Partir travailler à Rome

06 juin 2019

5min

Partir travailler à Rome
auteur.e
Anouk Renouvel

Freelance @ Communication numérique

Rome, l’une des villes les plus emblématiques du monde ! Qui n’a jamais rêvé d’une expatriation dans la capitale italienne (surtout après visionnage du film Mange, Prie, Aime) ? La dolce vita, la langue italienne, la gastronomie : quelle que soit votre motivation, on vous soutient dans votre démarche avec notre guide d’expatriation.

Le marché de l’emploi

Avec un PIB à 0,1% en 2018 et un taux de chômage à 10,7% en 2019, l’Italie affiche une situation économique plutôt morose. Et malheureusement, ça se ressent sur le marché du travail de la capitale. Mais haut les coeurs, trouver un poste à Rome est toujours possible, surtout pour les plus motivés. Dans un premier temps, il va falloir perfectionner votre italien : parler anglais (voire français) est certes un atout, mais maîtriser la langue nationale est obligatoire pour décrocher un emploi. Il va bien sûr falloir traduire votre CV en italien (tout comme votre profil LinkedIn), et l’adapter aux us et coutumes locaux, c’est-à-dire certifier son consentement quant à l’utilisation de ses données personnelles, daté et signé s’il vous plaît.

On aurait aimé vous conseiller de contacter les entreprises françaises implantées sur place, au nombre de 163 quand même, mais elles ont tendance à privilégier les Italiens plutôt que leurs compatriotes. Tournez vous plutôt du côté des organisations internationales comme l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, le Programme Alimentaire Mondial, ou le Fonds International de Développement Agricole, dont les sièges sociaux sont à Rome.

C’est aussi le moment de jouer la carte du réseau, en vous rapprochant des expatriés français, évidemment, mais aussi de la Chambre Française du Commerce et de l’Industrie pour vous faire des contacts. Enfin, en plus de LinkedIn, Monsters ou Glassdoor, traquez les annonces sur les sites de recrutement dédiés à Rome comme Wanted in Rome ou Job in Rome et prenez rendez-vous avec des agences de recrutement (Porta Futuro, Adecco…). Une recherche de longue haleine vous attend, mais on a rien sans rien, n’est-ce pas ?

Pour les freelances et les start-uppers

Pour travailler à votre compte, vous avez besoin d’une autorisation officielle appelée nulla osta, pour laquelle vous devez faire la demande auprès du bureau tribunal de votre localité. Ensuite, nous vous conseillons d’opter pour la création d’une Societa Semplice à Accomandita (SAS) ou Société en commandite simple, c’est-à-dire une société sans minimum de capital ou d’actionnaires. Vous devrez inscrire votre entreprise auprès du registre des sociétés et au registre des impôts. Faites en même temps la demande d’un numéro de TVA, qui devra figurer sur vos factures.

La scène entrepreneuriale pourrait être plus dynamique mais vous trouverez tout de même les bureaux d’Ulule, premier site de financement participatif européen ou ceux de l’application Sweet.Inn, qui vous permet de louer des appartements pour vos voyages touristiques ou professionnels en Europe. La ville n’attend plus que vous pour créer sa prochaine licorne !

Les secteurs qui recrutent :

  • La finance
  • L’immobilier
  • Conseil
  • Tourisme

Avant de lancer les négociations salariales, gardez en tête que les salaires italiens sont bien plus bas que les salaires français. Cela est souligné dans le Petit Journal par Béatrice, responsable chez Manpower à Rome : « Les salaires sont très bas, y compris pour les diplômés d’études supérieures. Il n’est pas rare que l’on propose à peine 1 000 euros par mois ». Information confirmée par une expatriée française, qui confie à Courrier International : « Les salaires, même pour des postes très qualifiés, restent plutôt modestes. » Notons également que le salaire moyen dans la capitale s’élève à 1 360 euros mensuels contre 2 250 euros par mois en France.

La vie en entreprise

La semaine de travail est de 40 heures, que vous passerez dans une ambiance « très très détendue » s’amuse Antoine, expatrié sur place depuis 11 ans déjà, qui a travaillé dans les secteurs de la santé, de l’enseignement et du tourisme. Les Romains sont plutôt chaleureux, et les relations entre collègues sont particulièrement cordiales : il est rare de prendre sa pause déjeuner ou café seul.

Par ailleurs, les Italiens sont très attachés à la famille et les employeurs sont pour la plupart assez flexibles sur la question des horaires. Si la majorité des salariés font du 9h-18h, il est possible d’ajuster vos horaires (à condition que vous fassiez bien vos huit heures journalières) pour pouvoir emmener ou aller chercher vos enfants à l’école.

