Faut-il faire patienter un recruteur quand on attend une autre réponse ?

02 may 2019

4 min

Faut-il faire patienter un recruteur quand on attend une autre réponse ?
autor
Géraldine Baraud

Journaliste - consultante éditoriale @rubrik-communication.com

Votre profil a fait mouche. Une entreprise qui vous a reçu en entretien d’embauche ou de stage vous a choisi ! Seul hic, vous attendez une réponse pour un autre poste tout aussi séduisant, voire plus.

Comment gérer ce problème de timing ? Faut-il s’en remettre à l’adage selon lequel « un tiens vaut mieux que deux-tu-l’auras ? » ou peut-on essayer de faire patienter un recruteur pour mûrir sa décision ? Faut-il être transparent ? Quels sont les risques d’un désistement ? Passage en revue des différents scénarios possibles, soumis à l’avis d’une experte, Cécile Pichon, coach en transition de carrières.

Scénario n°1 : Un tiens vaut mieux que deux tu-l’auras ; j’accepte !

Vous êtes demandeur d’emploi, vous arrivez peut-être en fin de droits ou n’avez plus de ressources. Il vous faut un poste, et vite !

L’urgence de la situation peut justifier que l’on accepte le premier poste venu, sans attendre d’autres réponses. L’angoisse de se retrouver sans rien est souvent le moteur d’une telle décision. Cécile Pichon, coach en ressources humaines, prévient cependant du danger de cette option.

« Ce poste répond-il suffisamment à vos aspirations ou est-ce une solution par défaut ? Le risque d’accepter un travail qui ne vous convient pas est de vous y enfermer, sans possibilité de vous y retrouver à long terme. »

Scénario n°2 : J’accepte la proposition quitte à me désister le moment venu

Pour ne pas faire patienter le recruteur, vous acceptez un emploi en attendant la réponse d’un autre.

Quitte à rétropédaler si vous trouvez mieux. En cas de réponse positive pour un poste qui vous séduit davantage, vous vous dites que vous romprez tout simplement votre engagement.

Cécile Pichon met en garde contre cette pratique : « C’est assez mal perçu par les entreprises qui, en vous choisissant, auront laissé passer d’autres candidats et devront relancer un nouveau processus de recrutement. Vous risquez fortement de vous griller. »

Attention également au respect de votre préavis si votre période d’essai est écoulée.

Il arrive également que certains candidats acceptent le poste mais ne s’y présentent pas. « “Planter“ l’entreprise est la pire des choses à faire, alerte Cécile Pichon,votre recruteur aura préparé et annoncé votre arrivée ; votre absence le mettra dans une situation humiliante qu’il ne sera pas prêt d’oublier. Vous vous retrouverez non seulement black-listé-e dans l’entreprise, mais il y a de fortes chances qu’on entende parler de votre attitude bien au-delà. »

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Scénario n°3 : Je me donne du temps pour répondre, quitte à faire patienter le recruteur

L’entreprise m’a envoyé sa proposition par mail ou m’a laissé un message sur mon répondeur. Je ne me précipite pas. Je préfère faire patienter le recruteur et je m’accorde du temps pour répondre en misant sur l’arrivée imminente d’une autre réponse.

« Ne le faites que si vous connaissez l’échéance de l’autre réponse et si celle-ci est prévue le jour même ou dans un délai de 3 jours maximum », conseille Cécile Pichon. Car l’idéal est de répondre dans un délai de 24 heures. Laisser passer deux ou trois jours, surtout le week-end, est acceptable. Au-delà, votre silence risque d’être perçu comme un manque d’intérêt pour le poste.

Sachez également que la proposition qui vous a été faite mentionne souvent une date de validité. Au-delà, celle-ci devient caduque. Faire patienter le recruteur, oui, mais pas trop longtemps !

