Passer du public au privé (et inversement) : quelles difficultés ?

19. 11. 2019

5 min.

Passer du public au privé (et inversement) : quelles difficultés ?

Quand on se lance sur le marché du travail, ce n’est pas forcément une question que l’on se pose tout de suite. Pourtant, choisir de travailler dans le secteur public ou privé peut avoir son importance. Au quotidien, des petites différences propres à chacun de ces deux secteurs peuvent finir par peser ou au contraire, faire la différence dans votre équilibre vie professionnelle, vie privée. Bien évidemment, toutes les entreprises du public et toutes les entreprises du privé ne fonctionnent pas de la même manière. Si certains clichés sont fondés, d’autres appartiennent aux légendes urbaines qui nous bercent depuis très longtemps. Alors, y a-t-il réellement un “monde” entre le public et le privé ? Tentons d’y voir plus clair et de comprendre comment se préparer à passer de l’un à l’autre.

Un même métier est-il exercé pareillement dans le public que dans le privé ?

Vous vous demandez peut-être si vos compétences acquises dans un domaine d’activité précis ont la même valeur dans le secteur public et dans le secteur privé. En réalité ce n’est peut-être pas le cas. Une personne considérée comme “expert” dans un domaine ne le sera pas forcément dans les deux secteurs.

Constance Goncalves, Key Account Manager a vécu cette transition du public vers le privé. Elle estime qu’il y a « réellement un monde entre la manière d’exercer son métier dans le public ou dans le privé. Les attentes en terme de capacité à “délivrer” ne sont pas du tout les mêmes. Par exemple, un poste dans le secteur public n’est pas objectivé (il n’y a pas forcément d’objectif chiffré précis à atteindre, ndlr) et, à mon avis, n’incite pas le salarié à s’investir plus que cela. »

Par ailleurs, le management n’est généralement pas exercé de la même manière dans chacun de ces secteurs. Nous avons eu l’occasion d’en discuter avec Caroline qui exerce le métier de Community Manager. Elle nous apporte son point de vue sur les différences managériales qui existent entre ces deux secteurs.

Elle aussi a vécu le passage du public et au privé et constate que : « un manager dans le public aura beaucoup plus de mal à motiver son salarié tant il est assuré de garder son poste quoi qu’il arrive (sauf faute grave, évidemment). Je suis convaincue, qu’en partie pour cette raison, la notion de stress est beaucoup moins présente dans une entreprise publique et c’est probablement ce que recherchent certains travailleurs. Il est important que chacun trouve son équilibre. »

À quoi faut-il se préparer pour passer du public au privé ?

Le rapport au temps

Les personnes qui sont passées du secteur public au privé s’accordent pour dire qu’il faut s’attendre à revoir sa définition du rapport au temps et aux horaires. Dans le privé, on compte moins ses heures que dans le public et généralement, on en fait davantage. Pour autant, il ne faut pas en avoir peur, il y a un bon compromis à trouver pour ne pas atteindre un point de rupture qui pourrait vous écœurer de votre métier. Attention également au présentéisme : c’est un phénomène qui prend de l’ampleur dans le privé et de trop nombreux salariés veulent montrer leur implication en faisant en grand nombre d’heures alors qu’ils n’ont plus rien à faire au bureau.

En ayant une meilleure maîtrise de vos horaires dans le public, vous aurez davantage l’opportunité de développer un “side project” (un projet personnel en parallèle de votre activité principale). En France, 4,5 millions de personnes, soit 16 % des actifs, cumulent plusieurs métiers par choix ou par obligation. Si c’est l’une de vos ambitions, gardez à l’esprit que c’est une opportunité que vous ne pourrez peut-être pas saisir en étant dans le privé.

La charge de travail

Quand on arrive dans le privé, il faut être prêt à s’investir. C’est d’autant plus vrai pour les travailleurs qui souhaitent travailler dans une start-up : il y a souvent tout à construire et vous ne pourrez pas vous contenter de vous résigner à vos “seules” missions. Aussi, ne soyez pas surpris par la rapidité des processus de validation. Souvent assez longues dans le secteur public, les prises de décision sont généralement plus “efficaces” dans le privé.

Le travail en équipe

Dans le secteur privé, la forte tendance au décloisonnement pourrait également vous surprendre : vous serez certainement amené à travailler avec des personnes d’autres services que le vôtre. Les entreprises du secteur privé cherchent de plus en plus à faire collisionner les idées de leurs équipes pour faire naître des projets nouveaux qui n’auraient peut-être jamais vu le jour si cette nouvelle méthode de travail n’avait pas pris de l’ampleur.

La compétitivité

Enfin, vous devez savoir que la compétitivité au sein des équipes d’une entreprise publique est moins forte que dans le privé. En rejoignant une entreprise privée, vous aurez certainement des objectifs à respecter et une forme de compétition s’installera. C’est une méthode largement utilisée dans le secteur privé pour tenter de pousser chaque collaborateur à faire son maximum.

Pourquoi les travailleurs du secteur public intéressent-ils les recruteurs du privé ?

La réputation

Quand on vient du public, on jouit d’une certaine réputation. En effet, le travailleur du public est considéré comme un “expert” dans un domaine précis et cela peut faire une réelle différence sur le marché du travail. Par exemple, un chargé de communication d’une mairie a pu gérer des budgets très conséquents, parfois plusieurs millions d’euros. Les recruteurs peuvent considerer que l’employé du secteur public a acquis une certaine expertise et celle-ci est particulièrement bénéfique au moment d’une embauche.

Le réseau

Ce n’est pas tout : qui dit public dit généralement jouissance d’un réseau puissant. En effet, les entités publiques peuvent être rattachées à un ministère. Évidemment, pour les travailleurs d’une entité publique, c’est l’occasion de se constituer un réseau qui pourrait leur permettre de faire la différence face à d’autres candidats. En participant à des évènements, en rencontrant des personnes influentes, vous devenez plus attractif pour un recruteur du privé.

Que faut-il garder à l’esprit avant de faire cette transition ?

Adapter l’intitulé de votre poste ou métier

Ça y est, vous commencez à comprendre qu’il y a probablement autant d’avantages dans le privé que dans le public ! Un conseil : trouvez l’environnement qui vous correspond le mieux, celui dans lequel vous vous épanouirez le plus. Si vous vous apprêtez à sauter le pas du public vers le privé, nous vous conseillons d’adapter l’intitulé de votre poste avant de postuler. Bien souvent, le secteur public donne des noms à rallonge ou totalement inappropriés au privé. Un “coordinateur technico-fonctionnel informatique” peut devenir un “chef de projet” dans le privé. Dans la même idée, un “directeur administratif et financier” dans le public se présentera comme un CFO (Chief Financial Officer) dans le privé.

Peser le pour et le contre

Caroline nous précise également que « vous devez savoir que dans le public votre champ d’action ne s’étendra pas au-delà des informations inscrites sur votre fiche de poste. A contrario, dans le privé on attendra de vous plus d’implication dans le développement stratégique et global de l’entreprise. On vous demandera plus d’autonomie, plus de performance et votre mission pourrait bien aller largement au-delà des raisons pour lesquelles vous avez été recruté initialement. » Vous devez en avoir conscience avant de sauter le pas.

À l’heure où la recherche d’un équilibre entre vie professionnelle et vie privée est à son apogée, il faut vous poser les bonnes questions et choisir en fonction de vos aspirations. Bref, comme le dit l’adage : « on sait ce que l’on perd mais on ne sait pas ce que l’on gagne. »

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Photo d’illustration by WTTJ

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