Partir travailler à Prague

Nov 24, 2020

6 mins

Partir travailler à Prague
author
Anouk Renouvel

Freelance @ Communication numérique

Prague, soit la ville qui pourrait presque voler le titre de ville la plus romantique du monde à notre chère et tendre capitale française… La ville aux mille tours et mille clochers devrait en ravir plus d’un. Celle qui a accueilli en son sein Mozart et Kafka (rien que ça !), a non moins de 2000 arguments pour vous attirer, et vous retenir dans ses rues mystérieuses. Mais que faut-il savoir avant de faire ses valises et y décrocher un job ? On vous dit tout, suivez le guide !

Le marché de l’emploi

La Tchéquie (ou République Tchèque) nargue depuis quelques années le reste de l’Europe avec un taux de croissance plutôt élevé, autour de 4%. Restez néanmoins sur vos gardes : les prédictions pour les prochaines années sont revues à la baisse, avec une croissance qui passerait sous la barre des 3% voire des 2%. Des projections à prendre avec des pincettes étant donné qu’elles ont été réalisées avant l’épidémie mondiale du coronavirus. Si le taux de chômage battait tous les records - en 2019, il passait même en-dessous du seuil des 3% -, la pandémie l’a fait malheureusement remonter : 3,8% en septembre 2020. Mais ces chiffres restent rassurants, et disent beaucoup de cette ville particulièrement dynamique, et par conséquent bonne candidate pour l’expatriation. Chloé, qui vit sur place depuis 6 ans et travaille chez Non-Stop Consulting, un cabinet de conseil spécialisé dans la formation et le développement professionnel, nous le confirme : « Depuis la France, j’ai l’impression que Prague et la Tchéquie sont (encore !) associés à la Tchécoslovaquie, mais c’est une idée reçue. » Elle poursuit : « Le marché de l’emploi est très dynamique, il est vraiment facile de trouver un job sur place. Après, je ne dis pas qu’il s’agira obligatoirement d’emblée du job de vos rêves mais au moins de quoi s’installer tranquillement et de prendre le temps de chercher un emploi qui vous conviendrait plus ! »

Gardez en tête qu’une entreprise tchèque doit prouver qu’il n’est pas possible d’engager un citoyen tchèque avant d’embaucher un étranger : en tant que Français, vous ne serez donc pas prioritaire. Cependant, rassurez-vous, les entreprises étrangères, nombreuses à s’être installées sur place (Amazon, Accenture, Johnson & Johnson, Siemens…) n’ont pas à respecter cette règle. D’ailleurs, autre bonne nouvelle, Pôle Emploi, en partenariat avec l’Ambassade de France, a lancé le programme Czech Emploi pour encourager les jeunes français à s’expatrier en Tchéquie afin d’y trouver leur premier job. La plateforme recense de nombreuses offres d’emploi pour les 500 entreprises françaises installées en Tchéquie - entre autres : EDF, L’Oréal, Veolia… Quoi de mieux pour commencer ses recherches ? Sachez également que vous pouvez retrouvez des centaines de jobs en Tchéquie, et notamment à Prague, sur notre site Welcome to the Jungle !

Enfin, ayez en tête qu’aujourd’hui parler une deuxième langue est presque un impératif pour trouver un emploi sur place : « Si vous parlez une deuxième langue européenne, vous serez un profil très recherché : allemand, italien, anglais notamment » nous apprend Chloé. Elle poursuit : « Il n’est pas obligatoire de parler le tchèque, mais c’est toujours mieux car c’est un peu frustrant pour les locaux de voir tous ces expatriés qui s’installent sans parler leur langue. »

Les secteurs qui recrutent

  • Le numérique : en moyenne, un développeur web gagne 56K de couronnes par mois (environ 2 200 euros)

  • La finance : le salaire d’un finance manager s’élève lui 80K de couronnes mensuelles (environ 3 100 euros)

  • Les services client : de nombreux entreprises du secteur tertiaire (téléphonie mobile, compagnie aériennes…) ont délocalisé leur service client à Prague : pour un manager dans un centre d’appel, comptez en moyenne 34K couronnes par mois (1 330 euros)

  • Le BTP : le salaire moyen d’un architecte tourne autour de 66K de couronnes mensuelles (environ 2 500 euros)

  • Le tourisme : c’est un secteur en pleine croissance, qui représente déjà 3% du PIB. En 2018, la Tchéquie a accueilli 22 millions de touristes, battant son record personnel : un indice s’il en est que le secteur est en pleine expansion.

  • Education : coïncidence ? L’enseignement de l’anglais devient lui aussi de plus en plus essentiel, et donc les professeurs de langue sont tout particulièrement recherchés.

La vie en entreprise

À Prague, vous travaillerez entre 38 et 40 heures par semaine, en commençant plus tôt qu’en France (aux alentours de 8h-9h) mais … en finissant aussi plus tôt ! Vous pourrez quitter votre travail/bureau à partir de 16-17h. Les pauses déjeuner sont aussi plus courtes, et dédiées à vous sustenter plutôt qu’à sociabiliser. Jacques, Payroll Specialist (Responsable de la paie, ndlr), qui s’est installé à Prague il y a plus d’un an maintenant, nous apprend que l’ambiance y est “détendue et multinationale”, parfaite pour améliorer votre deuxième ou même troisième langue. Chloé ajoute que l’environnement professionnel n’échappe pas à la pratique du “globish”, ce mélange de français et d’anglicismes, typique du secteur numérique : “j’organise un call ASAP pour prendre le lead”.
Côté congés, « oubliez les RTT », nous annonce cependant Chloé : malheureusement, ils n’existent pas en Tchéquie.

