À qui s'adresser quand on a un problème au travail ?

23. 5. 2019

6 min.

À qui s'adresser quand on a un problème au travail ?
autor
Ingrid Dupichot

Freelance Content Writer

Insomnie, irritabilité, fatigue, angoisse… Seul derrière votre écran, vous vous surprenez à faire des recherches sur Google pour mieux comprendre les troubles dépressifs ou anxieux. Que vous n’arriviez plus à gérer votre charge de travail ou pensiez carrément être victime de harcèlement, vous avez un problème et votre équilibre psychologique en est affecté.

Seulement, vous n’êtes pas sûr cette fois-ci que vous plaindre auprès de votre collègue préféré, votre meilleur ami, votre conjoint ou votre colocataire suffira à régler la situation. Même la sagesse éternelle de votre grand-mère semble ici inutile. Si vous êtes plutôt du genre taiseux, retourner inlassablement le problème dans votre tête ne vous aidera pas davantage. Il est temps de vous rendre à l’évidence, de prendre votre courage à deux mains et de trouver quelqu’un de compétent pour en parler librement et débloquer la situation.

En finir avec la stigmatisation de la santé mentale au travail

La santé mentale, c’est quoi ?

Pour rappel, la santé mentale, composante essentielle de la santé, est un état de bien-être, une aptitude de l’esprit à fonctionner normalement et à répondre de manière appropriée aux stimulus de l’environnement. Un cadre de travail négatif ou une simple inadéquation à son environnement de travail peut venir perturber cet état de bien-être. Cela peut se traduire par l’apparition d’affections psychiatriques et de troubles mentaux, voire physiques. L’employé sera alors dans l’incapacité de maintenir son équilibre psychique et de s’adapter aux aléas de la vie professionnelle.

Rétablir un équilibre entre bien-être individuel et productivité collective

La culture du travail s’inscrit dans une logique de productivité et favorise souvent les emplois du temps bien remplis. Il n’est pas rare d’évoquer fièrement sa charge de travail très élevée, pour démontrer qu’on sait habilement gérer une période de rush au travail et une to-do list interminable.

L’apparition de nouveaux outils et de nouvelles façons de travailler peuvent également avoir un impact sur l’équilibre psychique du salarié. Par exemple, lors du passage en full remote, une période de réajustement est souvent nécessaire pour ce dernier, déboussolé par un nouvel environnement et de nouvelles dynamiques.

Si un bon équilibre n’est pas trouvé, la santé mentale et l’estime de soi du collaborateur peuvent malheureusement en prendre un coup. Or, selon une étude récente menée par l’OMS, la dépression et les troubles de l’anxiété coûtent à l’économie mondiale 1 000 milliards de dollars US par an en perte de productivité. Le mal-être au travail est souvent la cause d’absentéisme, de recul de la performance ou de burn out.

Rencontrer des difficultés au travail n’a rien d’anormal

Parler de son état de santé au travail reste majoritairement tabou et les personnes atteintes de maladies mentales sont souvent victimes de préjugés, rejetées, évitées ou stigmatisées. Souvent vue comme un aveu de faiblesse, cette période de crise entraîne des craintes et un sentiment de honte chez le collaborateur touché. Pour beaucoup, prendre la parole revient à risquer d’être catalogués par leur entourage professionnel qui ne connaît pas grand chose à la santé mentale et qui, inconsciemment, applique des stéréotypes. Il faut être courageux et souvent bien soutenu pour réussir à s’avouer et à avouer qu’on a besoin d’aide. Aussi, de nombreux employés préfèrent malheureusement se taire au risque de laisser la situation se détériorer.

Or, selon la FRC (Fédération pour la recherche sur le cerveau), les troubles psychiatriques touchent un adulte sur quatre, soit 27 % de la population française et 75 % des affections psychiatriques débutent avant l’âge de 25 ans… De quoi se rendre compte de l’ampleur du phénomène et déculpabiliser !

À qui s’adresser au bureau pour aller mieux ?

1. RH et équipe People

Votre entreprise fait sûrement appel à des RH (internes ou externes), ou a peut-être carrément mis en place une “équipe People” dédiée aux salariés et à la culture d’entreprise.
Que ce soit un changement de titre pour le DRH ou une création de poste, de nombreuses entreprises nomment des CPO (Chief People Officer), ou même un Head of People.
L’équipe People se distingue d’une équipe RH classique par un positionnement plus stratégique. On retrouvera notamment dans ses missions la mise en place du coaching dans l’entreprise et l’implémentation de programmes d’apprentissage et de développement.

Si les membres de cette équipe ne sont pas thérapeutes, ils ont pour mission de s’occuper de l’humain au sein de l’entreprise. Parler de votre problématique à l’un d’eux pourrait être un premier pas utile. Ils pourront agir en interne, suivre votre cas, faire remonter les problématiques et vous renvoyer vers quelqu’un de plus spécialisé ou du corps médical si nécessaire.

