Étudiant ou jeune diplômé : quelles aides pour surmonter la crise ?

Jan 13, 2021

9 mins

Étudiant ou jeune diplômé : quelles aides pour surmonter la crise ?
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Alexandre Nessler

Journaliste - Welcome to the Jungle

Dire que l’année 2020 a été difficile pour tout le monde, c’est un euphémisme. Et vous êtes bien placé pour savoir que vous, les jeunes (étudiants ou juste diplômés) générations, ont été tout particulièrement touchés par les répercussions économiques de la crise sanitaire et leurs conséquences sur l’emploi. Face à la précarité croissante constatée dans les résidences étudiantes et auprès de ceux qui sont en recherche d’emploi, l’Etat, les régions, les départements et les associations mais aussi les entreprises, ont mis en place un certain nombre d’aides pour soutenir cette jeunesse en difficulté. Le hic : la communication autour de celles-ci n’est pas toujours des plus claires et leurs critères d’éligibilité, un peu nébuleux. Parce qu’il serait dommage que vous ne puissiez pas bénéficier d’une aide à laquelle vous pouvez prétendre seulement parce que vous n’avez pas reçu le mémo, nous avons décidé de les regrouper et de les décrypter dans cet article. En espérant que vous pourrez y trouver de quoi passer cette zone de turbulences sans trop d’encombres ou conseiller un ami en difficulté.

C’est dur d’avoir la vingtaine en 2020, n’est-ce pas ?

Dans son premier billet humoristique de l’année dans l’émission Clique, Roman Frayssinet s’amuse à comparer la fin de 2020 au « décès d’une personne que j’aimais pas beaucoup, mais qui me doit beaucoup d’oseille ». Il faut reconnaître que la formule, même si elle fait sourire, est assez parlante. Car si l’on est tous plutôt soulagés d’être enfin arrivés au bout de cette année infernale, difficile pour autant de se sentir vraiment heureux d’entamer la suivante, tellement ce début de décennie a été traumatisant et tant il laisse un goût d’inachevé, difficile à avaler.

Vous êtes étudiant ? Vous le savez mieux que personne : Entre la fermeture de nombreux établissements, comme les restaurants et les bars où vous aviez l’habitude de distribuer votre CV pour décrocher un petit boulot et financer vos études, et l’interruption des cours en présentiel, vous devez sûrement vous sentir isolé(e) et même peut-être fauché(e) ? Ou bien, vous êtes jeune diplômé(e) et galérez à être embauché(e) ? Alors, vous devez être dépité, et tout aussi fauché. Sachez déjà que vous êtes loin d’être le/la seul(e). Les confinements à répétition, l’arrêt total de certains secteurs (culture, tourisme, hôtellerie, restauration, événementiel, etc.) et la difficulté des entreprises à se projeter, ont provoqué une baisse des offres d’emploi, en particulier sur les postes d’intérimaires et les CDD. Ainsi, le chômage des 15-25 ans culmine à 21,8 % au dernier trimestre, soit une augmentation de 2,6 points en un an, ce qui en fait la tranche d’âge la plus touchée par la crise en 2020.

Bien que l’on ne dispose pas encore d’assez de recul sur la situation pour évaluer avec précision l’ampleur des dégats, une augmentation de la précarité des jeunes se dessine déjà. Les associations d’aides alimentaires alertent notamment sur le fait que de plus en plus d’étudiants se rendent aux distributions de repas, n’ayant plus rien pour remplir leur placard en fin de mois. En novembre dernier, à l’occasion de la présentation du Rapport sur la pauvreté en France, le directeur de l’Observatoire des inégalités, Louis Maurin, déclarait : « Les personnes âgées ont payé les plus lourdes conséquences du coronavirus en matière de santé, les jeunes vont subir l’essentiel de ses retombées économiques » Parmi les conclusions de ce rapport, basé sur les données de 2018 et donc non représentatif de la situation actuelle, on note néanmoins que les jeunes étaient déjà une population à risque deux ans avant la crise, puisqu’ils représentaient plus de la moitié des pauvres de France.

