Vivre (très) loin de son travail : comment gérer le train-train quotidien ?

08. 9. 2021

7 min.

Vivre (très) loin de son travail : comment gérer le train-train quotidien ?
autor
Elise Assibat

Journaliste - Welcome to the Jungle

Passé l’enfermement des confinements, nombreux sont les citadins qui ont délaissé l’agitation des métropoles pour se tourner vers des paysages plus verts et recommencer à respirer. Village de campagne, bord de mer, haute montagne… Les destinations vers lesquelles se tourner pour fuir la ville ne manquent pas sur le territoire français. Mais si certains ont accompagné ce changement de vie d’une reconversion totale, d’une démission ou d’un passage en 100% télétravail, d’autres ont conservé leur métier dans leur ville d’origine, devenant ainsi des “navetteurs”. Autrement dit, des salariés qui utilisent régulièrement un moyen de transport pour rejoindre leur lieu de travail. Vous vous trouvez dans cette situation et avez du mal à vous faire à ce nouveau quotidien parfois éreintant ? Vous vous demandez comment optimiser ce temps a priori gâché ? Pour vous apporter quelques conseils, nous sommes allés piocher les tips des chevronnés de longs trajets.

1. Ne pas voir ces trajets comme une contrainte

La première chose à envisager lorsqu’on devient navetteur c’est d’accepter la situation. Qu’il s’agisse d’un choix mûrement réfléchi, d’une volonté des plus spontanées ou d’une expatriation forcée, il est important de se formuler clairement les changements de vie qui vont découler de cet éloignement. À savoir les trajets. Et qui sait, peut-être en tirerez-vous un certain bénéfice caché ?

Jérôme, par exemple, a déménagé au Vésinet il y a maintenant deux ans. Il est premier maître d’hôtel dans le restaurant d’Alain Ducasse à la Maison de l’Amérique Latine dans le 7ème arrondissement de Paris. Il passe environ deux heures dans les transports par jour pour se rendre au travail et enchaîne RER et métro quotidiennement. Et si ce moment a pu être appréhendé au tout début, il est aujourd’hui assez précieux à ses yeux. « Tu te retrouves en tête à tête avec toi-même, ce n’est pas désagréable, confie-t-il. Au contraire d’ailleurs, c’est l’un des rares moments où je suis seul, sans être sollicité par l’agitation de la vie familiale et sociale ou par mon métier. Les gens ont du mal à comprendre que je puisse me sentir peinard mais c’est le cas. Je ne suis plus père, mari, ami, fils, je deviens personne et c’est très reposant dans le tourbillon du quotidien. C’est d’ailleurs pour ça que je n’y vais jamais en voiture alors que j’en ai la possibilité. C’est vraiment un choix que de prendre ce temps pour moi. » Autrement dit, modifiez la perception connotée que vous en avez. Vous pourriez être surpris.

2. S’occuper

Quand du temps libre s’offre à nous, rien de plus normal que de penser à le combler. Et dans les transports, les activités possibles ne manquent pas. Carmen, journaliste, habite depuis toujours un petit village à Marne-la-Vallée. Elle met déjà un peu de temps avant d’arriver à la gare mais il lui faut ensuite une bonne quarantaine de minutes pour arriver dans le centre de Paris. Soit 1h20 pour parvenir à destination chaque jour. Elle fait ce trajet depuis toute petite car elle s’est toujours déplacée jusqu’à la capitale, que ce soit pour des jobs étudiants étant plus jeune, pour voir des amis ou pour aller travailler dans des rédactions. « Ces allers et venus sont devenus une habitude aujourd’hui ancrée en moi. Et venant de la part de quelqu’un qui vit cela au quotidien, sachez que c’est un temps que l’on peut mettre à profit autrement. Alors profitez-en pour faire ce que vous n’avez pas le temps à la maison ! » Organiser sa semaine à l’aide de to-do-list, rattraper l’actualité manquée, lire la presse… Qui a dit que ce temps était forcément perdu ?

Et dans les transports, à chacun ses rituels. Si Carmen en profite pour appeler ses amis qui vivent à l‘étranger, dans la mesure où la longueur du trajet laisse l’occasion d’avoir une vraie conversation, Valentine opte pour la musique. À 25 ans, elle est psychologue clinicienne, travaille à Paris, à 11 km de chez elle, et fait environ deux heures de trajet pour s’y rendre chaque jour. « Ma playlist m’apaise tellement. Le matin, elle me repose avant d’aller travailler et au retour, elle me permet de me déconnecter du travail pour ne pas l’amener à la maison. » Jérôme, lui, recommande de rouvrir un livre une bonne fois pour toute. « C’est tellement dur d’avoir la concentration suffisante pour lire à la maison. Alors le gros avantage du temps de transport c’est quand même de prendre ce moment de liberté pour s’accorder un temps de lecture. D’ailleurs, quasiment tous les gens que je croise ont un bouquin à la main… »

Mais il ne s’agit pas non plus d’être productif à tout prix. « C’est aussi le moment de prendre du temps pour soi, nuance Carmen. De simplement fermer les yeux, de suivre une méditation guidée ou encore de ne rien faire du tout. Car au bout du compte, c’est tout aussi régénérateur. » Ici pas de pression, il suffit de trouver son filon.

