6 conseils pour justifier un trou dans son CV en entretien

12 may 2020

7 min

6 conseils pour justifier un trou dans son CV en entretien
autor
Cécile Pichon

Psychologue du travail, coach et consultante RH

Déménagement, congé parental, problème de santé, réorientation… Les bonnes raisons ne manquent pas pour expliquer une pause entre deux postes dans nos parcours professionnels. Cependant, ces sujets ne sont pas toujours faciles à aborder face à un recruteur. Alors comment justifier un trou dans un CV ? Comment parler des périodes les plus creuses de notre vie professionnelle de manière positive lors d’un entretien d’embauche ? Vous avez peut-être vous-même vécu un tel épisode et vous appréhendez d’évoquer le sujet… Pour ne pas vous laisser déstabiliser, nous vous avons glané quelques conseils pour vous préparer en amont aux questions des recruteurs… On s’y met ensemble !

1. Réconciliez-vous avec votre histoire, quelle qu’elle soit

Vous avez volontairement arrêté de travailler pour un projet personnel, familial ? Il n’y a pas à en rougir. Vous avez été victime de harcèlement, vous avez vécu un burn-out ou subit un licenciement surprise ? Vous n’aimez plus ce que vous faites et ressentez le besoin de faire le point avant de changer ? Ou bien tout simplement, vous avez quitté un travail et avez besoin de temps pour vous recentrer ? On comprend très bien que vous en ayez besoin. Parfois, la vie nous réserve des surprises, et il faut savoir revoir ses priorités pour s’adapter… Si ces périodes sont souvent pour nous des sources d’inquiétude, commençons tout d’abord par faire la paix avec notre histoire ! On a tous de bonnes raisons de traverser des moments plus “calmes” professionnellement. Ces périodes d’inactivité, qu’elles soient subies (burn-out, licenciement, etc.) ou choisies (année sabbatique, congé parental d’éducation, réorientation, etc) peuvent survenir à un moment ou à un autre dans notre vie, et ainsi, avoir des répercussions dans notre carrière. Et ce n’est pas grave !

On conçoit toutefois que ces périodes d’inactivité puissent sembler difficiles à légitimer à première vue… Bien se préparer en amont pourrait vous permettre de renverser les éventuels a prioris des recruteurs en entretien ! Alors interrogez-vous : quelles ont été les raisons ou les circonstances qui vous ont amené à vivre une telle pause ? Prenez le temps de relire vos dernières expériences et les événements qui ont amené ce break dans votre carrière, et entraînez-vous à le formuler de manière simple.

Par exemple :

  • « Après cette expérience riche, dense, j’avais besoin de temps pour souffler, pour me remettre »
  • « J’étais perdu(e) professionnellement, il m’a fallu faire un bilan / me faire accompagner »
  • « J’ai souhaité faire une pause pour m’occuper de mes enfants »
  • « J’avais un projet depuis longtemps et j’en ai profité pour le réaliser »

Chacun a son histoire, alors gardez en tête que les employeurs aussi ont sûrement dû se confronter à un moment ou un autre aux aléas de la vie !

2. Faites le point sur la manière dont vous avez occupé votre temps libre

Qui dit pause, dit inactivité professionnelle apparente… Cependant, vous n’êtes certainement pas resté sans rien faire pendant tout ce temps ! Alors réfléchissez : à quoi avez-vous occupé vos journées durant cette période de creux. Les possibilités sont multiples, en fonction des raisons qui ont occasionné cette interruption dans votre parcours :

  • Un projet personnel, un voyage, qui vous tenait à cœur depuis longtemps ?
  • Un défi sportif, un projet artistique que vous avez enfin commencé ?
  • Une formation dans un domaine qui vous intéresse, qu’elle soit liée ou non à votre métier d’origine : langues, informatique, remise à jour de vos compétences techniques ?
  • L’obtention d’un diplôme, d’un certificat, d’un permis, pour avancer dans votre vie : permis de conduire, TOEIC, Diplôme Universitaire, VAE etc. Ces démarches prennent du temps !
  • Un projet associatif, du bénévolat pour une cause qui vous tient à cœur ?
  • Un bilan de compétences, un coaching, pour vous aider à déterminer la direction professionnelle que vous souhaitez prendre ?
  • Des recherches, des rencontres, pour un éventuel projet d’entrepreneuriat ?
  • Une exploration du bassin d’emploi de votre nouveau milieu de vie (en cas de déménagement, par exemple) ?