Scénario n°4 : Je relance l’entreprise dont j’attends une réponse

« Relancer un recruteur peut être une bonne idée, si c’est fait habilement », prévient Cécile Pichon. L’autre piste dont vous attendez une issue est-elle suffisamment engagée ? « Si vous avez juste envoyé un CV, il est inutile de relancer. En revanche, si vous avez passé un premier entretien, vous pouvez tout à fait rappeler l’entreprise pour l’informer de l’état d’avancée de votre démarche et l’interroger sur les suites qu’elle compte donner à votre candidature, en exprimant bien sûr votre enthousiasme pour le poste qu’elle propose. » Les recruteurs n’ont pas conscience de votre timing. Relancer le recruteur peut suffire à accélérer le processus.

Scénario n°5 : Je joue la transparence ; j’explique la situation, avec tact

Il est tout à fait normal et à votre avantage que votre profil séduise plusieurs entreprises en même temps. Plutôt que faire patienter le recruteur, jouer la transparence et l’honnêteté - avec tact et dans une logique de dialogue, de respect et d’écoute -peut être une excellente idée.

Vous pourriez commencer par exprimer votre profond enthousiasme à l’idée de rejoindre l’entreprise qui vous a fait une proposition. Mais avant d’accepter cette mission, vous souhaitez informer votre recruteur que dans votre démarche de recherche d’emploi, vous êtes engagé-e dans un autre processus de recrutement qui arrive imminemment à son terme, lui aussi.

Pour le rassurer, n’hésitez pas à lui indiquer votre préférence pour son entreprise, mais demandez-lui un délai de réflexion à sa proposition d’embauche, le temps d’analyser son offre et d’étudier vos opportunités. « Même s’il ne fait pas plaisir, ce discours peut s’entendre », confirme Cécile Pichon.

Bien maniée, jouer la carte de la transparence peut même présenter plusieurs avantages. Le fait que votre candidature séduise d’autres entreprises peut être flatteur pour le recruteur et le confirmer dans son choix. Et puis, vous n’êtes plus le seul à être en concurrence ; l’entreprise l’est aussi. Cela rééquilibre le rapport de force et peut nourrir les échanges de manière constructive. « Dans certains cas, cela peut peser dans la négociation. »

Dans tous les cas, faites preuve de discernement. Vos concurrents sont-ils nombreux à ce poste ? Au risque de voir l’offre vous passer sous le nez. Quelles sont les informations que mon interlocuteur semble à même de recevoir ? Et celles qu’il est préférable de garder pour soi. Soyez attentif à sa réaction : se montre-t-il ouvert et prompt au dialogue ou au contraire fermé et vexé ? « Cela peut aussi laisser présager l’ambiance et l’état d’esprit de l’entreprise », souligne Cécile Pichon.

Scénario n°6 : Je décline la proposition

Le poste pour lequel vous attendez une réponse est celui de vos rêves, alors que celui qui vous est promis ne vous plaît que moyennement ? « Quand l’écart est tel que vous redoutez vraiment de regretter, mieux vaut s’abstenir », conseille Cécile Pichon. Mieux vaut refuser la proposition d’embauche au risque sinon de se sentir piégé (scénario n°1). Bien sûr, en l’absence d’autres pistes, et selon l’urgence de la situation, chacun jugera.

Le choix de l’experte :
« Le timing est l’élément le plus difficile à maîtriser lors du processus de recrutement. Personnellement, je serais plutôt pour jouer la carte de l’honnêteté mais cela ne signifie pas qu’il faut être cash pour autant. Ajustez votre discours à votre interlocuteur ; mettez-vous à sa place, évaluez ce qu’il peut entendre.
Acceptez enfin que tout changement dans une carrière comporte une part de risque. Un changement de poste, une prise de poste, c’est toujours un saut. Un poste peut être parfait sur le papier et décevant dans la réalité. Évoluer, c’est aussi s’autoriser à tester et à rectifier sa trajectoire.
»

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