8 techniques de coach pour s'entraîner à l'entretien d'embauche

21 ene 2021

8 min

8 techniques de coach pour s'entraîner à l'entretien d'embauche
autor
Gabrielle de Loynes

Rédacteur & Photographe

Passer un entretien d’embauche, c’est un peu comme courir un marathon. On ne court pas 42 kilomètres, du jour au lendemain, sans une solide préparation. Il faut exercer son corps à l’épreuve d’endurance qui nous attend et tenir l’effort sur la durée. Mental d’acier, persévérance et régime vitaminé, le sportif doit se mettre en condition. Pour le candidat à l’entretien d’embauche, c’est un peu le même combat. Et de toutes les compétitions, c’est sûrement la discipline la plus redoutée. Parmi les participants, nombreux et performants, un seul sortira vainqueur. Celui qui parviendra à se révéler dans l’adversité, à se dépasser et à se démarquer par ses capacités.

Comment s’entraîner à surmonter l’épreuve de l’entretien d’embauche et donner le meilleur de soi-même ? Suivez les conseils de la coach professionnelle Marie-Laure Deschamp !

Entretien : pourquoi faut-il s’entraîner ?

Pour se préparer à l’entretien d’embauche, il faut travailler aussi bien « le fond que la forme, recommande la coach. Les raisons à cet entraînement sont propres à chacun », explique-t-elle. Pour l’un, il s’agira de renforcer sa confiance en soi, pour un autre apprendre à se raconter de manière vivante, ou encore s’exercer à bannir des tics de langage… Concrètement, l’entraînement consiste à se muscler et à miser sur ses forces pour emporter l’adhésion du recruteur. « Il faut se rendre à l’entretien d’embauche en ayant conscience de ses forces, mais aussi de ses propres limites, résume Marie-Laure Deschamp. Le bon état d’esprit, c’est de se dire que son profil répond aux besoins de l’entreprise. » Ainsi, il n’y a pas de raison que ça ne matche pas. « L’objectif est de donner le meilleur de soi-même », poursuit-elle. Toutefois, il arrive que l’on tombe sur un recruteur malveillant, qui cherche à nous piéger. « *C’est aussi à cela à quoi sert l’entraînement : se préparer au pire, anticiper cette hypothèse et savoir comment rebondir. » Comme un joggeur va analyser en amont le parcours qui l’attend et se préparer à d’éventuels obstacles, « un bon entraînement à l’entretien d’embauche est celui qui rassure le candidat.* »

Comment s’entraîner ?

1. Répéter devant un miroir ou se filmer

« Je dois penser à sourire, réduire mon débit de parole, articuler quand je parle, éviter les “euuhh” et autres tics de langage », voilà ce qui ressort d’un examen attentif de sa prestation orale en entretien. « Se filmer ou s’entraîner devant un miroir permet d’observer quelle image on renvoie de soi, analyse la coach. Cela peut aider à prendre du recul et corriger certains travers. » On pourra ainsi adopter un langage corporel plus ouvert, remplacer les tics verbaux par des silences, ou s’efforcer de sourire : « C’est une technique très utile pour celui qui cherche à augmenter ses performances à l’oral et qui veut s’améliorer. En revanche, elle n’aura aucun effet positif sur celui qui a une mauvaise image de lui et qui a tendance à se dévaloriser. Il adoptera très probablement un regard critique, dénigrant sa présentation et ne retiendra que le négatif. » Un entraînement exigeant qui semble surtout réservé aux sportifs de haut niveau…

2. Impliquer ses proches

Qui n’a jamais pensé à s’entraîner avec un proche ? D’abord avec votre partenaire, le premier à crier : « Aller, aller, aller ! Tu vas tout déchirer ! » Ensuite, la bonne copine dont on sait qu’elle porte sur nous un regard bienveillant : « Au pire ce n’est pas grave, on t’aime quand même. » L’oncle Tony qui exerce précisément dans le secteur où vous avez postulé : « C’est un domaine de killers, tu dois sortir les crocs, sans quoi tu vas te faire bouffer ! Go, go, go ! » Ou encore maman chérie, qui a toujours été là pour nous faire réciter nos leçons avant un examen…
« S’entraîner devant un proche est un bon moyen de se confronter au regard de l’autre et de se mettre en condition pour l’entretien, examine Marie-Laure Deschamp. Cela permet de roder son discours, de gagner en clarté. Mais, encore une fois, tout dépend de la personne qui est en face de vous. Elle n’aura probablement pas les connaissances techniques du métier, ni la même vision du recrutement. Sur la forme c’est intéressant, mais sur le fond l’entraînement est forcément biaisé. » Si vous faites le choix de vous faire coacher par une personne de votre cercle d’amis ou par un membre de votre famille, « prenez de la distance avec les retours qui vous sont faits », met en garde la coach. Questionnez votre rapport à l’autre. « Une personne encourageante qui a tendance à vous valoriser, aura peut-être du mal à vous formuler des feedbacks constructifs, poursuit-elle. D’un autre côté, quelqu’un qui a une vision dévalorisante de vous, risque fort de vous faire perdre confiance en vous. » Alors, peut-on faire de chaque proche un coach potentiel ? Pas vraiment et mieux vaut réfléchir à deux fois avant de sélectionner votre entraîneur…

