Dans les coulisses des métiers de la prod'

21 oct. 2019

6min

Dans les coulisses des métiers de la prod'
auteur.e.s
Thomas Decamps

Photographe chez Welcome to the Jungle

Gabrielle de Loynes

Rédacteur & Photographe

Qui n’a jamais rêvé de devenir le futur Marc-Olivier Fogiel ou Arthur, ou bien le prochain Luc Besson, Wes Anderson ou Sofia Coppola ? Dans l’ombre de ces célèbres producteurs de télévision et de cinéma, agissent quantité de métiers sans qui l’œuvre audiovisuelle n’existerait pas. Vous ne lirez peut-être jamais leurs noms dans les magazines et ils ne défilent pas sur les tapis rouges… Pourtant ces métiers de la production contribuent à la création de votre film, série, ou émission préférée. Welcome to the Jungle vous invite dans les coulisses des studios de cinéma, télé et radio, à la découverte des métiers de la prod’.

La « prod’ » : c’est quoi ?

Définition de la production

La prod’ est le surnom donné à la “production audiovisuelle”. Elle désigne l’industrie de la conception et de la réalisation des œuvres audiovisuelles : films, vidéos, documentaires, émissions de radio et de télévision. Concrètement, la production est le processus de fabrication d’une œuvre audiovisuelle de sa création à sa projection/diffusion. En amont de la production, on retrouve deux phases : l’écriture (du synopsis, du script, du scenario) et la conception de l’œuvre dans les grandes lignes (sujet, droits d’auteur, faisabilité technique et financière). Une fois prêts, le scénario et le budget de production sont confiés à un producteur qui constitue son équipe de production. C’est là qu’interviennent véritablement les acteurs de la prod’, et ils sont nombreux !

Portrait d’un secteur fragile

À l’ombre des célébrités, il y a la réalité. En France, le secteur de l’audiovisuel repose sur 3 piliers : la radio, la télévision et le cinéma. Et la concurrence est rude ! Plus de 9 800 entreprises occupent ce marché, avec en moyenne 10 salariés par structure. Parmi les sociétés de production on compte des indépendants (MK2, Endend fiction), mais aussi de gros diffuseurs (Lagardère, France Télévision). Retenez que, pour exercer dans la prod’, les places sont chères et il ne suffit pas seulement d’avoir du talent pour percer et qu’il ne faut pas craindre la précarité. En effet on estime que, dans ce secteur, 65% des missions sont exercées par des intermittents.

Avant le tournage (la pré-production)

Pour produire une œuvre audiovisuelle, il faut non seulement des moyens financiers, mais aussi des talents humains et du bon matériel. Dans la prod’, il faut tout orchestrer et mettre en place pour le jour de l’enregistrement, sans trop s’éloigner de son budget.

Le producteur

Pas d’argent, pas d’œuvre audiovisuelle. C’est le rôle du producteur : trouver des financements pour réaliser un film, une émission… Il lui faut frapper à toutes les portes : aides publiques, prêts bancaires, partenariat avec une chaîne radio ou télé, etc. Très souvent, le producteur apporte lui-même une partie du financement. Sa première décision est celle de choisir l’œuvre qu’il souhaite produire. Il reçoit et étudie de nombreux scénarios, réalise aussi des études de marché avant d’accepter de produire — ou non — une œuvre. Parce qu’il va choisir de soutenir telle œuvre plutôt qu’une autre, son avis compte et le réalisateur pourra difficilement aller contre.

Formation : un BTS métiers de l’audiovisuel option gestion de production dans une école spécialisée, à l’université ou en école de commerce.

L’assistant de production

Comédiens, matériel audiovisuel, éléments de décor, costumes et financement, c’est la mission de l’assistant de production de réunir l’ensemble des moyens nécessaires à la réalisation de l’œuvre audiovisuelle. Avant et pendant le tournage, il établit et gère les plannings et les relations avec les fournisseurs de matériels. C’est lui qui obtient, négocie et valide les devis de tous les prestataires intervenant sur le tournage et pour la post-production.

Formation : un BTS métiers de l’audiovisuel.

Le régisseur général

C’est un peu le maître d’hôtel du tournage. Au petit soin des équipes de production, il veille à l’organisation quotidienne. Blocage d’une rue, hébergement des équipes, restauration, recrutement des figurants, la logistique n’a pas de secret pour lui. Préparé longtemps à l’avance, il doit toujours faire face à des imprévus, à la météo et autres caprices de stars.

Formation : un BTS métiers de l’audiovisuel option gestion de production souvent doublé d’une licence pro ou d’une formation à la Fémis.

Le chef décorateur

Il n’y a pas d’œuvre audiovisuelle sans décor. Qu’il soit construit en extérieur ou dans un studio, le chef décorateur a pour fonction de s’imprégner de l’univers et de l’ambiance de l’œuvre pour réaliser au mieux son décor. Il dirige toute une équipe de repéreurs de lieux, chefs constructeur, artisans (tapissier, couturier, charpentier) … Créatif et force de proposition, il dispose d’une bonne connaissance des techniques de construction et d’histoire de l’art. Il gère aussi le budget et la réalisation de tous les éléments de son décor.

Formation : l’obtention d’un diplôme national des métiers d’arts et du design mention espace (DN MADE) ou un diplôme équivalant en scénographie.

