Que vaut mon diplôme étranger en France ?

18. 4. 2019

5 min.

Que vaut mon diplôme étranger en France ?

De plus en plus de grandes écoles et universités encouragent leurs étudiants à poursuivre leur cursus à l’étranger. Dans certains cas, une telle expérience est même “obligatoire”. Cette dimension internationale dans le cadre des études est un processus extrêmement intéressant qui permet souvent de faire la différence quand il s’agit de rejoindre une entreprise. On peut considérer que ce type d’expérience est pertinent pour deux raisons : l’obtention d’un diplôme international et la découverte d’une nouvelle culture et d’une nouvelle langue. Pourtant, nous sommes nombreux à nous demander ce que valent réellement en France les diplômes obtenus à l’étranger. Faisons le point.

Faire un échange universitaire : l’Europe vs le reste du monde

Comment ça marche en Europe ?

La reconnaissance de vos formations à l’étranger dépend beaucoup du pays dans lequel vous allez séjourner. À l’intérieur de l’Europe, c’est plutôt simple. En revanche, au niveau mondial, des disparités perdurent. Il existe un programme que nous connaissons tous : Erasmus, qui a fêté ses 30 ans en 2017. Cette initiative communautaire a permis à plus de 4 millions d’étudiants européens de partir étudier dans 34 pays. Ce n’est pas tout ; depuis 1998, l’Union européenne s’est engagée à constituer un espace favorisant la mobilité des étudiants, des enseignants et des chercheurs, pour les encourager à voyager davantage et à s’ouvrir à de nouvelles cultures. En 2019, il est peu probable que votre école ne vous propose pas un échange avec un autre pays membre de l’UE. En réalité, 48 pays composent la “Grande Europe” et adhèrent à ce processus, dit “de Bologne”.

Attention, qui dit reconnaissance académique ne dit pas forcément reconnaissance professionnelle. Concrètement, les écoles vont vous encourager à voyager, mais les diplômes que vous obtiendrez n’auront pas forcément tous la même valeur en France. Dans cet espace européen, des disparités de niveaux continuent de persister entre les universités membres. D’un pays à l’autre, les méthodes de travail ne sont pas toujours les mêmes et les systèmes de notation non plus. Il n’y a donc pas de règles infaillibles qui permettent à un employeur de s’assurer qu’un candidat ayant obtenu un diplôme à l’étranger détient les compétences nécessaires à tel ou tel poste. Le principal est que vous soyez en mesure de prouver à un recruteur que votre expérience à l’international vous a été utile.

### À quoi servent les crédits ECTS ?

Heureusement, les crédits ECTS existent. Ils sont à l’enseignement supérieur ce que l’euro est à l’Union européenne : un standard commun. Concrètement, un certain nombre de crédits ECTS est attribué à chaque matière et permet de valider ou non l’obtention d’un diplôme. Pour valider une année, un étudiant européen doit avoir cumulé 60 crédits ECTS, ce qui représente entre 1 500 et 1 800 heures de cours. En théorie, c’est une bonne formule, en pratique cela ne fonctionne pas parfaitement.

Une année validée en Suède ou en Italie n’a pas la même valeur dans l’esprit d’un recruteur, et sur le papier non plus. En effet, les systèmes de sélection pour la première année à l’université sont totalement différents, les niveaux ne sont donc pas les mêmes. En Suède, par exemple, votre moyenne de dernière année au lycée déterminera votre capacité à pouvoir entrer à l’université ou non. En Italie, l’obtention de l’estame di stato, l’équivalent du bac, permet d’entrer dans n’importe quelle école. L’obtention de la totalité de vos crédits ECTS dans l’un de ces deux pays n’a donc pas réellement la même valeur.

Le reste du monde

La reconnaissance académique en dehors de l’Union européenne est encore plus compliquée. Il n’existe aucune coordination internationale de reconnaissance des diplômes. En revanche, aux yeux des recruteurs, certains diplômes internationaux auront certainement plus de valeur que celui de votre école française. C’est notamment le cas des célèbres Ph.D (“Philosophiæ doctor”), l’appellation anglo-saxonne du doctorat, signe d’excellence. Il en va de même pour les prestigieux MBA américains (Master of Business Administration), le plus haut niveau existant en matière de gestion d’entreprise.