En 2021, les spécialistes redoutent qu’un grand nombre d’entreprises mettent la clé sous la porte, entraînant une explosion du chômage, dont les principales victimes seront, encore une fois, les plus jeunes. Pour l’instant, l’Etat tente de limiter la casse en aidant les entreprises et en les encourageant à recruter des profils juniors. Mais alors que la campagne de vaccination débute lentement et que la menace d’un nouveau confinement plane toujours au-dessus de nos têtes, cela ne présage rien de bon. Les prochains mois nous diront si ces mesures de soutien seront renforcées ou non et si leur impact sera suffisant pour permettre au plus grand nombre de sortir la tête hors de l’eau.

Les aides dont vous pouvez bénéficier en tant qu’étudiant ou jeune diplômé.

Bon, après ce constat déprimant, concentrons-nous sur les solutions possibles ! Car il en existe, et à plusieurs niveaux. Certaines aides ou mesures ont été mises en place par l’Etat et permettent donc à tous ceux qui remplissent certains critères d’en bénéficier. D’autres soutiens, instaurés en complément par les régions, les associations ou même des entreprises, vous offrent d’autres possibilités, à un niveau plus local, pour ne pas toucher le fond pendant la crise.

Les aides financières, pour ne pas compter que sur le billet de mamie à Noël

  • Pour les étudiants

Avec la crise, le dispositif de bourses a été simplifié pour en faciliter l’accès au plus grand nombre et accélérer leur mise en place. Désormais, que vous soyez déjà boursier ou non, vous pouvez à tout faire moment une demande de révision de votre droit à une bourse pour l’année en cours, en particulier si vos revenus ou ceux de vos parents ont diminué depuis le début de la crise.

Le dispositif de demandes d’aides spécifiques est lui aussi plus simple. Sachez qu’il existe deux types d’aides destinées aux étudiants. La première, qui s’apparente le plus au système boursier, est une aide annuelle, dont le versement se fait en 10 mensualités et qui vous permet d’avoir un soutien financier quand vos revenus ont baissé au cours de l’année. La seconde est une aide ponctuelle de 500 €, versée en une seule fois, censée compenser une dépense imprévue importante qui pourrait perturber le bon déroulement de votre année (par exemple, votre ordinateur qui ne fonctionne plus et trop peu de ressources pour en racheter un, ou, une baisse des revenus mettant en péril le financement de vos études). Ces deux aides se débloquaient auparavant par l’envoi d’un dossier qui devait être étudié par une commission du Crous, ce qui pouvait prendre un peu de temps. Cette année, la procédure étant simplifiée et accélérée, l’attribution des aides se fait désormais sur la base d’une enquête sociale mais sans étude du dossier par cette même commission. Il vous suffit de contacter le service social de votre Crous ou d’appeler le 0 806 000 278 et de prendre rendez-vous avec un assistant.

Au niveau local, certaines régions ont mis en place des aides financières complémentaires. Elles sont répertoriées pour chaque région sur cette page, mais vous pouvez aller visiter le site de votre région pour être sûr(e) de n’en louper aucune. Par exemple, dans les Hauts-de-France, tous les boursiers peuvent maintenant toucher une aide ponctuelle supplémentaire de 150 €. En Île-de-France, une bourse a été débloquée spécialement pour les formations sanitaires et sociales, toujours sur critères sociaux.

  • Pour les jeunes diplômés

En 2021, si vous êtes jeune diplômé, que vous avez moins de 25 ans et que vous rencontrez des difficultés dans votre recherche d’emploi, vous pouvez bénéficier d’une “allocation sur-mesure”, selon les mots employés par Elisabeth Borne, la Ministre du Travail. Cette allocation peut s’élever à 500€ maximum, versés pendant 4 mois. Pour toucher cette aide de l’Etat, vous devez être accompagné(e) par un conseiller Pôle Emploi ou Apec (association pour l’emploi des cadres) et être dans l’impossibilité d’être aidé(e) financièrement par vos parents.