3. Limiter la fatigue

Le plus gros risque quand on allonge son temps de transport, c’est de subir la fatigue qui en découle. Et pour diminuer au maximum ce contrecoup, quelques habitudes sont à prendre. Tout d’abord, il est important de s’assurer un sommeil réparateur la veille. Pour cela, couchez-vous de bonne heure et évitez les écrans avant de vous endormir. Car lorsque Carmen ne fait pas attention et raccourcit ses nuits, elle sent tout de suite la fatigue qui l’accable deux fois plus dans le train le lendemain : « Mes trajets de la journée ne sont alors tout simplement pas gérables. » Il n’y a donc pas le choix que d’être le plus reposé possible pour affronter ces moments.

Ensuite, évitez tant bien que mal les horaires de pointe, qui provoquent souvent du stress et de l’inconfort. Valentine, par exemple, essaie d’ajuster ses horaires de manière à ce qu’ils correspondent à son rythme de vie. « Je pars tôt le matin ce qui me permet de revenir plus tôt chez moi l’après-midi, et ainsi faire en sorte que ce soit le moins éprouvant possible. » Adapter vos horaires en fonction du temps de transport pour épargner votre fatigue sur le long terme semble alors une bonne idée. Et si votre rythme de bureau vous en empêche, parlez-en à votre supérieur en mettant en avant les conséquences sur votre productivité. Des compromis peuvent toujours être trouvés !

Quant à Camille, elle préconise aussi de penser à ajouter un temps de marche dans le trajet, surtout si ce dernier s’effectue sur du porte à porte. « En descendant un ou deux arrêts plus tôt par exemple. » Elle a 23 ans, habite à Montrouge et se rend tous les jours à la Défense pour un stage de six mois en extra financier dans un service de RSE, soit deux heures par jour environ. « Prendre l’air et se dégourdir les jambes après avoir été assis pendant un moment, c’est l’idéal pour sortir en forme de longs trajets. » Enfin, limiter le temps d’écran durant les trajets est presque obligatoire. Camille essaye notamment de se restreindre au maximum car elle se désole d’avance de l’impact de l’ordinateur du bureau en continue sur sa fatigue. Pour lutter contre la tentation, elle se tourne vers les podcasts en tout genre. « Mais attention, rien de ce qui peut se rapprocher de l’actualité chaude. Entre le réchauffement climatique, la pandémie et les incendies, je me sens déjà suffisamment assaillie au quotidien. Alors pendant ce moment j’essaye de m’en extraire pour arriver détendue au bureau ou chez moi en rentrant du travail. » Un moyen comme un autre de préserver son mental dans les temps perturbés et de se servir de ce temps pour buller.

4. À la maison, privilégier des activités qui déconnectent

Une fois que vous êtes rodé dans l’organisation du trajet, il est essentiel de déconnecter du travail. Pour cela, évitez de poursuivre vos activités professionnelles dans le transport, de répondre à des mails ou de vous avancer pour le lendemain. Il s’agit d’un moyen de rentrer chez soi, pas de travailler davantage. D’autant qu’un temps long entre le travail et la maison ne veut pas forcément dire que la déconnexion se fera plus facilement. Jérôme, par exemple, reconnaît que ses trajets du retour ne constituent pas en soi une phase de transition entre le travail et la maison : « C’est plutôt dans le temps qui suit ce trajet que je parviendrai à réellement me couper.»

Pensez alors à privilégier les activités qui vous apaisent et vous font du bien en rentrant chez vous. Une séance de yoga, un bon petit plat, un film au cinéma… Le temps dont vous disposez à la maison est réduit par la longueur du trajet et donc plus précieux. Par conséquent, faîtes-vous plaisir. « Et surtout choisissez-les le plus loin possible de votre métier pour ne pas avoir l’impression d’une continuité sans fin de votre activité », recommande Carmen. Si vous passez votre journée sur l’ordinateur, reposez vos yeux et évitez les séries à peine arrivé chez vous. Tournez-vous vers des activités stimulantes, comme les interactions sociales ou la cuisine. En revanche si votre métier est plus manuel, profitez de la soirée pour reposer votre corps. Lisez un livre, regardez un film… Apaisez-vous ! Ce qui compte, c’est surtout la perspective d’avoir un moment dans la soirée qui vous plaît pour ne pas se laisser abattre par la fatigue de la journée.

5. Connaître ses limites :

Enfin si jamais ce système ne vous convient pas, n’ayez pas peur de provoquer les changements nécessaires pour ne pas le subir. Peut-être en vous organisant différemment avec votre supérieur pour ne venir au bureau que quelques fois par semaine, et en privilégiant davantage de télétravail. Et si le rythme vous épuise, attention à votre santé physique et mentale. Il faut alors agir en conséquence pour y remédier. En postulant pour un poste plus près de chez soi ou même en déménageant de nouveau. Comme le souligne Valentine : « Les transports peuvent être épuisants et stressants, surtout quand ils ont du retard où qu’il y a des travaux. Il est donc essentiel de savoir se conserver et d’être conscient de ses limites pour se protéger. »

Finalement, que vous soyez du soir ou du matin, contemplatif ou proactif, l’idée est avant tout de trouver votre rythme pour créer le rituel qui vous conviendra. Nul ne doute que vous y parviendrez. Et si toutefois ces nouveaux aménagements ne vous conviennent pas, surtout écoutez-vous !

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Article édité par Gabrielle Pedko

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