Le statut d’auto-entrepreneur : entre avantages et inconvénients

Jan 22, 2020

6 mins

Le statut d’auto-entrepreneur : entre avantages et inconvénients
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Cécile Nadaï

Fondatrice de Dea Dia

Vous hésitez à vous lancer à votre compte mais vous n’avez pas bien connaissance du statut d’auto-entrepreneur (dit aussi micro-entrepreneur) ? Créé en janvier 2009, il a pour objectif de favoriser l’entrepreneuriat grâce à un régime simplifié qui offre de nombreux avantages mais aussi quelques limitations qu’il convient de bien avoir en tête avant de se lancer. Le point sur ses avantages et ses inconvénients.

Les avantages du statut d’auto-entrepreneur

Un formalisme allégé

Le principal avantage du statut d’auto-entrepreneur réside dans la simplification des formalités administratives. C’est, de plus, un statut dont les conditions d’éligibilité sont particulièrement souples et ouvertes à de très nombreuses professions. En somme, pour devenir auto-entrepreneur, il suffit de remplir une simple déclaration d’auto-entrepreneur en ligne, transmise via Internet au centre de formalité des entreprises (CFE) correspondant à la nature de l’activité : pour les professions libérales, à l’Urssaf ; pour une activité commerciale, à la chambre de commerce et d’industrie (CCI) ; pour une activité artisanale, à la chambre des métiers et de l’artisanat (CMA).

Une comptabilité simplifiée

Alors que créer et faire fonctionner une société de type SA ou SARL peut coûter cher et être contraignant à administrer, l’auto-entreprise est au contraire très simple à mettre en place et à gérer. Pas besoin de constituer de capital social, de faire appel à des avocats pour créer des statuts ou de remplir de nombreux papiers officiels. D’autre part, d’un point de vue comptable, l’auto-entrepreneur n’a pas les mêmes obligations qu’un gérant de société d’EURL, par exemple. La gestion d’une auto-entreprise se limite à tenir un fichier répertoriant toute les factures émises, leur montant, la date d’édition et les charges par mois ou par trimestre. Il n’est pas non plus utile de faire établir ses comptes par un comptable. On déclare soi-même ses revenus en ligne, en saisissant le montant du chiffre d’affaires dans la case correspondant à l’activité. Le site se charge de calculer le montant à payer automatiquement. Après validation de la déclaration, on paie par carte bancaire ou par télépaiement, en respectant la date limite. Attention, cela ne signifie pas que l’on peut déclarer n’importe quoi ! Les informations sont bien sûr recoupées par le Trésor public.

Une franchise de TVA

En tant qu’auto-entrepreneur, vous bénéficiez d’une franchise en base de TVA. Vous facturez donc des prestations hors taxes (HT) à vos clients, ce qui vous confère un certain avantage concurrentiel puisque vos prix sont 20 % plus bas. Cette exonération est cependant plafonnée. Au-delà d’un certain chiffre d’affaires, vous passerez au régime réel simplifié de TVA. Ce seuil est de 85 800 € pour les activités commerciales et de 34 400 € pour les prestations de services et les professions libérales. Les règles se sont cependant assouplies. Si vous dépassez le plafond pour la première fois sur les deux dernières années d’activité, vous bénéficiez d’une période de tolérance et n’êtes pas obligé de changer de statut. En revanche si vous le dépassez à nouveau l’année d’après, vous basculerez automatiquement vers un autre statut en fonction de votre profession.

Un régime social et fiscal simplifié

L’auto-entrepreneur étant soumis au régime micro-social simplifié, il peut payer ses cotisations sociales tous les mois ou tous les trimestres, au choix. Concernant le calcul de son revenu imposable, le système est également simplifié puisque l’administration prévoit un abattement forfaitaire automatique pour compenser les frais professionnels non déductibles. En tant qu’auto-entrepreneur, vous n’avez donc pas besoin de calculer vos frais réels et de faire appel aux services d’un comptable pour établir vos comptes. Le chiffre d’affaire déduit de ce forfait correspond donc au revenu imposable qui sert par exemple de référence au caclul des impôts. De plus, avec le versement libératoire (une forme de prélèvement à la source, ndlr), le paiement des impôts est automatique. Le montant des cotisations sociales correspond quant à lui à un pourcentage de votre revenu imposable. Enfin, si vous ne réalisez aucun chiffre d’affaires, vous ne payez aucune cotisation sociale – mais vous devez quand même déclarer un CA nul en saisissant 0 (zéro) dans la case. Un avantage non négligeable par rapport à d’autres statuts.

Un statut flexible

Vous pouvez tout à fait être auto-entrepreneur à plein temps et en tirer vos principaux revenus, mais vous pouvez également cumuler les statuts de salarié et d’auto-entrepreneur. De même, vous pouvez devenir auto-entrepreneur tout en continuant à bénéficier de vos indemnités chômage. En revanche, les revenus que vous percevrez en tant qu’auto-entrepreneur seront déduits de vos indemnités. Et bien sûr, vous pouvez faire évoluer votre situation sans formalités supplémentaires. Votre statut et vos obligations d’auto-entrepreneur restent les mêmes que vous soyez salarié ou non, au chômage ou non. Dans ce dernier cas, il vous faudra simplement déclarer vos revenus d’auto-entrepreneur pour qu’ils soient déduits de vos allocations.

