Les news pour briller à la machine à café le 9 avril 2020

09. 4. 2020

7 min.

Les news pour briller à la machine à café le 9 avril 2020
autoři
Romane Ganneval

Journaliste - Welcome to the Jungle

Elise Assibat

Journaliste - Welcome to the Jungle

Parce qu’on sait à quel point le confinement lié à la crise du coronavirus bouscule notre quotidien et qu’il est difficile de s’y retrouver dans toute l’information que nous consommons et les ouï-dire, la rédaction de Welcome to the Jungle vous livre chaque semaine les dernières actualités chaudes du monde du travail, quelque peu bouleversé. Et n’oubliez pas de prendre soin de vous !

LES DERNIÈRES NEWS

Le Covid-19 bientôt reconnu comme une “maladie professionnelle”

Alors que deux tiers des Français actifs sont actuellement au chômage partiel ou continuent leur activité depuis leur canapé, les personnels soignants, facteurs, employés de l’agroalimentaire, agents de sécurité, personnels des transports… n’ont pas d’autre choix que de continuer à se rendre sur leur lieu de travail, en prenant chaque jour le risque d’être contaminé par le Sras-Cov-2. Face à cette situation inédite, l’Académie de médecine plaide pour que l’infection au coronavirus sur le lieu de travail soit reconnue comme « une maladie professionnelle », pour tous les salariés mobilisés. Et pas seulement pour les personnels de santé, comme l’avait déjà annoncé le ministre de la Santé le 23 mars dernier. Dans les détails, l’institution estime que tout ceux « qui ont été exposés et qui ont subi des conséquences graves (…) soient pris en charge au titre des maladies professionnelles dues à des virus », comme cela est déjà le cas pour les hépatites, la rage ou encore les infections nosocomiales (infections contractées au cours d’un séjour dans un établissement de santé et absente au moment de l’admission, ndlr.)

La reconnaissance d’une maladie professionnelle permet une meilleure prise en charge des frais et soins médicaux. Pour ces malades, la sécurité sociale rembourse 100% des frais médicaux, alors que le taux des médicaments varie généralement entre 15% et 65% et que le remboursement pour une consultation est fixée à 70%. Avec ce statut particulier, en cas d’arrêt maladie, le salarié touche des indemnités majorées à 60% de son salaire jusqu’au 28ème jour d’arrêt (plafonnées à 205,84 euros par jour) et 80% au-delà (plafonnées à 274,46 par jour), contre 50% du salaire journalier pour les autres salariés. Si certains détails pour l’attribution de ce statut pendant la crise n’ont pas encore été dévoilés, un « tableau de maladie professionnelle » spécifique au coronavirus devrait bientôt être publié. À suivre…

Selon l’OMS, il manque 6 millions d’infirmier(e)s dans le monde

En pleine pandémie de coronavirus, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé que les systèmes de santé manquaient de 6 millions d’infirmier(e)s dans le monde. Le premier rapport sur les soins infirmiers dans le monde publié début avril et rédigé par l’agence de l’ONU, le Nursing Now et le Conseil international des infirmières (ICN) rappelle pourtant que les 28 millions de professionnels infirmiers représentaient plus de la moitié des personnels médicaux dans le monde. Et si entre 2014 et 2018, leur nombre a augmenté de 4,7 millions, il y aurait toujours un déficit important d’infirmier(e)s dans les pays pauvres d’Afrique, mais aussi en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient et dans certains états d’Amérique du Sud.

Co-autrice du rapport et professeure à l’université de Plymouth, Mary Watkins regrette que les pays les plus riches ne forment pas suffisamment d’infirmier(e)s dans les pays au système de santé fragile. Aujourd’hui, elle estime que « 80% d’entre eux exercent au bénéfice de 50% de la population mondiale ». Les trois organisations ont donc demandé à chaque pays parmi ceux qui sont les plus en difficulté d’identifier au plus vite leurs besoins et demandent à la communauté internationale d’investir en masse dans la formation, l’emploi et l’encadrement de ces professionnels de santé. Avec l’espoir de réduire enfin les inégalités d’accès au soin.

