83% des Français pensent qu’un tatouage peut être un frein professionnel

14 nov 2019

3 min

83% des Français pensent qu’un tatouage peut être un frein professionnel
autor
Alexandre Nessler

Journaliste - Welcome to the Jungle

La classique ancre de marin sur l’épaule ou la note de musique sur le dessus de la main, l’audacieux portrait de ses enfants sur le mollet, ou carrément les plans détaillés de vos bureaux recouvrant votre dos à la Prison Break… Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on a l’embarras du choix lorsqu’on cherche une idée de tatouage à s’imprimer à tout jamais sur la peau. Mais qu’en est-il des répercussions sur notre vie professionnelle ? L’image que l’on renvoie est-elle dès lors modifiée ?

Selon une étude de l’agence d’intérim Qapa, 83% des Français pensent qu’un tatouage peut constituer un frein professionnel. Pourquoi tant de méfiance à l’égard de cette mode qui séduit chaque jour de plus en plus d’adeptes ? Comment cette statistique se traduit-elle dans les comportements quotidiens en entreprise ? Décryptage.

Le tatouage est-il plus populaire aujourd’hui ?

En 2019, la France compte des millions de tatoués, selon l’étude de Qapa, 19% des Français ont au moins un tatouage sur le corps. Et ce chiffre ne cesse de grimper puisqu’on constate ces dernières années une nette augmentation des tatouages sur l’épiderme des Français de plus de 18 ans. Plus précisément, l’Ifop a révélé que la proportion de la population nationale ayant déjà fait l’expérience d’une œuvre d’art sur la peau avait progressé de 8 points entre 2010 et 2018, passant de 10% à 18%.

Les plus tatoués sont de loin les moins de 35 ans, puisque 29% de leur tranche d’âge avoue porter un tatouage sur le corps. Il est aussi plus répandu chez les ouvriers (38%) et l’on constate quand même que 19% des catégories intermédiaires sont déjà passés sur la table de tatoueur au moins une fois dans leur vie. Auparavant réservé à certaines populations (les marins, les artistes ou les descendants maoris ou aborigènes) le tatouage se diversifie et s’ouvre notamment à de plus en plus de corps de métiers, en atteste la récente ouverture de la police nationale au port de tatouages, autrefois interdits.

Une mode qui ne s’affranchit pas encore de certains clichés

La démocratisation du tatouage est donc bien réelle, mais elle traîne derrière elle un lot de contradictions et de clichés… Les a priori et les méfiances à son égard, telles que le manque de sérieux, le manque d’hygiène ou l’esprit rebelle, restent en effet très implantées dans notre société, en particulier dans le monde professionnel.

Ainsi, toujours selon Qapa, 77% des tatoués n’ont pas de marques apparentes sur le corps et préfèrent les placer là où les vêtements pourront les masquer. À noter que les femmes, plus nombreuses que les hommes à se faire tatouer, font pourtant moins souvent le choix d’un tatouage visible. Cette différence entre les hommes et les femmes est d’autant plus vraie lorsque l’on demande aux sondés s’ils cachent leur tatouage à leurs collègues. La réponse a de quoi interloquer : les hommes assument leur tatouage en entreprise à 86% tandis que près de la moitié des femmes (45%) décident de le cacher. Hommes ou femmes, ces statistiques seraient-elles le signe d’une crainte du jugement chez les tatoué(e)s ?

Un traitement sévère à l’égard des tatoués persiste en entreprise

On dirait plutôt qu’il s’agit du fruit d’une (mauvaise) expérience. En effet, 52% des tatoués reconnaissent avoir déjà fait l’expérience de remarques négatives à leur égard au bureau. Et 41% des personnes qui ne sont pas (encore) tatouées avouent avoir déjà fait des remarques négatives au bureau à un ou une tatoué(e). Plus surprenant encore, les femmes sont plus souvent victimes de ce genre de remarques que les hommes (58% contre 47%). Lorsque l’on assiste à ce genre de scènes, on comprend vite qu’il ne faut pas tenter le diable et on se convainc de garder ses tatouages pour soi.

Une différence de traitement telle par rapport aux autres employés qui conduit à des regrets : c’est probablement pour cette raison que 61% des sondés par Qapa avouent qu’ils ne se feraient pas tatouer s’ils avaient la possibilité de revenir en arrière. La statistique est, encore une fois, plus significative chez les femmes (64%) que chez les hommes (59%).

Le monde du travail ne semble donc toujours pas totalement prêt à accueillir à bras ouverts le tatouage. Par des remarques négatives des collègues et la prudence développée en réaction par les tatoués eux-mêmes sur leur apparence, la route est encore longue avant que le tatouage soit totalement accepté au boulot. Pourtant, à la question « êtes-vous gêné par les personnes tatouées au travail ? », 82% des sondés répondent « Non ». Alors, au vu de l’hostilité constatée vis-à-vis du tatouage au travail, on est tenté de se demander : mais où est donc le problème ?

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Photo d’illustration by WTTJ