Prenez le temps de lister tout ce que vous avez fait durant cette période, afin de montrer que vous n’êtes pas resté inactif et avez occupé votre temps de manière structurée. Cela vous permettra de répondre sans stress à la question « Qu’avez vous fait depuis que vous avez quitté votre poste ? »

3. Faites le lien entre ce que vous avez fait pendant cette pause et le poste que vous visez

Vous avez listé toutes les activités professionnelles, extra-professionnelles voire personnelles que vous avez exercées durant votre période de creux ? Prenez maintenant le temps de faire le lien entre ces activités et le poste, le type d’entreprise que vous visez. L’objectif est de montrer que vous avez su mettre à profit cette période et en tirer des bénéfices pour la suite de votre vie professionnelle : nouvelles compétences, projet professionnel plus précis, motivation affirmée, etc. Il s’agit avant tout de montrer à quel point vous êtes resté actif et informé de l’actualité de votre secteur, afin de rassurer l’employeur sur votre capacité à vous remettre rapidement dans le bain après cette pause !

Chaque transition professionnelle, quelle que soit sa durée, est aussi l’occasion de se poser, de faire son introspection, pour être plus au clair sur ses choix futurs. Un burn-out, des soucis de famille peuvent être des épreuves lourdes, certes, mais qui vous donnent l’occasion de revoir vos priorités. Autant d’arguments positifs à mettre en avant en entretien, par exemple : « J’ai réalisé avec mes soucis de santé qu’il était prioritaire pour moi de travailler au sein d’une entreprise qui porte un projet ayant du sens à mes yeux » ou « Ce temps de recherche d’emploi m’a permis de prendre le temps de me former aux bases de la programmation afin de mieux comprendre l’écosystème au sein duquel j’ai envie d’évoluer désormais » etc… En faisant un lien entre ce que vous avez vécu et l’entreprise ou le poste que vous briguez, vous mettez en avant votre cheminement, et c’est cela qui intéresse le plus les employeurs !

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4. Entretien : préparez votre pitch !

Une chose est sûre : si vous redoutez les questions sur cette période de “trou”, le mieux est de vous préparer à l’avance à y répondre, afin de ne pas vous laisser déstabiliser. Pour cela vous pouvez vous entraîner en amont de l’entretien à rédiger par écrit votre histoire, en mettant bien l’accent sur les transitions. Un entraînement oral - avec ou sans interlocuteur - peut aussi grandement vous préparer à cet entretien.

Le jour de l’entretien, ce n’est pas forcément nécessaire d’aborder directement ladite période creuse. Mieux vaut relater sobrement votre parcours, en expliquant rapidement les différentes transitions, sans pour autant insister sur la pause. Il sera toujours temps de revenir dessus si le recruteur vous pose des questions !

Par ailleurs, notez que ces derniers ne cherchent pas nécessairement à vous piéger lorsqu’ils vous interrogent sur ces transitions ; ils aiment avant tout comprendre votre parcours dans l’optique de parvenir à cerner qui vous êtes. Marine, Talent Acquisition Manager (responsable des talents, ndlr), nous partage son point de vue à ce sujet : « Un trou dans un CV, ce n’est pas forcément dérangeant. En tant que recruteur, on sait qu’une recherche d’emploi peut prendre parfois du temps. Ce qui m’intéresse le plus, c’est de voir à quel point la personne a mis à profit cette pause, quelle est sa démarche par rapport à cette période de chômage. Est-elle active ou proactive ? Cherche-t-elle à se former, à rencontrer du monde ? A-t-elle d’autres processus de recrutement en cours ? Vous n’avez pas envie que les candidats postulent chez vous par défaut, sous prétexte que leur inactivité commence à être longue et mauvaise pour leur CV ! »

Contre toute attente, ce laps de temps peut s’avérer être une manière efficace de vendre votre proactivité, mais aussi de parler de vos valeurs, de ce qui vous tient à cœur, mettant ainsi en avant votre profil. Envisagez-le plutôt comme l’opportunité de vous faire connaître, non pas grâce à des expériences professionnelles mais au contraire par des rebondissements qui ont forgé la personne que vous êtes aujourd’hui.