Des associations de défense des travailleurs du sexe demandent un fonds d’urgence

En ces temps de crise sanitaire, les travailleurs du sexe n’arrivent plus à masquer leur inquiétude. Faute de pouvoir travailler, confinement oblige, les prostituées ont vu leurs revenus disparaître et se trouvent aujourd’hui dans « une insécurité financière extrême », alerte la Fédération Parapluie Rouge, qui rassemble les structures de santé des travailleuses du sexe. Juste avant d’arrêter leurs maraudes, plusieurs associations ont aussi noté des cas d’expulsions des prostituées dans l’incapacité de régler leur chambre d’hôtel - qui ont parfois décidé de fermer leurs portes - ou leurs loyers, et ce malgré l’allongement de la trêve hivernale décidé par l’exécutif.

En réaction, la Fédération Parapluie Rouge a demandé le 6 avril à Emmanuel Macron de créer « un fonds d’urgence afin de permettre un revenu de remplacement, le temps du confinement et sans condition de régularité de séjour. (…) » Selon les associations, « certaines travailleuses du sexe parmi les plus démunies se retrouvent aujourd’hui contraintes de braver le confinement, non pas de gaieté de cœur, mais faute de moyens de subsistance car il s’agit de survivre », elles estiment aussi que le fonds d’urgence serait « la seule solution pour empêcher les prises de risques associées à l’exercice du travail du sexe. » Si le gouvernement n’a pas encore réagi à cette proposition qui a peu de chances d’aboutir pour ses travailleuses bien souvent en situation irrégulière, l’idée est toutefois soutenue par quelques députés de la majorité.

Vers un revenu universel en Espagne ?

Grande nouvelle pour notre voisin européen ! Pour venir en aide aux citoyens en grande difficulté économique, le gouvernement de coalition de gauche espagnol a annoncé le 5 avril la prochaine mise en place d’un “revenu universel”. Si aucun montant n’a encore officiellement été annoncé, cette mesure devrait bientôt connaître une accélération poussée. L’objectif de ce revenu : protéger les plus précaires, et ceux qui ne disposent pas d’un revenu fixe. Si l’Espagne est le deuxième pays le plus touché par le Covid-19 après l’Italie, il n’est pas non plus épargné par la crise qui en résulte, rien qu’en mars, le pays comptait 300 000 chômeurs supplémentaires.

Concernant le revenu universel, le ministre de la Consommation Alberto Garzon a précisé qu’il s’agissait d’un outil “utile” pour régler un problème “temporaire”. Mais le gouvernement ne ferme pas la porte à l’éventualité que la mesure, si elle est effectivement instaurée, perdure après l’épidémie. Depuis quelques jours les ministres concernés par sa mise en place essaient de définir « la population cible, en se centrant beaucoup sur les familles mais en différenciant en fonction de chaque situation », a déclaré la ministre socialiste de l’Économie, Nadia Calviño. Aussi, le revenu universel concernerait dans un premier temps les habitants de certaines régions avant de s’étendre sur tout le territoire. On ne manquera pas de suivre de près le bouleversement sur le marché de l’emploi qui s’annonce juste de l’autre côté des Pyrénées et de vous tenir informés !

LES FEEL GOOD NEWS

En cette période difficile où nous sommes assaillis d’informations anxiogènes, où nous comptons chaque jour les morts du coronavirus, la rédaction de Welcome to the jungle a fait le choix de vous parler aussi de ce qui allait bien. C’était presque mission impossible mais nous avons réussi à trouver : des initiatives citoyennes et solidaires, mais aussi des découvertes porteuses d’espoir.

Au chômage partiel ? Vous pouvez suivre une formation gratuite

Depuis de début de la crise sanitaire, près de 5 millions de salariés bénéficient du chômage partiel. Autrement dit, 1 français sur 4 a vu ses heures de travail diminuer et ses missions s’amoindrir lorsqu’elles n’ont pas été totalement mises à l’arrêt. Dans ce contexte amplifié par les mesures de confinement, il n’est pas toujours évident de trouver comment s’occuper, se projeter dans l’avenir ou encore préparer sa reconversion… Heureusement pour ces derniers, il est désormais possible de combler son temps libre en se formant gratuitement ! C’est Muriel Pénicaud, la ministre du Travail qui a annoncé la nouvelle sur France Info la semaine dernière : « Nous allons prendre en charge à 100%, par un financement de l’État, tous les coûts de formation pour les personnes qui sont au chômage partiel. » Et dans la mesure où l’État s’engage à financer lui-même ces formations professionnelles, votre compte personnel de formation (CPF) et vos économies resteront bien au chaud ! À noter toutefois : votre entreprise doit donner son accord par le biais d’une « simple convention entre l’entreprise et la Direccte (Directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi, ndlr) », qui mettra le processus en route.

