Partir travailler à Stockholm

13 mars 2020

6min

Partir travailler à Stockholm
auteur.e
Anouk Renouvel

Freelance @ Communication numérique

La réputation des pays scandinaves n’est plus à faire : les gens y seraient heureux, chantent ABBA à tue-tête et ont influencé la planète avec leur style hipster. Bon, toutes ces informations ne sont pas forcément exactes à 100%, on vous l’accorde, mais si ce style de vie vous attire, peut-être que travailler à Stockholm, la capitale suédoise, est fait pour vous ! On espère que notre guide pour s’y expatrier confirmera votre envie de sauter le pas.

Le marché du travail

Et si la Suède était un pays d’innovation ? Une chose est sûre, la scène entrepreneuriale du secteur technologique (notamment la Fintech et la Biotech) est aujourd’hui en pleine effervescence à Stockholm ! Ces derniers temps, le pays s’intéresse de près aux énergies vertes et favorise les innovations au coeur du développement durable, notamment dans les domaines des transports, de l’alimentation ou encore de l’énergie. Ces sujets vous passionnent ? Stockholm n’attend que vous ! L’entrepreneuriat y est d’ailleurs fortement encouragé. En témoigne Sylvie, installée à Stockholm depuis 1995 et aujourd’hui coach de grossesse et naissance : « Si le taux d’imposition est fort (jusqu’à 28% en fonction du type d’entreprise choisi, contre moins de 25% en France), il est tout de même très facile de créer son entreprise. »

Du côté des salariés, il faudra composer avec un processus de recrutement plus long qu’en France : Pauline, qui vit sur place depuis un an en tant que Pricing calculation manager (soit Responsable de tarification pour ceux qu’on a perdu), nous le confirme : « J’ai trouvé un travail plutôt facilement, même si j’ai beaucoup attendu entre le moment où j’ai postulé et le moment où j’ai été embauchée. »

Il faudra peut-être faire preuve de flexibilité, et revoir vos attentes salariales à la baisse, au moins dans un premier temps, comme l’explique Fabrice, architecte, qui a déménagé il y a 5 ans : « Cela m’a pris un an pour obtenir un contrat de travail, et ce malgré mes 10 ans d’expérience en France : j’ai fini par accepter un salaire extrêmement bas pour exercer en tant qu’architecte sans expérience en Suède. » Gardez en tête que le taux de chômage de la capitale suédoise tourne autour de 6%.

Concernant la langue, il semblerait que parler couramment Suédois ne soit pas obligatoire pour travailler, comme le souligne Fabrice : « Au niveau professionnel, le fait de ne pas parler Suédois n’est pas rédhibitoire, cependant, il s’agit d’un frein au développement de votre vie sociale. » C’est un ressenti partagé par Olivier, consultant en informatique qui a sauté le pas en 1995 : « Dans mon entreprise, je pouvais utiliser l’anglais pour communiquer et faire mon travail, mais je me suis vite aperçu que l’apprentissage du Suédois était indispensable pour pouvoir bavarder avec mes collègues pendant les nombreuses fika (pause-café), où tout le monde parle Suédois. »

Sachez également que plus de 400 entreprises françaises sont installées en Suède et emploient environ 40 000 salariés : peut-être un bon point de départ pour commencer à postuler ?

Les secteurs qui recrutent* :

  • Le secteur du numérique : un développeur web gagne environ 38K KR/mois (soit environ 3 600 €)
  • Le secteur du BTP (bien qu’en tant qu’étranger on puisse être moins privilégié que les locaux) : un architecte gagne entre 41 et 48K KR/mois (entre 3 900 et 4 500 €)
  • L’export : un product manager gagne environ 51K KR/mois (un peu moins de 4 700 €)
  • Industrie énergétique : un ingénieur peut gagner jusqu’à 55K KR par mois (soit 5 200 €)
  • La restauration : chaque année, de plus en plus de restaurants et bars ouvrent leur porte, une bonne nouvelle pour le marché du travail comme pour votre vie sociale !
  • Le secteur médical : comme d’autres pays européens, la Suède est confrontée au vieillissement de sa population, d’où une demande de personnel médical pour faire face à la prise en charge de ces personnes âgées

Notez que le pays publie tous les ans une liste, disponible uniquement en Suédois (il va vraiment falloir songer à s’y mettre), des métiers qui recrutent.

La vie en entreprise

En Suède, la loi a fixé le temps de travail hebdomadaire à 40 heures par semaine, mais il est possible de faire des heures supplémentaires, qui seront rémunérées. Au niveau du management, ceux qui ont quelques années d’expérience en France seront peut-être surpris : en Suède, la hiérarchie est très horizontale. Autrement dit on prend des décisions à l’unanimité, on travaille en autonomie. On essaie également d’éviter au maximum le stress et les périodes de “rush”, et on tient à ce que l’équilibre entre vie professionnelle et vie de famille soit respecté.

Olivier nous confirme que travailler à Stockholm est très agréable : « Mes rares heures supplémentaires sont bien payées, mais l’idée générale est d’avoir un bon équilibre vie professionnelle/vie familiale. Mes supérieurs sont bienveillants et autorisentle télétravail. » D’autres Français installés sur place ne cachent pas leur étonnement : « Pour exagérer, je dirais que la culture du travail ici est de ne pas travailler, plaisante Fabrice. Il est très facile de prendre des journées, on nous demande de faire le minimum, mais l’avantage, c’est que je ressens très peu de pression au travail, et que j’ai le temps de pratiquer des activités sportives et culturelles pendant la semaine ! » Pauline ajoute : « Ici, le présentéisme n’existe pas », même si la “réunionite” a frappé de plein fouet l’organisation du travail suédoise. À laquelle s’ajoute des prises de décisions plutôt longues, car il faut absolument arriver au consensus… Bref, vous l’aurez compris, c’est tout un rythme à prendre.

