Il n'existe pas une seule définition du "bon manager" : témoignages

Feb 25, 2020

5 mins

Il n'existe pas une seule définition du "bon manager" : témoignages
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Aglaé Dancette

Fondateur, auteur, rédacteur @Word Shaper

Qu’il soit admiré, envié, respecté ou détesté, le manager est un élément indispensable à toute entreprise. Sa mission est plurielle et parfois complexe : il doit donner une vision à court et long terme à ses équipes, faire preuve d’intelligence relationnelle pour comprendre et appréhender les individualités tout en assurant une cohésion de groupe. Il est très important pour un manager d’être également bon communiquant à toutes les étapes d’un projet. Bien sûr, il s’agit là d’une représentation “générique” du métier de manager. En s’attardant plus spécifiquement sur chaque manager, on s’aperçoit qu’il y a autant de profils et de manières de manager que d’individus. Dire qu’un profil est meilleur ou moins bon qu’un autre n’a pas vraiment de sens, l’important étant de correspondre aux attentes de son équipe. Justement, qu’attend réellement un employé de la part de son manager ? Les avis et les expériences divergent, comme l’attestent les différents témoignages que nous avons recueillis sur le sujet.

Paul : une relation d’égal à égal

Après avoir travaillé dans différentes entreprises, Paul, data scientist dans un data center, a enfin trouvé une relation apaisée avec sa manageuse actuelle. « En arrivant dans l’entreprise, j’avais des a priori à cause de mauvaises expériences rencontrées dans le passé. Généralement, mes anciens managers compliquaient la communication avec l’équipe en créant une distance. Par exemple, dans la dernière entreprise pour laquelle j’ai travaillé, mon manager faisait de la rétention d’information. C’est lui qui détenait les briefs clients, et pour préserver ce privilège, il ne nous les transmettait jamais tels quels, nous briefait à sa manière en omettant certains détails importants plus ou moins volontairement. J’ai souvent mal vécu ce complexe de supériorité de mes managers parce que je le vois comme un frein à l’épanouissement de l’équipe et à sa productivité », raconte Paul. Aujourd’hui, après plusieurs mois à accorder leurs violons, Paul et sa manageuse ont réussi à instaurer un système de communication transparent dans l’équipe, au sein duquel la parole des uns vaut celle des autres. « Je ne pense plus qu’un manager est un supérieur, mais bel et bien un collaborateur à part entière. À partir de là, les relations peuvent à la fois être plus franches et plus constructives. C’est ce que j’attends désormais d’un manager. »

« Je ne pense plus qu’un manager est un supérieur, mais bel et bien un collaborateur à part entière. » Paul, data scientist

Alicia : un point de repère

Alicia est commerciale dans un grand groupe d’assurance depuis l’obtention de son diplôme en école de commerce. « En cinq ans, j’en ai vu défiler des managers ! Tous avec des méthodes de travail bien différentes, raconte-t-elle. J’ai démarré dans une très petite équipe au moment du lancement d’un nouveau produit, puis l’effectif a plus que triplé. Forcément, le management a dû évoluer aussi. Pour moi, ces managers successifs ont été des points de repère pour ma propre carrière. C’est un poste auquel on parvient après un certain nombre d’années d’expérience dans un domaine, après avoir accumulé de l’expertise, après avoir appris. Je considère donc que c’est un objectif à atteindre. » Pour Alicia, devenir manager est la suite logique de son parcours en terme d’ascension professionnelle. Pris comme modèle, elle attend de son manager qu’il soit un exemple de ce vers quoi elle doit se diriger pour évoluer dans sa carrière. « La figure du manager représente un objectif accessible pour moi. Je suis quelqu’un qui aime énormément le collectif et je trouve que c’est une belle mission que de gérer une équipe pour la tirer le plus haut possible. »

« Je trouve que c’est une belle mission que de gérer une équipe pour la tirer le plus haut possible. » Alicia, commerciale

