Offres d’emploi : les pires « tue-l’amour » au moment de postuler

Apr 02, 2021

6 mins

Offres d’emploi : les pires « tue-l’amour » au moment de postuler
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Gabrielle Predko

Journaliste - Welcome to the Jungle

Au travail, s’il est parfois difficile de savoir ce que l’on veut, il est bien plus aisé d’identifier ce que l’on ne veut pas. Heureusement, certains signaux d’alertes peuvent nous mettre en garde avant même d’entamer une histoire avec une nouvelle entreprise. Et ces signes avant-coureurs peuvent être repérés dès l’offre d’emploi. Il nous est déjà tous arrivé de tiquer devant une exigence ou une petite phrase jusqu’à nous faire dire : « Je ne postulerai jamais dans cette entreprise ! » Alors, voici ce qui peut constituer pour vous, des “red flag” dans une annonce d’emploi…

NB : évidemment, un salaire inférieur à ce que l’on recherche est rédhibitoire, pour cette raison évidente, nous avons fait le choix de ne pas l’inclure à notre liste !

« Vous ne comptez pas vos heures »

Lola, trafic manager

Rien qu’en lisant l’annonce, j’ai envie d’appeler l’inspection du travail ! Plus sérieusement, même si on est passionné par son métier, ça ne veut pas dire qu’on a envie de lui consacrer toute notre vie. La nuit on aime bien dormir par exemple ! Si tu es chef d’entreprise, tu peux être obligé de bosser comme un dingue, mais ça ne devrait pas être le cas d’un salarié. D’ailleurs, bien souvent, ces annonces expliquent que ce point fait partie de la “culture d’entreprise”. Sauf qu’en demander autant sans rétribution, c’est juste illégal. Et puis, quand on y réfléchit, demander au salarié de se soumettre dès l’annonce, c’est quand même assez culotté.

« Le candidat doit être diplômé des 5 meilleures écoles de commerce ou d’ingénieur »

Alix, responsable communication interne

Mon agacement, en 5 points :
1) C’est totalement injuste et élitiste.
2) Ce n’est pas parce qu’on a intégré une école réputée qu’on a le “meilleur profil” pour un job (loin de là).
3) Cela favorise la reproduction sociale.
4) Ce n’est pas forcément bénéfique pour l’entreprise d’avoir des salariés qui ont tous été façonnés dans le même moule.
5) Tout le monde n’a pas les moyens de se payer une école qui figure dans le top des classements !

« Tu es un véritable couteau-suisse »

Vincent, directeur artistique

Ou comment sous-entendre que tu vas te retrouver à faire deux-trois jobs en même temps… Que tu seras peut-être à la fois designer, intégrateur, community manager et tout autre titre flatteur à la terminaison en -eur. Si tu te débrouilles avec un appareil photo et que tu bidouilles Photoshop, tes boss vont évidemment te demander de gérer quelques shootings par-ci par-là (et d’apporter les cafés au passage, pourquoi pas ?) Finalement, tu n’auras jamais le temps de tout gérer et tes boss vont commencer à te le reprocher. Le tout pour… peanuts, car quand une boîte cherche un “couteau-suisse”, c’est généralement qu’elle n’a pas les moyens d’embaucher plusieurs personnes. C’est ce que j’appelle un mauvais plan.

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« Dans notre entreprise, il fait bon vivre : afterworks, tournois de babyfoot, jardin connecté… »

Mathieu, développeur back-end

Dans la vie de tous les jours, quand une personne se retrouve “obligée” d’expliquer sa blague par A+B, c’est qu’elle n’était pas drôle. Cette même logique s’applique aussi lorsqu’une entreprise essaye de montrer par tous les moyens qu’elle est “cool”. Pas besoin de l’écrire dans l’annonce ! S’il y a une bonne ambiance, on le découvrira bien assez tôt, lors de l’entretien par exemple. Et surtout, tout le monde ne recherche pas une entreprise “cool”, il y a d’autres critères bien plus importants à mes yeux qui ne sont eux, pas souvent mentionnés !

« Si les clients peuvent entendre ton sourire lors d’un “call”, rejoins-nous »

Nélie, business operations manager

Même Miss France ne postulerait pas ! Quand je lis ça, j’ai l’impression qu’on va me forcer à sourire juste pour refléter une ambiance de boîte “sexy”, c’en est presque flippant. Et surtout, cela ne permet pas de se projeter concrètementsur ses futures missions. Je préfère qu’on me dise : « Tu es capable de gérer des demandes complexes en gardant en tête l’objectif de satisfaction du client. » Là, on peut commencer à discuter !