3. Se faire accompagner par un pro

« Si vous ne vous sentez pas apte à vous entraîner seul et que vous ressentez le besoin d’être accompagné, souligne Marie-Laure Deschamp, mieux vaut le faire avec un professionnel. » En y réfléchissant, c’est une évidence : on ne s’entraîne pas au marathon avec notre petit frère, coureur du dimanche ! C’est exactement la même chose pour la sphère professionnelle. Que vous fassiez appel à un coach professionnel ou une association (l’Apec, Pôle emploi…), un vrai professionnel saura vous aider à porter un regard objectif sur votre parcours. « En prenant de la hauteur, explique la coach, vous serez plus en mesure d’identifier vos atouts et de mettre en valeur vos points forts. L’objectif est d’apprendre à travailler le regard que vous portez sur vous-même et de développer votre confiance en vous. Ainsi, vous pourrez raconter votre histoire à votre avantage. »

4. Se mettre dans la peau du recruteur

Qu’il s’agisse d’un marathon ou d’un entretien d’embauche, l’anticipation de l’épreuve alimente nos craintes. On projette sur cet événement toutes nos peurs. C’est ainsi qu’on en vient à supputer que le recruteur va nous trouver « incompétent, médiocre, sans substance » ou je ne sais quel qualificatif dévalorisant. Vous n’avez même pas commencé à courir que vous vous sabotez ! Pourtant, bien souvent le recruteur ne vous veut pas de mal, bien au contraire. Et n’oubliez pas qu’il vous regarde avant tout à travers la grille de ses propres besoins.

« Essayez de vous mettre à sa place, propose la spécialiste. Interrogez-vous : demain, c’est moi qui suis DRH ou patron de l’entreprise, quel type de profil est-ce que je chercherais pour ce poste à pourvoir ? Qu’est-ce que j’attendrais de celui ou celle qui l’occupe ? » Amusez-vous à répondre aux questions que le recruteur peut se poser. D’une part, cela vous permettra d’anticiper les questions qui vont probablement vous être posées. D’autre part, cela vous aidera à mieux comprendre ses propres problématiques et, ainsi, à mieux vous adapter à ses besoins. « Vous allez regarder l’entretien différemment, analyse Marie-Laure Deschamp. Au fond, cela revient à poser la question : que retenez-vous du job ? Est-il vraiment fait pour vous ? De là, vous appréhenderez mieux quelle partie de votre parcours vous devez mettre en avant ! »

5. Faire ses preuves au simulateur

Le saviez-vous ? Il existe des simulateurs d’entretien d’embauche ! Un peu comme ces tapis roulants sur lesquels vous aviez l’habitude de courir en salle de sport, quand elles étaient encore ouvertes. Ces machines pouvaient simuler une côte, accélérer le rythme afin de tester votre résistance à l’effort. Bien évidemment, un logiciel ne remplace jamais l’épreuve de l’entretien, mais elle peut vous y préparer un peu. S’inspirant de cet entraînement sportif, plusieurs organismes ont mis en place des simulateurs d’entretien tels que celui de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec), cet autre de la Société Générale, ou celui proposé par Adecco… Leur principe ? Vous entraîner en ligne à répondre à toute une batterie de questions (compétences, motivation, personnalité) qui pourraient vous être posées par le recruteur. « S’exercer à répondre aux questions est utile, remarque Marie-Laure Deschamp. Cela revient à muscler notre cerveau et notre état émotionnel pour mieux se préparer à l’entretien et anticiper les situations obstacles. Il faut se laisser surprendre par les questions. Plus vous serez entraîné à passer un entretien, plus vous serez habitué et donc rassuré. »

6. Se lancer le challenge du pitch 1-3-5

« Souvent au cours de l’entretien, le recruteur va vous lancer le classique “parlez-moi de vous” ou “racontez-moi votre parcours”, observe la coach. Cela veut dire qu’il vous laisse prendre la parole librement pour défendre votre profil. Pourtant, dans ces moments-là, on a tendance à se noyer dans les détails qui sont déjà inscrits sur notre CV et à ne rien raconter de neuf, de plus personnel… Le bon réflexe pour éviter de tomber dans ce piège consiste à s’entraîner à répondre en plusieurs formats. C’est ce que j’appelle le « pitch à tiroirs », ou « Pitch 1-3-5 ». Concrètement, il s’agit de savoir répondre à cette question (entre autres) en 1, 3 ou 5 minutes. » Alterner entre fractionné, distance moyenne et sortie longue, n’est-ce pas aussi cela l’entraînement star des coureurs de fond ? À méditer…

