« Le monde d’avant » : 4 histoires de rencontres amoureuses au travail

23 mar 2021

8 min

« Le monde d’avant » : 4 histoires de rencontres amoureuses au travail
autor
Gabrielle Predko

Journaliste - Welcome to the Jungle

Crush inavouable sur un·e collègue, baiser volé au détour d’un couloir, histoires d’un soir ou d’une vie… Si on pense souvent qu’en entreprise, les ragots sur les relations qu’entretiennent les salariés ne sont bons qu’à rassasier les petits curieux, à l’heure du télétravail généralisé, nous commençons sérieusement à réévaluer le rôle que jouent ces interludes dans notre rapport à notre job. Combien d’entre nous avons récemment réalisé que sans bureau, il était bien plus difficile de faire de nouvelles rencontres ? Mais aussi, que sans perspective de croiser son “crush” à la pause déj’, il était bien plus laborieux de se motiver et donner le meilleur de soi ? Pour toutes ces raisons, nous avons pensé qu’il était grand temps de rendre hommage à ces romances nées au bureau (et qui relèveraient maintenant presque de la science-fiction…)

Nota bene : si un·e collègue vous dit qu’il/elle a pour règle de ne jamais « mêler jamais travail et amour », c’est généralement qu’il/elle a déjà une cible en tête.

« Une belle rencontre peut aider à supporter un travail »

Olivia, directrice artistique en freelance, 32 ans

C’était en 2018, je venais d’être embauchée dans une société familiale d’une dizaine de personnes et il y avait deux outsiders dans cette “cousinade“ : Louis… et moi. Évidemment, nous étions aussi les deux seuls célibataires. Dans l’entreprise, ce commercial tchatcheur avait plutôt une réputation de charmeur, de fêtard invétéré, un peu Casanova sur les bords. Rapidement, nos collègues ont commencé à jouer les entremetteurs et nous taquiner, mais ça restait bon enfant. Surtout, leurs espoirs de romance n’étaient pas très réalistes : nos personnalités, nos histoires personnelles et nos visions de l’avenir étaient aux antipodes. D’ailleurs, en dehors du travail, on ne se serait certainement jamais rencontrés, et si ça avait été le cas, je ne suis pas certaine que nous aurions prêté attention l’un à l’autre.

Le premier mois de ma prise de poste, mes collègues m’ont tous ajoutée sur Facebook, et Louis m’a même envoyé un message pour me communiquer l’adresse de son bar de prédilection, sans oublier de me proposer de passer à l’occasion. Alors que je venais de m’installer à Lyon, je ne voyais rien de choquant à ces pratiques, mais par précaution - et connaissant sa réputation - j’ai préféré décliner subtilement. Cela ne l’a pas vraiment découragé puisqu’il m’a de nouveau invitée. Pas de chance (rires), je n’étais jamais disponible. Jusqu’au jour où j’ai fini par accepter. Il avait toujours été sympathique avec moi, je n’avais plus envie de fuir et je commençais à manquer d’arguments. Je l’ai finalement rejoint dans son bar pour fêter l’anniversaire de la patronne du lieu. Comme vous pouvez l’imaginer, c’est là que tout a basculé !

Il m’a présentée à ses amis - comme sa collègue - et nous avons fait la fête. La soirée s’est éternisée et en discutant avec lui dans un cadre moins formel, je l’ai découvert sous un nouveau jour. Très vite, j’ai su qu’il allait se passer quelque chose. Ça n’a pas loupé ! J’ai été invitée pour le traditionnel “dernier verre” chez lui. La nuit a débordé sur le week-end et nous ne nous sommes plus lâchés. On s’est tout de suite entendus sur le statut secret de notre relation vis-à-vis de nos collègues. Une fois notre pacte scellé, on avait hâte d’être au lundi suivant pour jouer notre comédie ! Nous n’étions pas particulièrement proches au bureau. Personne ne pouvait soupçonner qu’il se passait quelque chose puisque notre liaison prenait forme uniquement hors de l’entreprise. En revanche, on savait qu’il ne fallait pas trop qu’on s’attache : nous n’étions pas dans l’optique de construire un futur ensemble, et surtout, le travail restait notre priorité. Mais le cadre professionnel nous a justement aidés à canaliser nos sentiments.

