Et si le dessin valait mieux que la parole en entreprise ?

23. 9. 2019

5 min.

Et si le dessin valait mieux que la parole en entreprise ?
autor
Aglaé Dancette

Fondateur, auteur, rédacteur @Word Shaper

Vous êtes en réunion, en train d’essayer de comprendre le PowerPoint de votre collègue. Mais les connexions ne se font pas dans votre esprit, les chiffres s’accumulent et rien n’est exposé clairement. Dan Roam est un spécialiste de la pensée visuelle et dans son bestseller The Back of the Napkin, il explique comment un simple dessin peut résoudre bien des problèmes et permettre d’exposer sa pensée. Pour le business d’une part, mais aussi dans tous les autres domaines d’activité. Dans son ouvrage, l’américain donne des outils concrets pour clarifier n’importe quel problème et surtout pour développer et vendre ses idées. Vous êtes convaincu de ne pas savoir dessiner ? Aucun souci, suivez le guide.

Dessiner pour trouver des idées, les développer et les vendre

Quelque soit le secteur d’activité, la gestion d’une entreprise repose sur l’art de résoudre les problèmes : comment faire rentrer l’argent, comment manager les équipes, comment rendre tel projet à temps malgré le retard des fournisseurs ? La pensée visuelle est un mode de pensée qui consiste à appréhender ces problèmes en traitant de l’information visuelle, à la différence de la pensée linguistique ou auditive.

Comme Dan Roam l’explique dans son ouvrage, nous sommes tous nés avec des facultés visuelles et de conceptualisation même si on est persuadé de n’avoir aucune aptitude dans ce domaine. La pensée visuelle consiste en effet à développer son sens de l’observation, à regarder et voir les choses, puis à utiliser son imagination pour ensuite retranscrire et partager cela aux autres. Résoudre des problèmes avec des images n’a ici rien d’artistique et ne requiert pas de talent a priori.

Selon Roam, le schéma est par exemple un moyen rapide d’illustrer quelque chose. C’est aussi le meilleur moyen pour partager une idée avec son équipe car le dessin permet de s’aligner tous ensemble sur un même mode de communication. Car le dessin, en simplifiant les choses, fait écho aux concepts les plus basiques que l’on a tous en tête de façon quasiment universelle. Enfin, c’est une bonne façon de créer de l’engagement et de fédérer : si vos collaborateurs ont une vision claire de ce qu’ils doivent faire et pourquoi, ils seront plus efficaces car l’explication par le dessin reste plus longtemps en mémoire qu’un long discours.

Les 6 questions à se poser

Pour n’importe quel problème que l’on souhaite résoudre, il y a six façons de l’appréhender. Selon ces différentes façons de voir les choses, on peut choisir un système schématique adapté :

1. Pour répondre à la question Qui/Quoi ?

On peut dessiner un schéma sous forme de portrait. Exemple : pour définir le portrait type de la cible de l’entreprise.

2. Pour répondre à la question Combien ?

On peut dessiner un graphique. Exemple : pour exposer le CA mensuel attendu pour l’année à venir.

3. Pour répondre à la question Où ?

On peut dessiner une carte. Exemple : pour trouver la solution la plus optimale au transport de votre marchandise de telle ville à telle autre.

4. Pour répondre à la question Quand ?

On peut dessiner une frise chronologique. Exemple : pour présenter les échéances et objectifs à long-terme de la boîte.

5. Pour répondre à la question Comment ?

On peut dessiner un organigramme. Exemple : pour expliquer l’implication des différentes équipes de la boîte pour la sortie d’un nouveau produit.

6. Pour répondre à la question Pourquoi ?

On peut dessiner un repère à plusieurs variables. Exemple : pour prouver à votre boss qu’une semaine de vacances supplémentaire par an aurait des bénéfices incroyables sur votre productivité.

Nul besoin d’être particulièrement original, il suffit de choisir le format le plus cohérent avec votre propos. Là encore, on ne parle pas de représentation réaliste et/ou exacte mais de schématisation simple.