Moteur : action ! (la production)

Tout le monde est présent dans les studios. Acteurs, maquilleurs, coiffeurs, caméraman, perchistes… Mais tout ce petit monde doit intervenir pour une mission précise et à un instant T. Le tournage est réglé comme du papier à musique sous la direction du réalisateur, chef d’orchestre de cette deuxième phase. « Silence, moteur… action ! »

Le réalisateur

Il est souvent à l’origine de l’œuvre. C’est lui qui a lancé le projet d’un film ou même parfois pensé son scénario. Avec une triple casquette d’auteur, manager et technicien, le réalisateur coordonne toutes les étapes de la création de l’œuvre. Depuis la recherche du producteur jusqu’au mixage final, il est omniscient. Pendant le tournage il dirige acteurs et techniciens, c’est le metteur en scène de l’audiovisuel. Lorsque son nom est reconnu, on le voit souvent au côté des acteurs pour la promotion du film. Mais si, vous savez, ce sont les Tarantino, Woody Allen, Gus Van Sant et autres Xavier Dolan…

Formation : l’École de la cité créée par Luc Besson ou un BTS métiers de l’audiovisuel option métiers de l’image offrira une solide formation.

L’assistant réalisateur

C’est le bras droit du réalisateur. Il établit une à une les séquences, réalise un plan du tournage et des fiches techniques détaillant les lieux, décors, personnages, musiques… Sur le tournage, il annonce les répétitions, assure les silences, gère les imprévus. Il tient un rapport de chaque journée de tournage afin de rémunérer le personnel et évaluer les coûts de production.

Formation : un BTS métiers de l’audiovisuel option métiers de l’image ou une formation dans une école d’audiovisuel.

Le chef opérateur

Appelé aussi le directeur de la photographie, le chef opérateur doit veiller à la qualité de l’image. Lumière artificielle ou naturelle, il crée des ambiances. Il doit restituer les couleurs, tons, émotions au plus près des attentes du réalisateur. Doté d’une grande capacité créative et d’un sens artistique aigu, il maîtrise parfaitement les techniques de caméra, filtres, pellicules…

Formation : un BTS métiers de l’audiovisuel option métiers de l’image, ou une formation plus photographique.

L’ingénieur du son

L’ingénieur du son est l’oreille du réalisateur. Technicien du son et doté d’une grande culture musicale, il crée l’identité musicale de l’œuvre audiovisuelle. Dès la lecture du script, il doit concevoir la qualité du son, la tonalité des dialogues, les bruitages. Lors de l’enregistrement, il gère les perchistes et lutte contre toute interférence audio. En post-production, il est en charge du mixage pour obtenir la bande-son finale de l’œuvre.

Formation : un BTS métiers de l’audiovisuel option métiers du son ou encore un diplôme du conservatoire de musique.

Le bruiteur

Une claque, un verre qui se casse, une porte qui grince… autant de sons que l’on entend dans une œuvre audiovisuelle réalisés par le bruiteur. Recréés en studio avec des enregistrements audio, des instruments ou même des objets (du sel, une chaise…) ces sons crédibilisent la scène. Bonne oreille, esprit d’analyse, le bruiteur dispose surtout d’une grande imagination.

Pas de formation particulière, mais il faut avoir l’oreille fine et une bonne connaissance de la musique.

Le cadreur

Si l’ingénieur du son et le bruiteur sont les oreilles du réalisateur, le cadreur est son œil. C’est lui qui détermine les mouvements et les prises de vue. Derrière sa caméra il suit et anticipe le jeu des acteurs. Ce rôle est parfois absorbé par les réalisateurs, mais la majorité des réalisateurs sont assistés de cadreurs.

Formation : un BTS métiers de l’audiovisuel option métiers de l’image, mais aussi le Centre national du Cinéma (CNC) ou l’École Louis Lumière.

De la boîte à l’écran (la post-production)

Ça y est, c’est dans la boîte. Mais que deviennent les rushes (prises de vue) ? Montage, trucages, mixage, vous entrez dans la phase de post-production. C’est la dernière étape avant de confier l’œuvre finie à un distributeur pour sa diffusion au grand public.

Le monteur

Une séquence de 15 minutes de film nécessite en moyenne 20 heures de travail de montage. Le monteur a pour mission de visionner l’ensemble des rushes et de sélectionner minutieusement les meilleurs. Son sens artistique et son sens du rythme lui permettent de réaliser un premier montage, affiné peu à peu. C’est lui qui met en place des effets et synchronise le son avec l’image.

Formation : un BTS des métiers de l’audiovisuel option montage et post-production ou un diplôme d’une école spécialisée (ESRA ou Fémis…)

Le truquiste

C’est un magicien. Le truquiste, qui intervient après le tournage, transforme l’image et réalise des effets spéciaux. Il est un peu le maître Photoshop de l’audiovisuel : disparition d’objet, suppression d’une ombre, ajout d’un détail, il réalise de nombreux trucages.

Formation : outre un BTS des métiers de l’audiovisuel option montage et post-production, il complète son parcours par une formation en effets spéciaux.

Les profils recherchés

« Le cinéma est fait pour tous ceux dont la curiosité est le plus grand défaut » Claude Lelouch, artiste, cinéaste, producteur et scénariste.

Pour percer dans ce milieu, vous l’aurez compris, il faut être curieux et passionné par l’univers de l’audiovisuel. C’est cette passion qui vous donnera une solide culture cinématographique et artistique. Errer à la cinémathèque, soirées ciné en solitaire, passion du cinéma d’auteur, comme du cinéma en noir et blanc… l’audiovisuel est fait pour vous. De toute évidence, le profil audiovisuel est sensible et créatif. Mais il doit aussi avoir les pieds sur terre ! Vous ne réussirez que si vous êtes organisé, travaillez d’arrache-pied et entretenez votre réseau

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Photo d’illustration by WTTJ