Les plus

  • Le congé maternité dure 5 mois, rémunéré à 80% (mais vous pouvez négocier avec votre entreprise une rémunération à 100% avant la signature de votre contrat !)
  • Si le congé paternité n’est que de 5 jours, il est aussi possible de profiter d’un congé parental de 11 mois (jusqu’au 12 ans de l’enfant), qui peut être divisé entre les deux parents. La rémunération dépend de l’âge de l’enfant et de la situation financière des parents.
  • Toujours la gastronomie et le vin italien
  • « Je suis littéralement tombée amoureuse de la ville, qui offre culture et histoire à tous les coins de rue » raconte Karine, enseignante qui s’est installée dans la capitale il y a huit mois. « La beauté de la ville est époustouflante » nous confirme Antoine.

Les moins

  • Vous aurez le droit à 20 jours de congés payés (auxquels s’ajoutent 11 jours fériés) : un chiffre honnête, mais ça fait quand même 5 de moins qu’en France ;
  • Il n’existe pas de salaire minimum en Italie.

La vie sur place

« Ce que j’aime, c’est le climat, la beauté de la ville, l’ensemble des parcs et autres espaces verts, les restaurants où l’on peut manger sur le pouce un bout de pizza al taglio ou un supplì pour un prix totalement abordable » nous raconte Antoine. Que pouvons-nous ajouter ? La capitale italienne, véritable ville-musée, est riche en sorties culturelles : Colisée, Vatican, sites architecturaux de toutes sortes, temples et amphithéâtres antiques en pagaille… On y retrouve également de quoi sortir (restaurants, bars, clubs…) pour toutes les bourses. Les fashionista et fashionisto trouveront également leur bonheur dans toutes les boutiques de la ville. Pour ceux qui sont plus nature, plusieurs plages sont accessibles à seulement une heure de train… Seul bémol : « la ville est assez polluée » tempère Karine, et la circulation automobile peut être assez chaotique !

Infos pratiques

Loyers

Comme dans toute capitale européenne, les prix des loyers sont plutôt élevés : comptez 2000€ en moyenne pour un appartement de trois pièces en centre-ville, loyers qui peuvent grimper à 3000, voire 3500€, dans les quartiers les plus prisés, comme Parioli par exemple. Évidemment, plus vous vous éloignez en périphérie, plus les loyers sont bas.

Santé

Vous pouvez bénéficier du régime de Sécurité Sociale italien. En tant que salarié, vous cotisez pour votre retraite, tandis que l’employeur cotise pour la maladie, le congé maternité, les accidents du travail, le chômage et les prestations familiales. En arrivant, vous devez vous inscrire à votre Agence Sanitaire Locale et choisir un médecin traitant pour bénéficier de la couverture maladie. Les soins généralistes, pédiatriques et liés à la maternité sont remboursés à 100%. En revanche, les consultations de spécialistes ne sont, elles, que partiellement remboursées.

Transports

Un ticket coûte 1,50€ et vous donne droit à 100 minutes de trajet dans un bus, mais un seul trajet dans le métro ou le tramway. Vous pouvez aussi investir dans une carte mensuelle : 35€ et des trajets illimités sur l’ensemble du réseau ! On vous rappelle quand même que Rome ne compte que deux lignes de métro (la troisième est très courte, sa construction ayant été interrompue pour cause de trouvailles archéologiques sous la capitale italienne, surprise) contre six lignes de tramways et 350 lignes de bus !

Internet et téléphonie mobile

Pour votre téléphone, vous pouvez choisir entre les opérateurs Vodafone, TIM et Tre qui vous proposent une éventail d’offres allant de 6 à 40€/mois. Chez ces mêmes opérateurs, vous trouverez des offres TV et internet à partir de 3€/mois.

Infos visas

Vive l’espace Schengen : pas besoin de visa à proprement parler même si quelques démarches administratives vous attendent. Vous devrez en effet faire la demande de votre “codice fiscale”, le numéro fiscal, obligatoire pour travailler ou pour bénéficier du régime de sécurité sociale. De même, vous devez obligatoirement vous enregistrer auprès de votre mairie.

Tous les chemins mènent à Rome (oui, il fallait quand même le placer) donc autant partir maintenant ! À vous le mode de vie italien, que toute la Terre envie : « Mangia bene, ridi spesso, ama molto » (soit en français : bien manger, rire souvent, aimer beaucoup), tout un programme !

Photo d’illustration by WTTJ