Premier job : bras droit du patron. Témoignages

09 sept. 2020

4min

Premier job : bras droit du patron. Témoignages
auteur.e
Marlène Moreira

Journaliste indépendante.

Ils quittent à peine les bancs de l’école et sont déjà affublés d’un titre à faire pâlir leurs anciens camarades de promo : « bras droit ». Tel les sbires du Parrain, prêts à agir dans l’ombre au service de leur nouveau chef, à quoi ressemble leur quotidien ? Dans les faits, ce job rassemble des missions extrêmement diverses : des plus stratégiques, aux tâches les plus opérationnelles. Et les fiches de poste (quand il y en a) ne se ressemblent jamais.
Aperçu du quotidien de plusieurs bras droits. Sans costume à rayures, sans chapeau et sans cigare.

Entre « homme à tout faire » et « baron noir » : la diversité des missions

Il y a quelques années encore, on parlait plutôt d’attaché(e) de direction, d’assistant(e) ou de chef de cabinet. Historiquement, il jouait le rôle de tampon entre son supérieur et ses interlocuteurs, et l’aidait dans ses tâches quotidiennes. Longtemps, ce rôle est resté centré autour de la gestion administrative. Le développement des technologies lui a permis de se libérer du temps sur des tâches répétitives, pour prendre en charge des missions plus larges.

Mais son véritable essor a commencé avec la multiplication des start-up. Équipes réduites, peu de fonctions support, pression importante en termes de résultat : les CEO de la Silicon Valley, puis du reste du monde, cumulent les casquettes et se retrouvent surchargés. Dans cette course contre le temps, l’assistant du patron change de visage. Il devient particulièrement stratégique et endosse des missions “à la carte” : ressources humaines, marketing, finance, etc. S’il conserve généralement des missions de gestion administrative, il permet surtout au dirigeant de déléguer certaines tâches et responsabilités à une personne de confiance, à la fois autonome et débrouillarde.

Enrobé de paillettes et plus proche de la stratégie de l’entreprise, l’intitulé « bras droit » séduit davantage. On croise ainsi de plus en plus de jeunes chanceux dans les couloirs des start-up, des TPE et PME. Et si leurs missions quotidiennes sont extrêmement variées, ils partagent généralement un point commun : leur polyvalence et leur enthousiasme !

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Gestion, stratégie ou management, un métier sans fiche de poste

Pour Prescillia, qui a rejoint Newmat, une entreprise spécialisée dans les plafonds tendus en PVC, ce poste était l’occasion de mettre à profit sa rigueur et ses capacités d’organisation. Mais aussi de changer d’univers après un BTS Tourisme qui ne lui convenait pas : « Je ne connaissais rien au métier et au secteur, mais j’avais de l’énergie à revendre. Je n’avais pas particulièrement envie de me diriger vers des fonctions de management… en revanche je souhaitais être au cœur de l’action, partage-t-elle. Depuis que j’ai pris mon poste, je vis au rythme de mon Président, je suis devenue son « binôme » et aucune journée ne se ressemble ». La clé ? Garder son self-control pour rester efficace en toute situation, mais aussi savoir comprendre et anticiper les attentes, qu’elles soient formulées ou non. Une approche qui a rapidement fait de Prescillia un véritable pilier pour son boss, et pour ses collègues.

Souvent, le poste de bras droit est aussi l’occasion d’accéder à des sujets stratégiques pour l’entreprise. Et parfois, d’avoir son mot à dire. C’est le cas de Camille, qui a rejoint L’atelier du fruit il y a bientôt un an, une société de R&D spécialisée dans le domaine agroalimentaire. « Au départ, j’ai commencé à travailler avec le DG sur un projet interne. Puis petit à petit, j’ai pu faire mes preuves. Aujourd’hui, j’ai une vue assez globale sur les sujets de R&D, je peux donner mon avis. Mon boss prend en compte mes retours et mes opinions sur les sujets que l’on traite ensemble. Et ça, c’est très précieux ». Entre ses recherches, la gestion de projet et les rencontres avec des clients internationaux, son quotidien est bien chargé.

Pour Camille - qui a un diplôme d’ingénieur agroalimentaire et un doctorat en microbiologie et biotechnologie - cette proximité avec son dirigeant est également l’opportunité de développer des compétences qu’il n’a pas eu l’occasion de travailler lors de ses études. Depuis peu, il a pris des fonctions de management : « C’est mon premier poste, et j’ai déjà la chance de pouvoir manager une équipe de deux personnes ! C’est la première fois que j’ai ce rapport hiérarchique, mais je suis bien accompagné pour y arriver ».

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Partager le quotidien du dirigeant, et prendre le relai

Partager le quotidien d’un dirigeant, c’est avant tout avoir une fenêtre sur les enjeux stratégiques de l’entreprise. C’est pourquoi Dominique - dirigeant d’I-MC, une deep-techdans le secteur de l’industrie - a choisi de partager son bureau avec Coline : «Coline travaille à 1 mètre 50 de moi, on « vit » ensemble plusieurs heures par jour. Elle assiste à mes coups de fil, je lui partage mes réflexions et mes questionnements. Elle a une vue sur tous les aspects stratégiques, elle est au cœur du système ». Recrutée dans le cadre du programme VTE (Volontariat Territoriale en Entreprise) de la BPI, Coline et Dominique ont signé une charte qui officialise ce lien de confiance entre le dirigeant et son bras droit, et assure à ce dernier d’être pleinement intégré aux réflexions sur la stratégie de l’entreprise.

Pour le jeune diplômé, c’est aussi l’opportunité de bénéficier du savoir et de l’expérience du dirigeant. Pour Camille, cela ressemblait à un vrai challenge au départ : en VTE également, son bureau est situé à Montpellier tandis que son DG travaille depuis Dijon. Pourtant, et malgré la distance, il est parvenu à créer une relation de confiance. «Mon DG se déplace très régulièrement et nous sommes en contact téléphonique plusieurs fois par semaine. Et il prend à chaque fois le temps de me partager sa (longue !) expérience et ses connaissances, sans quoi jamais je n’aurais pu prendre ces responsabilités et grandir si rapidement ». Car l’objectif de tout bras droit est de finir par voler de ses propres ailes. Il devient alors un relai, un futur manager clé pour l’entreprise. Et c’est l’ambition de Dominique pour son propre bras droit : «Coline travaille autant sur des projets de marketing, que sur du juridique ou des dossiers de financement de l’innovation. Elle a déjà beaucoup de responsabilités chez nous, et elle en a de plus en plus chaque mois. Avec un bras droit, on capitalise les savoir-faire et les valeurs de la société, on prépare l’avenir et on se projette à long terme », conclut Dominique.

La diversité des missions vous intéresse ? Le « bras droit » d’aujourd’hui couvre des réalités et des quotidiens très différents, mais demande toujours polyvalence, autonomie, organisation et résilience. Alors, comment savoir dans quoi vous mettez les pieds ? Des programmes comme le VTE permettent de clarifier les futures responsabilités et les relations entre le dirigeant et le jeune diplômé. Sans quoi, pensez à aborder très concrètement les missions qui vous seront confiées lors de l’entretien d’embauche : aurez-vous des tâches récurrentes à réaliser ? Serez-vous en contact quotidien avec le dirigeant ? À quels projets structurants allez-vous pouvoir prendre part ? Oubliez les fiches de poste puis composez, avec votre boss, un quotidien professionnel sur-mesure.

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Cet article a été réalisé en partenariat avec VTE France. Plus d’infos ici