Les plus

  • Le coût de la vie à Prague est 23% moins important qu’en France

  • Vous aurez droit aux quatre saisons : la température varie entre 30°C en été et - 20°C en hiver. Mais cet écart de température est tempéré selon Chloé : « on dit qu’il fait très froid l’hiver mais ça fait 4 ans qu’on a pas eu des températures qui descendent à - 20°C. » Au cas où, on vous conseille tout de même d’embarquer votre crème solaire et vos moufles !

  • Le congé maternité s’étend sur 28 semaines, indemnisées à 70% (contre 16 ou 26 en France)

  • Les tchèques sont les plus gros consommateurs de bière en Europe : Na zdravi ! (“santé” en tchèque, ndlr)

  • Coïncidence ? En temps normal, le tramway de Prague circule toute la nuit : vous pourrez profiter au maximum de vos activités noctambules !

Les moins

  • Les impôts sur le revenu sont prélevés à la source, et tout le monde est logé à la même enseigne : 15%.

  • « Sortir, boire un verre, aller au restaurant, ou même faire ses courses au supermarché c’est vraiment peu cher ! » nous confirme Chloé, « Cela n’engage que moi mais par contre, il faut le dire, au restaurant, ce n’est pas aussi bon qu’en France ! » Vous voilà prévenu !

  • Le salaire moyen pour un cadre est de 1 500 euros bruts.

  • Quatre semaine de congés payés, soit une en moins qu’en France

  • Seulement 7 jours de congés paternité (contre 28 en France)

Pour qui ?

Vous êtes intéressé par l’histoire et l’architecture ? Prague saura vous en mettre plein la vue, et plein les oreilles, avec ses rues aux airs d’arc-en-ciel des plus pittoresques dans lesquelles sont parfois diffusées les compositions de Mozart et Dvořák. Le design de la Tour de la Télévision saura aussi vous surprendre par son architecture des plus atypiques. Vous pourrez aussi partir en vadrouille à travers la Tchéquie et visiter les quelques 200 châteaux du pays.

Pour les passionnés de voyage, c’est aussi l’occasion de découvrir le reste de l’Europe Centrale : « On voyage très facilement : Prague est très bien desservie, il y a des vols directs pour toutes les capitales européennes, et ce n’est pas cher du tout ! On peut partir très facilement en Pologne, en Autriche ou en Hongrie » explique Chloé. De beaux week-ends en perspective !

Si vous vous sentez l’âme d’un Victor Hugo, vous pourrez chercher l’inspiration dans l’un des nombreux parcs de la ville, dont la propreté surprendra ceux qui ont déjà passé plus de 24 heures à Paris.

Pour les accros aux shopping, sachez que les centres commerciaux sont ouverts très tard le soir, parfois jusqu’à minuit !

Infos pratiques

  • Loyers : vous payerez le prix de la popularité de Prague auprès des touristes et des expatriés. En effet, malgré un coût de la vie plus bas qu’en France, les loyers y sont relativement élevés. Comptez un peu plus de 700 euros pour un studio en centre-ville. L’avantage, c’est qu’on ne vous demandera pas un dossier de 10 centimètres d’épaisseur pour vous louer un appartement, seulement un mois de loyer en caution !

  • Santé : comme en France, vous cotisez pour votre assurance santé, tous les mois à hauteur de 4,5% de votre revenu (9% pour l’employeur). Veillez à choisir une caisse d’assurance maladie parmi les sept existantes. La principale est la Caisse générale d’assurance maladie.

  • Transports : l’efficacité et la ponctualité du service des transports en commun sont vantées par tous les expatriés installés sur place ! Chloé résume d’ailleurs parfaitement l’enthousiasme général : « Les transports, c’est un véritable bonheur : en 6 ans de vie sur place, je n’ai jamais eu un seul problème. C’est très efficace, très bien desservi, et en plus ce n’est pas cher ! Même les Allemands sont admiratifs ! C’est un des meilleurs systèmes européens ! » Pour en profiter vous aussi, vous devrez investir dans une carte Lítačka, 200 couronnes (à peu près 8 euros), puis prendre un abonnement mensuel, 550 couronnes (21 euros), ou trimestriel, 1 580 couronnes (62 euros), pour 5 mois, 2 450 couronnes (96 euros), ou même annuel 3 650 couronnes (143 euros).

  • Internet et téléphonie mobile : en moyenne, un abonnement Internet coûte 20 euros. Vous trouverez des forfaits téléphoniques mensuels entre 800 (31 euros) et 2 500 couronnes (98 euros), variables selon les fonctionnalités que vous souhaitez.

Visa

La Tchéquie, et donc Prague, font partie de l’Espace Schengen et de l’Union Européenne : en tant que citoyen français, vous n’aurez donc pas besoin de faire une demande de visa pour vous installer sur place ! En revanche, il faudra vous enregistrer auprès de la police des étrangers dans les 30 jours qui suivront votre arrivée pour être en règle.

Si vous tentez votre chance dans cette ville captivante, vous allez sans doute vivre une expatriation qui ne ressemblera à aucune autre. Bon vent à vous !

Suivez Welcome to the Jungle sur Facebook, LinkedIn et Instagram ou abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir, chaque jour, nos derniers articles !

Photo d’illustration Unsplash by Oleh Morhun