7. Démystifier le recruteur

Lorsqu’on décroche un entretien, on met la barre haute. Si haute qu’elle nous paraît infranchissable… Très vite, le stress nous submerge. « Il faut démystifier l’entretien, incite Marie-Laure Deschamp. Mettre le recruteur sur un piédestal n’est pas bon. Généralement, on émet des hypothèses sur la personne en face de nous et, le plus souvent, cette hypothèse est tournée contre soi. » D’ailleurs, nombreux sont ceux en entretien qui passent leur temps à guetter les signes d’échec. Le recruteur lance un regard à la fenêtre, un « ah bon ? » l’air étonné, hausse les sourcils, ou ne dit pas « au revoir » comme prévu. Tout est sujet à interprétation. « Le risque de ces interprétations négatives, c’est que le candidat pense qu’il ne sera pas reçu à l’examen et va se saboter, déplore Marie-Laure Deschamp. Pour éviter cet engrenage négatif, il faut partir dans une autre dynamique. Dites-vous bien en amont de l’entretien que vous ne savez rien sur la personne que vous avez en face de vous. Peut-être est-il en train de traverser des secousses dans sa vie personnelle ? Ou bien est-il fatigué ? Peut-être qu’il n’aime pas son travail ? Quoi qu’il en soit, rien ne sert de tirer des conclusions hâtives… » Restez concentré sur votre objectif et ne vous laissez pas décourager au moindre changement extérieur. Ce n’est pas un changement de météo imprévu qui va ralentir le marathonien dans sa course !

8. Pratiquer l’écoute active

C’est le piège fatal à éviter. L’épreuve démarre et vous êtes tellement stressé que vous foncez, en parlant à toute vitesse. Le problème ? Vous ne laissez pas le recruteur en placer une. « En entretien, relève la coach, on a tendance à vouloir parler de soi. Et on a tendance à oublier qu’on est deux. Pourtant, passer un entretien c’est aussi être à l’écoute de l’autre ! » Il faut dire que la récurrente question « Parlez-moi de vous » peut prêter à confusion. Reste que l’entretien est un échange. C’est une course en relais ! « Le recruteur va probablement prendre le temps de vous présenter l’entreprise, le job auquel vous postulez, ses enjeux, détaille Marie-Laure Deschamp. Le moment pour vous de tendre l’oreille et de prêter une attention particulière à ce qu’il raconte. Vous n’êtes pas à l’abri d’une interjection soudaine, type “qu’en pensez-vous ?” Il est donc utile de vous préparer en prenant quelques notes de ce qu’il expose. Notez des mots ou chiffres clés par exemple. Et s’il vient à vous interroger par la suite, vous n’êtes pas tenu de répondre du tac au tac. Prenez le temps de réfléchir, d’analyser la situation. Vous pouvez parfaitement vous autoriser un silence ou même demander de reformuler la question. C’est la preuve que vous savez vous affirmer ! » Et que vous ne foncez pas tête baissée !

S’entraîner à être soi…

Un dernier conseil de coach pour la route ? « Je crois que le plus important est d’être intègre, assure Marie-Laure Deschamp. Il ne faut pas chercher à tout prix à rentrer dans une case qui n’est pas la nôtre. Cela reviendrait à mentir. Le risque de se faire passer pour quelqu’un que l’on n’est pas, c’est d’être embauché et de décevoir son manager en cours de route. Ou encore de se battre pour un job qui ne nous correspond pas. Dans tous les cas, vous serez le premier à en souffrir. Être soi, au fond, c’est se montrer au naturel. » Si vous êtes bien dans vos baskets, que vous avez acquis une bonne confiance en vous et que vous vous sentez aligné avec les objectifs, il n’y a pas de raison que vous ne soyez pas sur le podium ! « Pour autant, **il faut penser à s’adapter à son partenaire, car une relation de travail se construit à deux,** poursuit la coach. Tout est une question de mesure.* »

Moralité, pour paraphraser Jean de La Fontaine, « Rien ne sert de courir, il faut partir à point. » Vous aurez tout à gagner de partir à votre entretien d’embauche bien préparé. Plus serein.e, vous doublerez vos chances d’atteindre votre objectif à l’arrivée. Attention toutefois à ne pas trop en faire. En entretien comme en course à pied, l’excès d’entraînement conduit souvent au claquage. « À trop vouloir s’entraîner, on risque d’être déstabilisé au moindre imprévu », signale la coach. Alors allez-y à votre rythme, progressivement. Faites-vous confiance et surtout, ne vous oubliez pas !

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Photo par WTTJ

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