Jérémy Clédat
CEO, auteur
Il y a 20 ans, Eric Altmayer et son frère Nicolas créent Mandarin Films, une société de production cinématographique. Aujourd’hui Mandarin Films, toujours conduit par ce tandem familial, est une institution incontournable du cinéma français.
Ces deux frères, les « Deux Tours » comme on les appelle dans le milieu du fait de leur 1m90 chacun, connaissent le cinéma dans son ensemble. Depuis des années ils composent avec son fonctionnement, ses règles de vie et ses codes. Alors, quand Eric a accepté de nous livrer quelques tuyaux pour intégrer le milieu du cinéma, on s’est dit que ça pourrait vous intéresser.
Avec Eric, pas de langue de bois – ce serait mal le connaître – que des conseils francs, avisés, précieux. Il répond à nos questions et examine sans détour les règles, les préjugés et les faux-semblants d’un milieu pas si exubérant et limpide que l’on peut le penser. Un monde dont il faut apprendre à conjuguer chaque règle pour réussir et s’épanouir.
Me demander : « Qu’est ce que je peux faire pour vous ? ».
Dans le milieu du cinéma, nous pouvons observer deux choses. Premièrement, la demande est supérieure à l’offre, c’est-à-dire qu’il y a plus de candidats que d’élus. Deuxièmement, c’est un secteur « à part » dans la mesure où il fait rêver, on aura donc tendance à s’imaginer que le spectre du recrutement est plus large et donc flou. Ce qui est faux ! Au contraire, ces deux considérations doivent amener à un positionnement ferme et défini de la part des candidats. J’entends par là, que chaque candidat montre qu’il a eu une réflexion personnelle sur le secteur d’activité dans sa globalité mais aussi sur l’employeur qu’il a en face de lui. En outre, savoir pourquoi il a choisi ce secteur et pourquoi il a décidé de se présenter devant le recruteur.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que dans un secteur aux tendances irrationnelles, le recruteur sera sensible et rassuré par un candidat rationnel.
Je vais vous donner un exemple précis, que j’ai vécu quand j’ai commencé à chercher du travail dans ce secteur. Mes premières candidatures étaient vagues, sans véritables propositions claires et affirmées. Je vantais, certes, sans détour mon amour pour le cinéma mais sans suggérer de véritable réflexion ni sur le secteur, ni sur le chemin que je souhaitais emprunter. Je n’ai eu aucune réponse… J’ai réalisé mes erreurs quand 2 ans plus tard, mon frère jeune diplômé d’école de commerce, a trouvé rapidement du travail dans ce secteur. Sa force, avoir proposé un CV rigoureux et construit. Au final, il a été embauché tout de suite.
Ce qu’il faut retenir de cet exemple, et j’insiste sur ce point, c’est qu’il existe un véritable fossé entre ceux qui arrivent « la bouche en cœur » en disant « j’adore le cinéma » et ceux qui s’intéressent et ont réfléchi aux tenants et aboutissants de ce secteur.
Ce qui fera votre force devant un recruteur ce sont les connaissances que vous aurez acquises au préalable sur le secteur et ses spécificités. Il faut que la personne que vous avez en face de vous ressente votre appétence d’une part pour le monde du cinéma, d’autre part pour son entreprise. Vous allez ainsi capter l’attention de votre interlocuteur et renforcer votre crédibilité.
Regardez des films, des bons, des mauvais, des jeunes, des anciens car c’est une école formidable.
Même s’il n’existe pas de profil type, j’ai quand même remarqué un accroissement des profils issus d’école de commerce ou d’ingénieur. Je ne dis pas que c’est la formation privilégiée, le fait d’avoir un super diplôme n’est pas le gage absolu d’un examen privilégié. C’est juste une tendance de ces dernières années.
Le mot d’ordre : ne pas se la jouer ! J’entends par là, ne reniez pas votre nature au profit des aprioris que vous avez du milieu. J’ai souvent l’occasion de voir des looks qui « sonnent faux » avec la personnalité. Vous ne devez pas vous adapter à l’image que vous avez des personnes qui travaillent dans le cinéma, bien au contraire : soyez vous-même !
« Je suis prêt à faire tout ce que vous voulez ».
Ce qui fait vraiment la différence, c’est ce que le candidat a fait au-delà de ses études. Je suis toujours curieux de savoir si il a eu une activité extra-scolaire en lien avec notre secteur. Cela va ainsi montrer son implication et son intérêt pour ce domaine. Par exemple, si vous avez réalisé un court métrage ou générateur d’un projet de ciné club, c’est selon moins un atout considérable, alors n’hésitez pas à partager dessus.
Nous avons effectivement un jargon dans le milieu du cinéma, mais c’est plus une déformation professionnelle qu’une condition sine qua non pour intégrer cet univers. Je dirais même que je m’en méfie, tout comme le dress code, essayer d’être quelqu’un d’autre, c’est toujours dangereux.
D’un point de vu des producteurs, la loi de la jungle c’est d’être constamment dans un état de schizophrénie latent. En effet, le producteur est partagé entre le sentiment d’être menacé, de ne pas être en mesure de pouvoir assumer les risques liés à son métier. En parallèle, il est soucieux de son égo et de son statut.
Au regard de cette schizophrénie, le candidat devra se montrer habile en ayant un rôle bienveillant. Il devra ainsi savoir briller par ses compétences qui vont renforcer le poids et le prestige du producteur tout en gardant ses distances pour ménager les égos de chacun. C’est une balance subtile qu’il faut réussir à trouver si vous voulez intégrer cette jungle.
La cinéphilie fait partie des choses importantes pour autant que l’on puisse en attester.
CEO, auteur
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