En fait, cette liaison était très saine et le fait de réussir à la gérer au travail me donnait un grand sentiment de contrôle sur ma vie. D’ailleurs, si elle s’était terminée alors que j’étais encore dans cette entreprise, j’aurais certainement plié bagage car tout n’y était pas rose. Comme quoi, une belle rencontre peut aider à supporter un travail. Aujourd’hui, nous sommes restés proches, et même si nous ne sommes plus ensemble, je ne tire que du positif de cette histoire. À aucun moment nous ne l’avons regretté !

« Au fil de la soirée, les petits pics ont laissé place à la complicité »

Olivier, 32 ans, cuisinier dans un hôtel à Monaco

En 2016, j’ai rencontré Gwendoline alors que je travaillais dans un hôtel à Nice. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les choses ont failli partir du mauvais pied ! Elle était commerciale et on se croisait de temps en temps, sans travailler ensemble. Je connaissais mieux sa cheffe avec qui j’avais pour habitude de partager des “pauses clope”. Un soir, celle qui allait devenir ma future femme, était en charge d’un événement organisé à l’hôtel. Je l’ai croisée et, sans savoir pourquoi, je lui ai serré la main alors que j’ai fait la bise à sa manager (vous vous rappelez : ces deux petits bisous sur la joue qu’on faisait pour se saluer ?). Je crois que j’étais intimidé et qu’elle ne me laissait pas indifférent : elle était devant moi, grande, blonde, dans une tenue de travail super classe ! À cet instant, je ne pouvais pas imaginer que cette poignée de main l’énerverait au plus haut point. C’est sa boss qui m’en a averti quelques jours plus tard. De mon côté, je ne comprenais toujours pas pourquoi elle l’avait si mal pris, penser lui plaire était inconcevable.

Plus tard, des collègues m’ont proposé d’aller boire un verre à la fin du service. Je savais que Gwendoline serait présente. Je suis repassé chez moi et je me suis fait tout beau. En arrivant, j’ai tâté le terrain pour voir si elle était toujours aussi remontée et lui ai demandé si je pouvais m’asseoir à côté d’elle… Elle m’a envoyé sur les roses : « Cette place est réservée à une amie qui va arriver. » Piqué au vif, j’ai lancé que je changerai de place à son arrivée. Au fil de la soirée, les petits pics ont laissé place à la complicité et je ne me suis jamais décalé ! On s’est même embrassés. J’ai alors appris qu’elle avait un petit coup de cœur pour moi depuis un moment (forcément, la poignée de main a dû être décevante) et que mes collègues avaient fait exprès de nous inviter tous les deux ce soir-là pour nous “arranger le coup”. Mission réussie ! Après, tout s’est fait naturellement. Nous avons pris des congés chacun notre tour, mais on était tous les deux déjà bien épanouis dans notre relation, nous savions que ça allait durer. Notre histoire n’est pas restée secrète bien longtemps car les murs des hôtels ont des oreilles, et les salariés des yeux : un cuisinier et une commerciale qui n’ont pas les mêmes horaires et qui se retrouvent tous les jours pour prendre leur café ensemble, ça se voit !

Aujourd’hui avec la crise sanitaire que nous traversons, on se rend compte que le travail est un super endroit pour faire des rencontres, voire le lieu idéal pour trouver la personne qui changera notre vie. Quand on grandit, il est plus compliqué de faire de nouvelles connaissances : le bureau, lui, nous ouvre le champ des possibles. D’ailleurs, dans l’hôtellerie, où la pression et le rythme de travail sont très intenses, les couples cuisine-salle sont très courants. Moi, j’ai eu de la chance d’avoir pu y rencontrer ma femme ! À trois ans près, ça n’aurait pas été la même histoire !

« J’étais toujours aux aguets pour le voir passer lorsqu’il allait prendre sa pause »