Mehdi : un guide et un lien entre les membres de l’équipe

Mehdi est développeur web dans une start-up parisienne en pleine expansion. Il vit à Nantes : « C’était la condition sine qua non à la signature de mon CDI. Je tenais à rester à Nantes et j’ai donc négocié trois jours de télétravail par semaine. Dans ce contexte, mon manager est un vrai pilier pour moi. Il veille à maintenir la cohésion au sein de l’équipe malgré les distances, il assure une communication fluide et la transmission des informations en temps voulu. C’est ce que j’attends d’un manager : pouvoir me reposer sur lui afin de me décharger mentalement de certaines considérations », explique Mehdi. Pour ce développeur expérimenté, le manager doit être un facilitateur et mettre chaque collaborateur dans les meilleures conditions pour qu’il puisse se concentrer sur son expertise. « Je pense que, quand la dynamique est bonne entre collaborateurs et managers, le travail est bien plus efficace. Il me fait gagner du temps en me délivrant les informations et en s’intéressant à mes exigences, mes attentes et parfois mes doutes. Par exemple, quand j’arrive de Nantes le jeudi matin, on se rassemble à l’initiative de mon manager pour une quinzaine de minutes durant lesquelles il explique rapidement à chacun l’avancée des autres. Ainsi, on sait à quoi s’en tenir et on peut s’adapter au rythme des collègues. » Mehdi apprécie que son manager constitue essentiellement un lien entre tous les membres de l’équipe, plus qu’un donneur d’ordres.

« Il me fait gagner du temps en me délivrant les informations et en s’intéressant à mes exigences, mes attentes et parfois mes doutes. » Mehdi, développeur web

Brune : un rôle illusoire ?

Brune est graphiste depuis 15 ans. Elle travaille actuellement au sein d’une agence de publicité. Pour sa part, elle est assez dubitative quant au rôle du manager dans l’entreprise : « J’ai le sentiment que beaucoup de choses se cachent derrière le poste de manager. Presque trop pour que ce soit vraiment crédible. Personnellement, j’ai besoin d’être extrêmement créative dans mon métier et, souvent, l’intervention d’un manager ou de toute tierce personne me ralentit. J’ai l’impression de devoir rendre des comptes alors qu’une grande partie de mon processus de création ne peut s’expliquer par des mots. » C’est pour cette raison que Brune attend d’un manager qu’il lui fasse entièrement confiance et la laisse mener les projets en quasi autonomie. Ce qui revient finalement, comme elle le fait remarquer, à remettre en question le poste de manager en tant que tel. « J’ai l’impression que passer par le manager pour faire valider telle ou telle décision de façon systématique est contre-productif. Les collègues avec qui je collabore étroitement sur la plupart des projets sont autonomes, responsables et je trouve que l’on communique souvent mieux entre nous plutôt que par l’intermédiaire du manager », précise Brune. Ce rejet de la fonction de manager lui fait se rendre compte qu’elle n’a d’autre choix que de fuir ce modèle d’organisation si répandu. Son point de vue a déjà été la cause de tensions au sein de son agence au point d’envisager maintenant de se lancer comme indépendante pour éviter cela : « Je trouve que les intérêts du manager ne sont pas toujours les intérêts de l’équipe finalement. Il y a quelque chose de faussement collectif. Pour le moment, j’adore les clients avec qui je travaille et c’est pour cela que je reste, mais je sais qu’un jour,, je me lancerai certainement en freelance pour ne plus avoir quelqu’un qui me dise comment je dois procéder. »

« Je trouve que les intérêts du manager ne sont pas toujours les intérêts de l’équipe finalement. Il y a quelque chose de faussement collectif. » Brune, graphiste

Comme le montrent ces témoignages, il existe différentes attentes de la part des équipes vis-à-vis de leur manager. On le sait, les casquettes du manager sont nombreuses et pas toujours simples à assurer au quotidien. Mais ce poste est aussi l’objet de beaucoup de représentations : il peut être à la fois guide, facilitateur, liant, point de repère, mais aussi parfois considéré comme une figure d’autorité arbitraire. Il n’existe pas de recette toute faite pour être le manager idéal, cela repose avant tout sur la dynamique avec les collaborateurs, qui ont eux aussi leur part de responsabilité dans le bon fonctionnement de la relation. À chacun son manager et surtout, à chacun de trouver le bon mode de communication pour lui exprimer ses besoins et lui faire la place qu’il mérite !

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Photo by WTTJ

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