En août, ils préfèrent le travail aux vacances et nous expliquent pourquoi

02. 8. 2021

4 min.

En août, ils préfèrent le travail aux vacances et nous expliquent pourquoi
autor
Anton Stolper

Journaliste freelance

Allongé·e sur une serviette de plage les pieds dans le sable fin, vous veillez à bronzer de manière homogène tout en parcourant votre magazine préféré. Alors que vous en achevez les dernières pages, vous découvrez le pilier incontournable de la lecture estivale : l’horoscope. Avec le plus grand sérieux, il vous explique de quoi seront faites vos relations amoureuses, vos amitiés ainsi que… votre travail ?! En août ! Qu’est-ce que ça peut vous faire que l’horoscope vous annonce que vous allez atteindre vos objectifs ce mois-ci ?

Et pourtant, certaines personnes liront peut-être avec davantage d’attention cette section puisque, tandis que vous vous remettez une couche de crème SPF 50, elles ont choisi de ne pas prendre de vacances pour continuer à travailler. Mais quelle mouche les a piquées ?

Voyager sans bouger et profiter du calme

Au mois d’août, personne ou presque ne franchit la porte du cabinet vétérinaire. Pourtant Brigitte, 60 ans, est toujours fidèle au poste. L’assistante vétérinaire attendra la fin du mois d’août pour prendre ses vacances. Une corvée ? Non, un choix assumé. « L’été c’est génial. Les Parisiens sont remplacés par des touristes venus des quatre coins de la planète. J’ai l’impression de voyager en les rencontrant. Puis, comparé à l’avion et le vrai voyage, c’est plus économique et écologique ! » Malgré l’afflux touristique, elle trouve sa ville transformée. Plus calme, plus lente : « Vous allez me trouver bizarre, mais si je pouvais vivre dans une ville fantôme, j’irais sans réfléchir. J’adore l’idée. En août, Paris n’est pas loin de la ville fantôme, c’est très agréable de pouvoir rentrer chez moi et de ne pas croiser de personnes dans la rue ou au supermarché, de trouver des places partout. » Le calme ambiant est pourtant interrompu par les pleurs d’une cliente qui sort du cabinet. Paniquée, cette dernière demande si Brigitte peut la tenir au courant de l’évolution de l’état de santé de son animal de compagnie. Lorsqu’elle s’éloigne enfin, Brigitte avoue : « C’est le seul truc compliqué à gérer ce mois-ci. Vu que la plupart de nos confrères ont fermé, on n’a que des cas désespérés. »

Alex, 42 ans, a découvert le plaisir du travail en été alors qu’elle était encore étudiante. À cette époque, ce n’était pas forcément un choix, mais une obligation pour financer ses études. Et elle s’est également laissée séduire. « J’ai découvert que Paris était géniale l’été. Les gens sont plus cool, plus détendus. Ils ne courent pas partout, ils sont moins stressés. Peut-être parce que ceux qui restent retrouvent un rythme de vie plus calme. Un peu comme celui qu’on a eu tout au long des confinements. » Mais paradoxalement, la vie peut aussi s’accélérer, notamment dans les transports qui, moins remplis, sont beaucoup plus efficaces et rapides. « Il m’est arrivé un truc incroyable en plein mois d’août. J’ai pris le bus 63 le long du Boulevard Saint-Germain. Il a mis sept minutes pour un trajet Invalides-Austerlitz, à 17h30. Normalement, ça prend au moins une demi-heure. Et je vous jure que c’est vrai ! », raconte la documentaliste.

Si on aime les expositions et les galeries d’art, et qu’on a la chance de vivre dans une ville qui en regorge, y rester l’été présente de nombreux avantages. « Au printemps, je suis allée voir une expo avec une amie : c’était horrible, on avait à peine une seconde pour regarder chaque œuvre, se souvient Alex. On est retournées en voir une autre en août, ça n’avait rien à voir. On avait pratiquement tout le musée pour nous, comme si on était dans notre salon. »

Partir en décalé pour moins cher

Alex ne se prive pas de vacances pour autant, elle choisit juste de les prendre un peu plus tôt que ses collègues. De préférence en juin. Là aussi, elle évite les foules et profite de tous les avantages de ces destinations. « Il y a tellement moins de monde ! Cette année, je suis allée au château de Barbe bleue à Tiffauges en Vendée, où l’on peut voir des machines médiévales en fonctionnement. Normalement, les visiteurs ont le droit de tirer une seule fois à l’arbalète. Mais comme on n’était que quatre, on a pu tirer pendant 45 minutes. C’était incroyable. » Sans parler du coût des vacances, qui est généralement réduit. « Il m’est arrivé de partir en vacances début juillet et alors que nous étions sur place, on a remarqué que les prix dans les supermarchés étaient déjà en train d’augmenter, juste avant l’arrivée des hordes de touristes. Disons que ça m’a définitivement convaincue de prendre des congés en juin. » Alex n’oublie pas de mentionner la petite cerise sur le gâteau : « Comme je pars en juin, et mes collègues en juillet et août, lorsque nous nous retrouvons en septembre, cela fait un certain temps qu’on ne s’est pas vus. Ces retrouvailles sont super agréables, comme les rentrées scolaires quand j’étais encore à l’école. » Pour elle, hors de question de remettre en doute son choix : « Je plains les personnes qui partent en vacances en août et qui retrouvent l’ambiance de toute l’année sur les plages. »

Travailler moins mais mieux

Ophélie, 18 ans, est dans la même situation qu’Alex à son âge. L’étudiante passe le mois d’août à travailler pour un glacier après s’être accordée du repos en juillet. Et pour elle aussi, bosser quand tout le monde se la coule douce n’est pas vécu comme une obligation. « Mes batteries sont rechargées, donc j’ai l’impression de me donner plus d’objectifs et d’être beaucoup plus à fond dans mon travail en août. Et puis, comme c’est l’été, les collègues, les patrons et les clients sont souvent plus détendus et aimables. C’est également la dernière fois que je peux travailler avant la rentrée, donc je suis plus déterminée à toucher un salaire important. Je suis un cursus en mathématiques et pendant l’année scolaire, je me dédie entièrement à mes études. Je n’ai pas vraiment le temps de travailler ou de m’occuper d’autre chose. » Puis, travailler au mois d’août, ce n’est pas exactement la même pression : « On a toujours cette sensation de “vacances”, donc le travail est beaucoup plus agréable, amusant et moins stressant. D’ailleurs, en sortant du boulot et pendant mes jours de repos, je profite moi aussi des bains de soleil. »

En effet, qui dit août, dit soleil. Pour Mélodie, 29 ans, rien de mieux que de quitter la banque dans laquelle elle travaille et d’avoir l’impression que l’après-midi est à peine entamée. « Je préfère tellement ça à l’hiver, quand il fait noir et froid et moche. Autant en profiter un maximum. » La conseillère de gestion de patrimoine aime aussi le rythme adouci de l’été. « Il y a moins de clients donc je travaille un peu moins. Mais surtout, ça me permet de mieux travailler. Je peux me concentrer davantage, y voir plus clair et mieux fixer mes objectifs. »

Alors, qui sait, peut-être que la prochaine fois que vous lirez votre horoscope d’été, vous le ferez pendant votre pause-déjeuner ?

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Photo par Welcome to the Jungle
Article édité par Romane Ganneval

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