Les gros plus

  • Vous ne perdrez pas un jour de congé payé par rapport à la France : en Suède, le nombre de jours de congés s’élève à 25, auxquels s’ajoutent 11 jours fériés.
  • En Suède, les parents se partagent un congé parental de 480 jours, à condition que chacun d’eux prenne au moins 3 mois.
  • La pause café, une institution nationale et les nombreuses pâtisseries suédoises, comme les cinnamon rolls, qui mettent la cannelle à l’honneur !

Les petits moins

  • La Suède, longtemps dans le top 10 des pays où s’expatrier du fameux classement HSBC, a dégringolé à la 33e place en 2019. Les facteurs qui ont joué ? La difficulté de s’y faire des amis et la limitation des possibilités d’évolution professionnelle.

  • Attention à bien vous renseigner sur les formalités administratives suédoises, pas forcément claires pour les étrangers. Ainsi, Fabrice nous avertit : « en Suède il faut souscrire une assurance chômage privée pour obtenir des indemnités. Même les Suédois ne sont pas forcément au courant ! » En effet, pour toucher vos indemnités, il faut s’être inscrit à l’une des 27 caisses d’assurance chômage et avoir travaillé pendant au moins un an !

La vie sur place

Stockholm est une option parfaite pour ceux qui aiment la vie en ville, autant que pour les amoureux de la nature : « Les réserves naturelles sont à seulement une demi-heure ! » s’enthousiasme Fabrice ! Les explorateurs en herbe pourront aussi profiter d’escapades dans l’archipel pendant l’été. Avec ses 2,2 millions d’habitants qui se déplacent pour la plupart à pied ou en vélo, cette capitale à échelle humaine ravira donc les esprits les plus calmes.

Fabrice le résume en quelques mots : « Avec mon compagnon, nous avons surtout été séduits par la présence de la nature, de l’eau et la tranquillité, même en ville. » Et si bien sûr, Stockholm propose - comme toute métropole digne ce nom - nombre d’activités culturelles et de loisirs, notez tout de même que les magasins, les restaurants, les clubs et les bars ferment assez tôt, en comparaison à la France. Par ailleurs, il peut être assez difficile de nouer des contacts sur place : « Les Suédois sont assez froids, il est rare de tomber sur quelqu’un de souriant, et l’humour n’est décidément pas le même ! » explique Fabrice.

Informations pratiques

  • Loyer : Le secteur du BTP est en plein essor, notamment en raison de la pénurie de logement que connaît actuellement la Suède. Conséquence ? Les loyers sont particulièrement hauts. Pour un studio en centre-ville, il faut compter en moyenne 1 200 €/mois.

  • Santé : en Suède, tout le monde est logé à la même enseigne, qu’il s’agisse des salariés comme des travailleurs indépendants. Comme en France, vous cotisez tous les mois 7% de votre salaire ou de vos revenus bruts annuels à une assurance santé publique et universelle. Les cotisations salariales sont dédiées exclusivement au financement des retraites, tandis que les cotisations patronales s’élèvent à 30% des revenus bruts. Elles financent également les retraites également mais aussi l’assurance santé, le chômage et les congés parentaux.

  • Transports : pour utiliser les transports en commun de Stockholm, vous aurez besoin d’une carte SL (Stockholms Länstrafik). Deux options s’offrent à vous : créditez régulièrement votre carte (un trajet coûte 31 couronnes, soit 3 euros) ou prendre un abonnement mensuel, qui s’élève en 2020 à 930 couronnes (88 euros) par mois (les augmentations pour 2021 et 2022 ont déjà été annoncées : l’abonnement passera d’abord à 950 puis à 970 couronnes mensuelles (90 puis 92 euros)

  • Internet et téléphone mobile : une box internet vous coûtera en moyenne 30 euros par mois, avec des offres similaires à ce que l’on peut trouver en France. De même, vous aurez de quoi faire du côté des offres mobiles, avec des abonnements qui peuvent aller de 49 à 300 KR/mois (de 5 à 30 €).

Visas

Bonne nouvelle ! La Suède fait partie de l’espace Schengen : vous pouvez donc vous y installer sans faire de longues et éreintantes demandes de visas. Cependant, dès votre arrivée, faites la demande de votre numéro de Sécurité Sociale, appelé “personnummer”, qui vous sera demandé à chaque formalité administrative. Cette étape est indispensable pour obtenir un appartement comme pour prendre un abonnement téléphonique.

Pour obtenir ce précieux numéro, il faudra donc vous rendre dans le bureau de l’administration fiscale suédoise le plus proche de chez vous, avec une preuve d’embauche (il n’est pas possible de faire la demande de ce numéro en tant que demandeur d’emploi). Vous n’avez pas encore de travail ? Pas de panique, vous avez quand même le droit de résider 6 mois en Suède, ce qui vous laisse le temps de trouver un job !

On espère vous avoir convaincu de sauter le pas, pour tenter votre chance à Stockholm et adopter le mode de vie d’un “vrai” hipster !

*les salaires sont en couronnes.

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Photo d’illustration by WTTJ