Soft skills : quelles sont les plus recherchées ?

05. 1. 2022 - aktualizované 05. 1. 2024

5 min.

Soft skills : quelles sont les plus recherchées ?
autor
Laure Girardot

Rédactrice indépendante.

Communication virtuelle, résilience, autonomie, compétences atypiques… Zoom sur 5 compétences qui ont le vent en poupe.

La démocratisation du télétravail et du format hybride a mis de nouvelles compétences humaines et comportementales sur le devant de la scène. Leur maîtrise est devenue indispensable au succès de l’entreprise – et pas seulement en temps de crise. Alors, quelles sont les soft skills les plus prisées cette année ? Sur lesquelles devriez-vous miser dans vos stratégies de recrutement et de management ? Voici 5 compétences comportementales de choix.

L’adaptabilité pour naviguer dans l’inconnu

Avant la pandémie, le télétravail à temps complet concernait moins de 2 % des salariés. Pendant les confinements, jusqu’à 40 % des employés du secteur privé l’ont adopté. Depuis, les chiffres fluctuent au gré du bon vouloir des entreprises et des préférences des équipes. Retenons quand même que 38 % des salariés déclarent recourir au télétravail aujourd’hui, selon le baromètre Télétravail et Organisations hybrides 2022 de Malakoff Humanis. Et que ce virage organisationnel a exigé une grande capacité d’adaptation de la part des collaborateurs, qui ont développé leur flexibilité, leur inventivité et leur gestion de l’imprévu.

Cette année encore, savoir accepter les aléas externes – inflation, crise énergétique… – est vital car le changement constitue une part importante du nouveau paradigme du travail. En effet, 50 % des emplois peuvent déjà être automatisés avec les technologies actuelles. De même, entre zéro et un tiers des activités pourraient être remplacées d’ici à 2030 : 75 à 375 millions de travailleurs devront donc changer de domaine. Indéniablement, les crises successives accélèrent ces prédictions économiques avec comme conséquence, le besoin urgent de s’entourer de personnes plus agiles, capables de travailler de manière hybride, et de rebondir. Côté travailleurs, même constat : 72 % des cadres identifient la capacité d’adaptation comme la compétence n°1 pour faire face aux futures disruptions.

Une bonne maîtrise de la communication mixte en milieu virtuel

Le développement du télétravail et du travail hybride a bousculé les manières de collaborer : multiplication des échanges, hausse de la transversalité, communication plus désintermédiée entre direction et salariés… D’une part, cela exige la maîtrise d’un panel d’outils de communication tels que Zoom, TEAMS et Slack. D’autre part, même si ces logiciels sont généralement intuitifs, manier leurs usages de manière appropriée reste un défi. Par exemple, savoir communiquer au bon rythme et avec les bons outils en fonction de l’objectif de l’échange : réunion individuelle, demande de renseignements, brainstorming, ateliers de travail ou encore questions-réponses. Savoir communiquer est devenu un art en milieu virtuel ! Déjà en 2008, une classification de l’OCDE avait positionné la communication comme l’une des 4 compétences clés du 21e siècle. Les « 4 C » – créativité, coopération, communication et esprit critique – seraient indispensables pour mieux traverser les bouleversements du travail tels que les transitions liées au digital et à l’automatisation.

Cette prospective RH se confirme en 2023 : savoir appréhender la communication en milieu digital est un incontournable pour mener des réunions virtuelles, garder le lien, rester efficaces et gérer ses projets. Mais la communication à distance ne va pas sans une posture d’écoute attentive et une certaine intelligence émotionnelle : savoir reformuler ou encore déceler le non-verbal nécessairement plus subtil derrière un écran. Former les salariés à la conduite de réunions à distance ou mixtes qui soient efficaces et engageantes constitue ainsi un véritable enjeu. « Les soft skills ne sont pas opposées aux hard skills, elles viennent les sublimer », rappelle Julien Bouret, co-auteur de l’ouvrage Le Réflexe Soft Skills (éditions Dunod).

L’autonomie… favorisée par une culture interne adéquate

Souvent isolés derrière leur écran, bon nombre de travailleurs et travailleuses en remote ont appris à gérer seuls les priorités, créer, innover ou même entreprendre. En effet, à distance et avec un management parfois moins directif (en tout cas moins présent), ils s’autorisent à prendre davantage d’initiatives. Même sur un petit périmètre, cette aptitude à oser agir ou décider sans d’interminables validations favorise la confiance en soi. Or la capacité à prendre des décisions ne va pas sans un minimum d’assurance. Fait intéressant, Degreed, la plateforme spécialisée dans la détection et le développement de nouvelles compétences, a publié en 2021 une étude mondiale sur l’état des compétences. Outre les connaissances métiers, certaines soft skills ressortent largement en tête : la prise d’initiatives est en haut du podium, quel que soit le métier, mais aussi le pays.