5. Faites preuve d’honnêteté et de transparence

Nombreux sont les motifs entendables qui justifient ces fameux “trous”, alors, nul besoin de les occulter ou de les cacher ! Cela risquerait davantage de vous mettre dans l’embarras et même de vous porter préjudice.

Océane, qui a pris presque une année sabbatique pour redéfinir son projet professionnel, reste convaincue que la transparence est la meilleure solution pour nouer une relation de confiance avec le recruteur : « En fait, je me rends compte que la clef est la vérité. Ma conviction est que les recruteurs sont surtout intéressés par les personnalités. Une personne au clair avec elle-même et qui assume complètement son parcours pas totalement linéaire a un profil beaucoup plus attirant qu’une personne qui a peut-être le CV parfait mais qui manque d’épaisseur. »

Si votre recherche d’emploiprend plus de temps que prévu, n’hésitez pas à faire preuve d’honnêteté envers les employeurs : ils connaissent bien la réalité du marché du travail et savent les difficultés que rencontrent les candidats. Ne rentrez pas dans les détails pour autant, personne n’a besoin de savoir ce que vous avez fait au jour le jour pendant cette période. Un entretien n’est pas un interrogatoire qui a pour but de vous coincer. Le recruteur cherche surtout à vous connaître et à savoir si vous êtes la bonne personne pour le poste qui l’intéresse. Montrer que vous êtes super motivé à l’idée de rejoindre l’équipe et à réintégrer un poste est bien plus important que s’éterniser sur le pourquoi-du-comment de votre pause professionnelle !

6. Restez positif !

Enfin, essayez de ne pas aborder un événement difficile de manière négative en entretien. La manière dont le recruteur va percevoir cette étape de votre carrière dépend en effet en grande partie de la façon dont vous lui expliquez. Pour Marine, rester constructif est un point essentiel : « J’ai toujours un peu peur des candidats qui parlent trop négativement de leur parcours, de leurs difficultés professionnelles et personnelles… C’est le signe d’une histoire mal digérée. Pour moi, c’est un peu une preuve de manque de recul. »

Il est très important de veiller à ne blâmer personne, même si les événements que vous avez vécus n’ont pas été simples pour vous ou qu’ils vous ont fait souffrir. Pour Marine, critiquer son ancien employeur en entretien n’est jamais une bonne idée : « C’est un peu comme cracher sur son ex durant un date, ça ne donne pas envie », dit-elle en riant !

Pour Océane, l’important est de montrer au recruteur que si l’on a peut-être pas choisi ce break, on ne l’a en tout cas pas subi : « J’ai fait plein d’entretiens réseau depuis mon retour sur le marché, et de manière générale, je vois que les recruteurs s’intéressent surtout à une dynamique, un état d’esprit, plus qu’au détail de la manière dont j’ai meublé ma pause. »

Assurez-vous de montrer plutôt les choses sous un jour positif : vous avez surmonté des difficultés, relevé un challenge qui vous a permis de vous dépasser, rebondi suite à une épreuve qui vous a fait, grandi, avez appris à vous adapter… Il existe mille façons de montrer que vous avez sû mettre à profit ou tirer des bénéfices de ce moment de flottement professionnel. Et si votre recherche d’emploi traîne un peu à vos yeux, il n’y aucun mal à expliquer que vous prenez votre temps puisque vous attendez le bon match !

En faisant le point sur notre trajectoire, on prend souvent conscience qu’il n’y a pas tellement de réels temps morts dans notre vie professionnelle, et que derrière chaque pause apparente se cache une histoire. Relire votre parcours pour préparer vos entretiens peut vous permettre de reprendre le contrôle de ces périodes de transition pour les réintégrer de manière apaisée dans la narration de votre itinéraire professionnel. Une bonne façon de montrer au recruteur que vous assumez votre histoire et avez su transformer les difficultés en opportunités !

Article édité par Manuel Avenel.

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