Julia, 26 ans, chargée de communication

C’était en 2015 et j’étais en troisième année de licence de communication. J’avais décroché un stage dans une grande agence et j’occupais, je dois l’admettre, un poste qui ne me passionnait pas vraiment. J’avais remarqué Julien parce qu’il était obligé de passer devant mon bureau pour aller fumer sa clope. C’était quelqu’un qu’on ne pouvait pas rater : beau gosse, lunettes de soleil sur le nez, toujours en retard, il était aussi connu pour être “le meilleur créatif de l’agence”. Forcément, c’est un profil qui impressionne ! Nous n’avions aucun lien hiérarchique donc aucune occasion pour discuter, mais j’étais toujours aux aguets pour le voir passer lorsqu’il allait prendre sa pause. Heureusement pour moi, les choses ont vite évolué quand je me suis rapprochée de deux stagiaires, ont été engagés après ses recommandations. Il était très attentionné avec eux et programmait même des déjeuners en leur compagnie auxquels j’étais conviée… Au fil des déjeuners, je lui trouvais de plus en plus de charme… J’ai commencé à me faire des films. Chaque jour, je croisais secrètement les doigts pour le rencontrer au détour d’un couloir et quand je ne le voyais pas le matin, je me demandais s’il allait venir… Chaque regard suffisait à me réjouir pour la journée. Mais je gardais quand même la tête sur les épaules en me disant que rien ne pouvait se passer. Finalement, un jour, j’ai pris mon courage à deux mains et je lui ai envoyé un petit message sur Twitter pour lui proposer “un déj”. En tout bien tout honneur bien sûr ! Après tout, il le faisait avec les autres stagiaires, et puis c’était la seule personne de la boîte qui n’était pas coincée, qui avait des conseils à donner tout en restant drôle et accessible. Il a accepté. Bingo ! Un jeu dangereux de séduction s’est rapidement installé entre nous. On savait que rien ne se passerait parce que nous travaillions dans la même entreprise et qu’il était un peu plus âgé que moi. Et de mon côté, je sortais tout juste d’une rupture… Mais un petit flirt, ça ne fait de mal à personne, non ? Quand ça motive pour aller au travail et mettre du sel dans le quotidien, pourquoi s’en priver ?

L’histoire s’est scellée à une soirée d’entreprise. La fin de mon stage approchait, et bientôt, nous n’aurions plus de raisons de nous revoir. Nous avons beaucoup dansé et il a fini par me raccompagner. Nous avons refait le monde pendant deux heures en bas de chez moi, assis sur un banc… pour terminer sur un baiser de cinéma. La relation a mis des mois avant de se concrétiser, je me suis longtemps dit que ça “n’irait pas plus loin”, que c’était “cliché”… Des années plus tard, nous sommes toujours ensemble (même si nous n’avons jamais repartagé le même environnement de travail). Et il faut dire qu’en télétravail, je garde un peu de nostalgie pour ces moments où mon crush tractait à lui tout seul ma motivation pour donner le meilleur de moi-même !

« On s’inspirait mutuellement »

Adrien, 25 ans, chef de projet marketing

J’ai rencontré Elise il y a deux ans, alors que j’arrivais dans l’entreprise dans laquelle je travaille encore aujourd’hui, en tant que stagiaire. La première fois que je l’ai vue, c’était à la pause-déjeuner, dans un bar à salade (romantique, n’est-ce pas ?). Elle a tout de suite attiré mon attention. Son visage me semblait familier, sans que je puisse me souvenir où j’avais bien pu la croiser. Elle aussi a tiqué. Quelle surprise en la voyant assise à la table à manger du bureau en train de déguster son plat : elle bossait dans ma boîte. Cette pause-déjeuner nous a permis de faire plus ample connaissance. Avec l’équipe de commerciaux, nous étions très soudés et on se suivait tous sur les réseaux sociaux. Cela m’a aidé à multiplier les échanges avec elle. Les taquineries et discussions liées au boulot ont laissé place à un jeu de séduction. Au travail, j’aimais sa façon de communiquer, de se tenir, de se comporter avec ses collègues… Les projets professionnels qu’on avait en commun étaient autant de bonnes occasions pour accroître notre alchimie : on s’inspirait mutuellement. Faire une rencontre amoureuse dans le monde du travail garantit de mieux comprendre la complexité d’une personne qu’on ne connaît pas encore.

Finalement, un soir, lors d’un pot de départ, ce qui devait arriver se concrétisa. Notre complicité n’était pas passée inaperçue auprès de nos collègues qui tentaient de nous cuisiner sur notre relation voire à jouer les entremetteurs. Jusqu’à ce moment, nous avions réussi à brouiller les pistes. À la fin de la soirée, nous sommes rentrés ensemble… Aujourd’hui, nous sommes toujours en couple et travaillons dans la même entreprise… Mais en télétravail, notre nouveau challenge, c’est de garder notre idylle secrète !

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