"Tracances" : comment bien télétravailler de son lieu de vacances ?

15. 7. 2021

5 min.

"Tracances" : comment bien télétravailler de son lieu de vacances ?
autor
Marlène Moreira

Journaliste indépendante.

Ça y est, c’est les vacances… enfin presque. Votre quotidien est baigné de soleil, d’oiseaux qui chantent et de crustacés. Mais votre ordinateur portable, les présentations PowerPoint et de projets plus ou moins urgents à terminer sont toujours là, puisque cette année, vous avez certes décidé de prendre des congés, mais aussi quelques jours de télétravail depuis votre lieu de vacances, histoire de changer d’air ! Une idée maligne que vous n’avez pas été le/la seul·e à avoir puisqu’en cet été 2022, 35% des français comptent profiter de leurs tracances (autrement dit, de télétravail sur leur lieu de vacances). Une idée alléchante, mais qui peut aussi vous jouer des tours et nuire à votre productivité… Alors comment garder motivation et concentration, les pieds (presque) dans l’eau ?

Le conseil de Sacha Distel : « Half and Half »

Alors que vos proches vivent sans montre et sans emploi du temps, vous n’êtes pas totalement maître de vos horaires. Oui, il va falloir expliquer à votre mamie que, même si sa tarte aux mirabelles est meilleure quand elle sort tout juste du four, à 16h00, vous ne pouvez pas faire une pause en plein milieu d’une réunion pour y goûter.

La solution ? Prévoyez des créneaux « 100% boulot » pendant lesquels vous ne devez pas être dérangé(e), et des créneaux plus souples pendant lesquels vous pouvez vous rendre disponible. C’est la solution adoptée par Grégory, directeur des ventes : « J’ai dit à mon équipe que je n’accepterai aucune réunion entre 12h00 et 15h00. Ainsi, peu importe l’heure (souvent tardive) à laquelle ma belle-famille veut déjeuner, je sais que je peux me libérer pour passer du temps avec eux. En revanche, mes enfants et ma femme savent que s’ils reviennent trop tard de leur activité du matin, j’aurai déjà avalé un sandwich et que je serai probablement en réunion. »

« J’ai dit à mon équipe que je n’accepterai aucune réunion entre 12h00 et 15h00. Ainsi, peu importe l’heure à laquelle ma belle-famille veut déjeuner, je sais que je peux me libérer pour passer du temps avec eux. » - Grégory, directeur des ventes

Le conseil des Beach Boys : « Good Vibrations »

Aaah la campagne, le calme et le ciel bleu à perte de vue… En revanche, pas l’ombre d’une onde Wi-Fi ! Pour travailler depuis votre lieu de vacances, mieux vaut prévoir le coup : un répéteur Wi-Fi pour travailler sous le pommier au fond du jardin, une clé 4G ou un bon stock de data à consommer sur votre portable (on évite de télécharger l’intégrale du Seigneur des Anneaux dans le train avant d’arriver.)

Et quand EDGE est votre seul ami, misez sur les tâches low data, à l’image de Camille, responsable de projets IT. « Dans le village de mes parents, on compte 500 habitants en hiver, 2500 en été. Autant dire que le réseau est vite saturé. Alors j’ai gardé toutes les tâches « déconnectées » pour cette semaine de travail au vert : notes de frais, rangement de mes vieux dossiers dans mon ordinateur… et j’en ai profité pour réfléchir aux nouveaux projets de septembre sans être dérangée. Bref, tout ce que je ne prends pas le temps de faire d’habitude. » Une organisation qui demande une certaine préparation en amont, de la transparence auprès de vos collègues et l’accord de votre manager. S’il est réticent, n’hésitez pas à prévoir deux ou trois après-midi pendant lesquelles vous vous rendrez dans un café ou un espace de coworking pour être davantage “connecté(e)”. Et surtout, consignez les tâches que vous avez réalisées pour le rassurer sur le fait que vous avez effectivement travaillé !

« Le réseau est vite saturé. Alors j’ai gardé toutes les tâches « déconnectées » pour cette semaine de travail au vert : notes de frais, rangement de mes vieux dossiers dans mon ordinateur. » - Camille, responsable de projets IT

Le conseil de Corneille : « Seul au monde »

Entre votre petite-nièce qui veut absolument vous montrer son dernier trésor (généralement, un caillou ou un insecte coloré) et votre meilleur ami qui raconte sa dernière aventure amoureuse en sirotant un cocktail, difficile de rester concentré(e) sur votre tableau Excel.