Pour y voir plus clair, vous pouvez consulter le classement 2018 des masters en management du Financial Times ou encore le classement académique des universités mondiales (ARWU) 2018 établi par l’université Jiao Tong de Shanghai. Ce dernier classe les 500 meilleures universités du monde en fonction de divers critères, le principal étant les performances des professeurs qui y enseignent. L’année dernière, Harvard, Stanford et Cambridge faisaient encore partie du trio de tête.

Faire l’intégralité de son cursus à l’étranger

Vous êtes nombreux à décider de partir étudier dans un autre pays dès l’obtention du baccalauréat. Les pays anglo-saxons, Irlande et Angleterre en tête, mais aussi les États-Unis, figurent parmi les plus prisés. Il y a plusieurs explications à cela : une envie de découvrir d’autres cultures, de perfectionner ses langues étrangères, de se forger un profil international. Le tout en immersion totale ! Le plus souvent, c’est aussi pour contourner un système français jugé “trop cadré”. C’est une bonne idée, mais il y a quelques précautions à prendre.

Si vous êtes sur le point d’opter pour cette voie, pensez à vérifier que l’université dans laquelle vous irez étudier est bien reconnue par l’État du pays choisi et par l’État français. Pensez aussi à vous assurer que ce diplôme possède les bonnes accréditations internationales. Focalisez-vous sur les trois principales : AACSB, Equis, AMBA. Ces accréditations vous permettront d’obtenir une équivalence une fois de retour en France. Si vous comptez rentrer en France après votre cursus à l’étranger, attention à ne pas négliger la partie “réseau”. En effet, trop d’étudiants de retour se plaignent de ne pas avoir suffisamment de contacts pour pouvoir se lancer rapidement dans la vie professionnelle. Pour remédier à cela, n’hésitez pas à entretenir et à activer votre réseau avant votre retour en France.

Comment obtenir une équivalence française ?

Ne vous y trompez pas, malgré la bonne réputation de ces diplômes, leur reconnaissance est laissée à la libre appréciation des entreprises françaises, qui vont se baser sur différents critères, notamment la réputation de l’école dans tel ou tel domaine d’excellence (évidemment, le classement mondial de votre école pourrait séduire votre recruteur et jouer en votre faveur…). Pas de panique, il existe bien une solution pour obtenir une “équivalence” : se rapprocher du centre ENIC-NARIC. Depuis 2009, il permet à des personnes ayant étudié à l’étranger de recevoir ce qu’on appelle “une attestation de comparabilité”. Cette dernière n’a aucune de valeur juridique mais vous permettra tout de même de faire reconnaître la valeur de votre diplôme.

La richesse culturelle avant tout

Une chose est certaine : faire le choix de partir étudier à l’étranger est forcément une bonne idée. Vous ne perdrez jamais votre temps en décidant d’aller vous former dans un autre pays, quel que soit le niveau de l’université dans laquelle vous irez. Il est probable que vous n’aurez pas pris le temps de savoir si le diplôme que vous obtiendrez à l’étranger aura une résonnance dans l’esprit de votre recruteur. Pourtant, vous pourrez certainement rattraper le coup.

Mettez en avant la richesse culturelle acquise lors de cette expérience. C’est un vrai plus, tant sur le plan professionnel que personnel. De plus en plus de recruteurs cherchent des personnes qui se démarquent par leur état d’esprit plutôt que des candidats possédant des compétences très pointues dans un domaine en particulier. Profitez de vos années d’études pour voyager et pour arpenter le monde. Découvrez de nouveaux modes de pensée et des traditions que vous ne connaissiez qu’à travers les livres. N’oubliez pas de valoriser tout cela lors de vos entretiens, en montrant ce que vous avez appris lors de vos voyages. Vous pourrez parler de l’apprentissage d’une nouvelle langue, des méthodes de travail acquises et de votre ouverture sur le monde.

Finalement, il n’y a pas de formule miracle pour être certain que votre diplôme étranger tapera dans l’œil des recruteurs. Partez du principe qu’une expérience internationale sera forcément bénéfique. Quel que soit le diplôme que vous obtiendrez, quel que soit le pays dans lequel vous irez étudier, vous gagnerez en maturité et en ouverture d’esprit. Cela vaut bien tous les diplômes du monde, non ?

Photo by WTTJ