs ?
autor
Laura Frémy

Rédactrice

Si le recours aux CDD a explosé ces dernières années, le contrat à durée indéterminée présente pourtant des avantages indéniables pour les entreprises. Et le contrat long pourrait bien remporter la bataille du recrutement.

Les chiffres sont sans appel, selon une étude de la Dares, le service statistique du ministère du Travail, les CDD concernaient 87% des recrutements en 2017 contre 76% en 1993. Pour limiter l’usage des contrats à durée déterminée en entreprise, le gouvernement a donc décidé de lancer en 2019 un bonus-malus. En parallèle, le recours au CDI a diminué de 6% depuis les années Mitterrand et les ruptures conventionnelles se sont multipliées. En 2019, force est de croire que le CDI ne fait plus l’unanimité. Pourtant, il présente bien des avantages pour les recruteurs.

Le CDD : un contrat roi

Il devait être l’exception, il est devenu la règle. Lors de sa création en janvier 1979 dans le Code du Travail, le CDD a officialisé une pratique courante : l’embauche de main-d’oeuvre mobile. Le recours au contrat à durée déterminée devait donc rester exceptionnel : remplacement d’un salarié absent, accroissement d’activité ou encore emploi saisonnier.

Aujourd’hui encore, en théorie, un employé ne peut pas être embauché en CDD pour une tâche permanente liée au fonctionnement normal de l’entreprise. Pourtant, malgré ces lois, le recours au CDD s’est généralisé, surtout pour les étudiants et jeunes actifs. En 15 ans, la durée des contrats a dégringolé, passant de 112 jours en 2011 à 46 jours en 2017. Résultat : 66 % des CDD durent moins d’un mois.

CDI – le mal aimé ?

Le contrat long reste en fait le contrat le plus proposé en entreprise. Selon une étude de laDares, en France, sur l’année 2018, 88 % des salariés (hors intérim) étaient en contrat à durée indéterminée et 12 % en contrat à durée déterminée. Depuis 35 ans donc, neuf salariés sur dix sont en CDI.

Majoritairement proposé, le CDI ne fait pourtant plus l’unanimité côté candidats. Alors que les licenciements économiques n’ont jamais été aussi bas - 2% des fins de contrats en 2017 - les démissions sont plus nombreuses que les ruptures conventionnelles. 75% des fins de contrats entre 2012 et 2017 sont des démissions. Fort d’une conjoncture plus favorable post-crise de 2008, les candidats font jouer la concurrence à la moindre source d’insatisfaction : mauvais onboarding, missions décalées, management intempestif…

Secteur, Saisonnalité, Structure

Bien entendu, la proposition d’un contrat long ou court dépend de plusieurs facteurs:

  • Le secteur

« Les enjeux ne sont pas les mêmes dans le primaire, le secondaire. Dans le secteur tertiaire, le CDI reste le contrat privilégié », explique Paul Gillet directeur général de l’agence MilleSoixanteQuatre et en charge des RH de sa structure. Le contexte économique joue :« Le choix du CDD ou du CDI correspond souvent à une question de saisonnalité en entreprise. En période de croissance ou de décroissance, les choix sont différents. »

  • La structure

Les entreprises qui embauchent en CDI sont très souvent des grands groupes à la trésorerie confortable. Ailleurs, l’embauche en CDI peut être motivée par la raréfaction des profils et des compétences sur le marché du travail. Et notamment dans l’IT. Les startups dans ce secteur sont friandes de CDI pour attirer des candidats dans des domaines tels que l’IA, le hacking éthique ou bien l’analyse de données. Que ce soit en startup ou en grand groupe, 95% des développeurs par exemple sont recrutés en CDI.

Le CDI est le seul moyen de grandir avec un salarié

Alors CDI ou CDD ?

Sur le papier, les deux ont leurs avantages. Le CDD lie le salarié au terme du contrat et y met fin sans justification, quand le CDI envisage une collaboration pérenne. Le risque de départ est plus grand. Alors contre toute attente qu’est ce qui motive le choix du contrat long ? Apprentissage et croissance ! « Pour moi, il n’y a pas photo. Recruter en CDI c’est s’assurer une capacité de monter en puissance dans sa structure et de répondre à des enjeux de croissance. Le bénéfice repose sur un apprentissage mutuel à long terme. En vérité, c’est le seul moyen de grandir avec quelqu’un. », analyse Paul Gillet avant de poursuivre, « pour une entreprise, le CDI est un triple bouclier. Le premier, c’est la période d’essai de 3 mois renouvelable 3 mois. En 6 mois, ça laisse le temps de bien connaître le collaborateur. Le second, c’est que les conditions de ruptures se sont assouplies avec la rupture conditionnelle. Avant, pour se séparer d’un collaborateur l’entreprise devait inventer de manière délirante des fautes professionnelles inexistantes et iniques. Le troisième c’est que la loi El Khomri permet à la petite entreprise en situation de conflit avec un salarié de ne pas mettre la clé sous la porte. »

Le CDD est un archaïsme

Le CDI présente donc beaucoup d’avantages. « Pour moi le CDD même s’il s’est répandu, est un archaïsme, un reliquat d’un travail qui ne se fait plus. Avec l’essor du travail indépendant, l’enjeu d’une structure dans les années à venir repose sur la gestion du travail, avec une équipe pérenne d’un côté et de la sous-traitance opérationnelle de l’autre. »,conclut Paul Gillet.

Alors, le CDD est mort ; vive le CDI ?

Photos : WTTJ