L’Etat a par ailleurs mis en place une aide financière aux travailleurs précaires, sans condition d’âge cette fois. Lancée en novembre, elle prend la forme d’une allocation mensuelle de 900€, et court jusqu’en février. Celle-ci s’adresse principalement aux travailleurs saisonniers, intérimaires, extra des secteurs hôteliers, de la restauration et de l’événementiel. Mais parmi les quelques 400 000 travailleurs précaires ciblés par cette aide, on estime qu’environ 70 000 jeunes sont concernés, alors n’hésitez pas à vous renseigner sur vos droits !

Les aides à l’insertion professionnelle et à l’emploi, car le travail reste le meilleur moyen de sortir la tourmente

  • Pour les étudiants

Si vous vivez en résidence étudiante, cette opportunité est peut-être pour vous. Le CROUS a ouvert 1 600 postes d’étudiants référents partout en France. Derrière cet intitulé de poste abstrait, il s’agit de consacrer quelques heures par jour (payées au SMIC) au soutien psychologique et social de locataires de la résidence universitaire à laquelle on est affecté(e) et d’éviter ainsi toute souffrance liée à l’isolement. Si la plupart des contrats ont commencé en novembre 2020 et devaient durer jusqu’à la mi-janvier, restez à l’affût de nouveaux contrats, d’autres pourraient voir le jour en fonction de l’évolution de la situation sanitaire et des restrictions.

Les universités ont par ailleurs obtenu le budget nécessaire au recrutement de 20 000 tuteurs pour accompagner les étudiants dans leurs compréhensions des cours et la préparation des examens. Il s’agit d’un job étudiant, pour lequel vous pouvez postuler si vous êtes inscrit en troisième année de licence ou en master. Un bon moyen de se faire un peu de sous chaque mois tout en évitant le décrochage scolaire.

Au niveau régional, il existe aussi d’autres actions qui visent à faciliter l’insertion professionnelle et/ou l’orientation. Par exemple, dans les Pays de la Loire, certaines collectivités sont équipées de masques de réalité virtuelle pour permettre aux lycéens, étudiants et salariés en reconversion une immersion dans le métier de leur choix. Dans les Hauts-de-France, un véhicule peut être prêté à certains stagiaires ou salariés qui ne peuvent pas aisément se rendre sur leur lieu de travail pour 1€ par jour pendant un mois.

  • Pour les jeunes diplômés

L’Etat a annoncé à la fin du mois de novembre que le nombre de places au sein du dispositif Garantie Jeune, qui inclut une allocation mensuelle de 500€ et un accompagnement intensif vers l’emploi, doublerait en 2021 pour toucher près de 200 000 jeunes.

L’Etat considère que pour que les aides soient véritablement efficaces, il faut les accompagner par une incitation des entreprises à favoriser l’embauche de profils jeunes. Sachez donc que, dans le cadre du plan du gouvernement “Un jeune, une solution”, si vous avez moins de 26 ans, l’entreprise qui vous fera signer un premier contrat sera “récompensée” par une baisse de charges à hauteur de 4 000 € sur un an. Si vous êtes encore étudiant, les contrats d’apprentissage ou d’alternance valent aux entreprises une aide financière de 8 000 € par contrat. Notons également que ces mesures incitatives pour les entreprises étaient initialement prévues jusqu’à la fin du mois de janvier 2021, mais la ministre du Travail Elisabeth Borne a déclaré qu’elles seraient prolongées. Par ailleurs, le gouvernement essaye aussi de relancer l’économie par le développement du secteur de la transition énergétique, en accordant une aide de 8 000 € à tout employeur prêt à embaucher un jeune pour une mission en lien avec la transformation énergétique et écologique de l’entreprise. Voilà donc une opportunité de s’engager pour la planète tout en progressant professionnellement !