Le SQVID

Comme l’explique Dan Roam, l’imagination intervient pour rendre visible ce que l’on n’a pas directement sous les yeux et plutôt ce que l’on a dans la tête. L’outil que l’auteur a développé pour stimuler la pensée visuelle est appelé le SQVID. Pour l’utiliser, il faut à nouveau se poser 5 questions. Prenons l’exemple de la pomme :

  • S pour “ Simple ou élaboré “ : souhaitez-vous représenter la pomme dans ce qu’elle a de plus simple ou en détaillant sa peau, sa tige, sa feuille, sa couleur ?
  • Q pour “ Qualité ou quantité “ : souhaitez-vous évoquer les qualités esthétiques de cette pomme ou les données objectives comme sa taille, son poids, sa densité par exemple ?
  • V pour “ Vision ou exécution “ : est-ce que vous voulez simplement montrer la pomme telle qu’elle est une fois cueillie ou est-ce que vous avez besoin de détailler l’ensemble du processus de la pousse de l’arbre à la floraison, puis la croissance du fruit, pour arriver à la pomme mûre ?
  • I pour “ Individu ou comparaison “ : devez-vous juste représenter cette pomme en tant que tel ou l’inscrire dans un système comparatif en la schématisant aux côtés d’une poire, d’une banane et d’une grappe de raisins ?
  • D pour “ Différence ou tel quel “ : vous pouvez choisir de montrer juste la pomme ou d’imaginer comment elle pourrait évoluer, en tarte ou en compote par exemple.

Si l’exemple de la pomme est un peu simpliste, cette méthode est applicable à n’importe quel problème plus complexe en prenant le temps de répondre à chaque question une à une. L’idée est de savoir ce que l’on veut montrer pour schématiser les informations qui sont importantes, en laissant de côté celles qui sont superflues.

Les 10 commandements de la pensée visuelle

En annexe de son livre, Dan Roam expose les 10 commandements de la pensée visuelle qui résument bien l’ensemble de sa théorie.

1. Résoudre n’importe quel problème avec un dessin : quelque soit la nature du problème, un dessin le rendra toujours plus clair.

2. Ne plus dire que l’on ne sait pas dessiner : notre pensée visuelle est sollicitée tous les jours pour marcher droit, passer une porte ou ne pas tomber du trottoir.

3. Toujours avoir sur soi un carnet et un stylo.

4. Toujours commencer par dessiner un cercle et lui donner un nom car l’essentiel est de tracer la première ligne, aussi simple soit-elle.

5. Sélectionner le schéma le plus approprié selon les 6 questions Qui, Quoi, Quand, Où, Combien et Pourquoi.

6. Faire des bonhommes à tout va : cela parle aux gens et le côté imparfait du schéma rend le problème plus humain.

7. Se servir de tous les concepts possibles : la taille d’un schéma, son orientation, sa forme sont autant d’éléments qui aident à donner du sens à une problématique.

8. Associer le dessin à la parole : la pensée visuelle n’exclut pas la parole, vous pouvez commenter ce que vous dessinez ou effacer pour que l’interlocuteur comprenne le cheminement.

9. Ne pas se concentrer sur la qualité du schéma mais sur ce qu’il montre.

10. Toujours conclure le raisonnement sur le schéma : en ajoutant un titre, un point, un commentaire en fin de raisonnement, vous attirez l’attention sur la solution apparue.

L’ouvrage de Dan Roam est évidemment très illustré et se base sur de nombreux exemples concrets. Sa théorie de la pensée visuelle ouvre des horizons et nous fait prendre conscience que la résolution d’un problème peut très souvent être schématisée, simplifiée et donc, à portée de main (ou de stylo). Une fois qu’on se lance puis qu’on prend le pli de dessiner les situations, les solutions apparaissent beaucoup plus naturellement et rapidement. Que ce soit en entreprise ou au quotidien, la méthode de Roam présente bien des avantages, alors pourquoi se priver ? Tous à vos feutres.

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Photo d’illustration by WTTJ

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