Faire plus avec moins : « The Power of Zero in Business »

09. 10. 2018

5 min.

Faire plus avec moins : « The Power of Zero in Business »
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L’argent est souvent considéré comme un facteur de motivation majeur au travail. S’il vient à diminuer, la motivation peut fondre avec lui. Et si on équilibrait la balance avec certaines astuces ?

Cet ouvrage, publié en 2010, a été écrit par Nancy Lublin. Fondatrice de l’association Dress for Success qui vise à redonner confiance aux femmes en réinsertion professionnelle, elle dirige aujourd’hui Crisis Text Line : des volontaires communiquent par message avec des personnes en détresse. Ses références sont donc essentiellement issues du monde associatif, mais elle n’en fait pas moins le parallèle avec le business en général et les entreprises traditionnelles. L’auteur délivre une multitude de « petits trucs » facilement applicables pour des résultats à court et long terme et pour faire avec ce que l’on a !

Si l’argent n’est plus une carotte, comment faire pour obtenir le meilleur de vos employés ?

Donner du sens

L’argent a souvent été considéré comme l’un des plus gros facteurs de motivation au travail. Pourtant, il y en a d’autres : pour la plupart des travailleurs motivés, leurs objectifs personnels sont en accord avec les objectifs de leur boite, ils sont en quête d’accomplissement personnel, de prestige. Chacun veut faire quelque chose dans la vie et au travail qui ait du sens, qui les passionne et les rende fiers. Si l’argent n’est plus une carotte, comment faire pour obtenir le meilleur de vos employés avec moins de moyens ?

Nancy Lublin préconise de chercher ce pourquoi ils se lèvent le matin : se sentir utile, s’accomplir, s’amuser, etc et donc de trouver le moyen de leur donner cela au quotidien. Il est par exemple important et très efficace de concevoir un produit de qualité qui rassemblera les employés autour d’une même cause qu’ils seront motivés à défendre. En effet, l’auteur souligne que les histoires et le story-telling ne coûtent rien mais constituent un liant au sein des équipes qui se sentent ensuite plus investies.

Selon l’auteur, il faut également assurer une certaine transparence dans l’entreprise pour que les employés n’aient pas le sentiment qu’on leur cache des choses ou que tout le monde n’est pas traité à la même enseigne. La transparence (budgétaire, décisionnelle etc) est d’abord gage d’exemplarité et permet aux employés de sentir qu’ils sont des acteurs à part entière de l’entreprise.

Enfin, Nancy Lublin explique que si vous voulez des équipes passionnées par ce qu’elles font, et dont la principale motivation n’est pas l’argent, tout se joue à l’étape du recrutement. Sachez repérer les meilleurs éléments et adaptez vos critères pour pouvoir mesurer le dévouement de vos futurs employés : enthousiasme verbal, engagement concret, capacité à être un bon porte-parole pour la boîte etc.

En réduisant le budget des équipes, elles deviennent souvent plus créatives !

Gérer son budget

Autre dimension importante lorsqu’on débute une activité avec presque rien : le budget, of course ! Dans le monde associatif, l’objectif n’est pas de maximiser le profit. Du coup, les associations sont généralement efficaces pour rentrer dans leur budget, ne pas perdre d’argent et planifier le futur. Nancy Lublin nous montre comment en prendre de la graine ! En effet, les associations ont une peur bleue des dépenses qui ne rentrent pas dans leurs plans. Elles apprennent donc à être constamment sur le qui-vive et en alerte pour rester disciplinées et mesurer la valeur de chaque sou dépensé. Lisser son budget sur plusieurs années, diversifier ses investissements et sources de revenus permet aussi de faire face à des situations imprévues, et de réduire naturellement les risques.

Lorsque l’on démarre, il est par exemple tentant de faire des estimations de budget à la hausse plutôt que de prendre le risque d’avoir un budget serré. Nancy Lublin recommande plutôt d’être juste et suggère de toujours vérifier où va l’argent de l’entreprise et d’où il vient ; cela oblige à être plus regardant sur chacune des dépenses et sur les revenus que vous percevez.

D’autant que l’auteur constate aussi qu’en réduisant le budget des équipes, elles deviennent souvent plus créatives ! Sous contrainte de budget, vos équipes devront innover, penser différemment que si elles avaient des ressources illimitées.

Pouvoir donner selon ses moyens et recevoir selon ses besoins

Faire avec ce qu’on a : le troc

Les associations, comme beaucoup d’entreprises, démarrent bien souvent avec des moyens limités et peu de visibilité. Le troc est alors une solution intéressante, bien au-delà de considérations matérialistes. Nancy Lublin y voit la possibilité de créer des échanges d’idées et d’expertises. Le but est de maximiser la flexibilité, la créativité et la confiance dans votre entreprise et avec des partenaires. C’est se rendre service mutuellement même si cela peut être perçu comme une méthode non professionnelle, car difficile à quantifier. Mais c’est le meilleur moyen d’obtenir des produits et services à bas coûts (logiciels, fournitures, placement de produits…). On peut commencer petit et parvenir à de très grands échanges ensuite.