Les inconvénients du statut d’auto-entrepreneur

Un chiffre d’affaires plafonné

Le chiffre d’affaires de l’auto-entrepreneur est plafonné. Si vous exercez une activité de commerce ou de fourniture de logement, il ne peut pas dépasser 176 200 € de chiffres d’affaires par année fiscale. Pour ce qui est des prestations de services et des activités libérales, le plafond est situé à 72 500 €. Si vous franchissez ces seuils plus d’une fois, vous passerez automatiquement en entreprise individuelle l’année d’après, avec toutes les conséquences que cela implique concernant vos obligations fiscales et sociales. Vous pouvez également anticiper ce dépassement et choisir de créer une entreprise de type SASU ou EURL.

Une responsabilité illimitée

Un auto-entrepreneur est un micro-entrepreneur, cela signifie que la personne morale (l’entreprise) et la personne physique (l’entrepreneur) ne sont pas différenciées. En conséquence, en cas de dettes liées à son entreprise, l’auto-entrepreneur engage non seulement ses biens professionnels, mais aussi son patrimoine personnel.

Des frais non déductibles

Les cotisations sociales d’un auto-entrepreneur sont moins élevées que celles d’un entrepreneur individuel. En contrepartie, vous ne pouvez pas déduire vos frais (loyer, frais de transport ou de restauration, achat de matériel…) de vos bénéfices. Vous payez donc des charges sur la totalité de vos gains (et non sur les bénéfices réalisés), indépendamment des frais engendrés par votre activité. Un abattement forfaitaire automatique facilite certes les démarches mais il ne correspond pas forcément à la réalité des sommes avancées. Selon le type d’activité et le montant de frais qu’elle engendre, cela peut donc être plus ou moins intéressant, mieux vaut donc en exercer une qui requiert peu d’investissements.

Gare au salariat déguisé !

Pour se prémunir de la solitude et des revenus fluctuants, certains auto-entrepreneurs sont tentés de travailler de manière privilégiée avec un client qui leur apporte une régularité de revenus et un cadre de travail moins solitaire. De leur côté, les entreprises ont tout à y gagner puisqu’elles s’offrent les services d’un expert à plein temps sans engagement contractuel et sans avoir à s’acquitter de charges sociales. Il convient cependant de rappeler qu’un auto-entrepreneur n’est pas supposé entretenir de lien de subordination avec son/ses clients et n’est pas non plus supposé collaborer avec un seul et unique client. Si ces deux critères sont réunis, il s’agit de salariat déguisé. Dans ce cas, ce sont les entreprises qui endossent la majeure partie des risques, il n’en reste pas moins que ce sont vos droits qui sont bafoués et que vous perdez votre liberté, l’autonomie du statut, la possibilité de développer votre clientèle et que vous dépendez énormément de cette entreprise.

Autoentrepreneuriat vs salariat

Devenir auto-entrepreneur, c’est faire le choix de l’indépendance. Un statut qui confère beaucoup de liberté mais qui ne va pas sans quelques spécificités qui, selon votre personnalité, peuvent être plus ou moins bien vécues. Tenez-en compte avant de vous lancer !

L’insécurité

En devenant auto-entrepreneur, vous faites le choix de revenus non sécurisés, d’une absence de congés payés et d’indemnités chômage en cas de difficultés. Si vous n’êtes pas prêt à vous y confronter, c’est peut-être que vous êtes fait pour le salariat ou que votre statut d’auto-entrepreneur doit être cumulé avec d’autres sources de revenus salariés.

La solitude

L’indépendance va souvent de paire avec un quotidien solitaire qui peut être plus ou moins bien vécu. Pour ne pas vous sentir isolé, n’hésitez pas à sortir régulièrement : déjeuners avec d’anciens collègues, sorties culturelles lorsque vous n’avez pas trop de travail. Si vous en avez les moyens, vous pouvez également rejoindre un espace de coworking dans lequel vous pourrez retrouver une ambiance de travail plus convivial.

La liberté

En tant qu’indépendant, les seules contraintes que vous aurez sont celles que vous vous imposerez à vous-mêmes… et celles de vos clients, bien sûr, du moins si vous souhaitez les garder ! Vous choisissez vos horaires et votre lieu de travail, vos dates de vacances, etc. En revanche, cela nécessite une grande autodiscipline pour éviter la procrastination !

La dimension commerciale

Vous aurez beau avoir toute l’expertise du monde, si vous ne vous faites pas connaître, il sera très difficile de trouver vos premiers clients. Si vous avez des talents commerciaux naturels, cela ne devrait pas vous poser problème, en revanche, si vous êtes d’une nature plutôt timide, il faudra vous faire violence pour networker, prospecter et démarcher. Heureusement, il existe aujourd’hui de nombreux outils, comme LinkedIn par exemple, qui rendent la chose plus aisée. Et bien sûr, misez d’abord sur les contacts que vous avez conservé de vos précédentes expériences professionnelles.

La partie administrative

Même en choisissant le statut d’autoentrepreneur au formalisme allégé, être indépendant suppose de vous occuper vous-mêmes de la gestion administrative de votre activité : facturation, calcul des charges, établissement des comptes, respect des échéances, etc. Et pour certains, ce n’est pas toujours une partie de plaisir…

S’il ne correspond pas à toutes les ambitions ou à tous les types d’activités, le statut d’auto-entrepreneur permet à bon nombre de personnes de se lancer simplement dans une aventure entrepreneuriale, soit en tant qu’activité principale, soit en complément d’un salariat. Un statut parfait pour débuter ou tester le potentiel d’une activité !

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Photos by WTTJ

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