« Frameworks utilisés : Angular »

Félix, développeur Frontend

Ce n’est qu’un exemple, cela s’applique à toutes les technologies qui deviennent rapidement obsolètes ! Même si leur utilisation est justifiée, cela ne donne pas une très bonne image de l’entreprise. Personnellement, je me demande forcément pourquoi l’entreprise n’a pas évolué et ça me fait un peu peur. L’équipe technique n’est peut-être pas assez curieuse ? Ou l’entreprise n’a pas assez de compétences internes ou suffisamment de temps pour passer sur d’autres technos ? C’est un peu comme si tu essayais, en vain, de draguer avec des accroches aussi ringardes que : « T’as de beaux yeux, tu sais ? »

« Orthographe impekable »

Benoît, consultant

Incroyable, mais j’ai déjà vu des annonces qui demandaient un maniement de l’orthographe “parfait”… alors que l’annonce était bourrée de fautes. J’en déduis alors que mon futur manager va exiger certaines choses de moi que lui-même ne maîtrise pas. Et je le vois déjà me lancer des : « Tu devrais mieux t’organiser » alors que c’est l’apocalypse dans ses dossiers.

« Tu es un As des KPI, avec une vraie logique ROIste »

Pauline, chargée de marketing digital

Quand on me parle de KPI (Key Performance Indicator ou indicateur clé de performance, ndlr), je vois des tableaux Excel à n’en plus finir et des réunions hebdomadaires pour débriefer les performances de chaque salarié. J’ai vraiment l’impression qu’on va passer son temps à m’évaluer, comme au lycée. Après, ça a le mérite d’annoncer la couleur : on sait que la data va être au cœur des préoccupations de l’entreprise. Toutes les boîtes cherchent des salariés performants qui les aideront à faire du chiffre, c’est tellement évident qu’il est à mon sens inutile de le mentionner dans l’annonce en utilisant des grandes tirades ou du jargon technique… Quel salarié peut se vanter de se foutre complètement des stats et de flamber l’argent de l’entreprise sans aucune réflexion sur les bénéfices ? Aucun.

« PowerPoint n’a plus de secret pour toi »

Cédric, développeur backend

Comment savoir si quelque chose a encore des secrets pour nous ? Si vous voulez mon avis, ce n’est pas très logique tout ça…

« Si toi aussi tu as envie de changer le monde… »

Caroline, business developer

Molo Nicolas Hulot ! On ne va pas changer le monde en intégrant une start-up qui digitalise les choux ! Si je tombe un jour sur une boîte qui partage réellement mes valeurs écologiques, ce serait effectivement le Saint-graal, mais à moins d’inventer un aspirateur géant à CO2 qui permet au passage de sauver toutes les espèces en voie de disparition (les petits pangolins, au hasard), il y a quand même peu de chance de changer la face du monde en intégrant une boîte… Et prétendre le contraire me paraît mensonger voire dangereux.

« Cinq entretiens et un cas pratique »

Cécile, chargée de communication

Passer mille entretiens, se soumettre à des cas pratiques (évidemment non rémunérés)… Autant faire Koh-Lanta ! Même s’il est tout à fait normal de s’investir dans une recherche d’emploi et de tout faire pour se montrer sous son meilleur jour, une entreprise ne doit pas non plus abuser du temps précieux des candidats. Les recruteurs sont en position de force, certes, surtout en période de crise… Mais parfois, ça va trop loin !

« Tu sais travailler sous pression, t’adapter à un environnement qui évolue très vite et tu n’as pas peur des feedback »

Chloé, office manager

Je comprends l’idée… mais tourné comme ça, j’imagine que mon futur manager va passer son temps derrière moi, à secouer ma chaise tout en me hurlant dessus : « Tu es nulle ! Tu es nulle ! » Si c’est ça, je préfère encore m’enrôler dans l’Armée.

« Work hard, play hard »

Alice, chargée de contenus

Cela part peut-être d’une bonne intention, c’est peut-être une manière de dire que l’entreprise est HYPER attentive à l’équilibre vie pro-vie perso de ses salariés, mais bizarrement cela m’étonnerait. Je trouve que cette phrase reflète surtout une culture d’entreprise extrême où il faut bosser comme un malade la journée et se mettre une énorme murge avec ses collègues le soir, le tout “ à la cool”, ce qui, entre nous, est complètement paradoxal. Un aller direct vers l’arrêt cardiaque à 30 ans !

« Nous recherchons un ninja developer »

Samuel, développeur fullstack

Ce n’est peut-être que mon ressenti, mais j’ai l’impression qu’en misant sur des titres de poste rigolos, les entreprises essayent de cacher des failles bien moins rigolotes, comme des salaires en dessous du marché. À mes yeux, un titre comme “lead developer” met bien plus en avant l’expertise ou le leadership attendu .
Et puis, j’ai du mal à me dire que certaines personnes puissent se reconnaître dans ces appellations : qui peut s’estimer “rockstar” ou encore “hero developer” ? Il faut quand même avoir une haute estime de soi-même et de ses compétences… Personnellement, je trouve que cela laisse penser que l’ambiance va être hyper compétitive et que l’équipe a un peu le melon.

« Ici on ne travaille pas, on s’amuse ! »

Elodie, journaliste

Sous-entendu : on te paye en carambars ? Personne n’est dupe : tout travail a son lot de tâches ingrates et rébarbatives, inutile de le nier… Et puis surtout, on ne bosse pas pour s’amuser, mais pour gagner sa vie. Si on peut s’éclater avec ses collègues de temps en temps, tant mieux, mais c’est du bonus !

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Photo by Thomas Decamps pour WTTJ

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