Pour que le troc soit un échange positif, l’auteur donne quelques recommandations :

Identifiez clairement vos compétences, humaines et matérielles

Qu’est-ce que votre entreprise a en abondance ? Si cela a beaucoup de valeur et que vous en avez trop, ce sera parfait pour un troc. Par exemple, si vous vendez des fournitures, pourquoi ne pas les donner à d’autres entreprises pour qu’elles meublent leurs bureaux et vous offrent en échange des prix avantageux pour leurs propres produits ou services ?

Identifiez vos incompétences

  • Quelles sont vos faiblesses et vos besoins ?
  • Recherchez des partenaires
  • Regardez d’abord parmi les gens que vous connaissez, les entreprises autour de vous, utilisez les réseaux sociaux.

Formalisez le troc

Il est important de se mettre d’accord dès le début sur ce que vous donnez, sous quelle forme, et ce que vous recevez.

Suivre l’évolution de l’échange

Ce qui commence bien peut ne pas toujours bien se terminer. Vérifiez que la qualité de l’échange est bien respectée jusqu’au bout.

Adaptez-vous

Si vous vous rendez compte que l’échange n’est pas absolument équitable, essayez de changer les termes de l’arrangement pour qu’aucune partie ne soit défavorisée. Il faut que chacun ait l’impression d’avoir retiré de l’échange quelque chose qui semble de même valeur pour les deux parties.

Conclusion : si vous voulez être satisfait des échanges que vous réalisez, il vous faut donc les analyser, les préparer, définir clairement ce que vous donnez et ce que vous recevez.

Nancy Lublin insiste tout au long de l’ouvrage sur le fait d’oser demander l’impossible, car c’est très souvent source de bonnes surprises à l’arrivée. Le véritable avantage du troc lorsque l’on démarre une activité est donc de pouvoir donner selon ses moyens et recevoir selon ses besoins, à la différence des transactions traditionnelles.

Le management

Est-ce que tout n’a pas déjà été dit sur la meilleure manière de diriger les équipes d’une entreprise ? Beaucoup des conseils de l’auteur sonnent comme des évidences à première vue : ne pas hésiter à remercier personnellement ses employés pour le travail accompli, essayer de rendre les tâches amusantes et l’ambiance détendue, promouvoir les formations etc. Pourtant, il est parfois difficile de les appliquer, comme il est parfois difficile de sortir de l’organisation du travail traditionnelle, alors que des petits ajustements peuvent faire de grandes différences, surtout lorsque l’on démarre ou que l’on a peu de moyens.

Nancy Lublin pense qu’il est important que tout le monde touche à tout dans l’entreprise. Si vous continuez à répondre vous-même à votre téléphone et vos emails, si vous participez à toutes les tâches, quelles qu’elles soient, vous avez une meilleure perspective de l’entreprise et de vos objectifs. Imposer des deadlines peut être aussi un bon moyen pour chacun de rester concentré sur ce qu’il a à faire jusqu’à ce que ce soit fait. Employer peu de personnes vous fera économiser de l’argent mais ça forcera aussi vos équipes à rester efficaces : pas de place pour l’ennui !

Enfin, dans certaines entreprises, le fondateur est une figure sacrée sur lequel tous les regards sont tournés. Mais l’auteur de l’ouvrage montre qu’il est nécessaire que tout le monde puisse avoir l’occasion de briller à un moment ou un autre dans l’entreprise. Si vos employés sentent que les dirigeants sont inamovibles, ils perdront leur dévouement, résignés de ne pouvoir jamais atteindre ces postes un jour.

Il est nécessaire que tout le monde puisse avoir l’occasion de briller à un moment ou un autre dans l’entreprise.

Tout au long de « Zilch », on voit que l’auteur Nancy Lublin est forte de ses expériences à la tête d’associations, qu’elle a toutes menées vers le succès. Ses conseils sont simples, parfois tranchants, a priori toujours efficaces. Les parallèles entre le monde associatif et le monde de l’entreprise est toujours clair, et les objectifs semblent finalement les mêmes : comment faire plus avec moins, voire “que dalle” ? Sur tous les plans, de la communication, à la gestion du conseil d’administration, en passant par les stratégies d’innovation, cette femme d’influence nous donne de précieuses astuces. Elle pointe les nombreuses ressources que l’on a généralement sous les yeux et à moindre coût mais que l’on sous-exploite. Et c’est là tout le pouvoir du « zéro in business » !

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Photo : WTTJ

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