Toujours dans le cadre du dispositif “Un jeune une solution”, l’Etat a ouvert une plateforme pour vous accompagner pendant votre recherche d’emploi. Vous y trouverez des offres de jobs, des événements de recrutement, une liste des mesures du gouvernement et vous pourrez solliciter un conseiller pour vous aider à décrocher un job ou bien trouver une formation.

Et si vous ne trouvez toujours pas chaussure à votre pied, n’hésitez pas à vous inscrire aux ateliers “Objectif premier emploi” proposés par l’Apec. Il s’agit d’une session d’accompagnement à la recherche d’emploi avec un consultant spécialisé. Celles-ci ont lieu par groupe d’environ 12 personnes et sont à réaliser en présentiel ou en ligne. Le but de l’atelier est de vous permettre de devenir plus autonome dans votre recherche d’un premier job et de vous mettre sur les rails par une mise en contact avec des professionnels ou bien un accès privilégié à des offres d’emploi.

Les aides alimentaires, parce que vous ne devriez jamais avoir faim

  • Pour les étudiants

Rien dans le ventre et très peu dans le porte-monnaie ? En période de confinement, et tant que les établissements de restauration sont fermés, tous les repas à emporter du CROUS sont proposés à 1 euro pour les boursiers !

Dans les Hauts-de-France, ces repas sont même entièrement gratuits, mais uniquement pour les boursiers.

  • Pour tous les jeunes

Si les fins de mois sont difficiles et qu’il ne vous reste souvent plus rien pour vos courses alimentaires la dernière semaine, vous pouvez vous rendre au CCAS (centre communal d’action sociale) de votre commune pour être dirigé(e) vers un assistant social. Celui-ci fera le bilan de votre situation et pourra mettre en place une aide alimentaire d’urgence s’il l’estime nécessaire.

Vous pouvez aussi vous rapprocher d’associations comme les Restos du cœur, la Banque alimentaire, la Croix rouge et d’autres pour recevoir des repas chauds gratuits, des paniers repas ou des bons d’achats pour faire vos courses.

Les aides au logement, parce qu’un loyer abordable ça libère d’un poids

  • Pour les étudiants

La ville de Paris a mis en place le dispositif d’aide AILE (aide à l’installation pour un logement étudiant). Concrètement, si vous êtes boursier mais n’avez pas réussi à obtenir de place en logement CROUS, vous pouvez demander une aide financière de 500 à 1 000 € pour vous payer votre propre logement.

  • Pour les jeunes diplômés

Vous avez un job mais entre nous, c’est difficile de trouver un logement quand on n’a pas de garant, n’est-ce pas ? Le groupe Action Logement permet aux entreprises d’appuyer les salariés, notamment en se déclarant comme étant leurs garantes sur leur contrat de location. Bon à savoir !

Et pour des besoins plus spécifiques, des aides plus spécifiques

  • Pour les étudiants

Loin du foyer familial, vous vous sentez un peu seul ? L’Etat a mis à disposition une plateforme à destination des étudiants des DOM-TOM pour vous permettre de solliciter de l’aide autour de vous, poser vos questions et trouver des associations solidaires durant la crise.

En Île-de-France, les étudiants boursiers peuvent bénéficier d’une aide de 100 € pour l’achat de matériel informatique.

Dans les Pays de la Loire, les étudiants les plus fragiles peuvent se faire prêter des ordinateurs portables pour passer leurs épreuves de concours en ligne.

La mauvaise nouvelle, c’est que nous n’avons pas pu faire lister dans ce seul article toutes les aides qui existent et vous intéressent peut-être. Mais la bonne nouvelle, c’est que si nous n’avons pas pu toutes les répertorier, c’est qu’elles sont très nombreuses, notamment au niveau local, à l’échelle des régions et des communes. Alors, si la crise vous met particulièrement mal, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre commune pour avoir accès à l’ensemble des aides proposées proche de chez vous ou de votre lieu d’études/de travail. De quoi, on est sûr, vous permettre soit de continuer vos études sereinement, soit de vous insérer rapidement sur le marché du travail et surtout, de quoi réussir à subvenir à vos besoins !

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Photo by WTTJ

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