En 2023, les personnes capables de gérer et piloter leurs différentes missions de manière autonome feront la différence, qu’elles travaillent au sein d’équipes distribuées ou non. Mais attention, l’autonomie ne peut germer ex nihilo au sein d’une organisation. Celle-ci doit promouvoir une culture du droit à l’erreur, former les managers au « servant leadership » et créer un système de valeurs fondé sur la reconnaissance individuelle. Un chantier RH d’envergure… aux effets positifs et durables sur la croissance et la performance.

Plus de coopération pour rebondir et avancer ensemble

Les crises successives ont fait naître des réflexes d’entraide chez les travailleurs, au niveau des projets mais aussi des aspects plus personnels de leur vie : partage de bonnes pratiques sur l’équilibre pro / perso, la gestion du stress, les nouveaux outils… La coopération s’est développée pour faire corps face à un environnement plus complexe. Cette compétence s’avère stratégique pour Boris Cyrulnik, neuropsychiatre : « La résilience dépendra de deux facteurs. L’un est le soutien mutuel des uns envers les autres, la solidarité de tous. L’autre sera notre capacité, ou non, à inventer. Inventer une nouvelle culture ».

En 2023, face aux nouveaux défis qui nous attendent, il faut poursuivre cet effort du travail collectif autour d’un but commun. La coopération doit devenir un moteur des organisations, comme le suggère Maurice Thévenet, professeur à l’Essec Business School : « Quelles que soient les situations, (…) il faudra toujours travailler dur à mieux interagir, collaborer avec les autres ». Il faudra, au sens de Carney et Getz (2009), « libérer les organisations du poids de leurs procédures et de leur hiérarchie, substituer davantage l’autonomie au contrôle, et donc instaurer une culture de coopération ». Celle-ci passe par des valeurs et des comportements observables, qui nécessitent une nouvelle matrice managériale, plus coopérative.

Des soft skills aux mad skills : les compétences atypiques pour « pimper » son année 2023

Quand on sait qu’une compétence technique a une durée de vie qui oscille entre 12 à 18 mois selon l’OCDE, les compétences atypiques, innovantes et créatives sont celles qui compteront vraiment sur le long terme. Leur nom ? Les mad skills. Un concept tout droit venu de la Silicon Valley qui englobe les compétences rares, originales et atypiques d’un individu. Par exemple, l’esprit décalé, l’originalité ou encore la singularité. Le psychologue social Serge Moscovici qualifie les personnes dotées de telles compétences de « déviants positifs ». Leur atout dans un monde en pleine transformation ? Ils n’ont pas peur de porter de nouvelles initiatives ni de challenger l’ordre établi. Ces « corporate hackers » sont des électrons libres généralement dotés d’une vision intuitive et puissante des mutations nécessaires à l’entreprise. Avec les crises sanitaires passées et à venir, les conflits géopolitiques et leurs conséquences, la crise énergétique et l’inflation, on comprend l’intérêt de ces compétences qui permettent de trouver rapidement des réponses à des problématiques opérationnelles et complexes. Par exemple : défricher les modèles de pensée classique, développer de nouveaux produits ou services, proposer d’autres perspectives, inventer d’autres processus internes, lancer rapidement des solutions disruptives…

Alors, purquoi devrait-on parier sur les mad skills ? En s’appuyant sur ces compétences uniques, l’entreprise s’ouvre aux opportunités transformationnelles et accueille les changements inévitables. En effet, « à l’heure où la différence ne se fait plus par les produits mais par les idées, les décideurs sont en quête de profils singuliers dotés d’une forte personnalité, capables de produire des idées disruptives et d’instaurer une véritable culture de l’intelligence collective », souligne Sandrine L’Herminier, autrice de l’ouvrage Tu seras un manager responsable, mon fils !.

Soft skills ou mad skills, l’un des enjeux RH réside essentiellement dans le fait de capitaliser sur ce tissu de compétences émergentes pour ancrer de bonnes pratiques comportementales, notamment autour des usages numériques. Afin de les valoriser et d’en faire un levier de croissance, il faut réinventer la gestion des compétences autour de ce patrimoine interne. Ceci implique une refonte du système d’évaluation, le renouvellement du parcours collaborateur et de la mobilité, de nouvelles politiques de formation ou encore la création de pôles de compétences.

Comment manager des équipes dispersées ?

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Article édité par Héloïse De Montety et Ariane Picoche, photo : Thomas Decamps pour WTTJ

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