Les coins sombres et isolés de votre lieu de vacances sont vos alliés. Isolez-vous autant que possible pour éviter les tentations. Car mieux vaut travailler quelques heures seulement, 100% concentré(e), que papillonner entre vos réunions et les sollicitations de vos proches. « J’ai travaillé une journée sur la terrasse avant de comprendre que c’était la pire idée du siècle, partage Charlotte, consultante. Entre les rayons du soleil sur mon écran, les éclaboussures de la piscine, les guêpes qui venaient me tourner autour… impossible de travailler correctement. Le lendemain, j’ai dû reprendre tout ce que j’avais fait. Depuis, je reste dans une chambre. C’est moins paradisiaque, mais au moins, j’avance. Et je fais des pauses régulières pour profiter - vraiment, cette fois - de l’extérieur. »

Le conseil de Molare : « Coupé décalé »

L’été est souvent une période plus calme, avec moins de réunions. C’est l’occasion parfaite pour changer de rythme et montrer à vos supérieurs que vous êtes capable de travailler différemment. Notamment, aux horaires auxquels vous êtes le plus productif. Une étude britannique montre d’ailleurs que la majorité des individus seraient plus efficaces le matin, avec un pic de productivité vers 10H30.

Lorsque votre activité le permet, changer de rythme vous permet ainsi de vivre deux journées en une. C’est ce qu’a fait Florian, dirigeant d’entreprise, en vacances chez ses grands-parents dans le Sud de la France : « En été, le rythme est plus calme. Je me suis levé tous les matins à 5H30 et je bossais à fond de 6h00 à 13h30. Au final, j’étais peu dérangé et bien plus productif que d’habitude. L’après-midi, ça me permettait de déjeuner avec ma famille, de me reposer avec une longue sieste au bord de la piscine et de faire quelques activités ». Une initiative qu’il encourage également chez ses salariés. Et si votre supérieur n’est pas convaincu (malgré le fait que vous ayez déjà passé un an et demi en télétravail à vous organiser comme vous le souhaitiez), pourquoi ne pas définir avec lui des priorités claires pour votre semaine… puis lui faire des points d’avancement réguliers ? Ainsi, vous pourrez travailler en fonction d’objectifs précis, avec une fin, plutôt qu’en fonction d’horaires de travail à respecter à tout prix.

« En été, le rythme est plus calme. Je me suis levé tous les matins à 5H30 et je bossais à fond de 6h00 à 13h30. Au final, j’étais peu dérangé et bien plus productif que d’habitude. » - Florian, dirigeant d’entreprise

Travail acharné ou oisiveté : trouver l’équilibre

Ne nous mentons pas, le principal intérêt de travailler depuis son lieu de vacances est de pouvoir trouver un équilibre entre travail et loisirs. Il est donc important de faire des breaks pour profiter de cette opportunité. Sans quoi, vous risquez de regretter votre choix et de terminer votre semaine plus frustré(e) qu’en la commençant a un impact certain sur votre travail et votre moral à la rentrée.

En revanche, tomber dans l’excès inverse et profiter de l’opportunité qui vous est offerte pour chiller sur la plage au lieu de remplir vos missions risque de se retourner contre vous. Vous perdrez la confiance de vos collègues et/ou vos supérieurs et n’aurez probablement pas l’occasion de renouveler l’expérience l’année prochaine.

Alors, si vous sentez que ces différentes méthodes ne vous permettent pas de vous maintenir suffisamment motivé(e), trouvez un espace de coworking à proximité de votre lieu de vacances - ou a minima, éloignez-vous de votre entourage et des tentations en trouvant un lieu annexe - pourra vous aider à retrouver efficacité et concentration.

Bref, trouvez votre rythme. Respirez l’air frais, faites quelques longueurs ou une courte balade le matin avant de vous mettre à travailler ou terminez plus tôt pour profiter de l’apéro et du coucher du soleil. Télétravailler depuis son lieu de vacances, c’est comme faire un régime : c’est inutile de se priver de tout, mieux vaut se permettre quelques écarts. Comme l’a (presque) dit Wiz Khalifa : « Work hard, chill hard ».