En une semaine seulement, 220 nouvelles offres de formation à distance ont été mises à disposition des salariés au chômage partiel sur le site de Pôle Emploi. Elles touchent des domaines aussi divers que le numérique, la vente, la création d’entreprise ou encore le secteur du bâtiment. Et ce n’est que le début ! Si l’initiative est accessible aux seules personnes en chômage partiel, demandeurs d’emplois, apprentis et parents qui font l’école à leurs enfants, l’initiative devrait bientôt s’élargir à l’ensemble des Français. L’idée étant bien d’en faire bon usage pour acquérir de nouvelles compétences et rester productif pour un retour à la vie professionnelle en douceur. À consommer sans modération pendant ce temps de confinement !

Toujours plus de bénévoles pour soutenir les agriculteurs

Il y a deux semaines maintenant, les ministres de l’Économie, du Travail et de l’Agriculture ont été très clair : « les Français peuvent choisir d’aller renforcer la force de travail de la chaîne agricole et agroalimentaire. » Pour combler le manque de travailleurs saisonniers dans l’agriculture ou de salariés dans l’agroalimentaire et la logistique, la plate-forme “Mobilisation exceptionnelle pour l’emploi”, a été récemment mise à disposition de « l’armée de l’ombre des hommes et des femmes (qui) n’ont plus d’activité. » Aujourd’hui, plus de 200 000 personnes ont répondu présents et ce sont désormais près de 5 000 recruteurs qui s’organisent pour optimiser au mieux cet élan de solidarité. Bref, l’appel national a été entendu avec succès !

Mais il ne s’agit pas de multiplier les déplacements sur le territoire ! L’organisation du processus prévoit donc évidemment de faire travailler les bénévoles près de chez eux. Didier Guillaume, le ministre de l’Agriculture a aussi encouragé tous les Français à participer à l’élaboration d’une chaîne alimentaire en consommant local et de saison : « Si vous ne pouvez plus aller à la campagne, la campagne vient à vous, achetez des produits frais, des fruits et légumes […] si vous ne pouvez pas aller à la mer, la mer vient à vous, achetez des poissons, des coquillages ! » Vous voulez vous engager ? C’est par ici : https://mobilisationemploi.gouv.fr/ !

En France, des couturiers sans papiers fabriquent des masques

Le centre d’hébergement d’urgence de l’Armée du Salut en banlieue lyonnaise a bien changé ces derniers jours. Depuis 31 mars, des étrangers en situation irrégulière viennent en aide à la fondation pour faire face à la crise sanitaire. Un moyen non seulement de témoigner de leur reconnaissance mais aussi de se rendre utile. « Je me suis demandé ce que je pouvais faire pour aider, car j’ai vu que le coronavirus tue beaucoup. Comme je suis couturier de base, j’ai pensé que j’allais faire des masques et apporter de quoi sauver des vies », explique Jonson, un Ivoirien de 32 ans à l’origine du projet, à l’AFP. Maintenant, un atelier remplace le sous-sol du centre où les volontaires confectionnent près de 500 masques en tissu par jour. Une fois fabriquées, les protections sont ensuite distribuées aux bénévoles de l’association qui s’en servent pour les distributions alimentaires.

La situation durera le temps du volontariat, mais aucun n’a pourtant l’air d’avoir envie de s’arrêter là : « On veut porter secours aux autres, comme le font les médecins. On donne un coup de main à la nation. Le président (Macron) a dit “on est en guerre”. Alors voilà, c’est notre pierre à l’édifice », ajoute Florence, Camerounaise de 39 ans. Une initiative qui redonne foi en l’humanité et qui tend à faire espérer un renvoi d’ascenseur une fois la tempête passée !

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Photo by WTTJ

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