2. CHO, CWO et Office Manager

Si votre entreprise compte parmi ses salariés un CHO, un CWO ou un OM, ils peuvent constituer une ressource précieuse dans un premier temps.

En effet :

  • Le CWO (Chief Wellbeing Officer) est responsable de l’amélioration de la santé et du bien-être des employés.
  • Le CHO (Chief Happiness Officer) est un créateur de convivialité, responsable du développement personnel dans l’entreprise.
  • L’OM (Office Manager) est un véritable couteau suisse qui sert de relais entre les salariés et les managers.

Les profils occupant ces postes sont trop divers pour pouvoir dessiner un portrait généralisé mais, comme pour les membres de l’équipe RH et People, parler à l’un d’eux est un premier pas qui peut se révéler très utile. Certains CWO ou CHO peuvent avoir une double casquette de coach ou de psychologue, et n’oubliez pas que ceux qui choisissent ces fonctions en entreprise ont des appétences pour les problématiques humaines.

3. CSE

Le CSE (comité social et économique) remplace les représentants élus du personnel dans l’entreprise. Il fusionne l’ensemble des IRP (instances représentatives du personnel), des DP (délégués du personnel), du CE (comité d’entreprise) et du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail). Le CSE devra être mis en place dans toutes les entreprises concernées le 1er janvier 2020 au plus tard.

La délégation du personnel au CSE contribue à promouvoir la santé, la sécurité et les bonnes conditions de travail dans l’entreprise et réalise des enquêtes en matière d’accidents du travail ou de maladies professionnelles ou à caractère professionnel. Les membres peuvent saisir l’inspection du travail pour toutes les plaintes et observations relatives à l’application des dispositions légales dont elle est chargée d’assurer le contrôle. En effet, le CSE bénéficie d’un droit d’alerte dans les situations portant atteinte aux droits des personnes, à leur santé physique et mentale ou aux libertés individuelles dans l’entreprise.

4. Médecin du travail

La médecine du travail est placée sous la surveillance des représentants du personnel et le contrôle des services du ministère de l’Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale. Elle bénéficie à tous les salariés, quelle que soit la taille de l’entreprise. Vous pouvez demander à voir un médecin du travail pour échanger sur vos problématiques, en dehors des visites prévues et des entretiens de suivi.

L’avantage ? L’ensemble des dépenses liées à la médecine du travail sont à la charge de l’employeur et notamment les examens médicaux, les examens complémentaires, le temps et les frais de transport nécessités par ces derniers, le temps passé par les médecins du travail à l’étude des postes de travail dans l’entreprise…

5. Médecin généraliste

Vous pouvez également consulter et échanger avec votre médecin généraliste. Vous serez sûrement plus à l’aise pour vous livrer. Ce médecin vous connaît et est extérieur à votre entreprise. Ce dernier pourra vous arrêter si besoin et saura surtout vous conseiller et vous rediriger vers un psychologue ou un psychiatre si nécessaire.

6. Psychologue du travail et psychiatre

Certaines grandes entreprises ont un psychologue ou un psychiatre en interne ou des listes de contacts à disposition vers lesquels se tourner. Un bon psychologue ou un psychiatre pourra aussi vous être conseillé par votre médecin généraliste ou un proche.
Attention : il n’est pas forcément facile de trouver le bon “psy”. De nombreuses écoles de pensées et types de thérapie existent. À vous de vous renseigner et de tester différentes pratiques pour trouver celle qui vous convient. Et comme toujours en matière de relation humaine, un bon “fit” est nécessaire.

Rappel :

  • Un psychiatre est un médecin qui peut prescrire des médicaments, dont les consultations peuvent être remboursées.
  • Un psychologue exerce une science issue du domaine médical, mais n’est pas médecin : il ne peut donc pas prescrire de médicaments.

7. Coach

On quitte ici le domaine médical pour passer du côté de la prestation de service. Le coaching en entreprise est en plein boom et de très nombreux types de coachs existent et utilisent une multiplicité d’outils et de méthodes : coachs de vie, coachs professionnels, coachs en transition de carrière… On compte autant de types de coachs que de besoins.

Un bon coach vous aidera à vous développer personnellement et à travailler votre compétitivité sur une courte durée (trois mois). L’idée ? Vous entraîner, comme un coach sportif, mais appliqué à votre vie professionnelle (et personnelle si vous le souhaitez).

Pour aller plus loin :

Rappelez-vous qu’exprimer ses émotions est un besoin humain normal. En parler aide à démystifier. Pour détruire le tabou de la santé mentale au travail, il est important de (faire) comprendre ce que sont les différents types de problèmes de santé mental le plus souvent rencontrés au travail et comment les affronter.

Il s’avère fondamental sur le long terme d’entretenir la qualité de notre rapport à nous-même et aux autres, c’est-à-dire cultiver son intelligence émotionnelle. Pratiquer la méditation, le yoga par exemple, ou toute autre discipline permettant de suivre son état émotionnel et de reconnecter son corps et son esprit permet d’être plus conscient de son état mental. Namaste !

Photo by WTTJ

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